Le sort de Moubarak est jeté

2011/02/04 | Par Fidel Castro

Le sort de Moubarak est jeté, et jusqu'à l’appui des États-Unis ne pourra pas sauver son gouvernement. Le peuple égyptien est intelligent ; il a, au cours de sa glorieuse histoire, laissé son empreinte dans la civilisation humaine.

« Du haut de ces pyramides, quarante siècles vous contemplent », s’exclama, dit-on, Bonaparte à un moment d’exaltation où la révolution des Encyclopédistes le conduisit à cette extraordinaire rencontre de civilisations.

À la fin de la Deuxième Guerre mondiale, l’Égypte brilla sous la conduite d’Abdel Gamal Nasser. Lui, Jawaharlal Nehru, héritier du Mahatma Gandhi, Kwame Nkrumah et Ahmed Sékou Touré, deux leaders africains, Sukarno, président de l’Indonésie récemment libérée, créèrent le Mouvement des pays non alignés qui propulsa la lutte d’indépendance des colonies.

Les peuples du Sud-Est asiatique et de l’Afrique du Nord, dont l’Égypte, l’Algérie, la Syrie, le Liban, la Palestine, le Sahara occidental, le Congo, l’Angola et le Mozambique, se battaient, avec le soutien de l’URSS et de la Chine, contre les métropoles française, anglaise, belge et portugaise que soutenaient les États-Unis

Cuba se joignit à ce mouvement en marche au triomphe de sa Révolution.

En 1956, la Grande-Bretagne, la France et Israël avaient attaqué par surprise l’Égypte qui avait nationalisé le canal de Suez, mais la solidarité audacieuse de l’URSS, qui menaça même de recourir à ses missiles stratégiques, paralysa les agresseurs.

Le décès précoce de Nasser, le 28 septembre 1970, fut une perte irréparable pour l’Égypte.

Les USA n’ont pas cessé de conspirer contre le monde arabe qui concentre les plus grosses réserves de pétrole au monde.

Il est inutile de beaucoup argumenter. Il suffit de lire les dépêches de presse pour savoir ce qu’il se passera inévitablement.

Lisons-les.

28 janvier :

« (DPA). Plus de cent mille Égyptiens sont descendus aujourd’hui dans la rue pour protester contre le gouvernement du président Hosni Moubarak, bien que les manifestations soient interdites par les autorités…

« Les manifestants ont incendié des bureaux du Parti démocratique national (PDN), de Moubarak, et des postes de police, tandis qu’au centre du Caire, ils ont lancé des pierres contre la police qui tentait de les disperser par des gaz lacrymogènes et des balles de caoutchouc.

« Le président étasunien, Barack Obama, s’est réuni aujourd’hui avec une commission de spécialistes pour analyser la situation, tandis que le porte-parole de la Maison-Blanche, Robert Gibbs, a averti que les États-Unis réévalueraient en fonction des événements les aides se montant à des milliards qu’ils octroient à l’Égypte.

« Les Nations Unies ont aussi émis un message fort depuis Davos où le secrétaire général Ban Ki-moon se trouvait ce vendredi.

« (Reuters).- Le Président Mubarak a ordonné le couvre-feu en Egypt et le déploiement de troupes de l’armée, appuyées par des véhicules blindés au Caire et dans d’autres villes. Des confrontations violentes entre la police et des manifestants sont reportées.

« Des forces de l’armée, appuyées par des véhicules blindés, se sont déployées vendredi au Caire et dans d’autres grandes villes égyptiennes pour faire cesser les protestations populaires qui exigent la démission du président Hosni Moubarak.

« Selon des sources médicales, 410 personnes ont été blessées à ce jour durant les protestations, tandis que la télévision publique a annoncé le couvre-feu dans toutes les villes.

« Les événements représentent un dilemme pour les États-Unis qui ont exprimé leur souhait de voir s’étendre la démocratie dans toute la région, bien que Moubarak ait été depuis de longues années un de leurs proches alliés et le bénéficiaire d’une très grosse aide militaire. »

« (DPA).- Des milliers de Jordaniens ont protesté aujourd’hui dans tout le pays après les prières du vendredi, pour demander la démission du Premier Ministre Samir Rifai, ainsi que des reformes politiques et économiques»

Au milieu de la catastrophe politique qui frappe le monde arabe, des dirigeants réunis en Suisse ont réfléchi sur les causes de ce phénomène dans un monde qui court même, selon certains, à un suicide collectif :

«(EFE).- Plusieurs leaders politiques demandent au Forum économique de Davos un changement du modèle de croissance économique.

«Le modèle de croissance économique actuel, fondé sur la consommation et oublieux de ses impacts environnementaux, ne peut plus se maintenir pour beaucoup plus longtemps, car il en va de la survie de la planète, ont averti aujourd’hui à Davos plusieurs dirigeants politiques.

« Le modèle actuel est un suicide collectif. Nous avons besoin d’une révolution dans la pensée et dans l’action. Les ressources naturelles sont toujours plus réduites, a averti Ban Ki-moon au cours d’un débat du Forum économique mondial portant sur la façon de redéfinir une croissance durable.

« Les changements climatiques nous indiquent que le vieux modèle est plus que jamais périmé, a insisté le responsable de l’ONU.

« Le secrétaire général a ajouté qu’en plus de ressources essentielles à la survie comme l’eau et les aliments, une autre ressource nécessaire pour faire face aux changements climatiques est en train de s’épuiser : le temps. »
29 janvier :

« Washington (AP). Le président Barack Obama a tenté l’impossible face à la crise égyptienne : séduire une population soulevée contre un régime autoritaire de trente ans, tout en assurant un allié clef de son soutien.

« Son allocution de quatre minutes, vendredi soir, a représenté une tentative prudente de maintenir un équilibre difficile : Obama avait tout à perdre en se prononçant soit pour les manifestants qui exigent la démission du président Hosni Moubarak soit pour le régime qui s’accroche au pouvoir avec violence.

« Obama… n’a pas demandé un changement de régime, mais il n’a pas dit non plus que l’annonce de Moubarak était insuffisante.

« Bien que ses paroles aient été les plus fortes qu’on ait écoutées ce jour-ci à Washington, il ne s’est pas écarté du scénario déjà écrit par sa secrétaire d’État, Hillary Clinton, et par son porte-parole, Robert Gibbs.

«(NTX).- Selon un éditorial du journal The Washington Post, les États-Unis devraient user de toute leur influence, y compris le milliard de dollars et plus d’aide qu’ils fournissent chaque année à l’armée égyptienne, pour obtenir ce dernier résultat, autrement dit le départ de Moubarak.

« …Dans son allocution de vendredi soir, Obama a affirmé qu’il continuerait de travailler avec le président Moubarak et a regretté que celui-ci n’ait pas mentionné des élections éventuelles.

« Le journal a qualifié d’ irréalistes les positions d’Obama et du vice-président Joe Biden qui a déclaré à une radio qu’on ne pouvait pas taxer le président égyptien de dictateur et qu’il ne pensait pas qu’il devait démissionner.

«(AFP).- Les Organisations arabes étasuniennes, ont exhorté le gouvernement du Président Barack Obama à ne plus soutenir la dictature de Moubarak en Egypte»

«(ANSA).- Les USA se sont déclarés à nouveau ¨préoccupés¨ par la violence en Egypte et a averti au gouvernement de Moubarak qu’il ne peut agir comme si rien ne s’était passé. Selon Fox News, il ne reste plus à Obama qu’une alternative mauvaise au sujet de l’Égypte.

« …il a averti le gouvernement du Caire qu’il ne peut recommencer à battre les cartes et continuer d’agir comme de si de rien n’était.

« La Maison-Blanche et le département d’État suivent de très près la situation en Égypte, l’un des principaux alliés de Washington dans le monde et bénéficiaire d’une aide civile et militaire se montant à environ 1,5 milliard de dollars par an.

« Les médias étasuniens couvrent très largement les troubles en Égypte et signalent que la situation peut se convertir, de quelque manière qu’elle se règle, en un casse-tête pour Washington.

« Selon Fox, si Moubarak tombait, les USA et leur autre principal allié au Moyen-Orient, Israël, pourraient se retrouver face à un gouvernement des Frères musulmans au Caire et voir l’Égypte prendre un virage anti-occidental.

« Nous avons misé sur le mauvais cheval pendant cinquante ans, a affirmé à Fox un ancien agent de la CIA, Michael Scheuer : Penser que le peuple égyptien va oublier que nous avons soutenu des dictateurs pendant un demi-siècle est utopique, a-t-il ajouté.

«(AFP).- La communauté internationale a multiplié ses appels pour que le Président égyptien Hosni Moubarak introduise des réformes politiques et qu’il cesse la répression des manifestations contre son gouvernement, lesquelles se trouvent à son cinquième jour.

« Nicolás Sarkozy, Angela Merkel et David Cameron ont, pour leur part, demandé samedi au président dans une déclaration conjointe d’ entamer des changements face aux revendications légitimes de son peuple et d’ éviter à tout prix de recourir à la violence contre les civils.

« L’Iran a aussi appelé les autorités égyptienne à faire cas des revendications de la rue.

« Le roi Abdallah d’Arabie saoudite a estimé en revanche que les protestations constituaient des attaques à la sécurité et à la stabilité de l’Égypte, réalisées par des infiltrés au nom de la liberté d’expression.

« Le monarque a téléphoné à Moubarak pour lui exprimer sa solidarité, a fait savoir l’agence officielle saoudite SPA.

31 janvier :

« (EFE) Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a exprimé aujourd’hui sa crainte que la situation en Égypte ne favorise l’accès des islamistes au pouvoir, cette inquiétude étant partagée, a-t-il dit, par des dirigeants avec lesquels il s’est entretenu ces derniers jours.

« …le Premier ministre a refusé de commenter des nouvelles divulguées par des médias locaux, comme quoi Israël a autorisé aujourd’hui l’Égypte à déployer des troupes dans le Sinaï pour la première fois en trente ans, ce qui serait une violation de l’accord de paix signé en 1979 entre les deux nations.

« La chancelière allemande a affirmé pour sa part, face aux critiques visant des puissances occidentales comme les USA et l’Allemagne qui ont maintenu des liens étroits avec des régimes totalitaires arabes : Nous n’avons pas abandonné l’Égypte

« Le processus de paix entre les Israéliens et les Palestiniens est paralysé depuis septembre, surtout parce qu’Israël refuse de freiner la construction de colonies juives dans le Territoire palestinien occupé.

« Jérusalem (EFE). Israël est favorable au maintien au pouvoir du président égyptien Hosni Moubarak que le chef de l’État israélien a soutenu aujourd’hui quand il a jugé qu’ une oligarchie religieuse fanatique n’est pas mieux que le manque de démocratie.

« Les déclarations du chef d’État coïncident avec les pressions – diffusées par les médias locaux – qu’exerce Israël sur ses alliés occidentaux pour qu’ils ne critiquent pas autant le régime Moubarak que le peuple égyptien et l’opposition tentent de renverser.

« Selon des sources officieuses anonymes citées par le journal Haaretz, le ministère des affaires étrangères a adressé samedi un communiqué à ses ambassades aux USA, au Canada, en Chine, en Russie et dans plusieurs pays européens pour demander aux ambassadeurs d’insister devant les autorités locales sur l’importance que signifie la stabilité de l’Égypte pour Israël.

« D’après les observateurs israéliens, la chute de Moubarak pourrait mettre en danger les accords de Camp David signés entre l’Égypte et Israël en 1978 et le Traité de paix bilatéral de 1979, surtout si elle entraînait la montée au pouvoir des Frères musulmans, des islamistes qui jouissent d’une vaste assise sociale.

« Israël considère l’Égypte comme le garant de la paix à ses frontières sud et un soutien capital au blocus de la bande de Gaza et à l’isolement du mouvement islamiste palestinien Hamas.

« L’une des plus grandes craintes d’Israël est que la révolte égyptienne, qui se situe dans le sillage de celle de la Tunisie, touche aussi la Jordanie et affaiblisse le régime du roi Abdallah II, dont le pays est le seul du monde arabe, avec l’Égypte, à avoir reconnu Israël.

« La désignation récente du général Omar Suleiman comme vice-président égyptien et, donc, comme éventuelle successeur à la présidence, a été bienvenue en Israël qui a maintenu avec lui d’étroites relations de coopération en matière de défense.

« Mais l’orientation des protestations égyptiennes ne permet pas de juger comme un fait acquis que la continuité du régime est assurée ni qu’Israël pourra continuer de compter sur l’Égypte comme son principal allié dans la région. »
Comme on le voit, le monde fait face pour la première fois à trois problèmes simultanés : crises climatiques, crises alimentaires et crises politiques.

À quoi on peut ajouter d’autres graves dangers.

Les risques de guerres toujours plus destructives ne cessent pas.

Les dirigeants politiques feront-ils preuve d’assez de sérénité et d’équanimité pour leur faire face ?

Le sort de notre espèce en dépend.

Fidel Castro Ruz
Le 1er février 2011|Le monde fait face pour la première fois à trois problèmes simultanés : crises climatiques, crises alimentaires et crises politiques

2768|2830|authebdo|L'aut'hebdo - 4 février 2011|2011-02-04 09:11:07|L'aut'journal|Plus de 4 000 visites par jour

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POLÉMIQUE

Dénigrement du modèle québécois jugé trop interventionniste
Une stratégie de l’IEDM héritée de la Société du Mont-Pèlerin
par Réjean Parent


LANGUE


Le français dégringole
Il faut relancer notre politique linguistique
par Charles Castonguay

Loi 101 et cégeps: le débat de 1977 remis à l'ordre du jour

Le sociologue Guy Rocher parle de la Charte de la langue française (1)
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Cégeps et loi 101: langue et culture sont indissociables
Le sociologue Guy Rocher parle de la Charte de la langue française (2)
par Pierre Dubuc

La Charte de langue ou la Charte de Trudeau
Conférence de Pierre Dubuc


ACTUALITÉS

Hausses de taxes à Montréal
Le maire Tremblay fait de la désinformation
par Maude Messier

Quebecor contre Amir Khadir
Un tournant dans l’information au Québec
par Sébastien Robert


INTERNATIONAL


Le sort de Moubarak est jeté
Le monde fait face pour la première fois à trois problèmes simultanés : crises climatiques, crises alimentaires et crises politiques
par Fidel Castro


MOUVEMENT SYNDICAL

Brèves syndicales

Grève générale chez Machinerie Pronovost : le patron ne veut plus partager les profits; CHSLD : Le personnel spécialisé distribue les repas ; MBA à 30 000$ de McGill : le gouvernement coupe l’aide financière aux étudiants ; Bulletin scolaire : la FAE donne une mauvaise note au Ministère
par Maude Messier

Amertume au journal Le Soleil
On avait le fusil sur la tempe. Soit on signe, soit on vérifie si le chargeur est vraiment chargé
par Maude Messier



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Une pétrolière contre Le Soleil et Ugo Lapointe
« Une poursuite qui nous apparaît nettement abusive »
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Empêcher de patiner en rond
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L’aut’journal, février 2011, no. 296, format papier
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2769|2831|Manchettes Livres|Revue de livre : L’extrême droite, ici et hier… Jamais plus ?|2011-02-07 08:27:32|André Synnott|

Jean-François Nadeau, auteur de la biographie de Pierre Bourgault, a écrit deux biographies de personnages ayant oeuvré de l’autre côté de l’échiquier politique. Il a publié Robert Rumilly, l’homme de Duplessis, en 2009 et Adrien Arcand, le führer canadien, en 2010.

Deux figures presque oubliées, quoique le décès de Rumilly date de seulement 1983 (Arcand, lui, est mort en 1967), mais comme le disait Bertolt Brecht à propos du nazisme « il est encore fécond le ventre de la bête immonde ».

La (re)montée de la droite au Québec est possible, malgré ce que les récentes déconfitures de l’ADQ pourraient faire croire; plus récent avatar : le mouvement Réseau Liberté-Québec, une officine (pour le moment?) qui trouve que Stephan Harper n’est pas assez à droite! Il est important de connaître, de comprendre comment de tels courants politiques ont pu apparaître au Québec dans le passé pour mieux les combattre actuellement et dans l’avenir.

Robert Rumilly naît en France dans une famille de militaires, fils et neveu d’officiers de carrière liés à l’élite (père diplômé de la prestigieuse école Polytechnique, mère fille d’un comte). Un milieu qui croit encore que Dreyfus était coupable.

Le père de Rumilly, ayant été affecté dans les colonies (Martinique et Indochine), le jeune Rumilly conservera toute sa vie la conviction que la race blanche supérieure n’a apporté que des bienfaits aux peuples colonisés.

D’autres à la même époque, sans attendre le mouvement de décolonisation des années 60, ont compris les conséquences de la colonisation. André Malraux, parti à la recherche d’antiquités dans la jungle indochinoise, en reviendra militant anticolonialiste; André Gide publiera un virulent pamphlet après son retour d’un voyage au Congo.

Robert Rumilly fréquente Louis-le-Grand, le lycée le plus prestigieux de France qui prépare aux Grandes écoles, puis la Sorbonne. Ses études de droit sont interrompues par la guerre de 1914-1918 qu’il fera comme soldat, puis officier.

Après la guerre, comme beaucoup d’officiers issus de la bourgeoisie, il militera à l’Action française, un mouvement royaliste qui ne se retient pas d’utiliser la violence contre ses opposants. Lorsque le mouvement est condamné par le Vatican, il commence à décliner, mais Rumilly pratique la fuite en avant et s’accroche de plus en plus au caractère antidémocratique, antirépublicain du mouvement.

Considérant que la France prend une direction différente, il émigre au Québec, heureux d’y trouver une société française qui n’a pas été contaminée par la révolution de 1789. En cela, il est en accord avec certains idéologues québécois pour qui la Conquête de 1760 est un événement positif puisqu’elle nous a préservés de cette contamination.

En 1940, Rumilly pensera à peu près de la même façon. La victoire des Allemands mettra fin au régime parlementaire issu des élections de 1936 (victoire du Front populaire) pour le remplacer par l’État français du maréchal Pétain. Ses sympathies survivront à la victoire des Alliés en 1945, il aidera des collaborateurs voulant échapper à la justice française lors du rétablissement d’un régime de droit.

Vivant au Québec, il fréquente, à défaut de royalistes, les politiciens les plus conservateurs et nationalistes d’ici : René Chaloult (député indépendant qui sera à l’origine de la création du fleurdelisé), Camilien Houde et surtout Maurice Duplessis.

Il mettra à profit ce réseau d’influence comprenant des personnalités comme monseigneur Olivier Maurault (recteur de l’Université de Montréal), Édouard Montpetit ou Camille Laurin, jeune étoile montante de la psychiatrie québécoise, pour que le Canada accueille les collabos en fuite.

Rumilly n’était pas historien de formation. À son arrivée au Québec, il collabore au Petit journal comme critique littéraire, donne des conférences où il exprime ses obsessions anticommunistes, antisémites et racistes à l’endroit des Noirs, des Asiatiques et des Amérindiens; parce que pour lui, tout est politique et subordonné à la politique. Il ne pourrait, comme Pierre Drieu La Rochelle (écrivain très à droite), avoir des amis comme André Malraux ou Louis Aragon.

Pour mieux faire valoir ses idées, il passe de la critique littéraire à l’histoire, mais l’histoire romancée. Cette conception de l’histoire doit permettre d’intéresser (d’éduquer) les masses à des sujets sociopolitiques.

Malheureusement, sa très grande capacité de travail est un peu gaspillée par le journalisme et ses contraintes. Pour mieux se consacrer à ses sujets de recherches, il obtient un poste de traducteur au Parlement d’Ottawa d’où il aura accès à la Bibliothèque et aux Archives nationales. Il publiera plus de 80 ouvrages (parfois sur commande), dont l’Histoire de la province de Québec, en 41 volumes.

Son style, l’histoire romancée, lui permettra d’aller parfois très loin dans ses préférences idéologiques. Notamment son antisémitisme; pour lui, derrière chaque geste qu’il désapprouve, se cache toujours un Juif, que ce soit l’entrée en guerre des États-Unis en 1941, la grève des couturières à Montréal, la fondation du journal pro-libéral Le Jour, par Jean-Charles Harvey (lequel avait été chassé du journal Le Soleil de Québec, à la suite des pressions du cardinal). Il étale aussi son anticommunisme.

Sa conception du Québec, seul État français d’Amérique, l’amena à prendre position pour l’indépendance. Position qu’il rejette toutefois dès que l’indépendance est teintée de gauchisme ou de socialisme comme avec René Lévesque!

Plus que ses livres, il a laissé un héritage politique. Sept ans après sa mort, des admirateurs créent le Centre d’information Robert-Rumilly. Ce groupe de réflexion ultraréactionnaire s’appuie sur la religion, l’ethnicité et la langue pour combattre autant le droit à l’avortement que la laïcisation des commissions scolaires, le mariage gai et l’immigration.

Ce centre de réflexion crée le Parti de la démocratie chrétienne du Québec qui semble maintenant inactif. L’un des admirateurs de Rumilly publie la revue Égards pour donner une tribune à la droite conservatrice. Parmi les collaborateurs de cette revue, Maurice Dantec, qui a quitté la France parce qu’il est contre l’Union européenne et la démocratie et se décrit comme un nostalgique de la France carolingienne et des antiques monarchies chrétiennes. Même chez les historiens, l’histoire se répète et il semble que ce soit comme le disait Marx : « une fois comme tragédie et la seconde comme comédie ».


Adrien Arcand

Adrien Arcand commence sa carrière à La Presse comme rédacteur de chroniques mondaines, de critiques musicales et de faits divers, mais il perd son emploi pour y avoir fondé le premier syndicat de journalistes.

