Attention : le pétrole sale de l’Alberta est à nos portes

2010/05/26 | Par Xavier Duval

La compagnie Portland-Montréal Pipelines a eu une nouvelle idée : Inverser le flux du pétrole qui circule dans leurs conduits afin d’envoyer le pétrole extrait des sables bitumineux directement aux États-Unis.

Seulement, il y a un hic, cet oléoduc a été inauguré en 1941, en pleine  Seconde Guerre mondiale. Il sert depuis ce temps comme moyen d’approvisionnement pour le Québec en pétrole. L’essentiel du pétrole qui y transite est importé d’Algérie et de la mer du Nord, un pétrole dont la production est trois fois moins polluante que celui extrait des sables bitumineux d’Alberta.

Mais la sécurité de cet oléoduc qui parcourt la Montérégie n’est pas infaillible. Au cours des 20 dernières années,  il y a eu 32 incidents dont 20 déversements.

Selon Christian Ouellet, député bloquiste de Brome-Missisquoi, ce genre d’accident survient régulièrement, voire fréquemment lorsqu’il y a inversion du débit dans un pipeline. La pression n’est plus la même et les zones de fragilité se révèlent.

Déjà, ces faits suscitent une certaine inquiétude. Cependant, la situation anticipée est bien plus grave. En plus d’inverser le flux de l’oléoduc vieux de 60 ans, Portland-Montréal Pipelines désire y augmenter la pression et y faire passer un produit beaucoup plus sale et corrosif en raison de sa haute teneur en souffre, soit le pétrole extrait des sables bitumineux de l’Alberta.

«En une seule heure d’un déversement possible, quelque 1 200 000 litres de pétrole pourraient se retrouver dans la nature», Éric Darier de Greenpeace dans sa chronique du 3 mai 2010.

«Un seul litre de pétrole est en mesure de contaminer 2 millions de litres d’eau douce», déclare Daniel Cyr, administrateur au Conseil régional de l’environnement de la Montérégie lors d’une assemblée publique tenue en Montérégie.

Imaginez la catastrophe …

Pour ces raisons, il y a présentement  une vaste campagne de sensibilisation menée par les députés de la Montérégie auxquels se sont associés les membres de nombreux conseils municipaux ainsi que des organismes préoccupés par la question environnementale.

Tous ces représentants de la population font donc front commun afin de forcer la ministre Line Beauchamp à ordonner que les risques environnementaux du projet soient évalués et examinés par le Bureau des audiences publiques en environnement (BAPE) avant d’autoriser quoi que ce soit.

Pertes d’emplois et risques environnementaux

Depuis quelques années, les Québécois sont de plus en plus conscients des enjeux environnementaux. Parallèlement, on s’est aussi rendu compte que l’industrie pétrolière nuisait à l’économie du Québec.

Un article de Jean-François Lisée dans L’Actualité révèle que 55 000 emplois perdus dans le secteur manufacturier au cours des cinq dernières années découlent directement de l’exploitation pétrolière.

L’extraction du pétrole Albertain fait augmenter la valeur de la devise canadienne et rend ainsi l’industrie manufacturière beaucoup moins compétitive.

En plus d'encaisser les risques environnementaux du transport du pétrole albertain vers les États-Unis, l'exportation de ce pétrole sale vers la côte Est Américaine pourrait fort bien amplifier le phénomène et être davantage dommageable pour l'économie Québécoise.