Quizz : Connaissez-vous Michel Chartrand ?

2010/12/23 | Par Yves La Neuville

QUEL MÉTIER A EXERCÉ MICHEL CHARTRAND ?

-Les présidents du Conseil central ont exercé différents métiers comme : briqueteur, carrossier, journaliste, travailleur du textile, imprimeur, avocat, organisateur communautaire, concepteur visuel, travailleur d’usine.

Parmi ces métiers quel est celui qu’a exercé Michel Chartrand ?

Réponse : Imprimeur.

Michel a exercé ce métier pendant 16 ans. D’abord avant d’entrer à la CSN, il a été typographe dans l’atelier de son père (1942-1949), et est retourné à l’imprimerie après avoir « démissionné » de la CSN (1959-1968). Il a publié entre autres : Gilles Vigneault, Pierre Vadeboncoeur, Claude Péloquin, des albums de poésie, des revues comme Our Generation Against Nuclear War, la Revue Socialiste, le Journal le Peuple (PSD).

Il a aussi été chauffeur particulier. Après qu’il ait été congédié de la CSN, le président de la CSN, Gérard Picard, demande Michel comme chauffeur. Le permis de conduire de Picard lui avait été retiré par une loi spéciale de Maurice Duplessis, Premier ministre du Québec.


IL A ÉTÉ RENVOYÉ DE L’ARMÉE À L’ÂGE DE 25 ANS, POURQUOI ?

Choix de réponses : Il avait pris trop de boisson.

Il s’était battu avec un anglophone.


Réponse : Il avait refusé se signer un formulaire de documents uniquement en anglais.

Quand tu dis aux travailleurs : « Moi, je suis libre et je suis prêt à aller en prison », ils disent « C’est emmerdant. On va le mettre en prison et après? » Et je leur dis : « Votre armée, mettez-vous-la où vous voudrez, je n’y vais pas. » Je suis resté libre dans mon pays et j’ai parlé tout le temps de la guerre.

Assemblée du Conseil central 2 mars 1971 p. 3021


MICHEL C. A ÉTÉ EMPRISONNÉ POUR AVOIR FRAPPÉ UN POLICIER.
VRAI OU FAUX ?

Réponse : Faux, même s’il a en eu envie souvent.

Michel a été arrêté et emprisonné souvent, toujours parce qu’il participait à des grèves ou des activités de défense des travailleurs. À quarante ans, en 1955-1956, il avait subi 7 arrestations, sept incarcérations, 3 condamnations. Il a été emprisonné comme 400 à 500 autres, lors de la loi des Mesures de guerre en 1970. En 1973, il a préféré passer 3 jours en prison au lieu de payer une amende de 10$ pour avoir manifesté contre les clubs privés de chasse et pèche.

Par ailleurs, il a été frappé au visage par des syndicalistes CSN, lors d’un houleux Conseil confédéral tenu pendant que les trois présidents des Centrales syndicales étaient emprisonnés. Peu de temps après, les moins combatifs du mouvement (dont Dion, Daigle et Dalpé, « les trois D » créaient la CSD. C’était en 1972.


MICHEL A DÉJÀ ÉTÉ CONGÉDIÉ COMME SALARIÉ DE LA CSN.
VRAI OU FAUX ?

Réponse : VRAI

Il a été congédié en 1953, à cause de différends avec Jean Marchand, secrétaire général de la CSN. Il s’est d’ailleurs présenté et a perdu contre lui en 1954. Jean Marchand a tenté de congédier Michel une autre fois, P.E.Trudeau a défendu Michel qui a gagné sa cause. Par la suite P.E.Trudeau est devenu premier ministre du Canana et Jean Marchand un de ses ministre. Michel a été un des fondateurs du STT-CSN (syndicat des salarié-e-s CSN) en 1953.


LES PARTIS POLITIQUES L’ONT AUSSI ATTIRÉ.
VRAI OU FAUX ?

