La Bourse des truands cravatés et des écologistes appâtés!

2010/05/06 | Par André Bouthillier

Qu’ont en commun Al Gore - président de Generation Investment Management (GIM), Pierre-Marc Johnson d’Unisfera, Steven Guilbeault d’Équiterre, Rajendra K Pachauri - président du GIEC, la Fondation David Suzuki, le Groupe Investissement Responsable inc. et autres?  
 
Tous vendent à leur façon des permis de polluer. Certains s’enrichissent personnellement, tandis que d’autres financent leur association ou fondation en plumant ces bonnes âmes de la classe moyenne qui, pour sauver leur conscience de consommateurs invétérés, achètent des droits de polluer. Tous ont le même guru, l’ancien vice-président et candidat à la présidence des États-Unis Al Gore, qui, pendant les 8 années de son mandat, n’a rien fait pour l’environnement.


 
L’approche messianique d’Al Gore a fait ses preuves

Son intervention médiatique pour contrer la pandémie tant redoutée du bogue de l’an 2000, alors qu’il était président du Comité Y2K, a contribué à propulser les firmes informatiques états-uniennes aux Olympes des affaires mondiales et Bill Gates au zénith de sa richesse, en répandant mondialement les plateformes informatiques de conception états-unienne.

Le coup d'internet réussi, le prêcheur Gore, acoquiné avec plusieurs requins de la finance, se présentait aux médias en 2006 avec une nouvelle cause qui lui ferait tripler sa fortune personnelle.

À l'analyse, force est d'admettre que les intérêts financiers qui promeuvent les thèses du réchauffement climatique et financent ceux qui les exposent, sont ceux-là mêmes qui défendent depuis plus de 30 ans la dérégulation et les privatisations financières.

Leur porte-parole Al Gore peut être considéré comme le catalyseur de la peur et du pessimisme pour les générations futures. « Monsieur propre » a quelques squelettes dans le placard familial. Savez vous que sa famille a possédé la plus grande mine de zinc états-unienne au Tennessee, notoirement connue comme l'une des plus polluantes des USA.

L’homme est aussi l’agent intéressé des spéculateurs financiers de la City de Londres. Il est le porte-parole qui permet de faire le lien entre le Premier ministre Gordon Brown, l’ancien Premier ministre Tony Blair et le milliardaire ex-patron d’E-Bay, Jeff Skoll.

Les principales sources de financement du documentaire « Une vérité qui dérange » sont monsieur Skoll en personne ainsi que le Fonds spéculatif GIF géré par David Bloom, ex-directeur de Goldman Sachs, propriétaire en partie du Chicago Climate Exchange où siège Rajendra Kumar Pachauri. Ce dernier un ingénieur ferroviaire en Inde et président du GIEC - Groupe d'expert sur les changements climatiques

Le « nobelisé », non seulement éclaire nos cerveaux sur les affres appréhendées des changements climatiques, mais tente de nous convaincre, pour faire profiter son entreprise privée, que l’unique solution réside en la bourse du carbone.  

Comme solution, le subterfuge est facile à comprendre, un permis de polluer d'une valeur actuelle de 2$ sera vendu et revendu peut-être des centaines de fois à la bourse du carbone à des prix différents; à terme il vaudra environ 300$. Les firmes positionnées au centre de ce commerce boursier qui feront office de courtier en prenant leur pourcentage sur chaque transaction feront des millions. C’est là que s’est positionné Al Gore et sa firme Generation Investment Management ainsi que plusieurs groupes environnementaux. Seulement en Amérique le marché potentiel est évalué à mille milliards de dollars $.

À chaque transaction, chaque entreprise ayant acheté souvent le même permis, le comptabilise dans ses coûts d'opérations. Dès lors, le prix de revient se reflétera sur ces produits commercialisés. Qui croyez-vous assumera l’augmentation de prix? Depuis quand les propriétaires et actionnaires acceptent de se priver de profits pour le bien commun? Que les permis de polluer soient vendus par des gens d’affaires ou par des environnementalistes, la finalité ne changera pas.

Est-ce inévitable? 

Seulement quatre solutions se présentent pour contrer la pollution : 

  • Une réglementation gouvernementale: la règle du pollueur payeur qui enfreint la loi;
  • Une taxe sur la production de carbone soit aux industries et/ou particuliers;
  • Un impôt sur le revenu progressif pour couvrir les frais des conséquences climatiques;
  • Une bourse d’échange de permis de pollution qui, eux, sont émis par les gouvernements.

Individuellement ou en combinaison, les deux ou trois premières de ces solutions auraient pu se confirmer comme un choix judicieux et équitable vis-à-vis des personnes et des pays les moins nantis. Sauf que néolibéraux et néoconservateurs favorisent la solution 4. Une bourse des permis de pollution, soit une autre occasion d’affaires spéculative.

