Quebecor contre Amir Khadir

2011/02/01 | Par Sébastien Robert

Depuis des années, plusieurs groupes s’inquiètent de la concentration des médias québécois, qui est la plus élevée en Amérique du Nord. Jusqu’ici, les grands groupes de presse faisait leur travail de façon relativement professionnelle en gardant une certaine distance critique nécessaire au travail journalistique. Il y avait aussi une pluralité de points de vue présentés dans les journaux.

Les choses ont commencé à changer à partir des lock-out dans les journaux de Quebecor. On a vu des chroniqueurs quitter en solidarité avec les journalistes lock-outés. Ils ont alors été remplacés par des porte-paroles d’organisations de droite, faisant des journaux de Quebecor une tribune pour ces organisations où un discours unique et sans contrepoids est diffusé.

Le passage de Quebecor d’un empire journalistique visant à présenter un reflet représentatif de la société québécoise en empire de propagande au service d’une idéologie est passé à une autre étape en décembre 2010.

En effet, à ce moment, Quebecor est passé d’une organisation qui commente l’actualité à une entreprise qui crée l’actualité. Tout a commencé quand Amir Khadir, seul député de Québec solidaire et politicien le plus apprécié des Québécois, a passé une demi-heure dans la vigile du PAJU devant une boutique pour sensibiliser la population à la situation vécue par les palestiniens.

D’abord, le Journal de Montréal a monté en épingle cet évènement. La quasi-totalité des chroniqueurs du journal ont commenté l’affaire. Certains l’ont même commenté à plusieurs reprises jusqu’à aujourd’hui, deux mois après les évènements. Le Journal de Montréal a été longtemps le seul média à considérer ce fait divers comme d’intérêt public.

Ensuite, Éric Duhaime, chroniqueur au Journal de Montréal, s’est mis à organiser un mouvement contre le PAJU et Amir Khadir. Ce mouvement a organisé plusieurs actions qui, comme par hasard, ont été couvertes uniquement par le Journal de Montréal.

La concentration de la presse est une nuisance pour toute démocratie. Par contre, quand Quebecor, qui contrôle 46% du tirage des journaux francophones au Québec se met à utiliser ses journaux pour mousser ses propres cabbales contre des élus, notre démocratie devient sérieusement mise en danger.

Le gouvernement du Québec et la caisse de dépôt et de placement du Québec, qui a acheté 45% de Quebecor avec l’argent des contribuables, ont le devoir civique de s’assurer que l’empire Quebecor recommence à faire du vrai journalisme avant que Pierre-Karl Péladeau ne devienne le Silvio Berlusconi du Québec.