Réponse : VRAI

Il a été membre et a milité dans différents partis, surtout contre Maurice Duplessis, et sa loi du cadenas, qui a régné au Québec de 1936 à 1959, (sauf 1939-1944).

Voici des partis ou mouvements dans lesquels Michel a participé

Les Jeunes patriotes du Canada français 1935

-Action libérale nationale (ALN) contre Duplessis à 22 ans en 1938 ;

-Ligue pour la défense du Canada.

-Bloc Populaire membre fondateur à 26 ans, candidat au Fédéral en 1945

-Campagne pour Jean Drapeau dans Outremont en 1942

-CCF (devenu PSD au Québec puis NPD) y adhère à 40 ans (1956) comme J.Pl Geoffroy, Gérard Pelletier, Pierre Trudeau, Thérèse Casgrain. Est candidat pour ce parti à 4 reprises, en 1956 au provincial, en-57 et 58 (Arvida au fédéral) en 59 (provincial au Lac St-Jean) contre le candidat de Duplessis.

-PSQ membre fondateur en 1963 et président du parti.

-Candidat Indépendant, à 82 ans, contre Lucien Bouchard, au Saguenay. Thème de sa campagne: pour un revenu de citoyenneté. C’était en 1998.

Michel Chartrand n’a jamais gagné une élection pour un parti politique. Sa campagne électorale était une tribune pour dénoncer le système en place et faire la promotion d’un programme d’alternatives politiques et sociales.


MICHEL VOULAIT RÉFORMER LE SYSTÈME CAPITALISTE
VRAI OU FAUX?

Réponse : Faux.

Il ne peut pas y avoir de garantie de sécurité au travail dans le système capitaliste, c’est l’anarchie. Il n’y a rien de planifié. Le gars fait une piastre et il s’en va. Il vide la mine, il s’en va. Il vide la forêt, il s’en va. Il produit un bout de temps, et quand ça ne fait plus son affaire, il déménage. Il prend le fonds de pension des travailleurs de la province de Québec, il va l’investir ailleurs; on s’enlève nos jobs avec nos fonds de pension !(…) Ce système n’a rien à voir avec le monde. Le capitalisme, comment fait-on pour endurer ça aussi longtemps? On a des syndicats depuis 50 ans et on continue de l’endurer.

Congrès Conseil central 1978 pp 63-64


« Si vous n’êtes pas satisfaits de la société qu’on vous a faite, n’allez pas récriminer pour rien. La société est transformable et doit être transformée. La condition de le vouloir et s’imposer les sacrifices nécessaires pour qu’elle le soit. Sans ces conditions, nous ne sommes que des bourgeois profiteurs de la société ».

Congrès Conseil central 1970 p. 235

Si les syndiqués, compte tenu de leurs besoins et de leurs demandes, ne sont pas d’accord pour renverser le pouvoir, personne d’autre ne va le faire. Tant que les travailleurs ne seront pas convaincus qu’ils sont capables de changer cela, on ne bâtira pas autre chose. Ne venez pas me raconter qu’on va prendre le pouvoir, pas plus le PQ. Ils ne sont pas convaincus qu’ils veulent le pouvoir, ils veulent avoir les sièges du pouvoir, c’est différent.

Congrès Conseil central 1976 p. 304


MICHEL ÉTAIT D’ORIENTATION SOCIALISTE.
VRAI OU FAUX ?

Réponse : Vrai.

La démocratie; le gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple; ça peut paraître long à atteindre et ça semble comporter parfois des reculs.

C’est fragile comme un bourgeon au printemps; on peut l’écraser facilement, mais si on le respecte, il deviendra un bel arbre.

Si nous voulons vivre pleinement la démocratie, nous bâtirons le socialisme, au lieu de l’autoritarisme des premiers ministres qui font manger dans leurs mains, ministres, députés et bien d’autres…

Par le socialisme, nous parviendrons au respect de l’égalité des femmes et des hommes, à plus de justice et de liberté.