Sans emploi, sans repères sociaux, cette injustice le pousse vers un militantisme plus radical, plus résolu. Il est animé par une haine indéfectible contre Pamphile-Réal Du Tremblay, son ancien patron, haine qu’il reporte sur les riches.

Chômeur et disponible, il crée un journal satirique, Le Goglu, qui deviendra l’organe de son mouvement politique. Dans cette tribune, il réclame certaines nationalisations (ressources naturelles et services publics, surtout) parce que l’État, guidé par une morale ultracatholique, doit diriger l’économie. Ici se pointe déjà le corporatisme des Salazar et Mussolini.

À la demande, dit-il, du clergé de Montréal, il lance une campagne contre la création d’un système scolaire juif indépendant des commissions catholique et protestante. Prônée par Athanase David (le grand-père de Françoise), cette réforme est perçue comme anticléricale par les ultramontains.

Cette première manifestation d’antisémitisme inoculera en Arcand une haine des Juifs qui lui permettra d’expliquer tous ses malheurs personnels comme ceux, collectifs, du peuple québécois. Comme les nazis, Arcand considère les Juifs comme l’incarnation, à la fois, des dangers du communisme international et de la finance internationale.

Il ne sera pas le seul à être atteint par ce que Daniel Guérin appelait la peste brune. Pour les jeunes Pierre Dansereau et André Laurendeau, « la supposée persécution des Juifs en Allemagne » nazie n’est rien comparée aux persécutions dont souffrent les catholiques en Russie (ils y sont absents, la religion orthodoxe y domine), en Espagne et au Mexique. Si en vieillissant Dansereau, Laurendeau et quelques autres changeront, Arcand, lui, ne démordra jamais de son antisémitisme.

En politique internationale, Arcand appuiera les régimes autoritaires. Il approuve l’invasion de l’Éthiopie « société d’anthropophages incivilisés » par l’Italie de Mussolini. En Chine, les Japonais n’envahissent pas, ils ne font que rétablir l’ordre (il n’avait donc pas lu Le Lotus bleu?).

Cette approbation, si vive chez Arcand, s’étendra, à u degré moindre à d’autres segments de la société québécoise, et pour trop longtemps. En 1933, pour fêter par un coup d’éclat le dixième anniversaire de la prise du pouvoir par Mussolini, 25 hydravions effectuent un vol Rome-Chicago (avec escales aux Pays-Bas, en Irlande, en Islande et à Montréal).

Arcand déploie beaucoup d’énergie pour accueillir l’escadrille lors de son amerrissage à Longueuil par un grand rassemblement à la gloire du fascisme. Cet exploit marquera tellement la bonne société canadienne-française et catholique, qu’en 1962 (donc longtemps après la défaite du fascisme) alors que j’étais en 7e année, un texte du manuel de français (publié par une communauté religieuse) relatait l’exploit sans aucune mise en contexte évidemment.

En politique intérieure canadienne, la ligne d’Arcand était semblable à celle du parti nazi. C’est-à-dire, rejet de la démocratie et du système parlementaire, conception de la citoyenneté fondée sur la race blanche aryenne et déniée aux Noirs, Asiatiques, Sémites et autres croisements abâtardis!

Contrairement à d’autres radicaux de droite à cette époque, Arcand est résolument anti-indépendantiste. Le fascisme québécois/canadien doit se fondre dans le fascisme anglais, puisque l’Empire britannique étant présent sur tous les continents, pour se répandre mondialement.

La Seconde Guerre mondiale jettera un pavé dans les délires d’Adrien Arcand. Le Canada étant en guerre avec l’Allemagne et l’Italie, Arcand sera comme plusieurs autres, dont Camilien Houde, maire de Montréal, emprisonné parce que nuisibles à l’effort de guerre.

Après la guerre, il tentera de poursuivre le gouvernement. Un jeune étudiant en droit à Londres l’appuiera dans ses démarches parce que le gouvernement a agi en « marge du droit commun et à l’encontre de toute justice, sans procès régulier, ni défense adéquate, ni pénalité prévue, ni jugement indépendant de l’exécutif » grâce à la Loi des mesures de guerre. L’étudiant en droit n’a toutefois pas profité de la leçon puisque devenu premier ministre en octobre 1970, Pierre Trudeau appliquera la même loi à plus de 450 personnes.

Même après la guerre, Arcand ne sera jamais en paix avec les Juifs. En plus de nier le génocide, il se prononce contre la création de l’État d’Israël. Son plan est beaucoup plus simple : déporter tous les Juifs du monde sur l’île de Madagascar (après l’avoir vidé de ses habitants) d’où ils ne pourraient plus sortir. La Grande Île de l’océan Indien devenue un camp de concentration!

La vraie défaite d’Adrien Arcand c’est qu’il sera, pratiquement toute sa vie, la chose d’un autre. Alors qu’il se considérait l’égal d’un Hitler, d’un Mussolini (et dirigeait effectivement son groupuscule d’une main de fer), il voulait une révolution radicale, mais il sera utilisé par Eugène Berthiaume (mis au ban par sa famille de la direction de La Presse, il se vengera par Arcand interposé), par les conservateurs fédéraux de Bennett, par l’Union nationale et même par les créditistes. Voulant détruire le système parlementaire, il n’a fait qu’aider quelques réactionnaires plus mous que lui sans jamais se libérer de ses délires, de ses obsessions.


Jean-François Nadeau, Robert Rumilly l’homme de Duplessis, Lux Éditeur, 2009 et Adrien Arcand, le führer canadien, Lux Éditeur, 2010













|Les leçons des biographies de Rumilly et Adrien Arcand
2770|2832|Langue Manchettes|Dans l’esprit de la loi 101, l’affichage en français était essentiel|2011-02-07 08:38:48|Pierre Dubuc|

Dans le livre Guy Rocher Entretiens (Boréal 2010), le sociologue Guy Rocher qui est un des artisans de la Charte de la langue française, répond ce qui suit lorsqu’on lui demande comment il a réagi lorsque la Cour suprême a statué dans l’arrêt Ford de 1988 que l’affichage unilingue français violait certaines libertés individuelles.

« Ma réaction a été de me dire qu’une fois de plus les intentions, les motifs de la Charte de la langue française étaient frustrés et contrariés par les tribunaux. Dans l’esprit de la loi 101, l’affichage en français était essentiel pour affirmer concrètement que le Québec est une nation de langue française.

« L’affichage disait et rappelait aux yeux de tous le visage français du Québec. Un important témoin de l’identité collective du Québec était balayé du revers de la main, toujours au nom de droits individuels. J’en ai été choqué.

« On a assisté cette fois encore à l’érosion de la loi 101. On l’a affaiblie dans l’affichage, on laisse se multiplier les raisons sociales unilingues anglaises. On risque de revenir au libre accès à l’école anglaise.

« Les tribunaux québécois et canadiens n’ont jamais agi pour renforcer cette Charte de la langue française, ils n’ont fait que l’affaiblir. »


Rappel historique

Rappelons les faits entourant ce jugement de la Cour suprême, soit la réaction de la population, celle du gouvernement Bourassa et du Parti Québécois.

En décembre 1988, la Cour suprême du Canada invalidait l’article de la Charte de la langue française sur l’affichage. La Cour, par l’arrêt Ford de 1988, statue que la notion de liberté d’expression comprend les messages commerciaux et que l’interdiction d’employer une autre langue que le français est incompatible avec le droit à l’égalité garanti par les chartes.

Cependant, magnanime, la Cour considère comme justifié le fait d’exiger la présence du français dans la publicité commerciale et les raisons sociales. Elle affirme même que l’exigence de la nette prédominance du français serait juridiquement et constitutionnellement admissible.

Le Québec français se souleva d’un bloc contre ce jugement. Manifestations et assemblées se succédèrent. Les locaux d’Alliance Québec furent incendiés. Sous la pression populaire, le gouvernement Bourassa faisait adopter en décembre 1988 la loi 178.

En s’appuyant sur la clause dérogatoire, cette loi édicte que l’affichage, à l’extérieur des établissements, devait continuer de se faire uniquement en français, mais que l’affichage à l’intérieur des établissements pouvait se faire en français, ou à la fois en français et dans une autre langue, à condition que le français soit nettement prédominant.

La décision du gouvernement Bourassa d’invoquer la « clause nonobstant » soulève un tollé au Canada anglais et les commentateurs politiques lui attribuent une part de responsabilité dans l’échec de l’entente du Lac Meech en 1990.

Les anglophones de Montréal mènent également une campagne internationale contre la loi 178 et s’adressent au Comité des droits de l’Homme des Nations Unies, qui, en mars 1993, en arrive à la conclusion qu’elle viole la liberté d’expression garantie à l’article 19 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques.

Aussi, cinq ans après l’adoption de la loi 178, soit à l’échéance de la clause dérogatoire, le même gouvernement Bourassa bat en retraite et décide de donner suite à l’arrêt Ford. La loi 86 modifie la Charte de la langue française pour permettre l’emploi d’une autre langue pourvu que le français soit nettement prédominant.

Quand le Parti Québécois prend le pouvoir en 1994, son programme prévoit le retour à l’unilinguisme français dans l’affichage et l’extension des dispositions de la loi 101 aux cégeps, mais la décision est différée après la tenue du référendum de 1995. Lorsque Lucien Bouchard remplace Jacques Parizeau, il s’empresse de rassurer la communauté anglophone, lors de son célèbre discours au Centaur en s’engageant à ne pas donner suite à ces deux promesses.

Au congrès du Parti Québécois de novembre 1996, Bouchard affronte les militants sur ces questions en affirmant qu’il ne pourrait se regarder dans le miroir s’il respectait leur volonté. Les militants lui rendent la monnaie de sa pièce avec un vote de confiance d’à peine 76,2% et Bouchard menace de démissionner.


Deux perceptions

Guy Rocher ne croit pas que la communauté anglophone du Québec soit si réfractaire à l’unilinguisme français dans l’affichage. Dans son livre Entretiens, il écrit :

« Je dirais que la loi 101 a plus mauvaise presse à l’extérieur du Québec qu’ici. La minorité anglophone et les autres communautés non anglophones du Québec l’ont mieux acceptée que ce qu’on entend dire à l’extérieur du Québec, que ce soit dans le reste du Canada ou en Amérique du Nord, et même parfois en Europe.

« Dans le monde anglo-saxon, cette loi continue à avoir mauvaise réputation. On l’associe à un non-respect des droits individuels et à une sorte de quasi-fascisme. Je crois qu’il y a une importe différence entre la perception de cette loi au Québec par les non-francophones et celle qui règne à l’extérieur du Québec. »




|Le sociologue Guy Rocher parle de la Charte de la langue française (3)
2771|2833|Langue Manchettes|Quand la Cour suprême définit notre politique linguistique|2011-02-08 07:51:42|Pierre Dubuc|

Dans le livre Guy Rocher Entretiens paru aux Éditions (Boréal 2010), le sociologue Guy Rocher exprime son inquiétude sur l’avenir de la loi 101, étant donné les récents jugements des tribunaux. Il écrit :

« Je crains toujours qu’à un moment donné tombe un jugement des tribunaux qui rouvre la porte au droit au libre choix de l’école.

« Je crains toujours l’intervention des tribunaux, qui seront tentés d’utiliser les chartes pour modifier dans un sens individualisant, ce qui a été fait dans une perspective d’avenir collectif. Le problème permanent, c’est la faiblesse juridique d’une intention collective en regarde des droits de la personne, maintenant devenus la religion juridique dominante. »

Un jugement a joué un rôle important en ce sens.


L’arrêt Ford de 1988

Dans l’arrêt Ford sur l’affichage, la Cour a statué que la notion de liberté d’expression comprend les messages commerciaux et que l’interdiction d’employer une autre langue que le français est incompatible avec le droit à l’égalité garanti par les chartes.

Cependant, magnanime, la Cour a considéré comme justifié le fait d’exiger la présence du français dans la publicité commerciale et les raisons sociales. Elle a affirmé même que l’exigence de la nette prédominance du français serait juridiquement et constitutionnellement admissible.

Le principe de « prédominance » ne fait pas partie des principes fondateurs de la Charte de la langue française. Ni le principe de « prééminence » qu’on retrouvait cependant dans la Loi 22 de Robert Bourassa.

Le mot « prééminence » ne figure nulle part dans la Loi 101 et celui de « prédominance » n’apparaît qu’à deux reprises, soit, évidemment, dans deux articles sur l’affichage, découlant de l’arrêt de la Cour suprême. Ce sont deux autres principes qui servent de fondement : le français, langue officielle et le français, langue commune.

L’anglais est toujours présenté comme à titre d’exception dans la Charte de la langue française. Pour s’en convaincre, il faut relire les articles de la Charte de la langue française. Le préambule spécifie l’orientation générale :

Le plan d’aménagement linguistique que propose la Commission s’articule autour des principes suivants :

  1. Le français est la langue officielle et commune de la vie et de l’espace publics du Québec;

  2. L’anglais, l’inuktitut et les langues amérindiennes, partie intégrante du patrimoine culturel et linguistique du Québec, doivent avoir chacune leur place dans l’espace public;

  3. Les différentes langues s’harmonisent dans la vie et l’espace publics selon le principe de la nette prééminence du français, langue officielle et commune du Québec. (Nous soulignons, p. 29)


Par la suite, Jean-François Lisée l’a repris dans ses ouvrages. Dans son livre Sortie de secours (Boréal), publié en 2000, il écrit que « la Charte de la langue française dans sa version 2000 n’interdit aucune langue » et « insiste sur la prédominance de la langue majoritaire ». Ce qui est faux. Lisée suggère même « de constitutionnaliser le principe de prédominance du français dans l’affichage, pour établir cette réalité une fois pour toutes » dans une future constitution québécoise.

En 2007, dans un livre intitulé Nous (Boréal), Jean-François Lisée fait de la « nette prédominance » l’axe central d’une nouvelle politique linguistique. Dans un chapitre intitulé « La prédominance du français : un concept rassembleur collé sur le réel », il incite le gouvernement « à ajouter dorénavant à ces objectifs (de français langue officielle et langue commune) le concept-clé de prédominance du français ».

Jean-François Lisée étant proche de la direction du Parti Québécois, on ne doit pas s’étonner que le chapitre sur la langue de la Proposition principale soumis aux délégués pour le congrès d’avril 2011 ait pour titre : « La nette prédominance du français ».


Il faut choisir sa Charte

Donc, d’un côté, il y a une politique linguistique qui découle de la Charte de la langue française et de ses deux principes fondamentaux : le français, langue officielle et le français, langue commune.

De l’autre, il y a une politique linguistique qui origine de l’arrêt Ford de 1988 de la Cour suprême du Canada qui impose le principe de la « nette prédominance du français », en prenant pour référence la Charte canadienne des droits, la Charte de Trudeau.

Ces deux approches, découlant de deux chartes aux principes antagonistes sur la question linguistique – il est bien connu que Trudeau a fait adopter sa charte pour invalider des dispositions de la Charte de la langue française – ne sont pas interchangeables. Il faut donc choisir sa Charte.


|Le sociologue Guy Rocher parle de la Charte de la langue française (4)
2772|2834|Manchettes Culture|Edouard Glissant est passé|2011-02-08 08:18:42|Joëlle Rousseau-Rivard|

Le poète de la créolité, Édouard Glissant, est mort ce jeudi. Né en Martinique, son nom annonçait déjà son oeuvre : de « Senglis », un nom de colon, on aurait tiré « Glissant » en inversant les termes par jeu. Homme libre, il sera de tous les mouvements d’émancipation africains et antillais des années 50-60. Il s’oppose avec Sartre à la Guerre d’Algérie, fonde en 1961 le Front Antillo-Guyanais pour l’Autonomie, ce qui lui vaudra d’être expulsé de Guadeloupe et assigné à résidence en France. Poète, romancier et essayiste, ami de Franz Fanon qui réfléchit sur les ravages de la colonisation, Glissant développe une pensée de la créolité comme s’il s’agissait d’une « manière d’être-au-monde ».

Exit les idées enracinées, pures, dites ataviques, l’absolu racial qui hantait la revendication de négritude des Césaire et Senghor, le retour aux sources de l’Afrique... Pour Glissant, la matrice de son peuple, c’est le ventre houleux du négrier, l’arrachement premier. Et assumé pleinement.

Le monde moderne est toujours déjà métissé, le politique toujours déjà passé par là. Multiple, chaotique est l’origine. Et donc, écrit-il, l’identité se forge au carrefour des autres, par contamination plutôt que par opposition. D’où ses essais « Traité du Tout-Monde », « La Poétique de la Relation », « Pour une poétique du Divers » - sa poésie « Les Grands Chaos », « Sel noir », « Boises » - ses romans « La Lézarde », « Mahagony », « Le Quatrième Siècle ».

S’inspirant de la géo-politique, fragmentaire, des Caraïbes pour élaborer une pensée nomade, qui appelle la figure d’un archipel, Glissant est proche de la notion de rhizome de Deleuze et Guattari. À savoir qu’il n’existe pas de voie royale dans l’évolution des peuples, ni même dans celle des individus. Pas de racine totalitaire donc, mais un réseau complexe d’embranchements, de différences.

Si les vieilles nations se sont toutes fondées sur des épopées et des mythes de création du monde, mythes dont découlent « la violence cachée d’une filiation » et la transformation de la terre en territoire qu’on revendique pour soi, les communautés nées de la créolisation sont plutôt liées au « vécu conscient et contradictoire des contacts entre plusieurs cultures » - elles se reconnaîtront d’abord dans une pensée de l’errance et du tout.

Or, si on pense aux autochtones d’Amérique, il s’agit d’une communauté atavique qui n’a pas, il me semble, fait de la terre un territoire. Et pour avoir justement vécu selon le principe « qu’on appartient à la terre plutôt qu’elle ne nous appartient », peut-être ont-ils été dépossédés de leurs droits plus facilement face aux prétentions des colons européens...

Devant ces prétentions universalisantes et rationalistes des Occidentaux, fécondes soit, le poète des îles tient à enrichir une opacité réfractaire à l’assimilation. Parce que « reconnaître » l’autre ne signifie pas pour autant le « comprendre » - où on entend le verbe « prendre » qui renvoie à une mainmise, voir à la dévoration de l’autre à partir d’une quelconque supériorité.

Imageant sa théorie, Glissant dira de la Méditerranée qu’elle est « une mer qui concentre », une mer intérieure, encerclée de continents et, nécessairement, foyer de tous les monothéistes (religions de l’Un). Tandis que la mer des Caraïbes en serait une « qui diffracte », ouverte aux possibles des passages et des accidents. Il en est ainsi des créoles et des musiques hybrides comme le jazz, nées du choc d’entre les cultures. De leur désordre, qu’on n’aura pas réprimé, naissent des inventions baroques et syncrétiques.

Fin connaisseur de St-John Perse et de Faulkner, l’antillais choisira une écriture marquée « par le détour, la circularité, la redondance, l’ellipse et le décalage qui sont autant de modes de l’incertitude et de l’ouverture à la relation ». « Nous nous apercevons de ce qu’il y avait de continental, d’épais et qui pesait sur nous, dans les somptueuses pensées du système qui jusqu’à ce jour ont régi l’Histoire des humanités et qui ne sont plus adéquates à nos éclatements (...) La pensée archipélique convient à l’allure de nos mondes. Elle en emprunte l’ambigu, le fragile, le dérivé. Elle reconnaît la portée des imaginaires de la trace. »

Ref. Cultures France



|Le poète de la créolité s’inspirait de la géo-politique, fragmentaire, des Caraïbes pour élaborer une pensée nomade, qui appelle la figure d’un archipel.
2773|2835|Manchettes Livres|Y a-t-il une corrélation entre les revenus et le bonheur ?|2011-02-08 08:31:03|Jacques Fournier|

L’auteur est organisateur communautaire retraité

Retenez bien la réponse à la question suivante, au cas où elle vous serait posée lors d’un quiz scientifique télévisé. Q. L’argent fait-il le bonheur? R. Une augmentation de revenus fait le bonheur des pauvres mais, au-delà d’un certain seuil (peu importe ce seuil), la croissance du revenu n’augmente pas le sentiment de bonheur.

Renaud Gaucher, qui a une triple formation d’historien, de psychologue et d’économiste, a étudié la question des liens revenus-bonheur dans son livre « Bonheur et économie : le capitalisme est-il soluble dans la recherche du bonheur ? » (L’Harmattan, 2009, 117 pp.). Voici ses grandes conclusions.

Lorsque les revenus d’une personne sont bas, une augmentation du revenu augmente le bonheur (tel qu’auto-mesuré par la personne elle-même selon des questionnaires d’évaluation reconnus).

A partir d’un certain seuil, l’augmentation des revenus n’accroît pas le bonheur. Ce seuil varie selon les chercheurs. En 2001, les chercheurs Frey et Stutzer l’ont évalué à 10 000 $ US. Layard, en 2007, l’a chiffré à 20 000 $ US.

Ce n’est pas le montant qui est important mais le concept de seuil. Au-delà d’un certain revenu, le bonheur ne croît plus. Dans un pays riche, il faut donc minimiser la pauvreté pour accroître le bonheur, et non pas faire croître les revenus des riches.

Burri et Priester (1997) ont montré qu’en Suisse, entre 1992 et 1994, le niveau de bonheur a augmenté avec les revenus, à une exception : ceux qui gagnent 5000 francs suisses par mois sont moins heureux que ceux qui gagnent entre 4000 et 5000 francs suisses.

