Le World Press Photo 2010, Haïti à vif et Benoît Aquin

2010/09/14 | Par Joëlle Rousseau-Rivard

Le WORLD PRESS PHOTO 2010, à l’affiche du Cabaret Juste pour Rire jusqu’au 3 octobre prochain, expose les meilleures prises du photojournalisme mondial de 2009. En comparant cette édition aux précédentes, on a l’impression que le journalisme est mis à mal dans beaucoup de pays puisque le nombre d’images a nettement diminué. Toutefois les photographes, italiens entre autres, assurent toujours une couverture de qualité.

Un aperçu :

L’opposition «  verte » en Iran qui prend la rue pour contester les résultats de la présidentielle en juin 2009. (photo. Olivier Laban-Mattei)

Le camp de Roms « Casilino 900 », en bordure est de Rome, qui forme une des plus larges communautés tsiganes avec près de 600 personnes originaires d’ex-Yougoslavie. Le camp sera démoli en 2010. (photo. Alessandro Imbriaco)

La « Société des ambianceurs et personnes élégantes », dit le SAPE, un club de dandys fondé en 1920-1930 au Congo Brazzaville. Les Sapeurs forment « une sous-culture de la haute-couture ». Sur fond de pauvreté, ces messieurs chics paradent avec une gestuelle étudiée et font des apparitions lors de mariages ou de funérailles. (Francesco Giusti)

Une série sur de jeunes danseurs de tango à Buenos Aires qui tournent dans les « milongas », des soirées dansantes de quartier, afin de payer leurs études. (Karla Gachet)

Vu du ciel, un train qui serpente à travers Kibera, un faubourg de Nairobi au Kenya. On voit d’énormes yeux de femmes peints sur les toits des wagons qui défilent parmi les tôles rouillées. Ceci dans le cadre d’une campagne en l’honneur du rôle social des femmes.

Les changements climatiques qui provoquent des sécheresses dévastatrices au Kenya et en Australie.

Des portraits fascinants de jeunes androgynes. (Annie Van Gemert)

La Guinée-Bissau, un des pays les plus pauvres au monde, qui est devenue une plaque-tournante du trafic de cocaïne originant des cartels sud-américains. Le trafic y transite afin d’ouvrir de nouvelles voies vers l’Europe, dévastant tout sur son passage. On peut voir un cliché de la scène de crime du président Vieira assassiné. (Marco Vernaschi)

Les émeutes à Antananarivo, capitale de Madagascar, lors du coup d’État piloté par le jeune maire Rajoelina, en janvier 2009.

L’opération « Plomb durci », lancée en décembre 2008. Une image montre les bombes de phosphore blanc qui éclatent sur la ville de Gaza.


HAÏTI A VIF

On a réservé un étage du Cabaret à une exposition sur le séisme du 12 janvier en Haïti. Sur l’initiative du journaliste Normand Blouin et la Maison d’Haïti, un organisme qui veille à l’accueil et à l’intégration des nouveaux arrivants haïtiens au Québec, elle rassemble les photos de quinze journalistes québécois. Si les images, surréelles, témoignent de l’étendue du désastre, et des arêtes dures d’un monde cassé, où la matière blesse, elles parlent surtout de l’effort humain, de l’espoir et de l’ingéniosité des techniques de survie : à Canapé Vert, un homme seul devant des tonnes de décombres entreprend la tâche colossale de nettoyer, des enfants de Cité Soleil poussent une charrette remplie de métal qu’ils vendront au poids, un garçon tire le cuivre des fils électriques pour quelque 50 cents par jour.

Des secouristes, toutes nationalités confondues, sont accablés par la mort subite d’une victime qu’ils tentaient d’extirper des masses de béton, un cadavre dans son linceul est charrié sur une porte en bois, un homme qui délire sur un tas de ruines, un marchand de canne à sucre sur le chandail duquel on peut lire : Real houses use brick. À souligner l’image stupéfiante du photographe Martin Bouffard de Rue Frontenac qui montre tous les étages d’un hôtel ramassés en un, l’enseigne de l’hôtel surplombant un matelas où gîsent plusieurs corps.

L’exposition se termine sur deux vues panoramiques du Quartier Bel Air. La première, datant du 10 février, montre la rue dévastée qui mène jusqu’au Port avec, au loin, les flotilles humanitaires dans le Golfe. Celle du 5 juillet voit la même rue toute bariolée des couleurs des parasols, des étals et des autobus jaunes... l’homme semble avoir repris le dessus.

(L’exposition de Benoît Aquin
Sur Haïti, il faut également voir les extraordinaires photos de Benoît Aquin à la galerie Pangée, 40 rue St-Paul Ouest.

Pierre Dubuc)




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