The Gazette, 18 avril 1991 p. 122


Nous croyons que les changements constitutionnels doivent être faits en fonction de la libération économique et sociale des travailleurs. Il n’y a pas d’autre parti qui va nous intéresser en dehors de ces conditions-là parce que le fond de notre optique, c’est une révolution véritable, un changement radical, profond et rapide du système capitaliste pour le remplacer par un système qui va tenir compte des besoins des hommes et faire des investissements en fonction de la satisfaction de ces besoins.

Congrès conseil central 1970 p. 64


« Une révolution c’est un changement radical de la société. Changer le capitalisme pour instaurer le socialisme, c’est une révolution : alors moi, je suis révolutionnaire. Je suis donc prêt en ce sens à collaborer avec tous ceux qui appellent comme moi un changement. Mon problème, c’est d’annoncer la révolution à laquelle moi, je crois. Revue Maintenant no 109, octobre 1971


« Enlever le pouvoir politique des mains des capitalistes, faire la révolution complète, basculer complètement. Que le peuple soit au dessus du pouvoir politique au lieu que ce soit la dictature économique, c’est pas mystérieux et c’est pas malin. On n’a pas besoin de connaître Marx pour faire ça. La vie de tous les jours nous l’apprend. » Congrès Conseil central 1975, p. 86


Le socialisme, c’est le respect de la personne humaine.

Nous allons discuter du socialisme qui, pour nous, est la démocratie. La démocratie politique, économique, sociale, industrielle, syndicale et culturelle.

Le thème du congrès cette année, LE SOCIALISME, C’EST LA DÉMOCRATIE, ce n’est pas un thème théorique. C’est ce que les travailleurs ont réalisé et réalisent davantage dans la vie quotidienne, dans leur lieu de travail et à l’extérieur : l’exploitation du capitalisme. (…) On se rend compte de la faillite du capitalisme. On savait que le capitalisme, c’était la domination de la majorité par une minorité, l’arbitraire et l’exploitation sur les lieux de travail et en dehors des lieux du travail. Congrès Conseil central 1972 p. 87


On va en venir à bout, c’est certain. Les gens comprennent cela. On va bâtir un socialisme, pas à partir de la misère, mais à partir de la fierté et de la détermination à vivre convenablement, à jouir de la vie, dans un pays mené par nous autres. Cela peut prendre 5, 10 ou 20 ans. Ce n’est pas long 20 ans dans la vie d’un peuple. C’est la grâce que je vous souhaite.

Congrès Conseil central 1978 pp. 292-293a


Une phrase que Michel répétait souvent : Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité.

Article 1 de la Déclaration universelle des droits de l’homme, 1948


Il était socialiste et il n’était pas le seul. Par exemple le thème du Congrès de 1972 était LE SOCIALISME, C’EST LA DÉMOCRATIE. Les autres thèmes des congrès qu’il a présidés, de 1969 à 1978, parlaient de mobilisation, de solidarité et de vaincre le capitalisme.

C’est avec cette conviction qu’il a travaillé pour que le pouvoir et la richesse du Québec soient davantage partagés avec le peuple.

Il a visité plusieurs pays qui luttaient en ce sens ou qui étaient victimes d’oppression comme : Cuba dès 1963, Espagne sous Franco, Palestine, Chili sous Salvador Allende, etc. Il participa à la fondation du Comité Québec-Palestine, du Comité Québec-Chili, lança l’idée d’une Assemblée populaire de solidarité au Forum avec la participation de Mme Hortensia Bussi, veuve de Salvador Allende assassiné par Pinochet.

Il a été l’initiateur du Congrès international de solidarité ouvrière où plus de 400 délégués, dont une quarantaine d’internationaux, ont participé en 1975. Cet organisme s’est transformé en Centre de solidarité ouvrière (CISO).