Diener et al. (1993) ont étudié la relation bonheur-revenu aux USA entre 1981 et 1984. Ils ont constaté que le bonheur s’accroît avec les revenus mais qu’à partir de 15 000 $, le revenu a un effet très faible sur le bonheur.

Frey et Stutzer (2002) ont calculé qu’aux USA, si le revenu par tête a été multiplié, de 1946 à 1991, par 2,5, passant de 11 000 $ à 27 000 $, le taux moyen de bonheur déclaré, sur une échelle de trois points, est tombé de 2,4 à 2,2. Au Japon, entre 1958 et 1991, le revenu par tête a été multiplié par 6, alors que les indices de satisfaction sont restés à peu près les mêmes sur toute la période.

Renaud Gaucher rapporte que, selon diverses études, il y a des personnalités plus aptes au bonheur. L’extraversion (plutôt que l’introversion) est fortement corrélée au bonheur, de même que l’optimiste, le contrôle interne et l’estime de soi.

Les personnes heureuses sont surtout celles qui ont pour valeurs centrales le développement personnel, l’intimité et la participation à la communauté, alors que les personnes qui organisent leur vie autour de l’argent, la possession, l’image et le statut ont moins tendance à être heureuses.

Il y a deux catégories de consommateurs : les « satisfaiseurs », qui cherchent un produit qui les satisfait, et les « maximiseurs », qui cherchent le meilleur produit. Swchartz et al. ont fait passer un test à 1700 personnes : les « maximiseurs » sont moins heureux qu les « satisfaiseurs ».

Le fait de se comparer influe sur le bonheur. Ainsi, Solnick et Hemenway (1998) ont fait une étude auprès d’étudiants. Ils leur ont demandé de choisir entre deux possibilités. Option A : ils gagnent 50 000 $ par an et les autres, en moyenne 25 000 $. Option B : ils gagnent 100 000 $ par an et les autres, en moyenne 250 000 $. La majorité a choisi l’option A, préférant gagner moins en chiffres absolus, mais devancer les autres.

Cependant, dans la même étude, ils ont fait choisir aux étudiants entre deux autres options. Option A : deux semaines de vacances pour toi et une seule pour les autres. Option B : quatre semaines de vacances pour toi et huit pour les autres. La majorité a choisi l’option B, même si les autres y sont plus favorisés qu’eux.

Le livre de Renaud Gaucher fourmille de corrélations intéressantes. En synthèse : 

  • la richesse n’est qu’un déterminant parmi d’autres du bonheur;

  • la pauvreté diminue beaucoup plus le bonheur que la richesse ne l’augmente;

  • à partir d’un certain seuil, la richesse n’a presque plus d’influence sur le bonheur;

  • les inégalités économiques vont à l’encontre du bonheur sans que l’égalité économique soit la solution optimale;

  • le principal rôle de la richesse dans le bonheur est d’apporter la sécurité.

Note : une corrélation n’est pas une cause. C’est un rapport réciproque entre deux notions.


|Bonheur et économie : le capitalisme est-il soluble dans la recherche du bonheur ?, un livre de Renaud Gaucher
2774|2836|Manchettes Culture Livres|Deep Café de Malcolm Reid|2011-02-09 08:25:00|Marc Boutin|

Le dernier livre de Malcolm Reid, écrit directement en français, traite de Léonard Cohen, poète et figure emblématique de la bohème anglophone montréalaise. Comme pour l'avant dernier livre de Malcolm, Notre parti est pris, Deep Café est partiellement autobiographique, l'auteur ayant fréquenté l'Université McGill au tournant des années cinquante et soixante, période glorieuse à Montréal, tant de la bohème francophone que de l'underground anglophone. Habituellement, dans ses récits, Malcolm - l'auteur lui-même - n'est jamais loin. C'est là sa griffe!

À cette époque, et jusqu'à l'été 67 lorsque sa carrière de chanteur folk débute, Léonard Cohen n'est connu que par son oeuvre littéraire (poésies et romans). Deep Café traite d'abord et avant tout de sa poésie et s'achève sur les premières notes de Suzanne takes you down, to her place by the river..., en pleine Expo 67. L'auteur, toutefois, ne suit pas toujours une chronologie rigide et n'hésite pas a couvrir certains évènements plus récents de la carrière du poète chanteur.


La bohème

Un des charmes de Deep Café est de nous faire découvrir le Montréal de la bohème anglo, ses repères (la McGill Union et les locaux du McGill Daily), ses cafés (Swiss Hut), l'effervescence urbaine de la rue Sherbrooke et du boulevard Saint-Laurent.

Reid remarque qu'il s'agit d'un monde méconnu et sous estimé des francophones, un monde qui a participé à sa manière à la Révolution tranquille : par une agitation politique reliée à la guerre froide (manifestations contre l'installation de missiles à la base de La Macaza dans les Laurentides), par son opposition aux artisans de la guerre chaude (contre la venue à Montréal de Robert MacNamara, secrétaire de la guerre de Kennedy), par son appui à la construction d'un centre de santé dans Pointe-Saint-Charles, etc.

Mais aussi un monde qui reflétait la démarcation entre les deux solitudes, démarcation que Reid, contrairement à Cohen, a résolument transgressé.


La poésie

Pendant ses années de bohème montréalaise, Reid est séduit par la poésie de Cohen : la dérision féroce ou feutrée des images, l'audace des titres (Flowers for Hitler), la modernité des sujets traités, le choix des mots et le classicisme de la langue qui, selon l'auteur, rapproche Cohen de Shelley et Shakespeare. « La poésie de Cohen ne parle pas de champs de marguerites ou de jonquilles, elle parle de sexualité, de politique, de comptoirs à hot-dog sur la Main. » (Deep Café, page 85)

C'est une poésie « hip », une poésie intimiste qui s'adresse à un « tu », à « toi ». Si on se laisse séduire : frissons garantis.


La politique

Une des hypothèses de l'auteur est que derrière une forme poétique aussi envoûtante doit bien se profiler un fond politiquement fréquentable. Être politiquement fréquentable pour Malcolm Reid veut dire « être progressiste », être de gauche. À son grand désarroi, cependant, l'hypothèse s'avère difficile à défendre.

Bien sûr, Malcolm décèle des tendances encourageantes : Cohen garde un oeil sur la nouvelle gauche, il suit (de loin) l'évolution du nationalisme québécois, il apostrophe le capitalisme et ses excès, il exprime ses regrets quant à la misère des exclus, il appuie l'émancipation sociale des noirs étasuniens, etc. Et Malcolm Reid de lancer une élégante formule : Cohen serait un activiste radical... de la vie personnelle (p. 119).

Mais en ce qui a trait à la vie collective, on repassera. Cohen n'est ni un salaud génial comme Louis Ferdinand Céline, ni un artiste qui signale à gauche et vire à droite comme Vargas Llosa.

C'est un poète qui s'échafaude une fierté sur la base de sa militance molle et d'une neutralité politique immuable. On pense au député poète Lamartine qui, à la Chambre, se disait « résolument » ni à gauche, ni à droite et de qui d'aucuns disaient « ...on sait bien, le poète, il reste au plafond ».

En tant qu'artiste-dans-la-société, Cohen se retrouve comme bien d'autres, et sans doute à son corps défendant, du côté des puissants. N'a-t-il pas accepté, comme Malcolm le signale à la page 125, de tenir les cordons du poêle aux funérailles de Pierre-Elliot Trudeau.

Le livre de Malcolm, avec son français surprenant, son écriture empreinte d'une spontanéité propre à la conversation, est d'une lecture agréable bien que piquante (dans le sens de « piquer la curiosité »).

On a souvent l'impression en lisant, qu'il nous raconte une histoire (son histoire) au coin de la rue. Un boni attend le lecteur : tout au long de Deep Café, la spontanéité malcomienne accède à la lumière du jour avec ses nombreux dessins à main levée et au trait nerveux, qui illustrent les personnages du livre.

Cet article a paru dans le journal Droit de Parole distribué au centre-ville de Québec.


DEEP CAFÉ, Malcolm Reid, 161 pages, Les Presses de l'Université Laval, Québec 2010.










|Un des charmes de Deep Café est de nous faire découvrir le Montréal de la bohème anglo des années 60
2775|2837|Langue Manchettes|D'abord, un Québec français!|2011-02-10 07:45:55|Louis Bernard|

Il est difficile de passer une année au Québec sans que la question de l’intégration des immigrants ne vienne s’imposer dans l’actualité politique. Il y a quelque temps, c’était la controverse des accommodements raisonnables, qui a mené à la mise sur pied de la Commission Bouchard-Taylor. Puis ce fut celle des écoles passerelles qui a débouché sur l’adoption contestée de la loi 103. C’est maintenant celle de l’extension aux cegeps des prescriptions de la loi 101 sur la langue d’enseignement.

À la source de tous ces débats, il y a la crainte ressentie par une large partie de la majorité francophone que la présence de plus en plus importante chez nous de nouveaux citoyens issus de l’immigration ne vienne mettre en danger, à terme, le caractère français de la nation québécoise. Déjà, au cours des dernières années, toute une panoplie d’instruments a été mise en place pour éviter ce danger, dont les principaux furent l’adoption de la Charte de la langue française et le rapatriement des pouvoirs de sélection et d’intégration des immigrants.

Ces instruments ont eu leurs effets, mais le doute subsiste toujours quant à leur suffisance et à leur efficacité réelle. Cette méfiance provient de certaines statistiques préoccupantes sur la langue parlée au foyer mais, surtout, de la présence de plus en plus évidente de la langue anglaise dans presque tous les milieux de la région montréalaise. Cette montée de l’anglais à Montréal, tous peuvent la constater quotidiennement au travail, dans le métro et les magasins et, quelles que soient les statistiques officielles, on sent la crainte se développer et, peu à peu, les pressions monter pour exiger que des mesures soient prises pour corriger la situation. D’où la demande pour étendre la loi 101 aux cégeps.

Personnellement, sans m’objecter en principe à cette solution, j’en préfère une autre qui est plus susceptible, à mon sens, de régler le problème. Il s’agirait plutôt de redonner à la loi 101 sa mission originale de faire du Québec une province française par la revalidation de ses dispositions infirmées par les tribunaux et par l’élargissement de son application à l’ensemble de la société québécoise, y compris aux secteurs relevant du parlement fédéral. Est-ce que cela est possible ? Oui, certainement – par un amendement à la constitution canadienne.

Je propose donc que l’Assemblée nationale, comme elle est autorisée à le faire, prenne l’initiative d’adopter une résolution modifiant la constitution du Canada afin que le Québec puisse légiférer pour:

  • remettre en vigueur les dispositions de la Charte de la langue française qui ont été invalidées par les tribunaux;
  • appliquer la Charte de la langue française à toutes les institutions et entreprises privées agissant sur son territoire;
  • suspendre l’application de l’article 23 de la Charte canadienne des droits et libertés en ce qui concerne les écoles situées au Québec.

Une telle modification constitutionnelle entrerait en vigueur dès qu’elle aurait été approuvée par le Parlement du Canada, et celui-ci aurait trois ans pour le faire. L’assentiment des autres provinces ne serait pas nécessaire étant donné que cet amendement ne concerne que le Québec. Le précédent de l’abolition des commissions scolaires confessionnelles au Québec et celui de l’instauration du bilinguisme officiel au Nouveau-Brunswick en font foi.

Au besoin, cette résolution de l’Assemblée nationale pourrait éventuellement être ratifiée par un référendum québécois, si par exemple le parlement fédéral tardait à agir ou refusait de le faire.

Comme dans tous les pays, c’est la pression sociale qui est le principal facteur d’intégration des immigrants à la société d’accueil. Chez nous, c’est par le caractère ostensiblement français de la nation québécoise qu’on peut le mieux assurer l’intégration des nouveaux arrivants à la majorité francophone. Faire du Québec une province française, c’était le but primordial, dans sa version originale, de la loi 101 et c’est, en grande partie, parce qu’elle a été dépouillée de ses éléments les plus symboliques à cet égard (lois, jugements et affichage commercial en français seulement) que ses effets ont été limités. Le Québec est restée, en fait et en droit, une province bilingue. Redonnons donc à la loi 101 toute sa vigueur et étendons son application à tous les secteurs de notre société.

La solution que je propose est bien supérieure à celle de l’application de la loi 101 aux cégeps. D’abord, parce qu’elle sera beaucoup plus efficace sur l’intégration de tous les immigrants (et non seulement des collégiens). Ensuite parce qu’elle amènera le Canada à accepter que le Québec constitue une société d’accueil distincte ayant ses propres exigences, notamment quant à la langue d’intégration. Enfin, parce qu’elle recevra l’appui de la grande majorité des Québécois qui favorisent spontanément l’avènement d’un Québec français, alors qu’ils seront forcément divisés entre eux par la perspective de se voir enlever le droit de fréquenter les cégeps anglophones.

Lorsqu’ils seront pleinement assurés du caractère français du Québec, les Québécois seront plus ouverts à la diversité, plus à l’aise de recevoir chez eux (comme ils l’ont toujours fait depuis quatre cents ans) des concitoyens d’autres cultures et même plus enclins à maitriser eux-mêmes la langue anglaise, outil indispensable dans le monde d’aujourd’hui.

La première chose à faire, c’est donc de redonner toute sa force à la Charte de la langue française de manière à assurer le caractère français de la société d’accueil québécoise et renforcer ainsi sa capacité d’intégration des nouveaux arrivants.

Publié dans La Presse, Le Soleil et autres journaux de Gesca mercredi le 9 février 2011



|Il est difficile de passer une année au Québec sans que la question de l’intégration des immigrants ne vienne s’imposer dans l’actualité politique
2776|2838|Manchettes Mouvements_populaire|Faire sauter la Petite Marmite |2011-02-10 08:06:51|Maude Messier|

Les compressions budgétaires de 16,5 millions $ au CSSS Jeanne-Mance menacent la survie de la popote roulante La Petite Marmite, le financement accordé pour son fonctionnement au Projet Changement, un centre communautaire pour aînés, devant être retiré au printemps prochain.

Implantée dans la collectivité depuis une vingtaine d’années, La Petite Marmite distribue annuellement 10 374 repas dans les quartiers St-Louis-du-Parc et Plateau-Mont-Royal, 365 jours par année. Une cinquantaine de bénévoles ont ainsi pourvu aux besoins alimentaires de 115 personnes différentes en 2010.

En plus de livrer des repas, ces bénévoles assurent également une visite régulière, une présence et un réconfort à des personnes âgées seules. « Nous faisons partie d’une chaîne de solidarité sociale », soutient Monique Moquin-Normand, membre du regroupement Solidarité La Petite Marmite et travailleuse sociale au CSSS Jeanne-Mance, en entrevue à l’aut’journal.

L’annonce de la suppression du budget alloué à la popote roulante a incité une trentaine de bénévoles à se mobiliser et à multiplier les efforts pour sauver ce service qu’ils estiment essentiel. C’est de cette mobilisation qu’est né le regroupement Solidarité La Petite Marmite.

« De façon spontanée, les gens ont accroché à cette cause, parce que ça résonne. On s’est dit, si on les laisse faire ça, elle sera où la limite? », explique Mme Moquin-Normand.

Dans une lettre adressée au premier ministre de même qu’aux trois ministres concernés, le regroupement déplore que le gouvernement coupe à la fois dans les places en CHSLD et dans les services à domicile.

Dans un communiqué de presse daté du 21 mars 2010, la ministre responsable des Aînés, Marguerite Blais, affirmait pourtant que le rôle des popotes roulantes est essentiel au soutien des personnes aînées. « Ces personnes voient ainsi leur qualité de vie améliorée et peuvent continuer à vivre plus longtemps dans l’environnement qui leur convient le mieux. »



Soutenir les services de maintien à domicile

Dans un contexte où le vieillissement de la population est une source de préoccupations, particulièrement pour le réseau de la santé, la sécurité alimentaire devrait constituer un élément de base en matière de prévention.

Les données de Statistiques Canada indiquent qu’en 2001, 30% des aînés vivant à domicile au Québec avaient des incapacités fonctionnelles modérées ou graves, lesquelles ont des répercussions sur les activités quotidiennes dont la préparation des repas.

Le Centre d’action bénévole de Montréal, L’Association des popotes roulantes du Montréal Métropolitain (APRMM), le Centre d’action bénévole Ouest-de-l’île et le CSSS de la Montagne, ont préparé en juin 2009 un rapport portant sur la sécurité alimentaire et le vieillissement qui abonde dans le même sens : « un pauvre état nutritionnel peut contribuer à exacerber des limitations fonctionnelles, diminuer la masse musculaire, mener à des troubles métaboliques et diminuer les défenses immunitaires. »

Les auteurs soulignent que depuis quarante-cinq ans, les popotes roulantes constituent une réponse efficace contre les problèmes de sécurité alimentaire. Montréal compte une centaine de popotes roulantes, soutenues grâce au travail de 3 000 bénévoles.

Si la majorité d’entre-elles distribuent de 2 à 3 repas chauds par semaine par clients, faute de ressources et de moyens, le rapport indique clairement que les besoins nécessiteraient plutôt un service dispensé au minimum 5 jours par semaine.

Or, les popotes roulantes font aujourd’hui face à des défis de taille. La moyenne d’âge des bénévoles se situe autour de 70 ans et la relève est difficile à recruter en raison de la lourdeur de la tâche. Mais c’est surtout l’absence de financement stable qui constitue une barrière économique importante pour la survie de ces petites organisations qui se sont surtout historiquement développées sous l’égide de l’Église.

La Petite Marmite bénéficie par exemple d’un financement annuel de 40 000$ pour payer un demi-salarié, responsable de la coordination et de la distribution, et les frais liés à l’utilisation de deux voitures pour les livraisons. Les frais des repas, cuisinés par l’Hôtel-Dieu, sont assumés par les clients au coût de 4$.


Les popotes roulantes : un modèle à actualiser

Les auteurs du rapport « Sécurité alimentaire et vieillissement : l’apport essentiel des popotes roulantes montréalaises » concluent que les popotes roulantes telles qu’on les connait aujourd’hui sont vouées à disparaître, faute de relève et de financement stable.

« Il est illusoire de penser que ces services pourront continuer à dépendre entièrement et uniquement de bénévoles. » À leur avis, une partie de la solution consiste à pouvoir compter sur du personnel communautaire d’encadrement, comme c’est notamment le cas à La Petite Marmite.

Ils prônent également la bonification du financement des organismes déjà existants afin qu’ils puissent élargir leurs services et prendre en charge de nouveaux clients pour répondre aux besoins grandissants.

En connaissance de cause, le regroupement Solidarité la Petite Marmite s’explique bien mal la mise à mort de leur organisme. La direction du CSSS assure que des solutions de rechange seront apportées pour les clients concernés. Les services de La Petite Marmite seront assurés par d’autres organismes, comme l’Association des popotes roulantes du Montréal Métropolitain.

« Pourquoi détruire une popote roulante qui fonctionne très bien alors qu’on est un situation de carence de services?, questionne Mme Moquin-Normand. Il s’est développé un lien de confiance entre la clientèle et les bénévoles, une proximité. C’est clair que tout ça n’est qu’une question de financement. »

L’imposition d’un panier de services homogène dans tous les CSSS constitue, à son avis, une aberration à maints égards alors qu’il est évident que ces services à domicile répondent à des besoins de la population, particulièrement sur le territoire desservi par le CSSS Jeanne-Mance.

D’autant plus que la clientèle de La Petite Marmite est uniquement constituée des gens référés par le CSSS. « Ce sont des personnes qui ont des suivis au CSSS de maintien à domicile. Cette clientèle est donc constituée de gens qui sont déjà entrés dans le réseau de santé, imaginez maintenant le nombre de personnes hors du circuit qui auraient besoin des services de la popote roulante. »

Pour le regroupement Solidarité La Petite Marmite, il ne fait aucun doute que le retrait du financement de l’organisme est une erreur lourde de conséquence pour l’ensemble du quartier, « parce qu’on ne sait pas ce qui va vraiment advenir de ces services dans le futur sans La Petite Marmite », conclut-elle. Au contraire, elle estime que ces services devraient être élargis parce que les besoins sont réels.

Conférence de presse, pétition et affichage au centre communautaire, les bénévoles cherchent par tous les moyens à sensibiliser la population à leur cause et à récolter des appuis. À moins d’un retournement de situation, l’entente de service entre le CSSS Jeanne-Mance et le Projet Changement en ce qui concerne le budget de fonctionnement La Petite Marmite prendra fin le 31 mars 2011.

Photo : CIBL1015.com


|Montréal compte une centaine de popotes roulantes, soutenues grâce au travail de 3 000 bénévoles
2777|2839|Manchettes Mouvements_des_femmes Cinéma|Des machines à tuer|2011-02-10 08:20:44|Ginette Leroux|

Au Nord de l’Ouganda, région frontalière du Sud-Soudan, l’Armée de Résistance du Seigneur sévit. Au nom de la justice de Dieu et des hommes, Joseph Kony, le chef de guerre rebelle, une sorte d’illuminé, et ses soldats crient vengeance contre le pouvoir central de Kampala. Depuis plus de 20 ans, ils enlèvent des enfants et font d’eux des petits tueurs. Leur armée compte 80% d’enfants soldats. Parmi eux, 30% sont des filles.

Le documentaire de Raymonde Provencher Grace, Milly, Lucy… des fillettes soldates met en lumière le sort réservé à ces fillettes maintenant adultes. Prenant la forme de témoignages bouleversants, les jeunes femmes, épouses et mères, livrent à la caméra les souvenirs de l’époque la plus douloureuse de leur vie.

