Le Congrès de la FTQ veut l’amélioration des régimes publics de retraite

2010/12/03 | Par Maude Messier

Des centaines de congressistes ont manifesté, jeudi midi, devant la Caisse de dépôt et placement du Québec pour réclamer le renforcement du régime public de retraite afin de garantir aux personnes âgées des revenus décents.

Dans la foulée de la campagne « Une retraite à l’abri des soucis » initiée par la FTQ, les délégués réunis en congrès ont assisté ce matin au lancement d’une vidéo éducative sur la retraite.

Ils se sont également prononcés en faveur de l’adoption d’une déclaration de politique sur la retraite qui préconise notamment l’amélioration des régimes publics, réclame de meilleurs régimes complémentaires et propose des outils pour optimiser la gestion des caisses de retraite.

La FTQ a lancé cet automne une vaste campagne publique sur la question des retraites qui s’arrime avec les revendications de la campagne pancanadienne du Congrès du travail du Canada (CTC).

« Une retraite à l’abri des soucis » est appuyée plus largement dans la société civile, notamment par la Fédération des femmes du Québec, la Fédération étudiante collégiale du Québec, la FADOQ, la Fédération des associations de retraités du Québec, l’Association québécoise de défense des droits des personnes retraitées et préretraitées, le Conseil d’intervention pour les femmes au travail et la Confédération des organismes de personnes handicapées du Québec.


Revendications en trois points

Essentiellement, les revendications de la FTQ se concentrent en trois points : la bonification du Régime de rentes du Québec (RRQ), la hausse du Supplément de revenu garanti (SRG) versé par le gouvernement fédéral aux personnes âgées dont les revenus sont insuffisants et la modification de la législation pour protéger les rentes des travailleurs et des travailleuses cotisant à des régimes de retraite complémentaires.

Le RRQ constitue la pierre d’assise du système québécois de retraite, un régime public auquel tous les travailleurs et travailleuses contribuent. Pourtant, le moment de la retraite venu, il ne remplace que 25% des revenus de travail.

En 2008, la rente mensuelle moyenne versée aux hommes était de 532$ et de 336$ pour les femmes. Puisque le RRQ ne parvient pas actuellement à prémunir les personnes âgées contre la pauvreté, la FTQ propose de doubler la rente à 50% des revenus de travail et d’augmenter le revenu maximal admissible de 47 200$ à 62 500$.

La FTQ réclame aussi que soit bonifié d’au moins 15% le Supplément de revenu garanti (SRG), un supplément versé aux personnes admissibles qui en font la demande. Elle propose également que l’inscription soit dorénavant automatique de façon à ne pas pénaliser les personnes qui y ont droit.

Le SRG est en quelque sorte l’allocation d’assistance sociale du régime public canadien universel. Il apparaît donc anormal que près de 50% des personnes âgées québécoises se qualifient au programme.

Finalement, la FTQ réclame que soit modifiée la législation applicable aux régimes de retraite et à la faillite d’entreprises pour assurer le versement des sommes dues au régime. Elle réclame que les régimes soient de plus considérés comme créanciers prioritaires en cas de faillite. Elle envisage finalement la création d’une assurance pour garantir la rente des travailleurs et des travailleuses.


Pourquoi une telle campagne à ce moment-ci?

La question de la retraite constitue un dossier prioritaire dans le mouvement syndical à bien des égards. D’abord, la crise financière a mis en lumière la situation financière catastrophique et les problèmes de solvabilité de bien des régimes de retraite.

Les témoignages des délégués en provenance d’AbitibiBowater étaient particulièrement éloquents, tout comme celui de Renaud Gagné du SCEP, qui soulignait que près de 505 des entreprises de l’industrie forestière sont sous la protection de la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies (LACC).

Tant et si bien, que les employeurs cherchent de plus en plus à de départir des régimes à prestations déterminés pour instaurer des régimes à cotisations déterminés. Le problème, c’est que plutôt que de garantir une rente stable, ces derniers sont soumis aux aléas et aux fluctuations du marché, ce qui inquiète grandement les syndicats.

On considère normalement que les revenus à la retraite doivent correspondre à environ 70% à 80% des revenus de travail. À l’époque où le RRQ a été mis sur pied, le gouvernement comptait sur l’instauration de régimes complémentaires dans les entreprises pour pallier au manque de revenu à gagner.

À l’heure actuelle, le gouvernement compte sur les épargnes personnelles des individus pour assurer leurs revenus à la retraite. Or, on constate que moins de 26% de la population contribue à un REER, bien souvent parce qu’ils n’en ont pas les moyens.

Pour la FTQ comme pour le CTC, il apparaît évident que la solution réside dans l’amélioration des régimes publics de retraites; une solution équitable, universelle et peu coûteuse. La FTQ soutient que de doubler la rente du RRQ coûte moins que le double de la cotisation.

Michel Lizée, du service aux collectivités de l’UQAM, a précisé devant les délégués qu’il en coûte moins cher d’administrer un régime public qu’un REER, lequel gruge de 2 à 4% des actifs.

L’adoption d’une déclaration de politique sur la retraite par le Congrès de la FTQ tombe à point alors que les ministres des Finances des différentes provinces doivent se rencontrer les 19 et 20 décembre prochains pour discuter de la possibilité de bonifier la pension de la sécurité de la vieillesse (PSV) et le SRG.