ALORS, IL ÉTAIT COMMUNISTE, MARXISTE ?
VRAI OU FAUX ?

RÉPONSE : FAUX

Monsieur Jean Marchand, secrétaire général puis président de la CSN disait que j’étais un anarchiste. Mais est-ce logique de m’appeler un anarchiste parce que je ne marche pas selon une théorie préfabriquée, parce que je ne suis pas un communiste ? Je ne tiens pas à me faire cataloguer. (…) Non je ne suis pas communiste. Ni fasciste. Je veux une économie humaine et de participation.

Le Nouveau Samedi, 18 septembre 1971, p.63


Je ne suis pas d’accord avec les marxistes lorsqu’ils enterrent le Christ pour se mettre à la recherche d’un autre mode de justice ou de vie. Les grands chrétiens d’aujourd’hui, les grands théologiens…n’ont pas eu besoin d’enterrer le Christ pour bâtir un monde meilleur.

Au bout de mon âge (ABDMA) émission de Télévision de Radio-Canada 1968 p. 79


Pour nous autres, le syndicalisme n’est pas la courroie de transmission du parti. On dit : « Lénine, respectueusement, mon cul ». Il n’y a personne qui va nous faire changer d’idée. Ceux qui ont abandonné une bible ne sont pas prêts à en prendre une autre.

Congrès Conseil central 1973 p. 88


COCHEZ 4 GROUPES OU ORGANISATIONS DANS LESQUELLES IL A PARTICIPÉ OU A ÉTÉ COFONDATEUR.

-Jeunesses patriotiques (groupe nationaliste) 1936
-Jeunesse Indépendante Catholique (JIC)
-Coopérative « La bonne coupe »
-Mouvement coopératif « Maître chez nous »
-Ligue de défense du Canada
-L’École des parents
-Caisse populaire Desjardins de »Montréal-Sud (Longueuil)
-Caisse populaire des syndicats nationaux de Montréal
-Coopérative d’alimentation : COOPRIX
-États généraux du Canada français 1967
-Front d’action populaire (FRAP)
-Fondation d’aide aux travailleurs accidentés (FATA)


Réponse

Michel a participé à tous ces groupes ou organisations et a été membre fondateur de l’un ou l’autre de ces mouvements. Il a toujours insisté pour l’action syndicale s’inscrive dans un projet global de la société. De nombreux militants d’organisations sociales ou politiques progressistes assistaient régulièrement aux assemblées du Conseil central qui se tenaient alors deux fois par mois.



-MICHEL ÉTAIT UN FANATIQUE DE LA CSN?
VRAI OU FAUX ?

Réponse : Faux.

On va collaborer avec tous ceux qui veulent collaborer; on ne se prétend pas la classe ouvrière, on n’en est qu’une partie.

Congrès Conseil central 1975 p 189


On ne peut pourra pas faire régler par les employeurs les problèmes du logement et du transport ni le problème des taxes qui tombent sur le petit salarié ou la retraite des salariés. Tant que la classe ouvrière, que la majorité démocratique n’aura pas les rênes du pouvoir, nous continuerons de trouver en rond en augmentant plus ou moins notre standard de vie pour une période x.

Congrès conseil central 1970 p. 250


« Il faut que le Conseil central soit l’organisme auquel peuvent se rattacher tous les organismes populaires; les groupements revendicatifs, les groupements contestataires, les groupements révolutionnaires, les groupements culturels. » Congrès du Conseil central, mai 1969


Michel partageait pleinement les orientations de la CSN mais de plus il était un militant acharné pour la défense des travailleurs, dans n’importe laquelle organisation soient-ils. Ses différents engagements le prouvent. En 1957, il a pris ses vacances en appuyant les grévistes de la Noranda à Murdochville, syndicat métallo affilié à la FTQ. Plus tard, ses adversaires l’ont même accusé d’être devenu une tête de pont des syndicats américains, dans la CSN.