De sa voix pausée, dont l’immense douleur fait place, depuis son retour de captivité, à la nécessité de témoigner en faveur de toutes celles qui ont connu le même sort qu’elle, Grace raconte son histoire.

En pleine nuit, les vitres du dortoir du pensionnat ont volé en éclat. Puis les soldats rebelles ont enjambé les fenêtres, ouvert la porte et, machette au poing, ils ont forcé les fillettes tremblantes de peur, liées les unes aux autres par une corde enserrant la taille, à les suivre. « Nous étions libres jusqu’à ce que nous voyions un fusil », rapporte celle qui a réussi à fuir ses tortionnaires après sept mois de captivité.

« Vous pouvez échapper à la corde, mais vous n’échapperez pas à la machette », leur dit un des kidnappeurs. L’intimidation suprême qui les jettera dans la jungle, sans ressource autre que leur instinct de survie. L’enfance de Grace et de vingt-neuf de ses camarades prendra fin ce jour-là.

Milly et Lucy ont été arrachées à leur famille à l’âge de neuf ans. Comme les autres, les fillettes ont été forcées de marcher pieds nus dans la brousse, transportant pour leurs ravisseurs bagages lourds, casseroles et eau en équilibre sur leur tête, les armes attachées à leur dos.

En plus d’aller au front comme les garçons, les filles sont réparties parmi les différents commandants pour devenir leurs esclaves sexuelles et domestiques. Chaque commandant pourra prendre une trentaine de filles. Plus tard, lorsqu’elles auront des enfants, elles seront forcées de les amener au combat. Agrippés à elles, les jeunes mères protégeront leurs petits d’une main, tenant leur arme de l’autre. Inévitablement, il arrivera qu’un enfant périsse sur les lieux d’affrontements, essuyant le tir d’un feu ennemi.

Les tourments de Milly et de Lucy se sont étalés sur dix longues années. Lucy doit encore combattre ses démons. Sa collaboration avec ses bourreaux la laisse agitée par un sentiment de culpabilité vissé à l’âme et rend son retour à la vie « normale » plus long et plus difficile. Le film nous la montre angoissée, changeante. Sans la générosité de Milly, capable de mettre de côté les souffrances que lui a fait subir Lucy durant l’interminable enfer, la rescapée pourrait sombrer dans le désespoir.

L’impressionnante résilience des trois jeunes femmes ferait plaisir à Boris Cyrulnik, le psychanalyste français connu pour avoir développé le concept de résilience, basé sur la capacité de se reconstruire suite à un traumatisme. Conscientes de l’importance de porter leur message de solidarité, Grace, Milly et Lucy travaillent au sein de Empowering Hands, un organisme humanitaire qui accueille, informe et soutient les ex-fillettes soldates, otages de cette guerre insensée.

Si les scènes douloureuses d’exactions et les témoignages émouvants de Grace, Milly et Lucy sont au cœur du film de Raymonde Provencher, la documentariste a juxtaposé en contrepoint des images empreintes de paix du paysage africain majestueux, lumineux, serein et fragile. Le contraste est éloquent. La beauté exorcise la peur et la haine.

Grace a retrouvé sa famille et sa vie où elle l’avait laissée. Maintenant diplômée d’une université américaine, elle n’a de cesse de faire connaître la situation des enfants soldats.

« Les enfants du nord de l’Ouganda sont depuis des années enlevés, torturés et forcés à tuer les membres de leur propre famille. Quand on parle des enfants soldats, en règle générale, on ne tient pas compte des fillettes. On les force à devenir des enfants soldats et des fillettes épouses », dira Grace dans un vibrant témoignage devant les membres des Nations Unies à New York.

Vous aimeriez protester contre l’utilisation des enfants dans les conflits armés? Répondez à l’invitation d’Amnistie internationale qui, à l’occasion de la Journée mondiale de la main rouge, convie les spectateurs à se joindre aux diverses actions menées partout dans le monde pour sensibiliser les gens à cette grave situation.

Au cours de la fin de semaine de la sortie du film, vous pourrez participer à la conception d’une bannière « mains rouges ». L’activité consiste à demander aux gens d’apposer leurs mains sur une bannière avec une peinture spéciale qui sera ensuite envoyée au Secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon pour exiger une action plus efficace dans le but de mettre fin à cette pratique.

L’événement se déroulera le vendredi 11 février de 17h30 à 21h ainsi que le 12 février de 12h à 16h au Cinéma Parallèle (Ex-Centris). La cinéaste Raymonde Provencher, des représentants d’Amnistie internationale et du Bureau international des droits des enfants y rencontreront le public. Du chocolat chaud et du café seront offerts aux participants.


À noter qu’une entrevue avec Raymonde Provencher sera publiée dans le numéro de mars de l’aut’journal. À suivre…


Grace, Milly, Lucy… des fillettes soldates
, le 11 février au Cinéma Parallèle (Ex-Centris) et au Clap à Québec, dès le 18 février.

Labande-annonce du film est disponible ici.



|Grace, Milly, Lucy… des fillettes soldates
2778|2840|Manchettes Mouvements_syndical|Brèves syndicales|2011-02-11 07:29:25|Maude Messier|

Le ton monte chez les étudiants

Environ 300 étudiants ont pris part à une manifestation organisée par le Conseil régional de l’Association pour une solidarité syndicale étudiante(ASSÉ) à Montréal (CRAM), jeudi après-midi à Montréal, pour protester contre la privatisation des services publics et la hausse des frais de scolarité.

Joint par l’aut’journal, le porte-parole du CRAM, Jérémi Bédain-Wien, a souligné que cette manifestation s’inscrivait dans une série d’actions exprimant la grogne des étudiants à l’endroit des politiques du gouvernement Charest et de son indifférence face aux revendications étudiantes.

« L’éducation est un droit qui ne doit pas être traité en marchandise. » Le porte-parole fait également valoir que, pour l’ASSÉ, l’accessibilité à l’éducation passe par la gratuité scolaire. « C’est sûr que, pour l’instant, on tente surtout d’empêcher la hausse des frais de scolarité, mais nos revendications se maintiennent dans une perspective de gratuité scolaire. »

Rappelons que, le 6 décembre dernier, l’ASSÉ et plusieurs autres associations étudiantes ont manifesté en marge de la Rencontre des partenaires de l’éducation organisée par la ministre de l’Éducation, du Loisir et du Sport, Line Beauchamp, alléguant que le gouvernement imposait unilatéralement ses orientations.

Outre la manifestation de jeudi, l’association prendra part à la journée de mobilisation le 12 mars prochain organisée par l’Alliance sociale et la Coalition opposé à la tarification et à la privatisation des services publics. Une manifestation nationale de l’ASSÉ est également prévue pour le dépôt du budget provincial le 31 mars.

Enfin, M. Bédain-Wien confirme que les moyens de pression pourraient aller jusqu’à la grève générale illimitée si le gouvernement ne recule pas sur ses positions, tout comme en 2005. « Le gouvernement a préféré ignorer nos revendications. Nous allons redoubler d'effort pour faire comprendre à Mme Beauchamp et au gouvernement libéral que les étudiant-es iront jusqu'au bout pour les faire reculer. »

L’ASSÉ représente 40 000 dans différents cégeps et universités du Québec.

***


Moyens de pression dans les centres de détention du Québec

Les agents de la paix des 19 centres de détention du Québec, sans contrat de travail depuis le 31 mars 2010, se sont dotés d’un plan d’actions incluant des moyens de pression pouvant aller jusqu’à la grève.

Une première entente de principe a été rejetée par les syndiqués en novembre dernier. Joint par l’aut’journal, le président du Syndicat des agents de la paix en services correctionnels du Québec (SAPSCQ-CSN), Stéphane Lemaire, explique que, du projet de négociation initial, il ne reste que six points sur la table, dont les vacances, l’horaire de travail et le salarial.

« Nous avons fait nos devoirs. (…) Personne ne veut faire la grève. En même temps, le ministère semble nous dire que c'est la seule option qui le ferait bouger. Nous voulons qu'il réévalue la situation et obtienne de nouveaux mandats, pour qu'on puisse en arriver à une entente dans les meilleurs délais ».

Les 2 300 agents de la paix revendiquent un redressement salarial qui ramènerait leur écart salarial avec les agents de la SQ à un écart comparable à celui entre des salaires des agents correctionnels fédéraux et des policiers de la GRC, pour une rémunération annuelle maximale de 68 000 $. Un comparatif juste selon la CSN, « alors que les salaires y sont en retard par rapport aux comparables et que la tâche s'est alourdie considérablement ces dernières années. »

Une rencontre entre les parties est prévue pour le 15 février prochain, au cours de laquelle le syndicat déposera officiellement ses nouvelles balises. Si aucune entente n’est conclue, une gradation des moyens est à prévoir.

« C’est sûr que nos membres réclament au-delà de ce qui était dans l’entente de principe. Alors il va falloir mettre de la pression pour faire bouger les choses », soutient M. Lemaire.

Le syndicat devra toutefois retourner consulter ses membres dans l’éventualité du déclenchement d’une grève, laquelle serait nécessairement illégale. Rappelons que les agents de la paix n’ont ni le droit d’exercer la grève ni de recourir à l’arbitrage.

***


Des appuis à la grève des procureurs et des juristes 

Dans un communiqué publié mardi dernier, les avocats de l'aide juridique ont fait savoir qu’ils se montraient sensibles aux revendications des procureurs et des juristes de l'État.

« Nous sommes sensibles à ce qui se passe et à ce qu’ils réclament parce que leurs revendications sont aussi les nôtres », explique Donato Centomo, président du Syndicat des avocates et avocats de l'aide juridique de Montréal. L’aide juridique compte 300 avocats à travers la province, dont environ 150 sont affiliés à la Fédération des professionnèles de la CSN.

Il fait valoir que les principales revendications des procureurs et des juristes, notamment en matière de déontologie, du respect de l’autonomie professionnelle, de l’accessibilité au système judiciaire et du redressement salarial, sont aussi au coeur de leurs préoccupations.

Sans contrat de travail depuis le 31 mars 2010, les avocats de l’aide juridique devraient entamer le processus de négociation avec le gouvernement sous peu. Une rencontre de coordination est prévue du côté syndical pour le 23 février prochain, « les choses devraient se mettre en branle par la suite. »

La question de l’autonomie professionnelle constitue une source d’inquiétudes. « On a connu des effritements dans les derniers mois où l’administratif embarque sur le professionnel », soutient M. Donato.

Il dit vouloir, par exemple, que l’intervention indue des employeurs dans la répartition des dossiers cesse afin que les avocats puissent exercer leur profession dans les règles de l’art et dans le respect du secret professionnel. Des dénonciations en ce sens ont également été formulées par les juristes de l’État plus tôt cet automne.

« Nous appuyons aussi les revendications des procureurs et des juristes pour l’établissement d’un mode de rémunération plus juste, fixé au pourcentage du salaire des juges par exemple. Un tel système éviterait de paralyser le système de justice, en raison d’un conflit de travail, déjà largement engorgé. »

À la différence des procureurs qui ont obtenu le droit de grève en 2003, notons que les avocats de l’aide juridique l’ont acquis au moment de leur accréditation en 1973. « Nos salaires ont toujours été ajustés en fonction des procureurs, alors on observe ce qui se passe de ce côté avec attention », conclut M. Donato.




|Le ton monte chez les étudiants; Moyens de pression dans les centres de détention du Québec; Des appuis à la grève des procureurs et des juristes 
2779|2841|Accueil_Actualités|Facturation à l'usage d'internet|2011-02-11 08:01:06|L'Union des consommateurs|

L'Union des consommateurs comparaissait cette semaine devant le Comité de l'Industrie de la Chambre des communes, relativement à la décision du CRTC d'imposer la facturation à l'usage aux revendeurs d'accès Internet. L'organisme dénonce la récente décision du CRTC et avance que les propositions de Bell sont, sur plusieurs plans, anticoncurrentielles et qu'elles nuisent à l'innovation.

Selon l'Union des consommateurs, la preuve de l'engorgement des réseaux n'a jamais été faite par les grands fournisseurs d'Internet devant le CRTC.

En fait, le véritable motif qui les pousse à imposer ce modèle d'affaires est leur intérêt à freiner le développement de nouveaux usages d'Internet qui entreraient en concurrence avec leurs propres services de télédistribution et de téléphonie.

Selon Anthony Hémond, analyste en télécommunications à l'Union des consommateurs, ces nouveaux usages, grâce aux développements technologiques et à l'innovation, constituent une évolution souhaitable d'Internet.

«Bell est en situation en conflit d'intérêts quand il offre à la fois les services de gros et les services de détail en matière d'accès à Internet et qu'il offre d'autre part du contenu en télédistribution auquel le contenu disponible sur Internet fait concurrence. C'est sur cette situation que devrait se pencher le CRTC.»

Alors que les gros fournisseurs comme Bell facturent la consommation régulière de bande passante à près de 2.00$ le gigaoctet, l'Union des consommateurs note que le prix du marché se situe à environ 3¢ du gigaoctet seulement.

Il est étonnant dans ce contexte d'entendre le président du CRTC répéter les arguments de Bell, à l'effet que «moins de 14% des utilisateurs sont responsables de plus de 83% du trafic Internet» et que cette situation est problématique et inéquitable.

On retiendra de plus qu'il s'agit de données qui portent sur le trafic et non de la capacité du réseau; il est donc impossible sur cette base de conclure que les petits utilisateurs subventionnent les gros à qui l'on facture déjà 7 fois le prix d'acquisition ou que les utilisations différentes d'Internet se causent mutuellement préjudice.

L'Union des consommateurs conclut que si rien n'est fait pour freiner la dégradation de la fourniture de services Internet au Canada, il est à prévoir que nous deviendrons prochainement un pays du tiers monde en matière d'accès Internet.

Aussi, l'Union des consommateurs demande au Comité d'intervenir en proposant un projet de loi afin de briser le monopole des compagnies Bell et faire cesser la discrimination que ces compagnies imposent aux revendeurs de services Internet. Elle croit nous que la séparation fonctionnelle de Bell pourrait permettre d'atteindre ces objectifs.

Source : Union des consommateurs




|La preuve de l'engorgement des réseaux n'a jamais été faite
2780|2842|Manchettes Culture|Le désir en prise d’assaut|2011-02-11 08:37:27|Marie-Paule Grimaldi|

L’initiative de départ est des plus intéressantes et audacieuses. Monter une pièce d’Howard Baker (rare au Québec particulièrement), dans un stationnement souterrain (bravo pour le décloisonnement de l’espace artistique) avec des acteurs reconnus entre autres pour l’intelligence qui les anime (et leur pertinence). La proposition du Théâtre à corps perdu avec la pièce Judith (L’adieu au corps) est une curiosité en soi mais cette originalité reste son plus grand atout, à défaut de convaincre par la performance.

Il faut le vivre, ce trajet vers la représentation sous le Marché Jean-Talon. On descend dans les entrailles du Marché, comme la pièce nous entrainera dans de sombres, profondes et sanguinolentes réflexions. La scénographie est superbe et se fusionne à l’espace : pente et pièce semi-ouverte dans le béton, entourées des gradins, de rideaux et du chauffage qui nous tiendra bien au chaud.

Dans ce lieu on ne peut plus commun – sauf pour l’art - on est réellement transportés ailleurs, dans le lieu de la tragédie, et le choc est là, à la fin de la représentation alors qu’on reprend très rapidement contact avec la réalité.

C’est peut-être aussi l’intensité du propos qui fait choc, Howard Baker relève autant l’ambigüité que la cruauté dans ses tragédies modernes. Ici, il revisite un épisode biblique, celui de Judith la veuve qui va séduire le tyran étranger pour ensuite le tuer dans son sommeil.

Mais avec Howard Baker, rien n’est simple. La séduction sera ardue, un véritable combat, où l’on ne sait plus qui ruse et se perd au jeu. Puis ce sera la confusion de Judith, détresse et naissance désincarnées de la figure qu’elle est devenue. L’envers du décor de son courage. Le texte est juste sans être réaliste, joueur, et bien rendu par la traduction également audacieuse de Maryse Warda.

Toutefois, dans le contexte somme toute urbain, et malgré le contraste avec le sujet ancien, voire classique, le ton déclamatoire des comédiens semble inadéquat et détonne quelques peu. La mise en scène, parfois trop rapide dans ses enchaînements – rendant la partition des comédiens hautement difficile – frôle le vaudeville. C’est voulu, mais on se demande si cela répond bien à la teneur du texte. Ce n’est que par moments, et non dans la totalité de la représentation, qu’on atteint une certaine vérité, qu’on est troublé au point où on devrait l’être.

L’exercice est particulier mais recèle d’une bonne ingénierie théâtrale. Et en tout point, on touche le désir, le désir danger de l’histoire, le désir de raconter cette histoire, le désir de faire du théâtre, toujours.

Judith (L’adieu au corps), 29 janvier au 17 février, Stationnement souterrain du Marché Jean-Talon.
Réservation, 514-910-4420

Photo : Maxime Côté

|Judith (L’adieu au corps) dans le stationnement souterrain du Marché Jean-Talon
2781|2843|authebdo|L'aut'hebdo - 11 février 2011|2011-02-11 08:44:25|L'aut'journal|Plus de 4 000 visites par jour

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2782|2844|Accueil_Actualités|Les générateurs de vapeurs à Gentilly-2|2011-02-15 08:08:47|Marcel Jetté|

L’auteur est membre du Regroupement des victimes du nucléaire



Contrairement à ce qu’affirmait M. Maurice Richard, maire de Bécancour, lors de son entrevue à Radio-Canada-Mauricie lundi 7 février, ainsi que dans Le Nouvelliste du 10 février, il y a bel et bien 4 énormes générateurs de vapeur à l’intérieur du ventre du dragon de Gentilly-2. Dans le dossier nucléaire déjà lourd de conséquences, le maire Richard pourrait contribuer au débat en étant plus précis.

Qu’en est-il des générateurs de vapeurs radioactifs à Gentilly-2 ? 

Tout comme les générateurs ontariens, ceux de G-2 servent à faire circuler l’eau de refroidissement du réacteur nucléaire et de ce fait reçoivent une eau qui a été en contact avec le cœur du réacteur. L’eau collecte la radioactivité émise par le réacteur et au fil des ans transforme les tubes situés à l’intérieur des générateurs en véritables déchets radioactifs.

Ces tubes sont tellement radioactifs qu’ils sont jugés impropres au recyclage des métaux tant par l’industrie que par la CCSN. C’est la raison pour laquelle la compagnie Bruce devra ramener au Canada les déchets radioactifs de ses générateurs dont elle souhaite réduire le volume en Suède. On évalue à 450 tonnes le volume des déchets radioactifs ici en cause. Ceux-ci sont essentiellement constitués par le compactage des tubes radioactifs.

Les générateurs de vapeur doivent inévitablement, un jour ou l’autre, être remplacé parce qu’ils deviennent dangereux. Par exemple, on a récemment appris que les générateurs de vapeur du Candu d’Embalse en Argentine allaient être remplacés. Ils sont de la même mouture que ceux de Gentilly.

Est-ce que les générateurs de vapeur de G-2 sont en meilleur état que les autres ? Lors de l’audience de la CCSN du 10 décembre 2010 sur le projet de réfection de G-2, on a appris quel’aptitude au service des générateurs de G-2 est validée jusqu’en mai 2012. Il faudra donc les remplacer. Dans combien de temps et à quel coût?

Il faut savoir que pour extraire les 4 générateurs du réacteur de G-2, il faudra faire 4 trous énormes dans le plafond du confinement du réacteur fabriqué avec 1 mde béton armé, affaiblissant ainsi sa structure.

Lors du BAPE de 2005 sur G-2, un document réalisé pour le compte d’Hydro-Québec par la firme Haggler et Bailly suggérait que dans l’éventualité d’une réfection de G-2 les générateurs de vapeurs soient remplacés. M. Rhéaume, représentant d’Hydro-Québec, avait affirmé alors que s’il fallait  remplacer les générateurs de vapeur, le projet de réfection du réacteur serait financièrement inacceptable.

Ce qui fait que, dans le projet actuel de réfection de G-2, on camoufle cette opération pour en reporter les coûts à une date ultérieure pour rendre un projet financièrement inacceptable plus digestible par les québécois. Ainsi, dans quelques années après la réfection de G-2, les québécois devront inévitablement  assumer ces dépenses.

Hydro-Québec reste très silencieuse sur ce dossier. C’est vraiment inquiétant pour le coût supplémentaire qui s’ajoutera à la facture déjà énorme du projet de reconstruction. Mais ce n’est pas grave…, ce sont les clients et actionnaires d’H-Q et les générations futures qui payeront plus tard pour ce projet catastrophique imaginé par quelques ingénieurs et techniciens nucléaires d’H-Q, sous la supervision complice d’EACL et de la CCSN, peu soucieux du principe de précaution.

Il est temps que le maire Maurice Richard cesse de se faire le promoteur et porte-parole du projet de réfection de G-2 par H-Q. Sa responsabilité est de transmettre des informations justes à sa population. Pas de diffuser la propagande de l’industrie nucléaire.


|Des tubes tellement radioactifs qu’ils sont jugés impropres au recyclage des métaux
2783|2845|Accueil_Actualités|Tunisie : Le silence des médias|2011-02-15 08:27:30|Gisèle Comtois|

N'êtes-vous pas découragés du silence des médias concernant la situation réelle et quotidienne des tunisiens, particulièrement celle des régions?
 
Je suis revenue à Montréal le 18 janvier dernier après un séjour de 6 mois dans la région du Kef. Depuis, les nouvelles quotidiennes que j'en reçois ne sont pas réjouissantes et montrent, dans un crescendo continuel, la montée des violences faites à ses habitants.

