Charge à fond de train contre Charest

2010/05/20 | Par Maude Messier

«Si le gouvernement ne change pas de trajectoire, il va nous retrouver sur son chemin!» - Claudette Carbonneau, présidente de la CSN, et Gaétan Châteauneuf, président du Conseil central Montréal métropolitain-CSN.

Ce printemps marque la tournée des congrès des conseils centraux de la CSN. Les quelque 700 délégués réunis cette semaine à l’occasion des congrès simultanés du Conseil central du Montréal métropolitain et du Conseil central Québec-Chaudière-Appalaches, ont vivement fait connaître leur mécontentement à l’égard du gouvernement Charest.

Dès l’ouverture du Congrès du Conseil central du Montréal métropolitain (CCMM) au Palais des congrès de Montréal, la présidente de la centrale syndicale, Claudette Carbonneau dénonce le «mantra empesé de quatre économistes de l’apocalypse qui obtiennent les faveurs du gouvernement Charest

La dynamique du budget occupe évidemment un espace important dans les débats, «c’est la rupture du pacte social entre ce gouvernement et les Québécois et les Québécoises

Mme Carbonneau s’indigne des mesures «régressives» du budget de ce gouvernement qu’elle qualifie de «contre révolution» et de «retour aux années noires du déficit zéro.»

«Les choix que fait ce gouvernement sont d’abord et avant tout des choix idéologiques», déclare-t-elle tout en spécifiant que le rétrécissement au minimum de l’État et le retour à l’équilibre budgétaire trop rapide auront nécessairement des conséquences néfastes pour les travailleurs et les travailleuses.

«Les 5 milliards de dollars à rattraper correspondent aux sommes dont ce gouvernement s’est lui-même privé, par des baisses d’impôts sur le revenus notamment. Il se rabat maintenant sur une série de tarifications.»

Taxe santé, ticket modérateur, électricité, droits de scolarité, énergies alternatives, etc. Tout autant de propositions promues par «le lobby très organisé de la droite», lesquelles n’ont pourtant pas fait l’objet de débats et de concertation auprès de la population.

«C’est la machine à sous qui s’active. Ça prend un véritable débat public sur le fond de ces questions-là et non pas un débat uniquement sur les modalités!»

Mme Carbonneau est d’avis que changements peuvent être apportés sans pour autant «mettre à mal les services publics, qui doivent plutôt être considérés comme des facteurs de développement économique».

En mémoire au défunt Michel Chartrand, qui a été président du CCMM pendant de nombreuses années, elle souligne que «les travailleurs et les travailleuses du Québec perdent, avec son décès, une voix forte et un grand défenseur.»

Elle ajoute que le plus bel hommage qu’on puisse lui faire est sans doute de prendre le relais de la défense de la dignité humaine et sociale. «Et les occasions ne manqueront pas, si on considère l’agenda des Lucides!»


La solidarité, c’est ça notre poids politique

«Pour nous, cette crise, «leur crise», est encore la conséquence de la recherche du profit à tous crins, c’est le résultat du capitalisme sauvage», déclarait Gaétan Châteauneuf, président du CCMM, dans son allocution d’ouverture.

«Ce congrès s’ouvre sur un thème d’action: On manque pas de fronts! Justement, nous mènerons nos luttes sur tous les fronts, tant sur le plan syndical que social. Nous serons présents, en actions et en revendications», explique-t-il dans une entrevue accordée à l’aut’journal.

Le CCMM est le maillon de la chaîne de la CSN dédié au soutien aux luttes. «La mobilisation et l’organisation, tout ce qui est en lien avec les luttes, tant syndicales que sociales, c’est notre mandat

La pauvreté, l’environnement et le développement durable, la préservation des services publics, l’égalité entre hommes et femmes sont tout autant de fronts sur lesquels milite le CCMM en partenariat avec des groupes sociaux«Le CCMM assure une présence syndicale importante dans tous les lieux de concertation possibles.»

Interrogé sur les perspectives des mois à venir, Gaétan Châteauneuf indique que le dossier des négociations du secteur public de même que le conflit au Journal de Montréal occuperont pour beaucoup les activités du Conseil.

«Mais parallèlement à ces luttes, il faut absolument mettre nos énergies au développement d’une solidarité concertée entre les différents syndicats et les groupes sociaux, affirme-t-il. Il faut se sortir de cet individualisme que la droite a implanté et revenir à des valeurs collectives, être solidaires dans nos batailles respectives.»

Tant au niveau municipal que provincial, Gaétan Châteauneuf se dit inquiet du paysage politique du Québec et des tractations entre des élus et des intérêts privés. Il estime que la menace pour le mouvement syndical est bien réelle.

«La droite s’organise. Ils n’ont pas trois ou quatre discours, mais bien un seul… et les moyens financiers qui vont avec pour soutenir leurs idéaux.» Il dénonce le recoupement d’entreprises et d’organisations de droite qui, de son avis, en mènent trop large actuellement.

«Des personnalités publiques, des entreprises privées et des instituts de recherche se donnent eux-mêmes des mandats pour décider de l’avenir du Québec! Ils nous disent comment gouverner alors que dans bien des cas, ils sont parmi les plus importants sous-traitants de l’État; ça a toutes les apparences d’un conflit d’intérêt!»

En ce sens, plus que jamais, il apparaît évident pour le syndicaliste de faire preuve de solidarité, «entre-nous comme avec les autres syndicats et groupes sociauxC’est essentiel si on veut contrer les actions du gouvernement».

À l’issue de ce congrès, Gaétan Châteauneuf espère une prise de conscience bien réelle chez les militants. «Je veux voir les syndicats, les militants, se mettre en action, aller au front. Je veux les voir sur les lignes de piquetage de leurs confrères, par solidarité. Je veux qu’ensemble, on pose tous et chacun des gestes concrets pour envoyer un message clair.»

Il conclut en spécifiant qu’il faut que «le militantisme sorte des élites syndicales. On est tous des porte-parole dans nos milieux de travail. Il faut revenir à la base; la solidarité, c’est ça notre poids politique.»