Îles-de-la-Madeleine : Drill, Baby, Drill

2010/09/28 | Par André Bouthillier

Si Voltaire a déjà dit au roi de France que la Nouvelle-France d'Amérique n'était que quelques arpents de neige, les politiciens et politiciennes québécois agissent avec les Îles-de-la-Madeleine comme si elles n'étaient que quelques arpents de sable sur lesquelles vit une population à qui on pourrait faire le coup de la grande déportation d'Acadie, advenant un désastre écologique dans le golfe du Saint-Laurent ou si les schisteux polluent la nappe phréatique donc l'eau souterraine comme en Pennsylvanie…

Sans eau, peu de gens pourraient demeurer sur les Îles à moins de construire une usine de dessalinisation de l'eau de mer. Une marée noire pousserait à la faillite deux industries, le tourisme et la pêche, avec pour conséquence un manque flagrant de payeurs de taxes sur les îles pour bâtir une telle infrastructure.

Bien sûr, cette vision apocalyptique diront certains, pourrait s'avérer en tout ou en partie. Débarqueraient alors les vendeurs de technologie «guérisseuse de tous nos maux de pollution» qui enfileraient leur habit de lobbyistes, prêchant à qui mieux mieux leur charlatanisme pour convaincre les élus d'acheter leurs trouvailles, comme ils l’ont fait pour les algues bleues dans nos lacs et rivières. Il y a toujours moyen de faire de l'argent avec le drame des autres, surtout que dépenses publiques influence à la hausse le PIB du Canada, au grand ravissement de tous les économistes patentés

Et puis, même si, pour donner suite à la récente étude qui confirme la grande fragilité du milieu environnemental du golfe du Saint-Laurent et les conséquences environnementales inhérentes, le gouvernement annonce, un moratoire sur l'estuaire du fleuve, il pourrait le lever en 2012 dès la publication d'une deuxième étude très attendue

On sait tous que l'attitude du gouvernement quant au développement économique suit la tendance des états-uniens et ce n'est pas rose, même Obama s'empêtre dans les lobbys et conflits d'intérêts.

Drill baby drill! (fore baby fore!)

C'est sous cette vulgaire déclamation que se déroula la Convention républicaine états-unienne où Sarah Palin est devenue candidate à la vice-présidence des États-Unis.

C'est aussi à ce rustique personnage que nous devons la publicité énorme de cette devise, devenue aujourd'hui la source de tant de cauchemars chez nos voisins du Sud.

Alors que les États-Unis panseront leurs plaies dans le golfe du Mexique pendant les 20 prochaines années, peu de gens se souviendront que le Québec a aussi subi l'assaut de deux Sarah Palin de l'énergie en la personne des dames Marois et Normandeau.

Rappelons qu'en juin 2008 Mme Marois donnait publiquement son appui aux opérations de prospection et de forage dans l'estuaire du St-Laurent au nom de la «souveraineté économique du Québec.»

Attisée par sa nouvelle marotte sur la richesse, le 17 mars 2010 elle fonçait tout azimut pour faire avancer l'idée et fustigeait Jean Charest devant le développement de cette filière énergétique : «Ces milliards de dollars, les Québécois en ont besoin, dit-elle, c'est une source de richesse collective dont on ne peut se passer.» 

Selon le Parti Québécois, « le gouvernement a trop tardé pour obtenir le droit d'exploiter des hydrocarbures au large des Îles-de-la-Madeleine, ce qui a incité une entreprise à passer par Terre-Neuve et Labrador pour y avoir accès ».

Puis à l'été 2010, pour apaiser colères et inquiétudes, elle promet aux gens des îles de réclamer un moratoire, sans toutefois, désavouer son idée quant au fond de la question. Pour le moment, elle peut dire n'importe quoi, elle n'est pas au pouvoir.

D'ici les prochaines élections provinciales, dans encore trois ans, l'exploitation autant du site Old Harry dans le golfe que les forages de Gestem sur les îles pour l'extraction du gaz de schiste seront déjà en opération. Le loup sera déjà dans la bergerie et avec son sens de l'État mou, je ne vois pas Mme Marois, même élue, faire cesser les opérations de ces pauvres prometteurs de richesse.

Quant à l'autre « Palin », Nathalie Normandeau, vice-première ministre, elle prend les Québécois pour des imbéciles en disant que le gouvernement ne permet que de l'exploration minière.

Elle tente de nous faire croire qu'alors qu'une entreprise investit 8 millions de $ pour faire des tests qui s'avèrent positifs, le Parti Libéral du Québec dirait non au forage car cela ne respecte pas le développement durable ou viable! Ben voyons!

Un tel scénario est complètement délirant.

C'est son gouvernement qui a permis à la mine Osisko en Abitibi de déménager un quartier de la ville par expropriation de la compagnie avant même la fin des audiences du BAPE, c'est le même gouvernement qui a supprimé le droit de s'exprimer à la Commission pour la protection des terres agricoles dans le dossier de Rabaska!

Autre point litigieux dans ce dossier, la question de redevances au gouvernement. Freinons nos attentes et souvenons-nous: depuis 2003 Jean Charest nous promet d'imposer une redevance sur l'eau embouteillée dont la somme significative couvrirait les frais qu'exige une réelle implication du ministère du Développement durable de l'Environnement dans la gestion des nappes d'eau souterraine au Québec.

Avec leur idéologie des « profits de l'économie aux industries d'abord », une flagrante contradiction, soit dit en passant, avec leur politique de Développement durable, je ne vois pas comment, sans déplaire aux bailleurs de fonds du Parti Libéral du Québec, ils pourraient augmenter les redevances pour la servitude de nos forêts ou des mines.

Sachons que notre gouvernement a octroyé, il y a quelques mois, plus de 600 permis d'exploration gazière partout au Québec avec pour prime « l’absence de redevance à payer » de la part des exploiteurs durant les 5 premières années d'opération. 

Attention! Les annonces à l'effet qu'il n'y aura pas d'exploitation dans l'Estuaire du Fleuve Saint-Laurent, pourraient s'avérer être un leurre politique. Le jeu consiste à laisser à Terre-Neuve le soin de développer Old Harry, avec tous les risques de pollution. Se disent-ils, que négocier avec Ottawa une redevance pour la partie du site qui serait située dans les eaux territoriales du Québec est une solution sans risque politique pour leur formation politique. De toute façon, ces « grands talents » qui nous gouvernent se croient gagnants : en cas de pollution la faute sera imputée à Terre-Neuve et si les redevances fédérales ne sont pas au rendez-vous, le doigt se pointera sur Stephen Harper

Quant au gaz de Schiste, rien ne nous indique un quelconque ralentissement dans l'approche du gouvernement du Parti Libéral du Québec. Un peu de publicité-propagande sur le bienfait économique pour désamorcer l'attention du public et tenter de noyer l'action citoyenne.

Si la Vierge Marie des catholiques a dit Pauvre Canada  lors d'une supposée apparition à Fatima au Portugal. Les Îles-de-la-Madeleine faisant partie du Canada et surtout de l'entité politique maintenant gouvernée par « l'Antéchrist de l'éthique » ou « bonhomme carnaval » Charest», il ne nous restera plus qu'à dire Pauvres madelinots, qui verront les équipements de Gestem perforer le sol de l'arrondissement de Fatima sur l'île de Cap-aux-Meules

Mais, les connaissant, il se peut que tout ceci ne passe pas comme une lettre à la poste.


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