Il faut savoir que le principe est maintenant imbriqué dans le Protocole de Kyoto et que la bourse du carbone fonctionne en Europe depuis 1990. Un des gros « traders-courtiers », l’International Continental Exchange (ICE) qui contrôle aussi le Chicago Climate Exchange (CCX) et sa filiale, le London Climate Exchange (LCX) a été créé par un associé de monsieur Gore. Il s’agit de Richard Sandor, l’inventeur des produits financiers dérivés, qui ont récemment contribué à faire perdre des millions $ à la Caisse de dépôt et placement du Québec. Inventeur des droits d’émissions échangeables sur le CO2 ou carbone; il siège aussi au conseil d’administration du Montreal Climate Exchange (MCeX).

Ces compagnies privées que l’on nomme « Bourses » ont donné de grands espoirs à leurs fondateurs, en proie à un ardent désir d’un développement rapide du marché nord-américain des permis négociables. Mais le refus de Georges Bush d’engager les États-Unis dans le processus de Kyoto, les a maintenues pratiquement inactives.

L’arrivée d’Obama requinque les attentes, car les promoteurs de ces bourses ont non seulement engagé un lobbysme soutenu auprès des élus pour s’assurer de l’émission par le gouvernement de permis de polluer, mais ont aussi contribué 4 452 585 $ à la campagne démocrate pour l’élection de Barak Obama à la présidence états-unienne.

Pour le rassembleur Al Gore, il a été facile d’impliquer la gent d’affaires toujours à l’affût du profit. Mais pour gagner le soutien des environnementalistes, il a fait preuve d’astuce en s’adressant à trois types d’écologistes : 

  • des environnementalistes à haut profil médiatique;
  • des groupes en constante recherche de financement;
  • des groupes principalement écomédiatiques. 

Par contre, il évite d’impliquer les groupes de mobilisation citoyenne qui utilisent les préceptes de l'écologie sociale, la formation par les pairs ou/et la lutte quartier par quartier contre la pollution, et qui mènent les participants, forts de leur expérience terrain, à voter à gauche de l'échiquier politique. 

Pour appâter ces cibles, il lui a suffi de faire reluire ses contacts politiques et ses entrées dans le monde des affaires, si difficiles d’accès aux groupes environnementaux. Sa démarche nécessite l’utilisation de techniques de culpabilisation si bien maîtrisées par les écologistes, dont la mesure d’empreinte de carbone individuelle, une façon astucieuse de financer sa propre fondation ainsi que les groupes alliés.  

Certains d’entre eux se voient même offrir une tâche d’accréditeurs de normes privées auprès d’entreprises polluantes, forestières ou agricoles : une activité très payante. Par exemple, si un agriculteur souhaite convertir sa production alimentaire au concept biologique, il doit faire analyser chacune de ses opérations par un consultant spécialisé dans les normes biologiques. De plus en plus de groupes environnementaux se positionnent pour jouer ce rôle lucratif.  
 
Ces certifications coûtent plusieurs milliers de dollars et contribuent largement au financement des groupes environnementaux rendant la cotisation annuelle de 25$ de leurs membres pratiquement accessoire.


 
La machine se met en branle au Québec

L’appât du gain a émoustillé les porteurs de valises d’Al Gore et stimulé les invitations pour des conférences au Canada. À Montréal, l’événement en 2007 avait pris une tournure rocambolesque lorsque les journalistes se sont fait interdire l’accès à la conférence. S’y étaient pavanés les Desmarais, Charest, Guilbeault, Boisclair, Ignatieff, ne manquait que Gérard D. Laflaque… oups! il était là, représenté par Serge Chapleau.

Plus que le contenu plutôt banal pour des environnementalistes, c'était le fait de se retrouver dans cette salle avec les grands joueurs de la société québécoise et la notoriété de l’orateur qui les a subjugués. L’envoûtement persistera-t-il lors du prochain show de diapositives prévu cette année? Ou verrons-nous une étincelle de réveil?

Du côté des gens d’affaires et des politiciens, la conférence offrait une bonne occasion de se montrer publiquement pour témoigner au petit peuple de leur «souci» d’agir en personnes concernées. Pourtant, au quotidien, ces gens si intéressés trouvent tous les subterfuges possibles pour éviter de réduire la pollution émise par leurs industries, ou encore agissent comme le premier ministre Charest qui feint, depuis 2003, de renforcer le ministère de l’Environnement. La conférence était parrainée par le journal La Presse, propriété de monsieur Desmarais, actionnaire majoritaire de la pétrolière européenne « Total » qui exploite des sables bitumineux canadiens et qui aura bientôt besoin de permis de polluer à bon prix.