Manifestations qui dégénèrent en violence, fermiers qui subissent des agressions et le vol de leurs pauvres acquis sans compter ceux qui ont vus leur ferme brûlée, lycées brûlés ou détruits, représailles du RCD  (parti du président déchu Ben Ali) à ceux qui osent s'exprimer, vols dans les commerces mais aussi chez des particuliers, viols de plus en plus fréquents, notamment au Kef et dernièrement à Kasserine, où on a violé une fillette de 9 ans.

Des keffois me disent que leur ville est désolée, brûlée, les commerces volés, plusieurs ont muré leur entrée de brique et de ciment... Tout est fermé. Les habitants ont peur. Les locaux de la Garde Nationale ont été brûlés et volés de leurs armes, ainsi que 19 voitures de police ont été brûlées lors des manifestations de la fin de semaine du 05 et 06 février.

Il y aurait eu deux morts selon les sources officielles, cependant tous les habitants du Kef savent qu'il y en a eu cinq dans les faits. Alors, que les événements ayant eu cours précédemment à Tajerouine avaient été reliés à l'initiative de jeunes étudiants, feu et vandalisme sur des lieux publics, un keffois affirme que des hommes membres du RCD y étaient aussi. Des rumeurs suggèrent que ces jeunes auraient été payés par le RCD.
 
07 février, troubles en plusieurs régions dont Gafsa et Sfax où une voiture associé au RCD et remplie d’armes est arrêtée par l’armée. À Sousse plus de 100 hommes commettent des vols.

08 février, d’autres régions sont touchées dont Dahmani et Mellegue, 2 morts, l’aide de l’armée est réclamée, À Sidi Bou Zid, arrestation par l’armée de policiers qui avaient en leur possession 3 boîtes remplies d’armes diverses et de munitions. Plusieurs morts à Sousse, ville qui serait dans une situation similaire à celle du Kef. Une semaine plus tôt, tout près de là, c’était 10 morts. Le Kef reçoit des renforts de l’armée de Bizerte.

09 février, viols nombreux à Kasserine. Jendouba voit deux usines brûlées. 1 mort à Tajerouine.

La semaine précédente, j’obtenais l’information qu’on avait voulu mettre le feu à un policier à Dahmani, le lendemain c’était à Tajerouine, 12 policiers cette-fois-ci.

Enfin jour après jour, une région est touchée, Gafsa, Tataouine, Kasserine, Kebili, Nefta, ..., je ne peux énumérer tout les événements rapportés. J'en retiens le désarroi de la population et le climat d'insécurité et de terreur subi par les habitants des différentes régions.

Pour les Keffois avec qui je discute, il est clair que tous ces crimes ne sont pas le fait de la population qui aspire à la liberté et à la démocratie, mais sont le résultat de différents groupes qui ont tout intérêt à semer la terreur et le chaos, notamment les policiers et les membres du RCD corrompus, ainsi que les évadés de prisons (ils seraient plus de 10,000) qui peuvent profiter de la situation. Par ailleurs, on croit que des gens sont manipulés et payés par le RCD pour commettre différents crimes.

J'ai aussi bien reçu le message de mes amis tunisiens, déçus du silence des médias nationaux et internationaux quand à leur situation, alors qu'ils doivent faire face seuls à ce chaos.  L'armée ne suffit pas à les protéger. Ils se sentent oubliés.
 
Des jeunes du Kef vont tenter de faire entendre leur voix et organisent une manifestation à Tunis ce 11 février de 11h - 20h, au centre-ville devant le théâtre municipal.

Nesrine Aloui a créé cet événement L'union fait la force et l'a publié dans le Kefbook (entreprise locale), sur Facebook. Ils dénoncent les morts, les complots, l’insécurité, leur isolement, la destruction des biens publics et privés, le pillage, les « milices de Ben Ali », les « corrompus du RCD » et les « pilleurs ». Ils accusent ces derniers de semer la terreur et l’anarchie.

Ils demandent aux médias d’être plus présents et de les aider dans leur lutte, de montrer la souffrance des citoyens. Leur objectif est de rétablir l’ordre et la sécurité en appelant  toute la population de la Tunisie à s’unir et à être solidaire. (Actuellement ces jeunes ont pris l’initiative de se regrouper pour nettoyer et repeindre la ville du Kef.)
 
J'espère qu'on entendra leur appel.

Gisèle Comtois, Montréal, 10/02/11



|Je suis revenue à Montréal le 18 janvier dernier après un séjour de 6 mois dans la région du Kef. Depuis, les nouvelles quotidiennes que j'en reçois ne sont pas réjouissantes.
2784|2846|International Manchettes|Amérique latine. L’exploitation a un nouveau nom : l’extractivisme|2011-02-15 08:34:08|André Maltais|

Que cela plaise ou non, l’ère des gouvernements progressistes de gauche tire peut-être à sa fin, en Amérique latine.

C’est ce que craint l’éminent journaliste et militant social uruguayen, Raul Zibechi, pour qui l’application du Plan Colombie par les États-Unis parvient à neutraliser les principaux projets d’intégration « qui avancent trop lentement ou n’arrivent pas à atteindre la masse critique leur assurant un point de non retour ».

Pourtant, grâce à une politique décidée de mobilisations sociales, croit Zibechi, les gouvernements progressistes pourraient encore faire accomplir des pas de géant à l’UNASUR (Union des nations sud-américaines) et à l’ALBA (Alternative bolivarienne pour les peuples de notre Amérique).

Mais le modèle socio-économique privilégié, autant par les régimes modérés du Brésil et de l’Argentine que par ceux qui se réclament du socialisme du 21e siècle (Bolivie, Équateur et Venezuela), sépare graduellement les élites gouvernantes de leur base sociale.

Ce modèle extractiviste tourne autour de l’appropriation et de l’exportation des ressources naturelles et fait en sorte que, malgré les discours de gauche, le néolibéralisme se porte dangereusement bien dans la région.

Profitant du prix élevé des matières premières, les régimes progressistes ont maintenu et plus souvent accéléré l’exploitation des mines à ciel ouvert, l’extraction pétrolière et gazière de même que les monocultures comme celle du soja, de l’éthanol et de la cellulose.

Les transnationales qui mènent ces grands projets s’approprient au passage les énormes quantités d’eau et les immenses étendues de terre et de forêt dont elles ont besoin entrant en conflits avec les populations locales.

Pour le chercheur uruguayen, Eduardo Gudynas, la principale différence entre le nouvel extractivisme « de gauche » et le modèle des gouvernements de droite des années 1980 et 1990, axé sur les privatisations, l’ouverture des marchés et les dérégulations, est que le premier laisse davantage de place à l’État dont les entreprises nationales imposent des redevances plus énergiques.

Mais, avertit Gudynas, s’il apporte aujourd’hui du pain, cet extractivisme laisse présager pour demain de nombreux problèmes et incertitudes.

Il s’agit d’abord d’un modèle excluant qui se passe volontiers des personnes voire les considère comme des obstacles. Alors que le modèle industriel a besoin de travailleurs tant dans la production que dans la distribution et, en bout de ligne, de consommateurs, l’extractivisme, hautement mécanisé et exportant dans des pays lointains, rend le travail humain presque obsolète et ignore totalement les consommateurs locaux.

Le modèle est aussi source de dommages irréparables causés à l’environnement et au climat en plus de gaspiller des richesses naturelles non renouvelables qui appartiennent pourtant à des populations jamais consultées.

Enfin, l’extractivisme fait dépendre l’économie des pays latino-américains des fluctuations du prix international des matières premières et perpétue l’insertion de la région dans l’ordre économique mondial en tant que fournisseuse de ces dernières.

Pourtant, les gouvernements progressistes avaient tous promis que la manne sans précédent provenant du nouvel extractivisme allait générer la création d’une industrie nationale. Mais cela, constate Gudynas, ne s’est passé dans aucun pays.

Les États dits de gauche ont plutôt utilisé des revenus historiques pour augmenter leurs réserves de devises et implanter des programmes sociaux consistant en des bons ou chèques émis dans certains secteurs de la population en matière de santé, pauvreté ou éducation.

Non seulement ces politiques d’assistanat ne créent pas d’emplois et n’abordent pas les causes structurales de la pauvreté, s’accordent à dire Zibechi et Gudynas, mais, comme c’est le cas au Brésil, elles ont pour effet de domestiquer, amortir et réduire les protestations sociales.

Il n’y a donc pas d’acteurs sociaux et politiques forts pour s’opposer à l’extractivisme comme c’était le cas des syndicats d’État lors des deux décennies de privatisations.

De plus, la situation est complexe car les nouveaux opposants se heurtent à un discours d’État progressiste qui justifie l’extractivisme et qui associe toutes les critiques aux tentatives de déstabilisation des droites tant nationales qu’étrangères.

Mais Gudynas souligne qu’un puissant conflit est quand même en train de naître entre les nouvelles élites progressistes et les mouvements indigènes et paysans qui s’opposent à l’exploitation des ressources naturelles.

Au Brésil, la construction du méga-barrage de Belo Monte, qui inondera 50 000 hectares de forêt amazonienne, est contestée par de nombreux opposants que Lula a qualifié de « gringos ».

Au Venezuela, où les diverses gauches ne questionnent pas un modèle encore très dépendant de l’exportation pétrolière (et cela, depuis l’arrivée à la présidence d’Hugo Chavez, il y a 12 ans), les élections parlementaires du 26 septembre ont montré que le projet bolivarien traverse une crise sévère.

En Équateur, l’extractivisme a mené le gouvernement Correa à une confrontation directe avec le mouvement indigène dont certains secteurs comme Pachakutik ont même appuyé la tentative de coup d’état du 30 septembre dernier.

La Confédération des nations indigènes (CONAIE) a été jusqu’à perturber le 10e sommet de l’ALBA, à Otavalo, dénonçant le faux socialisme du gouvernement équatorien à qui ils disputent le droit à l’eau suite aux concessions minières accordées par le président Correa.

Celui-ci a réagi en accusant les ONG étrangères de manipuler les opposants que, par ailleurs, il n’hésite jamais à traiter de « gauchistes infantiles » comme le fait son homologue péruvien de droite, Alan Garcia.

En juillet dernier, c’était au tour du président bolivien, Evo Morales, d’accuser les organisations sociales et indigènes d’être infiltrées par des intérêts étrangers qui seraient à l’origine de consignes comme celle d’une Amazonie sans pétrole.

Mais c’est le récent décret 748 imposant une hausse variant entre 57% et 82% des prix de la gazoline et du diesel qui, dans les derniers jours de décembre, a déclenché le premier soulèvement populaire contre un gouvernement de gauche.

La population bolivienne n’a pas accepté, qu’avec les meilleurs revenus de son histoire et une majorité politique sans précédent, son gouvernement se soumette de nouveau aux exigences des transnationales.

Les manifestations les plus vives se sont déroulées à El Alto et dans l’ouest du pays, là où le président bénéficie de plus de 80% d’appuis, obligeant ce dernier à annuler la mesure.

Il est possible, écrit Zibechi, que ce soulèvement soit le fait politique qualitativement le plus important généré par le peuple depuis le Caracazo de février 1989, au Venezuela, contre les ajustements structurels néolibéraux de l’époque.

Nous entrons, analyse-t-il, dans une phase très aigue de la crise du système mondial, caractérisée par une tendance aux renversements de gouvernements et au chaos que génèrent une combinaison du prix élevé des matières premières et la désarticulation géopolitique globale.

Zibechi prédit d’autres soulèvements comme ceux de Bolivie et, plus tard, en janvier, de la province chilienne de Magellan, là aussi à cause d’une augmentation du prix des combustibles.

Ces soulèvements, écrit-il, feront tomber quelques gouvernements même parmi ceux qui jouissent de forts appuis populaires. Mais lorsque les foules se révolteront contre ces régimes progressistes, la gauche et ses penseurs ne devront pas hésiter à se ranger aux côtés des premières. Le peuple est le seul repère au milieu du chaos.


|Ressources naturelles et socialisme du 21e siècle
2785|2847|Manchettes Coups_de_gueule|Donne à manger à un cochon…|2011-02-15 08:45:53|Michel Rioux|

Celui – ou celle, on ne sait jamais – qui, pour la première fois, a lancé ce dicton a singulièrement manqué de respect à un animal dont la vie tout entière est consacrée à notre plaisir.

Dans la vraie vie en effet, le cochon n’est pas celui auquel on pense. Il m’a été donné d’en voir arriver plusieurs centaines dans un abattoir. D’entendre leurs cris d’effroi à l’odeur de la mort toute proche. Des yeux qui parlent presque, qui disent : Sortez-moi d’ici… Ces cochons ont rendu à l’humanité de très précieux services. On ne peut pas en dire autant de certains petits pharaons de passage qui viennent régulièrement polluer notre quotidien.

Ils sont nombreux ceux que les gouvernements gavent de subventions, de prêts remboursables aux calendes grecques, d’abattements d’impôt. Si les génies retors qui inventent constamment de nouveaux trucs pour échapper à leurs responsabilités mettaient autant d’efforts pour améliorer la vie en société, de vouloir le bien des gens plutôt que leurs biens, qui sait si on ne finirait pas un jour par manquer de problèmes tellement les solutions pleuvraient !

Des gens d’affaires, des banquiers, des financiers véreux, des entreprises qui peuvent s’évader sans risque dans des paradis fiscaux alors que le gagne-petit, lui, est collecté à la source. Une source bien vite tarie tant les iniquités fiscales font loi.

Récemment, le site des Éditions vie économique faisait état d’une recherche du Centre canadien des politiques alternatives portant sur les plus riches de ce pays. Jamais depuis les années 1920, y constate-t-on, les riches n’ont accaparé une part aussi importante de la richesse produite.

De 1997 à 2007, le groupe de 1 pour cent le plus riche a mis la main sur 32 pour cent de la richesse. En comparaison, de 1950 à 1960, les plus riches avaient vu leur richesse augmenter de 8 pour cent. Idem pour l’impôt. En 1946, le taux d’imposition marginal des plus riches était de 80 pour cent. Il est aujourd’hui de 42,9 pour cent, un taux qui rejoint celui des années 1920.

Quand on les voit apparaître sur la place publique, ces matamores qui font la loi en s’imposant aux gouvernants font la plupart du temps preuve du plus total irrespect à l’égard de ceux et celles qui ont le malheur d’être dans leur entourage. C’est leur marque de commerce, l’irrespect, fils cadet du mépris.

Vous vous souvenez de quelle manière les 1300 travailleuses et travailleurs de la compagnie Electrolux ont appris la fermeture de leur usine, implantée à L’Assomption depuis 10 ans ? En écoutant un boss leur annoncer la chose dans la langue du vrai pouvoir, la langue anglaise, en présence d’une trentaine de colosses unilingues chargés de s’assurer que les autochtones se tiennent bien tranquilles et qui fouillaient dans les boîtes à lunch de ces terroristes potentiels.

Bill Benson, ci-devant Vice-President Exploitation, Electrolux Major Appliance North America, leur a parlé d’une conjoncture difficile. Mais ce sont plutôt les millions de la ville de Memphis, au Tennessee, qui ont amené cette entreprise à se vendre au plus offrant.

Présent à Davos, le ministre Clément Gignac s’est fait dire par la compagnie qu’elle n’avait pas le temps de le rencontrer. Sans doute le ministre voulait-il parler du remboursement d’une subvention accordée par le gouvernement du Québec ? Un résiduel de quelque 2 millions $.

Il y a une dizaine d’années, Bombardier, qui n’est ni de Londres, ni de New York, ni de Pékin mais de Valcourt, PQ., réunissait les travailleurs de l’usine de Saint-Laurent pour leur annoncer que 2500 d’entre eux seraient mis à pied pour une période indéterminée.

On leur remettait une lettre du President and Chief Executive Officer, Bob Brown, qui indiquait : « We will be working to ensure that all the employees are treated with dignity and respect during this period of incertainty… »

À un travailleur qui avait demandé pourquoi la lettre n’était pas disponible en français, on avait répondu que la compagnie n’avait pas eu le temps de la traduire. Je vous le demande : y a-t-il une entreprise davantage subventionnée que Bombardier ? À coups de centaines de millions $.

Avouant que son lock-out au Journal de Montréal était « violent, mais incontournable », Pierre Karl Péladeau n’a surtout pas insisté, en commission parlementaire, sur le fait qu’il a bâti son empire avec pas moins de 3,2 milliards $ qui lui ont été filés par la Caisse de dépôt.

Me semble qu’aurait été de mise un petit remerciement à l’endroit des travailleuses et des travailleurs qui font sa fortune, comme à l’endroit des contribuables qui le financent aussi lourdement.

La dignité… Le respect… C’est justement ce qu’avaient invoqué les gars de Canadian Gypsum à Joliette quand, en 1973, l’entreprise de Chicago avait obtenu d’un juge une injonction interdisant le piquetage à moins de 1000 pieds de l’usine. Rédigée dans la seule langue anglaise, l’injonction !

À votre avis, qui vient chier sur le perron ? Non, c’est pas le cochon…



|Dans la vraie vie en effet, le cochon n’est pas celui auquel on pense
2786|2848|Manchettes Mouvements_syndical|Consultations prébudgétaires : D'autres choix sont possibles|2011-02-15 08:58:26|L’Alliance sociale|

L'Alliance sociale rencontre aujourd'hui le ministre des Finances, Raymond Bachand, dans le cadre de ses consultations prébudgétaires. Ses représentants espèrent infléchir la position du ministre sur plusieurs mesures adoptées lors du dernier budget, particulièrement sur la question de l'échéance du retour à l'équilibre budgétaire et sur celle des droits de scolarité.

Ils se disent en désaccord à l'effet de viser l'atteinte de l'équilibre budgétaire en 2013-2014 et concernant la volonté de hausser les droits de scolarité à compter de 2012. Ces objectifs sont téméraires et mettent en péril l'avenir du Québec.

« Avec qui le Québec est-il en compétition, sinon avec lui-même ? Aucun autre pays ne s'est fixé un échéancier aussi serré. Le gouvernement s'est pris à son propre piège ! Et lorsqu'on transfère la dette québécoise sur la relève en haussant les droits de scolarité, c'est l'avenir du Québec que l'on hypothèque », ont déclaré les porte-parole.

L'impact des compressions dans tous les ministères y compris dans les réseaux de l'éducation et de la santé, qui devront contribuer à la réduction des dépenses de 5,2 milliards d'ici 2013, aura des conséquences sociales catastrophiques. Pour ce faire, le gouvernement veut ramener la croissance des dépenses à 2,2 % alors qu'elle était en moyenne de 4,8 % depuis 2003.

« La reprise économique demeure fragile. Chaque jour, de nouvelles indications démontrent à quel point la partie est loin d'être gagnée. La situation de l'emploi est particulièrement préoccupante. À cet égard, elle est moins enviable qu'elle y paraissait il y a un an, quand le gouvernement s'est donné cet échéancier trop court.

Le gouvernement du Québec doit changer sa position. Il en va de l'avenir économique du Québec. L'entêtement gouvernemental ne ferait qu'aggraver encore plus la situation », de marteler les représentants de l'Alliance sociale.

Ces derniers vont donc tenter de convaincre le ministre qu'il fait fausse route, non seulement avec ses compressions de dépenses et son échéancier, mais aussi avec son approche orientée vers le principe de l'utilisateur-payeur, de l'augmentation des droits de scolarité, de la tarification tous azimuts, du recours à la privatisation, aux PPP et à la sous-traitance.

Le 12 mars prochain, une grande manifestation sur le thème : Un budget équitable : Une question de choix ! réclamera également du gouvernement un changement de cap. « D'autres choix sont possibles et c'est ce que nous répéterons au ministre aujourd'hui », de conclure les porte-paroles de l'Alliance.

 

Voici un rappel des propositions de l’Alliance sociale :

  • Le report de l’échéance du retour à l’équilibre budgétaire;
  • L’abolition de la taxe santé;
  • L’arrêt de l’augmentation des droits de scolarité à compter de 2012;
  • L’établissement d’un calendrier visant à dégager des économies de 400 millions sur le prix des médicaments;
  • Un financement adéquat des réseaux d’éducation et de santé et services sociaux;
  • L’abolition du non-remplacement d’un départ sur deux pour la fonction publique et le personnel administratif des réseaux de la santé et de l’éducation;
  • L’ajout de 22 000 nouvelles places prioritairement dans les CPE et en milieu familial;
  • Une révision à la hausse de l’impôt sur le revenu des particuliers pour les contribuables gagnant plus de 127 000 $ par l’introduction d’un 4e palier d’imposition de 28 %;
  • L’introduction d’une taxe sur les biens de luxe;
  • Une hausse des redevances minières avec une cible de 250 millions en droits d’exploitation d’ici 2013-2014;
  • Un resserrement des divers crédits et congés fiscaux des entreprises équivalent à des revenus additionnels de 250 millions de dollars;
  • Un impôt minimum équivalent à 1,5 % du revenu net des entreprises qui générerait des revenus additionnels de 150 millions de dollars;
  • Une révision à la hausse de 300 millions de l’objectif du plan de lutte contre l’évasion fiscale.

 

L’Alliance sociale demande également que le gouvernement du Québec fasse pression sur le gouvernement fédéral pour réclamer :

  • Une compensation pour l’harmonisation de la taxe de vente;
  • Le maintien du taux de progression de 6 % du financement fédéral de la santé au-delà de 2013-2014;
  • La révision à la hausse des paiements de péréquation;
  • La récupération des économies réalisées grâce à l’existence de garderies à contribution réduite;
  • Le rehaussement des transferts fédéraux au titre de l’enseignement supérieur;
  • L’amélioration du régime d’assurance-emploi et le soutien aux travailleurs âgés ayant perdu leur emploi.

