Commission Bastarache : Deux poids, deux mesures (bis)

2010/08/31 | Par Victor-Lévy Beaulieu

Comme il fallait s’y attendre, le procureur de la Commission Bastarache a continué hier là où les hommes de main du Parti libéral ont lâché leurs fléchettes à M. Marc Bellemare tout le week-end : le financement de sa campagne électorale à la mairie de Québec.

Lorsque M. Bellemare, par son avocat, a protesté que la chose n’avait rien à voir avec le mandat de la Commission, sa requête fut rejetée par le juge Bastarache qui a demandé à M. Bellemare de répondre aux questions du procureur.

Quand M. Jean Charest sera à la barre, est que le juge Bastarache aura la même attitude ? Si l’avocat de M. Bellemare devait poser des questions à M. Charest sur le 75 000$ que le Parti libéral lui a payé pendant des années, sur ses relations avec M. Fava et autres bâilleurs de fonds de son acabit, le juge Bastarache lui demandera-t-il de répondre comme il a demandé à M. Bellemare de le faire ?

On sait déjà que la réponse sera non. M. le juge n’est pas là pour faire déplaisir à M. Charest, mais pour noyer le poisson d’un énorme scandale de corruption qui remet en cause la légitimité du pouvoir politique. Son attitude d’hier le prouve de façon claire et nette.

Ce qui m’étonne dans tout cela, c’est que pas un seul journaliste n’ait mentionné la chose dans les articles et les bulletins de nouvelles dont on nous a abreuvés toute la journée. Ça dormirait-il au gaz de ce bord-là des choses aussi ?

Il n’y a pas que la pratique partisane de la politique qui m’inquiète aujourd’hui, mais le laxisme des journalistes qui me semblent avoir désappris à entendre et à lire. Le divertissement avant tout !

L’information véritable ? Rien d’autre qu’une vieille idée romantique dont on se crisse éperdument !

Après, on se demandera pourquoi nous vivons en caricature de démocratie ! Et pourquoi la nomination des juges n’est que la surface visible d’un énorme iceberg de corruption ! Et pourquoi aussi les citoyens que nous sommes ne croient plus ni aux lois ni à la justice !


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