Au Québec, le travail tue

2010/04/28 | Par L’aut’journal 

En 1984, le Congrès du travail du Canada a décrété que le 28 avril serait désormais un jour de deuil national à la mémoire des travailleurs et des travailleuses décédés des suites d’un accident du travail. Depuis, cette journée commémorative est observée par de nombreuses instances au pays : syndicats, conseils du travail et gouvernements. Le 28 avril est aussi souligné dans plusieurs pays, lui conférant un statut international.


Une réalité meurtrière dans l’industrie de la construction

L’année 2009 s’est avérée toujours aussi meurtrière pour les travailleurs et travailleuses sur les chantiers de construction du Québec, avec 46 décès. Malgré les chiffres avancés par la Commission de la santé et de la sécurité du travail (CSST) indiquant une possible baisse des accidents déclarés et reconnus, l’augmentation des décès se poursuit.

Une organisation du travail déficiente, l’absence de mise en place de mécanisme de prise en charge de la prévention sur les chantiers ainsi que le laisser-aller et l’insouciance des employeurs sont les causes directes du carnage que subissent les travailleurs et les travailleuses.

Pourtant, des moyens efficaces pour remédier à cette situation déplorable et inacceptable sont à portée de mains. Pour ce faire, il faudrait que le gouvernement promulgue les articles 204 à 215 de la loi Santé sécurité du travail  permettant aux travailleurs et travailleuses d’avoir de réel comité de chantier et des représentants à la prévention, mais rien ne bouge depuis 27 ans. Par son inaction, le gouvernement a une responsabilité dans ce bilan désastreux.


Gagner sa mort…

Tuer au Québec est légal. On pourrait même dire que tuer rapporte! En effet, tuer par négligence un travailleur de la construction n’a que très peu de conséquences pour les compagnies fautives et encore moins pour les gouvernements qui sont leurs complices.

Aucune disposition n’empêche les compagnies négligentes en matière de santé et sécurité de continuer leurs opérations et d’engranger les profits… Cependant, les conséquences pour les familles qui doivent vivre ce deuil sont incommensurables.

La FTQ-Construction croit que les travailleurs et travailleuses du Québec ont le droit de gagner leur vie dans des conditions sécuritaires. C’est un scandale qu’en 2010 certains, au lieu de gagner leur vie, gagnent plutôt leur mort…

François Patry, directeur du service de santé et de sécurité du travail à la FTQ-Construction, affirme que le laisser-aller des gouvernements qui se sont succédé dans les dernières années et le manque de volonté politique sont responsables de tous ces morts et ces blessés.

Dans le cas précis de la construction, il ajoute que les délais serrés, l’accélération de la production et la sous contraction sont aussi en grande partie responsables de tous ces accidents. « Le fast track est décidément un fléau pour les travailleurs.

Tant et aussi longtemps que personne ne se responsabilisera quant à l’organisation du travail sur les chantiers de construction, des accidents surviendront. Il est tout de même inconcevable qu’en 2010, on en soit toujours à ce point! Pire encore, la tendance est à la hausse! Ça va prendre quoi pour qu’ils se réveillent? »



Le cadenassage et les chutes tuent!

Chaque année plusieurs travailleurs et travailleuses meurent à cause de l’absence de mesures claires de cadenassage sur les chantiers de construction. Le cadenassage est la procédure utilisée pour prévenir les risques d’électrocutions lors de travaux.

En ce moment, lorsqu’elles existent, chaque employeur établit ses propres procédures de cadenassage. Chaque année, plusieurs décès sont reliés à la confusion des diverses procédures. La FTQ-Construction réclame avec urgence, la mise en place de procédures uniformes de cadenassage afin de protéger les travailleurs et travailleuses contre les risques élevés d’électrocutions!

Les chutes ont hauteur sont encore en 2009 la plus fréquente cause de décès sur les chantiers de construction. Malheureusement, plusieurs employeurs ne prévoient toujours pas de dispositions pour construire des gardes de corps permettant de prévenir les chutes.

L’avarice de plusieurs employeurs les conduit à décider d’économiser en temps et en matériaux au détriment de la vie de leurs employés!


Nos revendications

Depuis plusieurs années, une culpabilisation croissante des travailleurs et des travailleuses est le moyen privilégié par la CSST et les employeurs comme pseudo mesure de prévention en matière de santé et sécurité du travail.

La FTQ-Construction construction réclame la réduction des dangers à la source. Pour accomplir cet objectif, les employeurs doivent impérativement prendre leurs responsabilités. De véritables programmes de prévention ainsi que la mise sur pied de comité de chantier et la nomination de représentant à la prévention seraient des outils essentiels afin d’atteindre une réelle diminution des accidents de travail

On ne compte malheureusement plus les travailleurs qui sont morts à cause de l’indifférence des gouvernements et de certains entrepreneurs. Il faut que cette situation cesse maintenant!

Source : FTQ-Construction