Mines d’uranium sur la Côte-Nord

2010/03/25 | Par Denis Methot

Article paru dans L'actualité médicale

Dans un avis publié en janvier 2009, le directeur de la Santé publique de la Côte-Nord, le Dr Raynald Cloutier, affirmait que l’exploration de l’uranium ne présentait pas de risques pour la santé des travailleurs, mais que l’exploitation pouvait soulever certains dangers pour la population.

À la suite d’un forum d’experts qui s’est tenu à Sept-Îles, au printemps dernier, il croit toujours que l’exploration en cours ne représente pas une menace, mais il se dit plus nuancé à l’égard de l’exploitation éventuelle du gisement situé près de Sept-Îles.

 

Plus d’inquiétude

«Je suis plus inquiet aujourd’hui que je ne l’étais en janvier dernier, a-t-il déclaré à L’actualité médicale. Au début de l’année, nous ne détenions pas toute l’information du groupe d’experts.»

Une mine à ciel ouvert produit des centaines de milliers de tonnes de résidus. Des Français venus témoigner lors du forum ont dit que les montagnes résultant de l’exploration devraient être clôturées et surveillées pendant des siècles.

 
Décembre 2009 - 1200 citoyens sont descendus dans les rues pour protester contre les travaux d'exploration d'uranium.

Les résidus à l’air libre émettent du radon, qui représente la principale cause de cancer du poumon chez les non-fumeurs. Le radon et la radiation préoccupent le Dr Cloutier.

«Notre système de protection est-il adéquat pour tout contrôler et assurer la protection de la population proche?, se demande-t-il. On nous dit que la radiation ne pose pas de problème dans un rayon de 500 mètres, si tout va bien. Mais peut-être faudrait-il être encore plus prudent.»

Deux autres éléments l’inquiètent. Sur la Côte-Nord, les sources d’eau potable sont éloignées et très précieuses. On ne sait pas, dans le cas du projet de Terra Ventures, si ces sources pourraient être affectées. On ignore aussi jusqu’où l’entreprise pourrait s’approcher de Sept-Îles.

Une ville ne peut empêcher le développement d’une minière qui se voit attribuer le permis, comme on le note actuellement à Malartic, en Abitibi, où une autre minière déménage un secteur complet de la municipalité afin d’exploiter un énorme gisement d’or.

 

Des assurances

L’une des façons de réduire l’impact sur l’environnement et la santé publique serait de forcer Terra Ventures à enterrer les résidus dans les trous creusés et de recouvrir le tout.

La Santé publique ne peut pas forcer l’entreprise à le faire, mais peut-être le gouvernement du Québec pourrait-il l’obliger avec la nouvelle loi sur les mines qu’il veut adopter? Pour l’instant, Sept-Îles n’a aucune garantie, aucun droit de gérance ni de limitation d’exploitation. D’où l’inquiétude de la population et de plusieurs de ses médecins.

 

Site d'exploration du lac Kachiwiss.

Malgré ses inquiétudes, le Dr Cloutier ne s’élève pas contre le projet d’exploitation de Terra Ventures. «Mon rôle, dit-il, n’est pas de désavouer, mais d’informer la population adéquatement. J’en suis arrivé à dire qu’il y a suffisamment d’éléments pour continuer à chercher une meilleure protection de la santé publique. Nous en savons assez pour savoir que si nous faisons une démarche à l’aveugle, nous risquons d’avoir des problèmes.»