Il a été partisan du 2e front qui travaillait à l’ouverture aux autres luttes sociales. Il a aussi travaillé avec d’autres organisations syndicales à Montréal, par exemple en participant activement à la création du Comité régional d’information syndicale de Montréal (CRIM), en organisant de nombreuses manifestations de revendications sociales, comme celles du Premier mai, etc.


MICHEL N’ÉTAIT PAS AMI DES CURÉS?
VRAI OU FAUX
?

Réponse : Vrai et Faux.


Je suis allé chez les Trappistes, à OKA, par désir de rencontrer Dieu. Le Christ nous a montré comment vivre. Nous sommes nés pour le bonheur, pour vivre en société et pour rendre service aux autres.

Guide Ressources, janvier-février 1992 p.288


Voilà ce qu’est pour moi le christianisme : bâtir, parachever la création, rendre la vie plus humaine aux hommes. Après qu’ils fassent ce qu’ils voudront en suivant leur conscience. La charité chrétienne, la vraie, consiste à respecter les autres.

Au bout de mon âge (ABDMA) Entrevue à la télé Radio-Canada 1968 p.69


Personnellement, je crois aux valeurs du christianisme. Je trouve le Christ sympathique. Je trouve sympathique qu’il soit un homme même s’il est Dieu. Mais même s’il n’y avait pas de dieu, je trouverais cela sympathique que le Père ait envoyé son fils, qu’il l’ait fait s’incarner. (…) Ce que je trouve sympathique chez le Christ, c’est l’homme. L’humain est accessible à ma compréhension. Et je suis prêt à servir la cause de l’homme, d’une façon active, dynamique.

ABDMA 1968 p. 293-294


Le Christ s’est incarné. Il n’a pas craint de donner à manger aux gens. Il lui suffisait de constater que des personnes avaient faim pour faire un petit miracle afin de les nourrir. J’aimerais qu’un politicien fasse des petits miracles pour faire surgir des logements, par-ci, par-là. Mais comme on ne peut pas faire de miracles, il faut bien se rabattre sur des moyens scientifiques pour arriver à un partage convenable et permettre à chacun de vivre humainement. Voilà le christianisme moderne. Il exige qu’on prenne tous les moyens disponibles pour faire en sorte que les hommes puissent s’épanouir, tous les hommes.

ABDMA 1968 P. 291


Quand l’Église aura elle-même connu les difficultés que vivent les gens, elle saura considérer leurs problèmes et les aider à les régler. Et alors seulement, les gens reconnaitront l’Évangile, l’Église du Christ, le message du Christ. (…) Si le syndicalisme est une entreprise de services, le christianisme devrait en être une de fraternité. Or l’Église a perdu le sens de la fraternité et s’est institutionnalisée sous l’Empire romain; depuis elle n’a jamais réussi à s’en sortir. Il lui faudra aujourd’hui enter dans le maquis et attendre qu’on l’appelle. Quand on est une force morale, il faut attendre que les gens nous invitent.

Revue Vie ouvrière octobre 1978


Michel a été moine chez les Trappistes à Oka de 17 à 19 ans. Il a été militant dans l’Action catholique, tout comme sa femme Simonne Monet, décédée en 1993. Le chanoine Lionel Groulx était son ami, il a bénit son mariage et baptisé tous ses enfants. Michel répétait souvent : « L’Église a fait trop de bien pour qu’on en dise du mal, et elle a fait trop de mal pour qu’on en dise du bien ». Il s’est toujours dit croyant, quand on le lui demandait.


QUI SUIS-JE ?

Je suis socialiste, nationaliste et indépendantiste parce que je crois dans la démocratie : le gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple.

Je suis socialiste parce que je crois à l’égalité de toutes les femmes et de tous les hommes, parce que je crois en la justice, parce que je crois en la liberté à conquérir quotidiennement.

Je suis socialiste parque je crois que chacune et chacun doit être en mesure de participer aux décisions et d’assumer des responsabilités à son niveau.

