Amertume au journal Le Soleil

2011/02/04 | Par Maude Messier

Deux semaines après avoir été informés que leur employeur les menaçait d’un arrêt de publication pour forcer une entente, les syndiqués du journal Le Soleil, à Québec, se sont finalement prononcés en faveur des dernières offres patronales à 71% mercredi soir pour les employés de la rédaction et à 80% jeudi après-midi pour les employés de bureau.

Sans surprise, la dernière offre de Gesca imposait le même plan corporatif auquel l’entreprise tient mordicus depuis le début des négociations, soit un an et deux mois. Ce n’est pas de gaieté de cœur que les syndiqués se sont résolus à consentir aux demandes de l’employeur.

« Les réactions ont été vives, remplies d’émotions. La très grande majorité des membres sont insatisfaits de cette entente qu’ils n’ont simplement pas eu le choix d’accepter », soutient en entrevue à l’aut’journal Baptiste Ricard-Châtelain, président du Syndicat de la rédaction du Soleil.

Il affirme que l’exécutif syndical n’avait pas le choix de présenter cette offre aux syndiqués et que face au dilemme, ces derniers ont d’abord pensé à leur famille. « On avait le fusil sur la tempe. Soit on signe, soit on vérifie si le chargeur est vraiment chargé. C’était ça ou vérifier si l’arrêt de publication était vraiment sérieux. »

M. Ricard-Châtelain demeure convaincu qu’il s’agit d’une mauvaise entente, opinion qu’il sait partagée par nombre de ses confrères, qui n’a pas été négociée sur des bases normales en raison de la menace de lock-out. « Il y a un problème évident dans le rapport de force. » Le président du syndicat qualifie ce plan d’affaires d’« idéologique », alors que Gesca est une entreprise rentable qui rapporte des millions $ en profits et bénéfices.

Globalement, l’entente prévoie les mandats corporatifs chers à Gesca, à savoir un gel des salaires sur trois ans, une augmentation de la semaine de travail sans compensation financière et l’instauration d’un régime de retraite à cotisations déterminées pour les nouveaux employés.

« On n’avait pas de problème a priori avec la semaine de 35 heures sur cinq jours au lieu de quatre, c’est juste qu’on voulait que ces heures soient rémunérées, ce qui ne sera pas le cas. »

Si de façon générale les employés n’avaient pas l’habitude de compter les heures supplémentaires, qui ne sont de toute façon pas payables selon la convention, Baptiste Ricard-Châtelain se demande bien comment les employés pourront boucler leur travail dans les délais prescrits.

Il ajoute que ce nouveau contrat de travail n’assainira en rien les relations de travail déjà difficiles au Soleil. Avec 101 griefs au cours des deux dernières années de la précédente convention collective et la pénible expérience de négociation qui vient de se conclure au journal, le président du syndicat estime que « les relations de travail et le respect de la convention collective ne sont pas des priorités pour Gesca. »