Brèves syndicales

2011/01/28 | Par Maude Messier

Possible arrêt de publication du journal Le Soleil

Après un an et deux mois de négociations ardues, les employés du journal Le Soleil à Québec font maintenant face à une menace d’arrêt de publication du quotidien.

Joint par l’aut’journal, le président du Syndicat de la rédaction du Soleil, Baptiste Ricard-Châtelain, confirme avoir été informé la semaine dernière de cette possibilité.

Il ajoute qu’une rencontre prévue ce vendredi matin avec le grand patron de Gesca, Guy Crevier, n’augure rien de bon. « On garde espoir. Mais c’est clair que ce n’est pas en 30 minutes qu’on va régler tout ça. L’issue dépend de la bonne foi de l’employeur. »

Il s’indigne que la direction de Power Corporation/Gesca cherche à imposer le même schème de négociation à tous ses quotidiens, sans égard à l’indépendance des différentes publications. La partie syndicale soutient pourtant avoir multiplié les propositions et les alternatives, sans succès, l’employeur demeurant inflexible sur ses demandes initiales.

« On ne comprend pas pourquoi ils s’acharnent sur nous. Le Soleil génère des millions de profits annuellement », de déclarer M. Ricard-Châtelain, choqué qu’une entreprise aussi rentable que Power Corporation, « qui a généré l’an dernier des profits nets de 1 milliard $ », cherche à imposer des compressions aussi inacceptables.

« Ce qui est sur la table en ce moment est même en deçà de ce qui s’est signé à La Presse il y a deux ans alors que ce quotidien perdait 2 millions $ par mois. »

Aux quarante postes déjà abolis, l’employeur réclame plus de compressions, un gel des salaires sur trois ans, un allongement de la semaine de travail sans compensation salariale et des clauses jugées orphelins par le syndicat quant aux régimes de retraite.

Les 250 syndiqués affectés par cette impasse, représentés par le Syndicat de la rédaction du Soleil (CSN) et par le Syndicat des employés de bureau du Soleil (CSN), ont manifesté leur mécontentement jeudi midi en face des bureaux du quotidien.

En conciliation depuis le 1er décembre dernier, une rencontre était également prévue jeudi après-midi entre les parties.

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Alliance sociale : Appel à la mobilisation citoyenne

La Coalition opposée à la tarification et à la privatisation des services publics et l’Alliance sociale invitent la population à une grande manifestation citoyenne le 12 mars prochain, à Montréal.

Plus de 150 organisations syndicales, communautaires, étudiantes, féministes, populaires et écologistes ont uni leurs voix à l’occasion d’une conférence de presse lundi dernier pour signaler au gouvernement qu’ils entendent faire pression en vue du dépôt du budget provincial.

Pour Claudette Carbonneau, le dernier budget Bachand constitue « une rupture du pacte social qui unissait le gouvernement et la population ». Les organisations craignent que le gouvernement ne réitère une nouvelle fois des mesures inéquitables aux effets dévastateurs pour la classe moyenne et les moins nantis.

« Il faut mettre l’ensemble des ressources à lutter contre les mesures injustes du gouvernement », a déclaré Alexa Conradi, présidente de la Fédération des femmes du Québec.

Réjean Parent, président de la CSQ, a renchéri: « Nous ne sommes pas collectivement dupes. Bachand veut nous faire croire que le Québec n’a pas le choix. C’est faux. Il y a d’autres choix possibles, des choix qui n’ébranleront pas l’économie du Québec. »

La Coalition et l’Alliance sociale s’opposent à toute forme de taxation régressive et à la hausse des droits de scolarité. Elles remettent aussi en question l’obsession du gouvernement à atteindre l’équilibre budgétaire en 2014, une mesure socialement inacceptable qui mettrait, à leur avis, une pression indue sur les services publics et les programmes sociaux.