Je suis socialiste, anticapitaliste, non marxiste; surtout je ne suis pas tenant du marxisme scientifique, n’en déplaise aux théologiens laïques.

Congrès CSN, mai 1982. P.90

Je n’ai jamais joué d’autre rôle dans le mouvement syndical que celui du coryphée des tragédies grecques. Le gars qui est dans le milieu de la place et qui dit tout haut ce que le monde pense. Je disais ce que les gars pensaient, qu’ils aient été 5 ou 5000, pour qu’ils s’aperçoivent qu’ils avaient du bon sens et que c’était leur raisonnement qui était bon.

Vie ouvrière. octobre 1978 p.305


LE SYNDICALISME QUE JE VEUX PRATIQUER

Le sens syndical de l’histoire sera peut-être en défaut pour quelque temps encore. Mais le devoir de l’heure, pour les syndicalistes, c’est d’aider la conscience syndicale à élargir à nouveau ses horizons aux dimensions de l’histoire, sans quoi le syndicalisme sera voué à cautionner le crépuscule de la démocratie.

À la réception du pris Liberté, le 1r mai 1969, fête des Travailleurs. p. 248


Ce qui est le plus important, ce n’est pas de faire une centrale unique, c’est de travailler ensemble et d’essayer de se bâtir une mentalité de classe ouvrière, une solidarité de clase. Il faut commencer par se convaincre qu’on fait partie de la classe ouvrière et qu’il y a une petite minorité qui sont nos boss et qui sont les boss du gouvernement.

Congrès du Conseil central 1974 p. 188


Il faut se trouver un instinct de classe ouvrière. La lutte des classes existe. (…) Il faut arriver à briser l’autre classe, la bourgeoisie, et ceux qui ont le pouvoir économique qui dominent le pouvoir politique et nous empêchent de vivre en démocratie, d’avoir un contrôle sur notre économie et notre argent, même dans le mouvement coopératif. Il n’y a aucun contrôle du peuple sur la démocratie sociale.

Congrès conseil central 1976 p.188


Ça prend aussi de la force intellectuelle pour faire un syndicalisme de combat. (…)

On n’a pas appris le syndicalisme sur les genoux de nos mères ni à l’école et encore moins à l’université. Alors, moi, je prétends avec de plus en plus de conviction qu’il est plus important de mettre plus d’argent sur la formation syndicale et politique que sur l’organisation, parce que la force des syndicats ne se calcule pas au nombre de cotisants. Pour que cette force fasse des syndicats le fer de lance de la classe ouvrière et du mouvement ouvrier, il faut des militants enracinés, pour ne pas avoir un turn over comme on avait avant l’organisation syndicale.

Ce n’est pas du syndicalisme d’affaires que d’aller négocier des conditions de travail et des salaires convenables avec un objectif politique.

Congrès conseil central 1976 pp 254-255


Le contrat de travail, c’est un contrat d’esclavage volontaire temporaire et il faut que ça le reste en pensant qu’il faut le modifier constamment. On va le modifier avec des militants, on ne le modifiera pas avec des théories.

Congrès Conseil central 1974 p. 245

On ne bâtira jamais un parti socialiste si on n’est pas capables de se bâtir des syndicats forts, si on n’est pas capables de régler nos problèmes et ceux de nos compatriotes et de nos confrères et consœurs de travail de toutes les industries.

Congrès Conseil central 1978 p.280


LA SOLIDARITÉ SYNDICALE

Moi, on peut me traiter de n’importe quoi, de communiste, de capitaliste même, de socialiste (ce qui serait un compliment), mais on ne peut pas dire du syndicat de la construction de Montréal qu’il a refusé de collaborer et qu’il n’a pas eu de solidarité avec les travailleurs de la CSN. La solidarité qu’il a avec les autres travailleurs sur les chantiers de construction à Montréal, c’est de la solidarité ouvrière dans l’intérêt de la classer ouvrière.