Le règne de Jean Charest, premier ministre du Québec, et Stephen Harper, premier ministre du Canada, deux conservateurs fervents du pétrole et des marchés boursiers a bien servi la stratégie de Gore. Le gouvernement du Québec a adopté la loi 42, s’ouvrant ainsi au marché des permis de polluer –  geste cautionné par Équiterre – et a entrepris les démarches pour que le Chicago Climate Exchange (CCX) s’implante à Montréal.

Poursuivant sa tradition de vendre le Québec au grand capital financier, notre premier ministre provincial a laissé acheter la Bourse de Montréal par une compagnie torontoise. Celle-ci qui est en partenariat avec le Climate exchange de Chicago. La nouvelle entreprise s'est donnée le nom de Marché climatique de Montréal (MCeX). Le nom francophone en est le triste prix de consolation. Une façon de faire avaler aux nationalistes la perte importante du marché des produits dérivés, un centre d’activités générateur d’emplois.

Le conseil d’administration de la nouvelle Bourse est formé de gens d’affaires de Chicago et de Toronto; les deux seuls québécois qui y siègent, Michel Favreau et Alain Miquelon sont des employés de la Bourse de Toronto.

Le hic : cette bourse montréalaise vend des contrats sur des permis de polluer évalués en unités de carbone «telles que définies par le gouvernement du Canada». Or, aucune décision fédérale n’a été prise à ce jour. Pourtant, il est quand même possible d'acheter un produit financier qui repose sur un actif inexistant!

Répandu à l’échelle planétaire, ce genre d’éthique a permis de rebaptiser la bourse en « Marché durable » et cautionne son inexorable logique de croissance exponentielle et d’exploitation des « ressources » naturelles et humaines. Pour preuve, le thème de la prochaine réunion du Forum économique mondial (groupe de Davos) prévue en Chine en septembre 2010 : «Relancer la croissance durable par la viabilité de l’économie verte ».

Maintenant que l’idée des échanges de permis de polluer s’impose dans l’esprit de la classe politique et de la population, l’escroquerie du carbone trouve un deuxième souffle dans la problématique des forêts, telle que discutée à la Conférence de Copenhague. Ce nouveau marché pour réduire les émissions découlant du déboisement et de la dégradation des forêts (REDD) « sera vaste, compliqué et terriblement difficile à surveiller », écrit Rachel Morris dans le magazine Mother Jones.

« La conservation de la forêt tropicale est une manière très stratégique de résoudre le changement climatique », dit Jeff Horowitz, d’Avoided Deforestation Partners, « parce qu’elle est plus abordable que d’autres, qui sont fortement technologiques. Cette approche va réduire presque de moitié le coût de la législation climatique des États-Unis ».

Le problème du déboisement disparaîtra-t-il par le simple fait d’y verser de grandes sommes d’argent provenant des bourses du carbone? Le contraire est plutôt à envisager, car certains pays concernés par le système REDD sont parmi les plus corrompus au monde. Quant à la coupe illégale, elle représente le gros des exportations de bois dans bien des pays actuellement intéressés à appliquer le système REDD.

« La situation est inquiétante », dit Peter Younger, un expert en crimes environnementaux d’Interpol. « C’est tellement gros qu’on ne peut pas tout surveiller. Les risques de criminalité sont énormes et n’ont pas été pris en compte par ceux qui ont conçu la chose… les mafias ont les yeux braqués sur le marché naissant du carbone forestier... Le système REDD ouvre la porte à des abus en tous genres ». 

Les abus ont déjà commencé dans la forêt comme dans le marché. En Papouasie-Nouvelle-Guinée, on compte déjà de faux crédits de carbone, des aventuriers du carbone et une série d’affaires douteuses avec les propriétaires terriens. En Europe, la fraude des crédits de carbone sévit dans le système d’échange d’émissions. L’Office européen de Police estime que « dans certains pays, les activités frauduleuses sont responsables de jusqu’à 90 % du volume total des échanges ».

Une seule compagnie de gestion alternative prévoit déjà que le marché du carbone va s’effondrer. « Nous pensons qu’il y a 30% de chances que le marché du carbone s’effondre », dit Anthony Limbrick, gérant de portefeuille de Pure Capital. Néanmoins, cet effondrement ne l’inquiète pas trop, car «cela pourrait provoquer un ‘fat tail’ (un événement très rare avec de fortes conséquences) qui nous donnerait la possibilité de gagner de l’argent.»

Pendant que son entreprise privée spécule dans les platebandes forestières, Al Gore, l’apôtre des «vérités qui dérangent», poursuit son oeuvre philanthropique de culpabilisation des populations.

Afin de retarder le réchauffement de la planète, il nous invite à  adopter un style de vie «carboniquement neutre». Son influente entreprise dans le business de la «rédemption carbone» a certainement inspiré Pierre-Marc Johnson qui, avec Planetair, offre désormais l’absolution à votre conscience de pollueur et vous permet de vous déculpabiliser.