Elles proposent plutôt de réclamer des entreprises et des plus riches de payer leur juste part. Faire le ménage dans les crédits d’impôts accordés aux entreprises, lutter contre la privatisation, ajouter un palier d’imposition pour ceux dont les revenus excèdent 127 000 $ annuellement et hausser les redevances minières permettraient de récupérer 1 milliard $, qui pourra être « réinvesti dans la qualité de vie des Québécois et des Québécoises. »

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Chez Olymel, toujours aux prises avec les conséquences de l’intervention de Lucien Bouchard

Les relations de travail sont tendues à l’usine d’abattage et de transformation de porcs d’Olymel à Vallée-Jonction. En conférence de presse mercredi dernier, le syndicat, affilié à la Fédération du commerce de la CSN, a dénoncé la mauvaise foi de l’employeur et le « blocage systématique de la part de la direction locale envers toute initiative pour améliorer les choses », de déclarer le président du syndicat, Martin Maurice.

Rappelons que les syndiqués ont connu une difficile et âpre négociation pour le renouvellement de leur convention collective en 2007, laquelle s’était soldée par d’importantes concessions, notamment des réductions de salaire de 30$. Lucien Bouchard était négociateur et porte-parole pour Olymel dans ce conflit de travail.

« C’est clair qu’on vit les répercussions de 2007. La direction cherche à restreindre l’action du syndicat », explique M. Maurice joint par l’aut’journal. Sur les 1000 employés de l’usine, 500 ont quitté leur emploi depuis 2007, symptôme du climat malsain qui y règne.

Le président du syndicat déplore que la direction ne respecte pas la convention collective sur plusieurs points, entrave la Loi sur la santé et la sécurité des travailleurs en s’opposant au droit de refus même lorsqu’il y a un danger immédiat et exerce des pressions indues sur les travailleurs qui réclament la présence d’un représentant syndical. Notons que pour l’année 2010 uniquement, plus de 900 accidents de travail de travail ont été relevés dans l’usine, entraînant ou non une perte de temps de travail.

« Que ce soit au comité des relations de travail, un comité paritaire, ou ailleurs, c’est la vision de l’employeur qui s’impose, sans considération pour les préoccupations syndicales. On ne peut même pas en discuter, ils n’écoutent pas. On n’arrive à régler aucune situation, aucun conflit. »

Les syndiqués devront se prononcer dimanche prochain en assemblée générale sur un plan d’action et de visibilité proposé par le syndicat.

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Privé et CHSLD ne font pas bon ménage

Une étude de l’Institut de recherche en politiques publiques du Canada (IRPP) rendue publique lundi dernier révèle que les établissements privés en soins de longue durée pour personnes âgées sont plus à risque d’offrir des services de moindre qualité.

Une conclusion qui ne manque pas de réjouir nombre d’acteurs du réseau public, dont le Syndicat québécois des employées et employés de services – section locale 298 (SQEES-FTQ). Afin de dégager des marges de profit, les établissements à but lucratif restreignent le personnel et les conditions de travail, ce qui se traduit par une diminution de services pour la clientèle.

Le président par intérim du syndicat, Jean-Pierre Ouellet, a déclaré par voie de communiqué « l’hébergement des personnes âgées est considéré comme une marchandise soumise aux lois du marché. Cette étude nous ramène à une perspective plus humaine.»

À la lumière des conclusions de l’étude, M. Ouellet exhorte le gouvernement du Québec à cesser de favoriser l’expansion des établissements privés, notamment en fermant des milliers de lits dans les CHSLD publics alors que les besoins se font de plus en plus pressants dans toutes les régions du Québec.

Il dénonce également le projet de loi sur lequel planche le gouvernement qui permettrait l’incursion des établissements privés dans les soins aux personnes en lourde perte d’autonomie, clientèle jusqu’alors réservée aux CHSLD. Les normes de certification des établissements privés seraient moins sévères, une situation qui inquiète passablement le syndicat.

« L'IRPP démontre que l'État ferait une bien meilleure gestion de son argent en investissant dans l'hébergement public plutôt que de continuer à soutenir des résidences privées qui, de toute façon, finissent par envoyer leurs clients dans les hôpitaux quand ils n'arrivent plus à en prendre soin convenablement. »