 

L’Alliance sociale demande au gouvernement de mettre en place une stratégie de développement économique et social dont l’objectif prioritaire sera le soutien et la création d’emplois de qualité, et ce, dans une perspective de développement durable.

Ainsi, le gouvernement devrait poursuivre ses investissements dans :

  • Le soutien aux activités manufacturières et de la production industrielle par le maintien du programme RENFORT;
  • Les infrastructures (réfection du transport routier, développement du transport en commun, équipements municipaux, développement des technologies vertes et du potentiel énergétique, construction de logement abordable, etc.);
  • Les mesures de soutien à la main-d’œuvre, notamment la reconduction du programme SERRÉ.

 

Transition vers une économie plus verte

Le gouvernement devrait finalement mettre à profit la disponibilité d'énergie renouvelable au Québec pour accélérer l'électrification des transports collectifs dans le but de réduire la dépendance au pétrole de l'économie québécoise et soutenir le développement de l'industrie québécoise de la fabrication de transport collectif (train, métro, autobus). Afin de développer avec succès la filière des véhicules électriques, le gouvernement devrait en augmenter le financement de façon à s'assurer que le Québec obtienne sa part de ce marché en croissance. Il devrait aussi planifier une accélération du développement de la filière éolienne après 2015. Enfin, il doit faire en sorte que l'exploitation des ressources naturelles génère un maximum de retombées économiques.

 

Membres de l'Alliance sociale : FTQ, CSN, CSQ, CSD, SFPQ, APTS, SPGQ, FEUQ, FECQ


|Un changement cap à Québec, des revendications face à Ottawa et une nouvelle stratégie économique
2787|2849|Langue Manchettes|Le français québécois: une chasse gardée?|2011-02-16 06:37:31|Michel Usereau|

Petit quiz. Ch-t-allé magasiner sa’ rue Saint-Denis à matin. Quissé qui vient de dire ste phrase-là?

  1. un Québécois dit «de souche»

  2. un immigrant arrivé au Québec vla une coupe de mois

* * *

«Un sociologue aussi respecté que Fernand Dumont (…) avouait comprendre l'immigré que notre français rebute», qu’Odile Tremblay rapportait dans Le Devoir en 1998. Dans leur posture de victimes résignées, Dumont pi Tremblay, i réalisaient pas que les opinions sa’ langue, c’est des constructions sociales, pi qu’au Québec, un des matériaux importants pour ces constructions-là, c’est un sentiment d’infériorité tellement profond qu’i se passe même de justification. Dumont pi Tremblay, par leurs paroles de flagellation collective, i cultivent l’objet même de leur détresse langagière. En gros, le mépris pour le français québécois, ça existe en bonne partie parce que y’a des gens comme Fernand Dumont pi Odile Tremblay qui le cultivent. Une langue qui fait de l’angoisse, c’est pas attirant pour personne.

Pouvez-vous imaginer un autre peuple tenir le même discours au sujet de sa langue face à l’immigration? «Nous-autres, Américains, on devrait parler comme à Londres, pour pas choquer les immigrants». «Faudrait aligner le portugais de Rio de Janeiro pi de São Paulo sur celui de Lisbonne, sinon on pourrait froisser les immigrants japonais, allemands pi libanais». «Faudrait vraiment que le Mexique parle comme l’Espagne, sinon les Chinois du centre-ville de Mexico pourraient être rebutés». Bin sûr que non. J’envie tous ces peuples-là de reconnaitre sans problème leur droit d’avoir un usage bien à eux.

Évidemment, on dira que le nombre change tout: sept millions et demi de Québécois, ça pèse moins lourd que 200 millions de Brésiliens ou 112 millions de Mexicains.

Pourtant, les nombres, ça nous fait pas peur, d’habitude: comment le Québec, qui tient tête en Amérique à 330 millions d’anglophones, peut avoir de la misère à s’autoriser d’avoir une façon bin à lui de parler le français sous prétexte qu’y’a 65 millions de Français qui parlent autrement? Pi je parle pas jusse de la langue informelle: pour s’en convaincre, on a rien qu’à penser à la sortie des anciens terminologues de l’OQLF dans Le Devoir du 12 février 2011, qui s’inquiètent du fait que l’organisme accepte cabaret comme quasi-synonyme de plateau de service (alors que cabaret appartient à tous les registres de langue au Québec, pi que plateau de service, lui, est assez opaque). Pi de toute façon, c’est pas pour des raisons démographiques que Dumont pi Tremblay rejetteraient Ch-t-allé magasiner sa’ rue Saint-Denis. Le rejet est plus profond.


S’imprégner de la société d’accueil

À la base, les immigrants sont peut-être pas mal plus ouverts à la variation linguistique que Dumont pi Tremblay le pensent: l’espagnol standard ou l’espagnol familier de l’Argentine, c’est pas le même que celui du Mexique ou de l’Espagne, pi ça dérange personne. Vraiment personne.

Au Québec, i semble qu’on veut préserver l’immigrant de la honte de parler comme nous-autres. On souhaite qu’y’adopte une partie de nos valeurs ou au moins qu’i les respecte, mais pour ce qui est de la langue, c’est tout le contraire pour beaucoup de monde: on évite la propagation, comme si c’était une maladie honteuse qui s’attrape à force de trop de contacts.

Imaginez l’inverse: vous êtes Québécois, pi vous avez un contrat de travail de deux ans en Suisse, dans une région germanophone. Là-bas, on parle une variante dialectale de l’allemand dans «toutes les couches de la population, aussi bien dans les campagnes que dans les grands centres urbains, et dans tous les contextes de la vie quotidienne. L'usage du dialecte n'est jamais perçu comme un signe d'infériorité sociale ou de formation scolaire insuffisante», que Wikipédia nous apprend. Fac vous arrivez en Suisse avec des bases d’allemand, mais bin vite, vous en venez à parler comme les Suisses: même prononciation, même morphologie, même syntaxe, même lexique. Si bien qu’après deux ans, vous rencontrez des germanophones d’Allemagne qui vous disent: «Vous êtes Suisse?» Honnêtement, comment vous allez vous sentir: insultés? Bin sûr que non, à moins qu’on vous ait appris à mépriser le dialecte suisse pi vos collègues de travail qui le parlent – ce qui est assez improbable. Vous allez simplement vous dire que vous avez eu une vie professionnelle bin active, que vous vous êtes souvent ramassés avec vos collègues dans des 5 à 7 ou dans des soupers entre amis, pi que votre vie sociale a été épanouie au point que vous vous sentez complètement intégrés – pi vous vous dites tout ça en dialecte suisse allemand, signe éclatant de votre intégration.

Probablement que la plupart des immigrants au Québec ont la même attitude. J’essayerai donc pas d’expliquer pourquoi notre français les rebute, puisque chu loin d’être sûr que ça soye vrai.

J’ai souvenir d’un étudiant dans un cours de français langue seconde pour immigrants adultes à qui j’avais expliqué qu’au Québec, si on voulait poser une question à laquelle on répond par oui ou non, on utilise la particule interrogative –tu, comme dans «on peut-tu?». Le lendemain, à son retour en classe, stupéfaction: son coloc francophone lui avait dit qu’i fallait surtout pas parler comme ça. Pourquoi pas? Le français québécois, dans toute sa richesse pi ses registres, avec ses variétés qui s’adaptent à toutes les situations de la vie, c’est-tu la chasse gardée des Québécois de souche? Les immigrants ont-tu le droit de manipuler seulement une langue livresque, dénaturée, ousque les ne pi les nous avons côtoient les Quelle heure est-il, une langue artificielle qui fait dire à tout le monde qui l’entend «Ah tiens, du français appris à l’école»? On a-tu affaire à une forme de discrimination, ousqu’un élément de société aussi fondamental que la langue parlée est tabou au point qu’on s’obstine à pas la partager avec les immigrants?

Transmettre consciemment ce qu’on est, c’est un des signes les plus évidents de la maturité: en tant que parents, on transmet ses valeurs à ses enfants; en tant que citoyens, on renseigne les immigrants sé’ valeurs québécoises qui font consensus (égalité homme-femme, lutte contre l’homophobie, primauté du droit, etc.); en tant que francophones, on enseigne pi on fait la promotion du français auprès des nouveaux arrivants. Mais on est-tu assez matures pour accepter d’entendre les mots de tous nos registres dans’ bouche des immigrants, pour entendre Ch-t-allé magasiner sa’ rue Saint-Denis à matin avec un accent russe, mexicain ou roumain, sans sortir des discours de honte comme celui de Fernand Dumont?

Les Québécois s’assument-tu assez pour répondre à mon petit quiz par:

  1. pourquoi pas toutes ces réponses?


|En gros, le mépris pour le français québécois, ça existe en bonne partie parce que y’a des gens comme Fernand Dumont pi Odile Tremblay qui le cultivent.
2788|2850|Manchettes Cinéma|Les enfermés de l’intérieur|2011-02-17 08:25:18|Ginette Leroux|

Après Continental, un film sans fusil, sorti en 2007, Stéphane Lafleur revient avec En terrains connus. Le film raconte l’impact d’une suite d’incidents sur la vie de gens ordinaires dont le quotidien est bouleversé par des événements à la fois banals et mystérieux. Maryse, une jeune femme mélancolique et rêveuse coule des jours en apparence tranquilles avec son mari Alain dans leur petite maison de banlieue. Son frère Benoit, un garçon frustré et colérique au comportement juvénile, habite chez son père, un veuf cardiaque qui peine à se remettre de la mort de sa femme, survenue il y a cinq ans. Nathalie, la blonde de Benoit, pourrait devenir sa bouée de sauvetage, mais son jeune fils s’oppose férocement à leur relation amoureuse.

À première vue, rien ne devrait perturber le quotidien de ces abonnés à la frustration. L’action démarre lorsqu’un accident grave à l’usine où elle travaille trouble profondément Maryse. Un deuxième incident, assez banal, entraîne la discorde au sein de la famille lors du souper de commémoration de la mort de la mère. Le troisième aura une conséquence majeure sur la suite de l’histoire. Un homme qui dit venir du futur annonce à Benoit la mort prochaine de sa sœur qui sera causée par un accident de la route. « J’arrive du futur, » dit-il. « Ah! Avez-vous faim ? », répond simplement Benoit, sans broncher. 

Le ton désarmant de la réplique ne nie en rien l’enjeu à la fois tragique et banal de l’histoire de ces enfermés de l’intérieur qui, sans l’apparition de ce personnage providentiel, n’arriverait pas à reprendre leur vie en main.

La chanson Ma destinée, interprétée par Willie Lamothe, qu’on entend durant le déroulement du générique de la fin résume le film avec son titre tragique et son style western.


Les terrains connus de Stéphane Lafleur

« Pour moi, un film commence toujours avec des images qui s’imposent sans que je sache d’où elles viennent », répond Stéphane Lafleur quand on lui demande d’où il a tiré l’inspiration à l’origine de son film. L’instinct joue donc un grand rôle dans le premier jet du scénario. Là s’arrête l’imprévisible. Après un temps de réflexion, il se met à l’écriture approfondie du scénario. « Les idées se sont mises en place assez rapidement. Je savais que, cette fois-ci, j’allais raconter une histoire. Un peu le contrepied de Continental, un film contemplatif. »

Stéphane Lafleur aime être en terrains connus. Les acteurs Fanny Mallette et Denis Houle étaient de la distribution de Continental. Francis La Haye était assistant-bruiteur. « La première fois que j’ai vu Francis, je me suis dit qu’il fallait que quelqu’un filme ce gars-là », se souvient-il. Quand j’ai su qu’il était aussi acteur, le rôle de Benoit s’est imposé à l’audition. » Stéphane Lafleur aime ses acteurs. « Je veux qu’ils soient intéressants à l’écran et que, même quand ils ne disent rien, on ait envie de les regarder, de les suivre et qu’ils nous captivent. »

Cette confiance est réciproque. Pour les acteurs, le réalisateur sait parfaitement ce qu’il veut et où il s’en va. Une bonne écoute et une grande disponibilité sont requises lors du tournage, car l’univers de Stéphane Lafleur lui est propre, confirment Fanny et Francis. Les deux acteurs précisent qu’il leur a demandé de ne pas jouer, mais d’être le plus près possible de ce qu’ils sont dans la vie courante. Ses consignes claires ont eu l’effet escompté. Ils sont d’un naturel étonnant.

Sara Mishara tient à nouveau la caméra après avoir apporté son savoir-faire au premier film de Stéphane Lafleur Continental, un film sans fusil tout comme André-Line Beauparlant, qui signe la conception visuelle. Les deux spécialistes de l’image se sont inspirées des toiles de Jean-Paul Lemieux. « On ne peut pas y échapper quand on filme l’hiver », convient Stéphane Lafleur.


En terrains connus de Stéphane Lafleur, en salles le 18 février 2011.


|En terrains connus, un film de Stéphane Lafleur
2789|2851|International Accueil_Analyses|La rébellion révolutionnaire en Égypte|2011-02-17 08:45:25|Fidel Castro|

J’ai dit voilà quelques jours que le sort de Moubarak était jeté et que même Obama ne pouvait pas le sauver.

On sait ce qu’il se passe au Moyen-Orient. Les nouvelles circulent à une vitesse étonnante. Les hommes politiques, qui ont à peine le temps de lire les dépêches qui tombent heure après heure, sont tous conscients de l’importance des événements.

Au terme de dix-huit jours de rudes batailles, le peuple égyptien a atteint un objectif important : renverser le principal allié des États-Unis au sein des États arabes. Moubarak, non content d’opprimer et de saigner à blanc son propre peuple, était l’ennemi des Palestiniens et le complice d’Israël qui est la sixième puissance nucléaire de la planète et la partenaire du groupe belliqueux que constitue l’OTAN.

Les forces armées égyptiennes avaient, sous la direction de Gamal Abdel Nasser, expulsé un roi soumis et créé la République qui, avec l’appui de l’URSS, se défendit de l’invasion franco-anglo-israélienne en 1956 et préserva la possession du canal de Suez et l’indépendance d’une nation millénaire.

Ce qui explique pourquoi l’Égypte jouissait d’un prestige élevé dans le Tiers-monde. Nasser était considéré comme l’un des leaders les plus éminents du Mouvement des pays non alignés à la création duquel il avait participé aux côtés d’autres dirigeants connus d’Asie, d’Afrique et d’Océanie qui luttaient pour la libération nationale et pour l’indépendance politique des anciennes colonies.

En 1978, l’Égypte d’Anouar el-Sadate et le Premier ministre israélien, Menahem Begin, signèrent, avec la médiation du président étasunien Jimmy Carter, les fameux Accords de Camp David.

Les deux pays soutinrent pendant douze jours des négociations secrètes, dures et complexes, mais sans participation des Palestiniens à cause du refus catégorique d’Israël, et signèrent, le 17 septembre 1978, deux accords importants : le premier portant sur la paix entre eux ; le second en rapport avec la création, dans la bande de Gaza et en Cisjordanie, d’un territoire autonome où, selon l’idée d’el-Sadate qu’Israël connaissait et faisait sienne, devait voir le jour l’État palestinien dont les Nations Unies avaient, le 29 novembre 1947, décidé de l’existence, ainsi que de celle d’Israël, après partition de la Palestine alors sous mandat britannique.

Par le premier accord, Israël acceptait de rendre à l’Égypte, dans un délai d’un an, la péninsule du Sinaï que ses troupes avaient occupée lors de la dernière guerre arabo-israélienne.

Par le second accord, les deux parties s’engageaient à négocier la création d’un régime autonome palestinien en Cisjordanie, un territoire de 5 640 kilomètres carrés et de 2,1 millions d’habitants, et dans la bande de Gaza, de 360 kilomètres carrés et de 1,5 million d’habitants.

Les États arabes s’indignèrent de cet accord, parce que, de leur point de vue, l’Égypte n’avait pas défendu avec assez d’énergie et de fermeté la création d’un État palestinien dont le droit vital à l’existence avait été au cœur des luttes qu’eux-mêmes et l’héroïque peuple palestinien avaient livrées pendant des décennies.

L’indignation fut telle que nombre de ces États rompirent leurs relations avec l’Égypte. Voilà donc de quelle manière la Résolution des Nations Unies de novembre 1947 fut convertie en chiffon de papier, et comment les Palestiniens, dans la mesure où le territoire autonome ne vit jamais le jour, furent privés du droit d’exister dans le cadre d’un État indépendant. D’où la tragédie que vit toujours le peuple palestinien dont la situation aurait dû être réglée voilà plus de trois décennies.

La population arabe de Palestine est victime d’actions génocidaires ; on lui enlève ses terres ou on assèche celles-ci dans les régions semi-désertiques, on détruit ses logements à coups de bouteurs. Le million et demi de personnes vivant dans la bande de Gaza fait l’objet d’attaques systématiques par des projectiles explosifs, du phosphore blanc et des grenades à fragmentation ; le territoire même connaît un blocus maritime et terrestre. Pourquoi parle-t-on des Accords de Camp David sans mentionner la Palestine ?

Les États-Unis fournissent à Israël les armements les plus modernes et perfectionnés à raison de plusieurs milliards de dollars annuels. Mais l’Égypte, un pays arabe, est devenue à son tour le second plus gros bénéficiaire d’armes étasuniennes ? Pour lutter contre qui ? Contre un autre pays arabe ? Contre le peuple égyptien ?

Quand la population réclamait le respect de ses droits les plus élémentaires et la démission d’un président dont la politique consistait à exploiter et à piller son propre peuple, les forces répressives entraînées par les États-Unis n’ont pas hésité à tirer, tuant des centaines de personnes et en blessant des milliers.

Quand le peuple égyptien demandait des explications à son gouvernement, les réponses émanaient de hauts fonctionnaires des services de renseignement étasuniens ou de l’administration de Washington, sans le moindre respect pour les fonctionnaires égyptiens.

Les dirigeants et les services secrets étasuniens ne savaient-ils rien par hasard des vols énormes du gouvernement Moubarak ?

Avant que le peuple ne commence à protester massivement sur la place Tahrir, ni les fonctionnaires ni les services secrets étasuniens n’ont jamais dit mot des privilèges et des vols éhontés se montant à des milliards de dollars.

On aurait tort de croire que le mouvement populaire révolutionnaire en Égypte obéit théoriquement à une réaction contre les violations de ses droits les plus élémentaires. Les peuples ne défient pas la répression et la mort ni ne passent des nuits entières à protester énergiquement pour des questions purement formelles : ils le font quand leurs droits légaux et matériels sont sacrifiés sans pitié au nom des exigences insatiables de politiciens corrompus et des milieux nationaux et internationaux qui pillent leur pays.

La pauvreté touchait d’ores et déjà la majorité d’un peuple combattif, jeune et patriotique, blessé dans sa dignité, sa culture et ses croyances.

Comment pourrait-on concilier la hausse imparable des cours des aliments et les dizaines de milliards de dollars attribués au président Moubarak et aux secteurs privilégiés du gouvernement et de la société ?

Il ne suffit plus qu’on sache à combien se montaient ces sommes ; il faut exiger aussi leur retour au pays.

Obama est touché par les événements égyptiens ; il agit ou semble agir comme maître de la planète. On dirait que l’Égypte est sa chasse privée. Il n’arrête pas de téléphoner aux dirigeants d’autres pays.

L’agence EFE informe par exemple:

« …il s’est entretenu avec le Premier ministre britannique, David Cameron, avec le roi Abdallah II de Jordanie, et avec le Premier ministre turc, l’islamiste modéré Recep Tayyip Erdogan.

« …le dirigeant étasunien a soupesé le changement historique qu’ont provoqué les Égyptiens et a réaffirmé son admiration devant leurs efforts… »

La principale agence de presse étasunienne AP fait part de raisonnements dignes d’intérêt :

« Les États-Unis demandent au Moyen-Orient des dirigeants de tendance occidentale, amicaux envers Israël et disposés à coopérer à la lutte contre l’extrémisme islamique, mais défendant les droits humains.

« …après la chute de deux alliés de Washington en Égypte et en Tunisie à la suite de soulèvements populaires qui, selon des experts, se propageront dans la région Barack Obama a posé une série de conditions idéales mais impossibles à concrétiser.

« Il n’existe aucune perspective que ce rêve se réalise, encore moins à court terme. Ce qui se doit en partie au fait que, ces quarante dernières années, les États-Unis ont sacrifié les nobles idéaux des droits humains, qu’ils prônent tant, sur l’autel de la stabilité, de la continuité et du pétrole dans une des régions les plus instables au monde.

« L’Égypte ne sera plus la même, a dit Obama vendredi, après s’être félicité du départ d’Hosni Moubarak.

« Par leurs protestations pacifiques, a-t-il dit, les Égyptiens ont transformé leur pays et le monde.

« Bien que plusieurs gouvernements arabes soient nerveux, les élites en place en Égypte et en Tunisie n’ont pas donné de signes qu’elles sont prêtes à céder leur pouvoir ni leur vaste influence économique.

« L’administration Obama a insisté sur le fait qu’il ne pouvait s’agir d’un simple changement de personnalités. Elle a fixé cette attitude depuis que le président tunisien Zine el-Abidine Ben Ali s’est enfui en janvier dernier, un jour après que la secrétaire d’État Hillary Rodham Clinton eut averti les gouvernements arabes, dans un discours à Qatar, que, sans une réforme, les fondations de leurs pays s’enfonceraient dans le sable. »

Les gens ne se montrent pas très dociles sur la place Tahrir.