Congrès Conseil central 1970 p. 273


On ne va pas créer la solidarité dans une espèce de nivellement par le bas, attendre ceux qui ne sont pas prêts ou qui ne veulent pas; on va trouver cette solidarité en reconnaissant les goûts, les aptitudes de chacun. Ceux qui ne veulent pas marcher au même pas que nous, ça les regarde. Ceux qui veulent marcher plus vite, ça les regarde aussi. La CSN reste dans les cadres de la démocratie que nous connaissons tout en essayant de les changer. On a des responsabilités et on va marcher au rythme des délégués.

Congrès Conseil central 1970 p. 273


Pour rendre les gens libres, indépendants et conscients, il n’y a pas de solution autre que collective : la conscience ouvrière.

Vie Ouvrière octobre 1978


L’important ce n’est pas de syndiquer n’importe qui, n’importe comment, mais de bâtir la solidarité et de former des militants pour avancer vers la libération de l’ensemble de la classe ouvrière. De la force matérielle, il y en a dans le mouvement syndical. De la force intellectuelle, il y en a aussi. Dans chacune des centrales, on trouve plein de gens avec des connaissances économiques et scientifiques. On dispose donc d’une force matérielle et intellectuelle. Et de la force morale, il y en a plein le peuple aussi, sauf qu’on a peur de l’utiliser et on se laisse embarquer dans des schèmes de pensée capitaliste.

Congrès Conseil central 1973 p.253


Le syndicalisme, ce n’est pas une patente, une compagne comme IBM, une compagnie internationale; c’est une façon de vivre de la classe ouvrière qui ne peut pas se défendre autrement qu’en étant solidaire. C’est une façon de vivre en société dans un régime capitaliste, comme dans un régime socialiste.

Congrès Conseil central 1978 p. 280


NATIONALISTE ?

La nation québécoise c’est une réalité en Amérique du Nord. La prise du pouvoir de Duplessis s’explique également par cette poussée nationaliste. Ce qui n’est d’ailleurs pas étranger au fait que les Québécois ont pardonné beaucoup de choses à Duplessis. Ce phénomène est d’ailleurs en train de se reproduire avec le Parti québécois. Les nationalistes pardonneront les pires turpitudes au PQ. Ils sont prêts à oublier qu’il existe une différence énorme entre le nationalisme et une véritable libération nationale. Raison pour laquelle j’ai toujours été contre les « nationaleux » qui voulaient sauver la langue et laisser crever ceux qui la parlent.

Zone libre été 1977 p. 300



THÈMES DES CONGRÈS DU CONSEIL CENTRAL

PRÉSIDÉS PAR MICHEL CHARTRAND

1971 Est-ce vrai que le genre de vie qu’on mène, c’est le genre de vie qu’on aime?

1972 Le socialisme, c’est la démocratie.

1973 Solidarité, seule force des travailleurs.

1974 Libérons-nous par la solidarité de l’exploitation patronale capitaliste.

1976 Seule la mobilisation des travailleurs vaincra le capitalisme.

1977 Mobilisons-nous dans nos syndicats contre la crise du capitalisme.

1978 Bâtir des syndicats forts pour vaincre.


QUELQUES PUBLICATION SUR MICHEL CHARTRAND

de Fernand Foisy et chez Lanctôt éditeur

-Michel Chartrand. Les dires d’un homme de parole, 1997

-Michel Chartrand. Les voies d’un homme de parole, 1999

-Michel Chartrand. La colère du juste (1968-2003), 2003

-Sacré Chartrand, 2002

de Paul Labonne et Andrée Yanacopoulo.

-Michel Chartrand et Simonne. Un couple engagé.

Edition Point de Fuite 2010

1 La pagination réfère à MICHEL CHARTRAND. Les dires d’un homme de parole.

Fernand Foisy, Lanctôt Éditeur, 1997