Il est scientifiquement prouvé qu’un pet de vache crée du carbone (Co2), alors imaginez votre vie de méchant habitant de la planète! Cet ex-premier ministre du Québec, administrateur et guru de l’entreprise Planetair, une filiale d’Unisfera, vous propose d’acheter une compensation carbone volontaire c’est-à- dire un permis de polluer sans devoir changer vos habitudes de consommation.

Pour devenir « carboneutre » (sans impact direct sur les changements climatiques), il faut se rendre sur le site internet de Planetaire et répondre à plein de questions sur votre mode de vie. Selon de savants calculs, on vous dira le montant à payer pour vous déculpabiliser. Une petite famille de classe moyenne pourrait dépenser 300$ annuellement.  
 

Comment ça fonctionne?
 
 
C’est vraiment très simple. Si vous souhaitez par exemple, compenser un vol aller-retour Montréal-Calgary, rendez-vous dans la section Vols aériens du site de Planetair où vous trouverez un calculateur d'émissions. Le site compilera pour vous le volume d'émissions correspondant à votre voyage et vous permettra d'acquérir instantanément les crédits compensatoires.  
 
Une fois la transaction complétée, vous recevrez un certificat démontrant que votre argent sera investi dans des projets liés aux énergies renouvelables et à l'efficacité énergétique, afin de compenser les émissions de CO2 équivalentes à celles que votre vol aurait produites. Profitez-en pour faire la même chose pour votre domicile, vos déplacements en voiture et vos activités d'affaires. 
 
Planetair agit comme ces religions qui quêtent pour leurs bonnes œuvres. Donnez et on vous enverra la photo de l’orphelin portant les chaussures que votre don lui a permis de recevoir. Selon leur publicité, le montant versé servira à financer des projets d'éoliennes à Madagascar ou de minicentrales hydroélectriques en Indonésie; le tout géré par une firme de Zurich en Suisse nommée de façon imaginative MyClimate.

Comment cette entreprise peut-elle prétendre faire mieux que la Croix Rouge Internationale laquelle, selon de récentes informations, s’est trouvée mêlée à des magouilles locales? Le monde a-t-il besoin de nouveaux joueurs caritatifs sur le terrain pour remplacer les autorités locales comme en Haïti?

Chez Planetair on cultive la démagogie et la langue de bois. À  la question « est-ce un don?», réponse: Non. Il s’agit d’un investissement dans l’énergie durable!

Le centre international Unisféra via son programme Planetair se décrit lui-même comme un courtier de crédits de carbone. Il est le revendeur exclusif au Canada des crédits Gold Standard, créés par des groupes écologistes tels que Greenpeace et la Fondation David Suzuki. Outil de financement oblige! Comme les groupes de charité, l'organisme nous assure qu'ils ne prendront que 15% au passage pour leur frais de gestion. L’entreprise se félicite de trôner au sommet du classement des 12 fournisseurs de crédits au Canada établi par carboncatalog.org.

Maintenant que ce système existe, c'est presque regrettable de ne pas être plus riche, vous pourriez polluer encore plus et faire le bien en même temps. Payez Planetair, l’entreprise fera le bien pour vous. Elle construira des choses salvatrices pour l’environnement dans des pays qui ne taxeront pas leurs riches pour les construire, libérant ainsi des fonds locaux avec la possibilité d’être assignés dans l’armement militaire vendu par SNC/Lavalin, ou pour mieux armer les policiers qui empêcheront les autochtones d’occuper leurs propres terres, ou encore repousseront les gens des ghettos manifestant contre les pénuries d’eau.  
 

Terre de Caen 
 
Si les entreprises québécoises faisaient le plein de permis de polluer quitte à en posséder plus que leur production polluante et si votre culpabilisation était prise en main par Planetair, le Québec et le Canada deviendraient des paradis de la pollution. Les individus et entreprises riches augmenteraient leur saccage ici, tant qu'ils pourraient payer pour un développement propre ailleurs...  
 
Bien sûr, selon Santé Canada et Québec, aucun lien ne subsiste entre cancer et pollution… pour le moment!

En attendant, les gens sur la sécurité sociale et sans emploi, avec peu de moyens financiers, ne peuvent adhérer au nouvel outil des environnementalistes.  

Pour faire leur part, je leur conseille de s’abstenir de péter, car les flatulences sont productrices de carbone! 

Jusqu’où certains pousseront-ils le bouchon pour s’enrichir personnellement ou pour financer leur organisme dit environnemental?

La Bourse ou la vie, même combat….Euh!!!!!!!!!  

 
Notes de références disponibles sur le site http://meteopolitique.com