Europa Press informe :

Selon la chaîne britannique BBC, des milliers de manifestants ont rejoint la place Tahrir, épicentre des mobilisations qui ont entraîné la démission du président Hosni Moubarak, afin de renforcer ceux qui continuent d’y camper malgré les tentatives de la police militaire de les déloger.

« D’après le correspondant de la BBC présent sur la place cairote, l’armée hésite devant l’arrivée de nouveaux manifestants…

« Le noyau dur… est installé à l’un des coins de la place. […] il a décidé d’y rester […] pour garantir le respect de toutes ses réclamations. »

Indépendamment de ce qu’il se passera en Égypte, l’un des problèmes les plus graves auxquels se heurte l’impérialisme actuellement est le déficit de céréales que j’ai analysé dans mes Réflexions du 19 janvier.

Les USA utilisent une part importante de leur maïs et un taux élevé de leur soja à la production de biocarburants. De son côté, l’Europe allouent des millions d’hectares à ce même objectif.

Par ailleurs, par suite des changements climatiques dont les pays développés et riches sont responsables pour l’essentiel, on assiste à un déficit croissant d’eau potable et d’aliments incompatible avec une population qui se chiffrera, aux rythmes de croissance actuels, à neuf milliards d’habitants d’ici à trente ans, une situation dont l’Organisation des Nations Unies et les gouvernements les plus influents de la planète se gardent bien, après les réunions décevantes de Copenhague et de Cancún, d’informer et d’avertir le monde.

Nous soutenons le peuple égyptien et sa lutte courageuse pour ses droits politiques et la justice sociale.

Nous ne sommes pas contre le peuple israélien ; nous sommes contre le génocide dont est victime le peuple palestinien et pour son droit à un État indépendant.

Nous sommes, non pour la guerre, mais pour la paix entre tous les peuples.

Fidel Castro Ruz
Le 13 février 2011
21 h 14


|«Pauvre Mexique; si loin de Dieu, si près des États-Unis»
2791|2853|authebdo|L'aut'hebdo - 18 février 2011|2011-02-17 20:08:36|L'aut'journal|Plus de 4 000 visites par jour

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2792|2854|Accueil_Actualités|Les coûts cachés du gaz de schiste|2011-02-18 08:07:59|IRIS|

Le gaz de schiste n’est pas une source d’énergie propre, son exploitation privera le trésor public de 50M$ par année et elle n’assurera pas l’indépendance énergétique du Québec. Voilà ce que révèle une note socio-économique publiée par l’Institut de recherche et d’informations socio-économiques (IRIS).

« Si on se lance dans l’exploitation des gaz de schiste, on peut dire tout de suite dire au revoir au protocole de Kyoto. En effet, si le Québec atteint les objectifs de 2012 en diminuant ses émissions de gaz à effets de serre de 6 % par rapport à 1990, l’implantation de l’industrie du gaz de schiste viendra annuler ce progrès. D’ailleurs, les émissions de l’industrie correspondent à plus de deux fois et demie les réductions et évitements d’émissions de GES annoncés par le gouvernement dans le secteur industriel d’ici 2012 » affirme Laura Handal, co-auteure de la note.

À cette pollution atmosphérique s’ajoutent des enjeux importants autour de l’épuration de l’eau. Selon les évaluations de l’IRIS plus de 23 millions de litres d’eau devront être épurés chaque année pour les besoins reliés à l’exploitation de cette ressource.

Pourtant, dans les régions administratives concernées par l’exploitation des gaz de schiste, la capacité d’épuration des eaux est uniquement de 1,4 million de litres selon le ministère des Affaires municipales, des Régions et de l’Occupation du territoire.

« Pour hériter de tous ces problèmes, le gouvernement amputera ses recettes de 50M$ par année », lance Bertrand Schepper, également co-auteur de la note. « Quand on tient compte à la fois des impôts et des redevances qui seront perçues, mais aussi des dépenses importantes en crédit fiscaux et en infrastructurespubliquesqu’occasionnera l’industrie, on se rend compte que le bilan complet est loin d’être positif pour le Québec. Comme nous n’avons pas pu évaluer les coûts de certains crédits d’impôt, comme celui pour les actions accréditives et comme nous ignorons le montant des potentiellessubventions offertes par le gouvernement dans le futur, nous pouvons affirmer que notre évaluation des coûts du gaz de schiste est très conservatrice »,ajoute le chercheur à l’IRIS.

Enfin, les chercheurs remettent en question l’idée selon laquelle l’exploitation des gaz de schiste contribuerait à accroitre l’indépendance énergétique du Québec. « Le faible rendement énergétique (RÉI) de l’exploitation du gaz de schiste entre en contradiction avec les objectifs du gouvernement en matière d’indépendance énergétique. Dans le cas du gaz de schiste, on ne tirera qu’entre une et deux unités d’énergie par unité d’énergie dépensée dans sa production. Si l’on vise réellement une autosuffisance en énergie, pourquoi ne pas privilégier l’exploitation de filières à moindre coût énergétique et s’assurer ainsi de la pérennité de l’ensemble des ressources en énergie de la province? »,peut-on lire dans la notesocio-économique.

La note socio-économique est disponible gratuitement au: www.iris-recherche.qc.ca




|50M$ par année de moins dans le Trésor public
2793|2855|Société Manchettes|Une nation et son crucifix|2011-02-18 08:16:09|Louise Mailloux|

Avec la décision du maire de Saguenay, Jean Tremblay, d’en appeler du jugement du Tribunal des droits de la personne lui ordonnant de mettre fin à la récitation de la prière lors des assemblées publiques du conseil municipal ainsi que de devoir retirer tout symbole religieux de la salle du conseil, un bras de fer vient de s’engager entre lui et le Mouvement laïque québécois (MLQ).

Mais plus important encore sa décision de lancer une campagne de souscription à l’échelle du Québec pour financer cet appel, espérant ainsi y impliquer l’ensemble des Québécois et relancer le débat des accommodements raisonnables non pas sur le terrain de la laïcité mais plutôt sur celui de l’identité, un thème que le MLQ a toujours craint comme la peste.

Si depuis ce jugement, les canons du MLQ étaient pointés en direction du Parlement, le château fort du crucifix, il leur faudra maintenant attendre avant d’allumer la mèche parce que pour l’instant, c’est tout le Québec qui risque de s’enflammer. Pour devinez quoi? Le crucifix du Parlement!

Comment expliquer qu’il soit si difficile de retirer ce symbole religieux de l’enceinte du Parlement? Et pourquoi diable ce crucifix de Duplessis qui était tombé dans l’oubli revient-il nous hanter? Comment expliquer que l’on se soit découvert un attachement soudain pour un symbole qui il n’y a pas si longtemps encore croupissait dans la boule à mites et laissait tout le monde indifférent?


La laïcité ouverte selon Bouchard-Taylor

Il faut se rappeler que le retrait du crucifix de l’Assemblée nationale de même que l’abandon par les conseils municipaux de la récitation de la prière aux assemblées publiques et l’autorisation du kirpan et autres signes religieux pour la plupart des agents de l’État figuraient parmi les recommandations de la Commission Bouchard-Taylor au chapitre de la laïcité.

Retirer le crucifix de nos institutions et y permettre le voile, la kippa, la croix, le turban et le kirpan, c’est la laïcité ouverte selon Bouchard-Taylor. Une laïcité multiculturelle qui renferme tous les ingrédients pour transformer celle-ci en une question identitaire explosive. Avoir à sortir de chez soi et y laisser entrer les autres. Être chassés de Rome alors que c’est nous les Romains!

«Quand dans notre province, nous sommes incapables de faire une prière, je ne vois pas pourquoi on accepterait le kirpan.» Ce commentaire glané sur le web traduit fort justement un sentiment que partagent bien des Québécois depuis la commission Bouchard-Taylor.

C’est un cri du cœur qui, dans une grande simplicité, exprime le refus de cette laïcité ouverte et l’attachement d’un peuple à sa mémoire et à son identité. Pour l’étouffer, on a qualifié ce sentiment de crispation identitaire, de doute de soi et de peur de l’Autre, de racisme et de xénophobie. La litanie d’injures que les journaux anglophones ne manquent pas de rappeler à chaque fois qu’au Québec, il est question de religion.

Il n’en fallait pas plus pour que notre crucifix prenne du galon, et de religieux quasi-insignifiant qu’il était se transforme soudainement en symbole national. C’est d’ailleurs le message que nos députés ont envoyé à tout le Québec le jour même du dépôt du rapport Bouchard-Taylor en s’empressant de voter dans la plus grande unanimité pour le maintien du crucifix au Salon bleu de l’Assemblée nationale. Au diable la laïcité ouverte, après tout, nous sommes les Romains! C’est vous dire comme les Jean Tremblay étaient nombreux dans cette salle.

Depuis Bouchard-Taylor, ce crucifix qui trône au-dessus du siège du président de l’Assemblée a pris de l’enflure pour devenir l’emblème politique d’une nation qui a toujours refusé le multiculturalisme «canadian», refusant d’être ravalée au rang d’une quelconque minorité.

Bien davantage qu’un symbole religieux, sa sémantique s’inscrit dans le prolongement de Meech, de 1982 et du rapatriement unilatéral de la Constitution en ce qu’elle exprime le refus manifeste d’être considéré comme une minorité culturelle à l’intérieur du Canada et un groupe ethnoculturel majoritaire dans sa province, tel qu’il est écrit dans le rapport Bouchard-Taylor. Parce que nulle part dans ce rapport, les Québécois ne sont reconnus comme une nation.

C’est ce refus du mépris de soi par tous les Bouchard-Taylor de ce monde qui se cristallise dans ce maudit crucifix auquel aucun parti politique n’ose toucher, à part bien évidemment Québec solidaire qui défend une laïcité multiculturelle B-T, conforté par l’appui du grand défenseur des accommodements religieux, notre bien-aimé Julius Grey.


Jean Tremblay : une création de Bouchard-Taylor

On se trompe en pensant que le problème, c’est le maire de Saguenay, sa personnalité, son entêtement, ses lubies, sa cravate, etc... Le maire de Saguenay, pas si fou qu’on le pense, ne fait que «surfer» sur une vague de fond qui agite le Québec depuis plusieurs années.

Un vaste mécontentement dû à des jugements imposés par une cour Suprême qui carbure au multiculturalisme et que le rapport Bouchard-Taylor a renforcé par sa défense de la laïcité ouverte.

Le véritable problème n’est pas Jean Tremblay mais bien notre dépendance à l’égard de ces jugements de la cour Suprême tout comme notre grande naïveté à réclamer l’application du rapport Bouchard-Taylor, un rapport qui met tout en œuvre pour imposer le multireligieux et reconfessionnaliser notre espace civique, convertissant nos institutions en véritables passoires pour les religions.


Que faire de ce crucifix ostentatoire?

Il faut l’enlever et ne rien mettre d’autre à la place. Pour être cohérent avec les principes laïques qui supposent la séparation du politique et du religieux et la neutralité de l’État. Refuser la laïcité ouverte et compléter la laïcisation que nous avons commencée en interdisant tous les signes religieux.

En clair cela veut dire, pas de croix, pas de kirpan, pas de turban, pas de kippa et pas de voile dans nos institutions publiques. Défendre une laïcité universaliste, authentique et exigeante qui accorde à tous les mêmes droits et n’accorde à aucun un quelconque privilège. Aurons-nous ce courage une fois au moins dans notre vie?

Bien davantage que notre patrimoine et notre passé, ce crucifix par sa charge politique est devenu notre présent le plus sensible. Ne le laissons pas devenir le symbole d’un refuge, celui d’une nation qui tarde à se mettre au monde…




|Jean Tremblay : une création de Bouchard-Taylor
2794|2856|Manchettes Cinéma|Il n’y a pas de prostituées heureuses|2011-02-18 08:32:53|Ginette Leroux|

On ne peut pas dire qu’Ève Lamont est une fille facile. Impossible de rester de glace devant la farouche indépendante qui tient, à la manière d’un étendard, et cela depuis plus de vingt ans, sa caméra en forme de porte-voix. La militante, engagée dans un parcours qu’elle dit elle-même « en marge » des chemins balisés, signe des documentaires francs et courageux sur des sujets que les bien-pensants discutent à voix basse.

L’imposture, son quatrième long métrage, trace le portrait émouvant de femmes prostituées qui tentent, par leurs propres moyens, de sortir d’un milieu dans lequel on entre rapidement, mais duquel on prend des années, à force de courage et de volonté, à s’arracher.

Le résultat est un film vivant et vibrant, franc et lucide des vies démolies en pleine reconstruction de celles qui ont osé mettre à nu leurs émotions, leurs peurs, leur solitude et le vide dans lequel elles se sont trouvées suite à la plus grande décision « consciente » de leur vie. « Il était temps qu’on les écoute », lance la militante, résumant ainsi l’approche privilégiée dans son film.

Grâce à une caméra de proximité, la documentariste a réussi à établir un lien de confiance solide avec ces femmes qui, dégelées et reconnectées avec leur corps, ont accepté de se livrer à visage découvert. Elles ne sont pas des victimes. Si la honte et la culpabilité les tenaillent, elles sont conscientes que la responsabilité de leur état leur appartient.

« Il faut comprendre que lorsque la mère ou la tante s’est prostituée, suivre son exemple devient banal. Aucune ne sait ce qui l’attend. Certaines croient qu’elles s’y adonneront le temps de se renflouer, presque toutes se prennent dans l’engrenage et en ressortent aussi pauvres qu’avant », explique Ève Lamont, rencontrée lors de la première de L’Imposture aux Rencontres internationales du Documentaire de Montréal (RIDM) en novembre dernier. Les prostituées sans souteneur sont rares. La majorité a un proxénète.

On ne choisit pas de se prostituer. Les femmes s’y engagent à la suite d’une déception amoureuse, d’une dépression ou de sévices sexuels subis dans l’enfance qui entraînent une vulnérabilité affective qui se traduit par un besoin insatiable d’être aimées. La pauvreté joue également un rôle déterminant.

Comment peuvent-elles consentir à avoir des rapports sexuels avec des hommes qu’elles ne désirent pas, pour qui elles ne sont rien, des hommes qui ont souvent l’âge de leur père et qui exigent d’elles des gestes avilissants que seul l’argent peut acheter? Comment peut-on imaginer que ces femmes soient capables d’accepter de telles conditions? Il n’y a qu’une seule réponse : leur vulnérabilité et leur dépendance.

« De toutes les personnes que j’ai filmées depuis mes débuts au cinéma documentaire, les prostituées sont les plus souffrantes, les plus déstructurées, souligne Ève Lamont en précisant que son film est en deçà de la réalité. La réalité serait insoutenable. » Il n’y a pas de prostituées heureuses.

« La prostitution n’est pas un métier ! » fulmine-t-elle. Il faut déboulonner le mythe Pretty Woman comme quoi on se prostitue pour la richesse, le plaisir sexuel et la liberté. « Parlons franchement, lance la militante aguerrie. Un discours de plus en plus généralisé, repris par les médias, laisse supposer que la majorité de ces femmes, qu’on nomme à tort travailleuses du sexe, veulent que la prostitution soit reconnue comme étant un métier comme un autre. L’imposture, c’est ça », ajoute la citoyenne scandalisée.

En passant, elle dénonce l’organisme Stella qui, dit-elle, « représente un certain nombre de groupes de personnes, dont des homosexuels et des prostitués mâles, mais s’arroge le droit de parler au nom de toutes les femmes prostituées ».

Dans L’Imposture, mineures et doyennes livrent un message personnel et, en même temps, immensément politique pour que soit reconnu, non pas la prostitution, mais leur droit à l’aide essentielle dont elles ont besoin pour reconstruire leur vie. Ces femmes évoluent dans un monde à part. En sortir implique un effort démesuré.

L’aide mise à leur disposition est-elle suffisante? « Au fond, on leur donne une seringue, un condom et salut! » s’empresse de répondre la cinéaste. L’aide se réduit à offrir aux toxicomanes des thérapies de désintoxication et des maisons d’hébergement aux femmes victimes de violence conjugale.

Rose Dufour, une anthropologue de Québec qui, depuis plusieurs années, œuvre à la Maison de Marthe, un organisme qui vient en aide à ces femmes, ajoute sa voix de chercheure engagée pour dénoncer, elle aussi, l’imposture. « Quand on sort de la prostitution, on n’a plus d’amis, dit-elle. Il faut rebâtir sa vie au complet, sortir de l’isolement dans lequel on était. C’était terrible avant, c’est pire après. »

Son indignation enfle lorsqu’elle constate l’imprégnation du mensonge dans notre société, maintenu par des lois irréalistes, qui laisse sous-entendre que ces femmes ont choisi librement ce qu’un cliché encore tenace appelle le plus vieux métier du monde.

Celle qui tient un rôle quasi maternel auprès de ses protégées leur apporte une écoute attentive et un soutien exceptionnel. Ses précieux conseils les soutiennent jusqu'au bout du chemin de la réinsertion sociale.

Qu’en est-il des politiques actuelles? La politique sociale ne vise que la réduction des méfaits publics. Il est normal que les citoyens se plaignent. On empêche donc les femmes de la rue de déranger le voisinage et on tente d’éviter que des seringues et des condoms se retrouvent sur le trottoir pour éviter la propagation du sida.

Décriminaliser la prostitution ne ferait pas diminuer la violence envers ces femmes. Elle est inhérente à la prostitution. Légaliser les bordels n’empêcherait pas les proxénètes de les frapper ni de les abuser.

Le cas de la Suède est patent. À la fin des années 1960, l’État avait légalisé la prostitution pour assurer la protection des femmes. Vingt ans plus tard, le crime organisé prolifère, la traite s’accentue, la violence augmente. La Suède fait donc marche arrière.

Le plus populeux des pays scandinaves a opté pour la décriminalisation de la prostituée, mais poursuit en justice clients et proxénètes. Cette loi s’accompagne de programmes d’aide à la réinsertion sociale. La Norvège a emboîté le pas en 2008, suivie plus récemment par l’Islande.

Selon Ève Lamont, il faut cesser de se demander pourquoi les femmes choisissent de se prostituer. « Demandons-nous plutôt pourquoi il y a des hommes qui sont autorisés à acheter du sexe et à avoir accès au corps des femmes et des enfants? » conclut-elle.


L’imposture, de Ève Lamont, prendra l’affiche du 18 au 24 au Cinéma Parallèle à Montréal et au Cinéma Cartier à Québec. Il sera aussi à l’affiche à Sherbrooke le 21 février, à Rimouski le 3 mars, à Gatineau le 6 mars. Des présentations dans d’autres villes sont aussi prévues. 

Après un passage remarqué aux dernières Rencontres internationales du documentaire à Montréal et à Québec, L’imposture 4e long métrage documentaire de Ève Lamont, est présenté en projections supplémentaires au cinéma Parallèle les 25 et 27 février ainsi que les 1er et 3 mars. Les projections sont suivies de rencontres avec la réalisatrice et/ou des participantes du film et/ou des organismes ayant participé au film et/ou des personnes ressources sur certains enjeux.



|Entrevue avec Ève Lamont, une militante qui n’a pas froid aux yeux
2795|2857|International Accueil_Analyses|Après la Tunisie et l’Égypte, le Rwanda ?|2011-02-18 08:46:57|Emmanuel Hakizimana|

L’auteur est docteur en économique, spécialiste en finance internationale et chargé de cours à l'Université du Québec à Montréal. Il est aussi président du Congrès Rwandais du Canada.

Par leurs soulèvements, les Tunisiens et les Égyptiens viennent de chasser du pouvoir les dictateurs qui les avaient opprimés pendant des décennies. Il s’agit d’un exemple patent qui montre combien il est impossible d’étouffer indéfiniment les aspirations de liberté, de justice sociale et de démocratie d’un peuple. Cependant, la question reste de savoir si les dictateurs de ce monde sont capables d’assimiler cette leçon.

Prenons le cas du Rwanda. Le jour même où Hosni Moubarak quittait le pouvoir, le régime rwandais condamnait à quatre ans d’emprisonnement l’opposant Me Bernard Ntaganda, une peine qui fait dire à Human Rights Watch que le système judiciaire rwandais est utilisé pour persécuter les opposants et intimider le public.

Cette condamnation suivait de près celle de deux femmes journalistes, Saidati Mukakibibi et Agnès Nkusi Uwimana, à de lourdes peines d’emprisonnement de sept et dix-sept ans pour avoir critiqué le dictateur Paul Kagame dans la période préélectorale.

Rappelons que ce dernier s’est fait réélire le 9 août 2010 pour un deuxième mandat de sept ans avec un score stalinien de 93 %. Rappelons aussi que, pendant la période préélectorale, une trentaine de journaux indépendants ont été fermés, que le journaliste Jean Léonard Rugambage a été assassiné et que le vice-président du Parti démocratique vert a été tué et son corps quasi décapité.

Bref, les dirigeants des partis d’opposition rwandais sont presque tous actuellement en exil ou en prison. L'arrestation de l'opposante Victoire Ingabire, le climat de terreur, les meurtres et les attentats politiques ont jeté le discrédit sur ces élections.

Dans le classement mondial 2010 de liberté de la presse effectué par Reporters sans frontière, le Rwanda figure parmi les 10 pays les plus grands prédateurs de la presse.

Comme l’on voit bien, la contestation qui a emporté les dictateurs tunisien et égyptien et qui s’étend désormais partout dans les pays arabes pourrait trouver matière à contagion ailleurs dans le monde.

Elle ne devrait pas non plus préoccuper uniquement les dictateurs. Elle interpelle aussi les puissances occidentales qui, malgré de beaux discours sur les droits de la personne et la démocratie, soutiennent fermement les régimes répressifs et liberticides, soi-disant au nom de la stabilité.

