Confessions d’un tueur de la CIA

2010/07/09 | Par Jean-Guy Allard

Guillermo Novo Sampoll, le tueur que la CIA a utilisé durant des années pour accomplir ses sales besognes contre Cuba, aux États-Unis et ailleurs sur le continent, jure qu’il ne renoncera pas à la violence et au terrorisme et qu’il n’a de pardon à demander à personne pour ses crimes.

Dans une entrevue donnée à CubaNews, un bulletin spécialisé publié à Wheaton (Maryland), Novo — qui est avec son frère Ignacio, Gaspar Jiménez Escobedo, Pedro Remón, Dionisio Suárez, Virgilio Paz, Luis Posada Carriles et d’autres, l’un des tueurs les plus sanguinaires qu’ait employé le renseignement étasunien contre Cuba — affirme qu’il n’a aucun remord pour ce qu’il a fait : « Je continue à croire que c’est la voie », répète-t-il.

Installé à Miami où il profite de l’impunité accordée par le FBI aux terroristes cubano-américains, il regrette cependant ouvertement que l’on ne soit pas arrivé à assassiner des leaders de la Révolution en cinq décennies, ce qu’il considère être un échec.

Il estime que le « mouvement » des soi-disant « dissidents » — orientés et  

financés à Cuba par la CIA et la USAID — est « faible ».

« Ils sont quelque peu confus », dit-il. « Ils vivent avec un lavage de cerveau constant et ne sont pas exposés à d’autres idées », déclare le délinquant qui a émigré aux Etats-Unis à l’âge de 15 ans et a immédiatement fait partie de la toile CIA des groupes terroristes anticubains.

Novo Sampoll a été condamné pour terrorisme avec Posada Carriles, en 2004, au Panama, où il a tenté de faire sauter avec plusieurs kilos de C-4 un amphithéâtre rempli d’étudiants et de militants de groupes populaires qui allaient écouter le leader de la Révolution cubaine, Fidel Castro Ruz.

Dans une autre partie de cette entrevue accordée au journaliste Tracey Eaton, le tueur de la CIA rappelle comment son père, un immigrant espagnol représentant à Cuba le fabriquant nord-américain de cosmétiques Max Factor, est mort dans l’explosion de la chaudière d’un voisin qui fabriquait de la colle à souliers.

Novo Sampoll n’a pas précisé quelle fut sa participation dans toute une série d’actes terroristes mais a énuméré ceux qu’il considère des exploits de ses complices, qu’a aussi entraîné, orienté et financé l’Agence centrale de renseignement, conformément au Plan Cuba mis en marche par le président étasunien Eisenhower au cours des premiers mois de la Révolution.

Il a participé à cet attentat contre l’ONU où lui et son frère Ignacio ont tiré avec un bazooka contre le siège de cette organisation à New York  tandis que le Commandant Ernesto Che Guevara s’adressait à l’Assemblée générale. Arrêté par la police locale, il a été libéré sous le simple prétexte qu’il n’avait pas été « avisé de ses droits ».

Comme cabecilla du Mouvement nationaliste cubain, un groupe terroriste, il a aussi été impliqué dans l’assassinat de l’ex ministre chilien Orlando Letelier, en septembre 1976 à Washington, et dans des dizaines d’actions criminelles contre des intérêts cubains dans le monde.

Au cours de l’entrevue, Novo s’est abstenu de faire référence à sa participation dans des opérations du  Plan Condor au cours desquelles il a été utilisé comme terroriste et assassin.

En Argentine, les tortionnaires militaires du sinistre atelier de Automotores Orletti ont invité leurs collègues du renseignement nord-américain à se joindre à leurs activités et la CIA a désigné des Cubains de Miami, parmi eux Novo Sampoll, qui menaient la « guerre sur les chemins du monde », en effectuant des attentats et des assassinats, dans divers pays, avec leur CORU — la Coordination des organisations révolutionnaires unies.

Quand ces mêmes Argentins ont enlevé deux jeunes diplomates cubains, Crescencio Galañega Hernández, 26 ans, et Jesús Cejas Arias, 22 anos, le 9 août 1976, le FBI et la CIA ont envoyé Novo Sampoll en Argentine pour les interroger avec l’agent chilien Michael Townley, aujourd’hui réfugié à Miami.

Les deux jeunes Cubains ont disparu pour toujours. On a raconté que leurs corps avaient été lancés dans le ciment d’un édifice en construction.

Novo Sampoll n’a jamais été interrogé par les autorités judiciaires en relation avec cet horrible crime, bien que plusieurs militaires repentis aient offert leurs témoignages sur ces faits au cours d’enquêtes officielles en Argentine, entre autres, l’ex chef de la DINA chilienne, le général Manuel Contreras Sepúlveda, dans des déclarations devant la juge María Cervini de Cubría.

Le terroriste confesse qu’il entretient des relations constantes avec Posada Carriles.

Il estime que celui-ci n’a pas à être jugé. « Quand des Cubains entrent ici illégalement et reçoivent l’asile politique le jour suivant? », demande-t-il, affirmant effrontément que le terroriste octogénaire n’a rien à voir avec la destruction en plein vol, en 1976, d’un avion cubain, qui a causé la mort de ses 73 passagers et membres d’équipage.

« C’est un homme joyeux », assure le tueur, aujourd’hui âgé de 65 ans.

Les déclarations incendiaires de Novo, faites à son domicile de la Miami mafieuse, se produisent tandis que cinq Cubains qui ont infiltré les rangs des cercles terroristes cubano-américains auxquels il continue à appartenir, demeurent séquestrés dans des prisons nord-américaines.