Autant Ben Ali et Moubarak étaient fortement soutenus par l’occident, autant Paul Kagame est soutenu par les grandes capitales occidentales, principalement Londres et Washington, qui financent la moitié du budget de son gouvernement et sa machine de répression.

Un aspect particulièrement nuisible des appuis inconditionnels accordés aux régimes dictatoriaux est qu’ils donnent le message selon lequel l’Occident est uniquement préoccupé par la stabilité, même lorsque celle-ci est obtenue au prix de la violation des droits civils et démocratiques.

Par ce comportement, les puissances occidentales introduisent une distorsion dans les incitatifs auxquels répondent les dictateurs et l’aide étrangère est vite transformée en financement de l’oppression.

Dans le cas du Rwanda, malgré les multiples sonnettes d’alarme tirées par les organisations telles qu’Amnesty International, Human Rights Watch et Reporters Sans Frontière, les puissances occidentales ne semblent pas exercer de pression particulière sur le régime de Kigali pour qu’il arrête la persécution des opposants et des journalistes.

Ces puissances ne se montrent pas non plus pressées à donner une suite appropriée au rapport Mapping des Nations-Unies qui établit que l’armée de Kagame a commis des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité et possiblement un génocide sur les réfugiés Hutu dans ses guerres au Congo dont le bilan dépasse 5 millions de victimes.

Dans un tel contexte, rien d’étonnant que le dictateur Kagame affecte 10 % de l’aide au développement à l’entretien de ses lourds organes de sécurité, alors que le Rwanda se trouve parmi les 20 derniers pays au monde dans le classement de l’indice de développement humain de 2010 (qui fait la synthèse des indicateurs d’espérance de vie, de niveau de revenu et de niveau d’études).

L’argument de stabilité à n’importe quel prix, longtemps présenté pour appuyer des dictatures, vient de montrer sa faille dans l’effondrement brusque des régimes Ben Ali et Moubarak au grand dam de leurs alliés.

Le monde devrait désormais comprendre que la seule stabilité qui vaille la peine d’être défendue est celle qui émerge des institutions démocratiques et répond aux profondes aspirations de tous les citoyens. Comme l’a si bien dit le président américain Barack Obama à Accra (Ghana) le 11 juillet 2009, l’Afrique n’a pas besoin d’hommes forts mais plutôt d’institutions fortes.

Puisse les États-Unis et les autres puissances occidentales œuvrer dès à présent en faveur de l’établissement de telles institutions et le vent du changement maghrébin balayer aussi l’Afrique sub-saharienne, et particulièrement le Rwanda.


|Le Canada au banc des accusés
2803|2865|Manchettes Politique_Québec|L'ASSÉ condamne le manifeste Legault-Sirois|2011-02-22 08:25:36|ASSÉ|

L'Association pour une solidarité syndicale étudiante (ASSÉ) tient à souligner son profond désaccord avec le manifeste de la Coalition pour l'avenir du Québec, lancé aujourd'hui par François Legault et l'homme d'affaires Charles Sirois.

Leurs propos sur les finances publiques inquiètent particulièrement l'ASSÉ. « On tente de nous faire croire qu'il s'agit de nouveauté alors qu'on nous ressert le même ton alarmiste pour justifier les mêmes solutions idéologiques de droite. Nous ne sommes pas dupes! » déclare Gabriel Nadeau-Dubois, porte-parole de l'ASSÉ.

En ce qui a trait à l'éducation, le manifeste reprend encore une fois les opinions à la mode. « Tout comme la CREPUQ, le milieu des affaires et la ministre Beauchamp, messieurs Legault et Sirois se servent d'un sous-financement prétendument catastrophique pour légitimer un arrimage supplémentaire des universités au marché et une hausse des frais de scolarité. »

L'ASSÉ rappelle d'ailleurs que la situation actuelle des universités québécoises n'est pas étrangère au règne de François Legault en tant que ministre de l'Éducation. « Monsieur Legault devrait avoir honte de parler de sous-financement universitaire.

Ce sont ses décisions en tant que ministre de l'Éducation qui ont plongé les universités dans la logique concurentielle responsable des dégâts des dernières années! » déclare Gabriel Nadeau-Dubois, porte-parole de l'ASSÉ.

« Bien loin d'un vent de changement, ce groupe est en fait la dernière manifestation d'une montée généralisée de la droite dans le paysage politique québécois. » conclut le porte-parole.

Seule association étudiante nationale comprenant des membres de tous les cycles d’enseignement supérieur confondus, l’ASSÉ regroupe actuellement près de 45 000 membres dans les cégeps et les universités du Québec. Elle milite depuis sa création pour l’accessibilité à un système d’éducation gratuit, public et de qualité.





|Leurs propos sur les finances publiques inquiètent
2804|2866|Manchettes Région|Chicoutimi : Not my mayor|2011-02-22 08:33:09|Pierre Demers|

L’auteur est cinéaste et poète. Il habite Arvida

Je n’aime pas beaucoup quand le maire de Chicoutimi (La fusion des villes de Saguenay c’est juste dans son imagination, celles de ses conseillers qui en profitent $$$ et de Mgr Rivest qui bénit son politicien croyant), se met dans la tête de faire le national.

Ou si vous voulez d’attiser tous les journalistes du Québec avec ses obsessions religieuses, ses lubies de magistrat victime des temps modernes, mal compris par le reste du monde qui carbure aux antidépresseurs.

Parce que les citoyens des autres villes que la sienne ne fréquentent plus les églises et oublient de prier et d’aller communier à tous les jours comme lui, selon ses dires évidemment.

Comme si nos églises (autre patrimoine négligé qu’il devrait sauver avec le crucifix) étaient bondées de citoyens, d’abord catholiques. Il nous prend pour qui lui qui ne cesse de parler en notre nom, le curé manqué ?

Quand il fait le national, j’ai toujours honte de lui et de tous ceux qui ont voté pour le garder aux dernières élections. J’ai honte un peu de moi de ne pas déménager à Alma ou à Saint-Prime où les élus semblent moins bornés pour protester contre son régime.

J’aurais envie de me cacher dans le sable si c’était l’été comme une autruche pour ne pas me faire repérer, pour éviter une autre tempête de ses idées reçues, de ses convictions d’un autre siècle. La semaine dernière donc, j’ai cherché ma dune.


Qu’est-ce qui se passe quand Ti-Jean fait le national ?

Tous mes amis de partout, d’Alma, de l’Île du Repos, de Rimouski, de Québec (où là tout de même, eux aussi, ils sont pris avec un autre énergumène), de Hull, de Montréal (eux aussi…), de Yellowknife m’appellent pour rire un bon coup sur mon dos.

«Ton maire passe encore au Téléjournal et à Mongrain. L’Infoman va se servir de ses cuts… ». Qu’est-ce que je peux répondre pour me défendre ? Je réponds toujours la même chose avec de moins en moins de conviction dans la voix. «J’ai pas voté pour lui. C’est pas mon maire. J’ai pas le contrôle de ses ouailles qui votent, qui prient, qui vont le financer dans sa nouvelle mission divine. Je m’excuse, j’habite une municipalité où le culte de la personnalité l’emporte sur tout le reste. Il manipule tout le monde et les médias avec son aura. »

Ensuite, j’essaie de changer de sujet pour ne pas trop m’emporter.

Quand Ti-Jean fait le national, habituellement ça dure deux jours. La première journée, il accorde (ou sollicite) des entrevues avec toutes les télés, les radios, pas beaucoup de journaux toutefois qui veulent bien encore l’entendre.

Il radote alors toutes ses formules qu’il a pratiquées la veille avec sa gang de conseillers privés et d’avocats qui le suivent partout. Avant de se lancer dans son blitz d’entrevues, surtout sur un sujet religieux comme la prière à l’hôtel de ville, il conseille fortement à ses dix neufs (19) conseillers de s’occuper de leurs affaires, c’est à dire, de se la fermer.

C’est ce qu’ils ont fait d’ailleurs, la semaine dernière, tous les uns derrière les autres, les fesses serrées, le crucifix et la statue du Sacré-Cœur comme témoins de leur silence abyssal. Entre deux dizaines de chapelet.

Bon le maire passe, la première journée, dans tous les médias électroniques extérieurs qui veulent bien lui donner du temps d’antenne. Il fait le beau maire médiatisé. Il aime bien les kodaks et les micros.

Les médias anglophones n’insistent pas trop sur ses sorties publiques, surtout sur des sujets comme la prière au conseil municipal qu’ils ont reléguée eux aux oubliettes depuis longtemps. S’ils parlent un peu du Canada anglais comme cette fois-ci et bien ils peuvent lui accorder un petit trente secondes. Ses valeurs Redneck (harperriennes pourrait-on dire) piquent leur curiosité.

Quand le maire fait le national, il n’a pas le temps de s’occuper du local. Les journalistes des médias régionaux couvrent donc religieusement sa conférence de presse et, par la suite, attendent le lendemain pour obtenir leur entrevue avec le magistrat prélat.

Ils s’alimentent sur le site internet de la ville qui ressemble de plus en plus à un bulletin continu de bonnes nouvelles municipales, animé par le maire lui-même et une ex – journaliste de TQS.

Cette fois-ci, je trouve que les médias locaux l’ont particulièrement bien servi. Il a eu un large crachoir, une plage étendue pour faire circuler sa prière. D’autant plus qu’il a tout déversé son argumentation sur le crucifix et la statue du Sacré-Cœur, «nos signes identitaires », les rappels de notre culture que les tribunaux bafouent.

On sait très bien que là ne réside pas le nœud du débat juridique, mais c’est plutôt la neutralité des institutions publiques qui est en cause ici. On ne doit pas se servir d’un conseil municipal pour affirmer ses convictions religieuses. On dirait que c’est juste le maire de Saguenay qui ne comprend pas cette neutralité. Il ira donc jusqu’en Cour suprême, encore une fois, pour essayer de saisir la nuance.


La dîme du maire

L’inattendu dans sa récente sortie publique, c’est qu’il vient de lever une dîme nationale et locale pour financer sa poursuite actuelle jusqu’en Cour suprême et les autres éventuelles poursuites.

Il se sert du site internet de la Ville, des employés de son service de communication pour recueillir les dons. Il siphonne encore les fonds publics pour défendre sa religion devant les tribunaux.

S’il accumule trop de fric et bien il donnera les surplus aux soupes populaires. C’est vraiment beau à voir battre, le cœur d’un maire catholique plus charitable que le pape. Et si ses employés municipaux ne partagent pas ses valeurs et qu’ils se rebiffent, il les crisse dehors ?

Une question ? Ah oui, avant. J’ai dit tantôt que les médias locaux lui ont encore donné un solide coup de main pour faire passer son message et assurer sa foi. Le lendemain matin de la conférence de presse du 16 février, la radio qui ne sait pas écrire, la radio X, tout de même animée par des jeunes qui ne se présentent pas comme des ultra catholiques lui a versé 1000$ pour financer sa poursuite.

Je ne comprends pas leur intention, sinon celle de se retrouver dans les capsules Youtube du maire qui va désormais penser à eux quand il distribuera les contrats de pub de la Ville. La compétition radiophonique exige quelques compromis idéologiques.

Sur un autre poste de radio, j’ai entendu un animateur, ou une animatrice peut-être, vanté le courage du maire qui osait défier les tribunaux. «Je suis fier du maire. Lui c’est un politicien qui se tient debout ». Il se tient debout c’est certain, dans toutes les poursuites qu’il a intentées au nom et aux frais de la Ville. Mais jusqu’ici, il les a toutes perdues comme un maire boqué qui pense que sa foi va stopper le train qui lui arrive dessus à 200 kilomètres à l’heure. Il y a des limites à se tenir debout…les yeux fermés sur une voie ferrée.

Une question maintenant ? Pourquoi les conseillers municipaux et le maire lui-même qui s’abreuvent à de petites caisses électorales substantielles (Les fameux montants discrétionnaires) ne financent-ils pas eux-mêmes les poursuites du maire avec ce fric public ?

Ils pourraient ainsi multiplier les poursuites juridiques, selon leurs humeurs et leurs valeurs, sans être obligés de lever une dîme à la grandeur du Québec et nous faire passer pour des ultra catholiques.

Et pourquoi cette dîme ne serait-elle pas rétroactive ? Les poursuites antérieures du maire (Et de ses conseillers puisque jamais ils les contestent) ont coûté des M$ à la Ville.

Le maire pourrait se montrer bon prince en puisant dans ses propres réserves (La rumeur court qu’il est riche comme Crésus, mais discret sur ses avoirs selon sa déclaration d’intérêts) pour mener à terme ses pérégrinations vers la Cour suprême.

Ces suggestions sont lancées comme ça, elles peuvent faire leur chemin entre deux lignes ouvertes sportives, entre deux émissions d’affaires publiques vendues à la cause du maire «qui se tient debout ». Entre deux éditoriaux positifs de notre Quotidien qui célèbre et entretient trop souvent son rayonnement médiatique.

Je n’aime pas quand le maire fait le national. Quand les chroniqueurs montréalais se mettent à ironiser deux minutes sur les idées moyenâgeuses du maire qui confond les siècles, les époques, les valeurs, et se mesure aux grands martyrs de l’humanité.

Je n’aime pas quand mes amis me téléphonent de partout pour me dire du mal de «mon » maire. J’ai pas voté pour lui. Not my mayor.


Citations de la semaine

N.B. Le maire a tellement multiplié les répliques saugrenues cette semaine, qu’il pourrait faire un jeûne médiatique un temps. Histoire de donner un break aux journalistes, aux caricaturistes, aux Canadiens-français et à mes amis en dehors de la région.


«Je vais être le premier maire de l’histoire du monde à être puni pour avoir récité une prière de 20 secondes avant une assemblée »

-Jean Tremblay, maire de Saguenay, Le Devoir, 17 février


«Je suis certain que la majorité de mes citoyens sont favorables à ce qu’on se tienne debout, à ce que les Canadiens-français - ça ne se ferait pas dans une province anglaise - aient des valeurs, qu’on les reconnaisse et qu’on les respecte »

-Jean Tremblay, maire de Saguenay, idem


«Il antagonise beaucoup. Il a insisté pour dire qu’on accorde tout aux immigrants et qu’on s’acharne sur la religion catholique. Je trouve que c’est un discours inquiétant. Ça devient très démagogique. »

-Luc Alarie, avocat du MLQ, idem


«…Jean Tremblay, selon une analyse effectuée par l’entreprise CEDROM-SNI pour le compte du Quotidien, s’est accaparé 40% des articles traitant des maires des neufs plus grandes villes du Québec. Derrière lui, le maire de Laval, Gilles Vaillancourt… la démarche du maire a même franchi les frontières du Québec et du Canada, traversant l’Atlantique pour faire écho jusqu’en Europe… Le réseau CBC, le site internet New Talk, le Globe and Mail et le journal catholique La Croix de Paris auraient également sollicité le maire Tremblay…

-Tous les yeux vers Jean Tremblay, Le Quotidien, 18 février


Sky is the limit, sky is the limit. Ratzinger n’a qu’à bien se tenir. Ti-Jean Tremblay, futur pape ou bras droit de Stephen Harper ?



|Quand Ti-Jean fait le national ou, Ti-Jean fait de la Résistance
2805|2868|Manchettes Coups_de_gueule|Souveraineté canadienne face à l’empire|2011-02-23 08:50:59|Léo-Paul Lauzon|

Mes amis, faut voir la vérité en face et arrêter de se compter des peurs. Le Canada est devenu une colonie américaine comme Porto-Rico. Pas un État américain mais bel et bien une colonie.

Au niveau économique, les transnationales américaines contrôlent au pays des pans entiers de plusieurs secteurs comme le pétrole, le gaz naturel, le pharmaceutique, les aliments incluant l’importation de fruits et légumes avec Chiquita, Dole et Del Monte, l’hôtellerie, la restauration rapide, le détail, l’aéronautique, le manufacturier et j’en passe.

Puis, avec le traité du libre-échange, ce sont eux qui décident, que ce soit le bois d’œuvre, l’acier, les produits laitiers, le pétrole, le gaz naturel, etc.

Mais, la bonne nouvelle c’est que nous sommes entre bonnes mains à ce qu’il paraît, des mains bienveillantes qui sont là pour nous protéger de l’envahissement des communistes et des socialistes.

Naturellement, ils contrôlent plusieurs organismes de recherche qui sèment à tout vent leur propagande comme le Conference Board et le C.D. Howe Institute. Et dire que les conservateurs, les adéquistes et les libéraux font leur chou gras avec la notion angélique de la liberté alors que nous sommes inféodés aux States.

Commençons par le commencement, avec différents pays. Vous savez que les États-Unis maintiennent un odieux embargo économique contre Cuba, depuis plus de 50 ans, et condamné chaque année par l’ONU, mais qui hélas englobe aussi les Canadiens comme le laisse voir ces deux articles : «Un Canadien condamné (aux Etats-Unis) pour des échanges avec Cuba» (La Presse, 5 avril 2002) et «L’embargo américain sur Cuba est problématique pour le Canada. La loi canadienne (sic) interdit la vente de produits américains à Cuba, sauf si substantiellement transformés» (Les Affaires, 7 octobre 2006).

Il y avait aussi l’Irak, avant son envahissement par les Yankees : «Entreprise (de Montréal) empêchée par le gouvernement américain d’exporter des ambulances en Irak» (Journal de Montréal, octobre 2002). Tiens, une drôle, il y a, au Mexique, l’hôtel américain Sheraton qui a expulsé des Cubains» (La Presse, 25 mars 2006). Le Mexique itou, c’est un peu beaucoup le terrain de jeux de nos amis du sud.

Il y a aussi la guerre aux pseudos-terroristes arabes, pire que les communistes, menée «courageusement» par l’Oncle Sam, comme ce cas survenu à Montréal : «C’est la guerre au terrorisme : Western Union (succursale de Montréal) gèle ses 200$» (Journal de Montréal, 16 septembre 2004)… à une canadienne d’origine arabe.

Il y a aussi notre belle Banque Royale qui vient d’embaucher l’ex-ministre conservateur Michael Fortier : «La RBC refuse des comptes en dollars américains à certains citoyens canadiens» (Journal de Montréal, 17 janvier 2007), soit ceux qui ont, comme vous avez pu le deviner, le malheur d’avoir la double nationalité avec des pays vraiment méchants comme Cuba, l’Iran, le Soudan, la Corée du Nord, la Birmanie, etc. Les States vous ont à l’œil où que vous soyez et quoi que vous fassiez.

Et le premier ministre conservateur aplatventriste qui a accouché de cette perle : «Les comptes en dollars américains au Canada sont soumis aux règles américaines» (Le Devoir, 18 janvier 2007). Même les banques suisses passent au tordeur américain : «La Réserve fédérale américaine (Fed) condamne UBS» (La Presse, 2004)… à une petite amende de 100 millions$ pour avoir transigé avec les ennemis des Yankees qui peuvent rapidement devenir leurs amis s’ils changent d’attitude, comme la Libye du Colonel Khadafi, devenu du ben beau et sublime monde.

Comme l’a dit l’ex secrétaire d’État américain sous Bush junior, Condoleezza Rice, à propos de la Libye : «Pas d’ennemi permanent, dit Rice» (Journal de Montréal, 6 septembre 2008). Pourtant, Reagan avait qualifié Khadafi de «chien enragé» et avait bombardé le palais du dirigeant libyen. Les temps changent…

Parlant d’ennemi de 26 pays (incluant la Chine, la Syrie, le Vietman et le plus dangereux de tous… Haïti) : «Bell Helicopter (de Mirabel) : Des employés tenus à l’écart. Parce qu’ils sont originaires de pays dits «ennemis» selon les Etats-Unis» (Journal de Montréal, 12 janvier 2007). Des pays ennemis, c’est-à-dire des pays qui ne se soumettent pas intégralement. Et le courageux premier ministre du Canada qui dit : «Bell Helicopter. Harper préoccupé» (La Presse, 12 janvier 2007). Préoccupé mais pas plus : faut pas contrarier le maître.

Il y a eu aussi le cas de l’entreprise canadienne basée à Montréal : «CAE refuse des indésirables» (La Presse, 26 octobre 2006). Des indésirables qui ont la nationalité canadienne mais qui sont nés en Iran, en Chine, au Liban, à Cuba, etc. Pas de risque à prendre avec ce monde-là!

Et «General Dynamics (qui a acheté SNC Technologie, anciennement une société d’État du nom de Les Arsenaux Canadiens) privilégie les camionneurs américains au Canada» (La Presse, 16 janvier 2007) et enfin Boeing, qui a obtenu un contrat militaire de 8,4 milliards$ sans appel d’offres, refusera l’embauche par les entreprises canadiennes d’employés canadiens qui sont nés dans des pays très vilains (Journal de Montréal, 6 octobre 2006).

Et, cette fois-ci, notre premier ministre canadien se fera plus compréhensif et plus ouvert : «Boeing. Harper ne fera pas de pression» (Journal de Montréal, 27 janvier 2007). Faut surtout pas brimer la liberté de nos amis américains, quitte à empiéter sur la nôtre. Et puis d’autres en rafale :


- «Patriot Act. Les Américains pourraient fouiller la vie privée de salariés d’ici» (La Presse, 29 mai 2006). Où il y a de la gêne, y’a pas de plaisir comme dirait l’autre;

- «Des policiers américains autorisés à intervenir dans les eaux canadiennes» (La Presse, 14 septembre 2007). C’est pour mieux veiller sur nous mon enfant!!!;

-«Le ciel (sol) canadien utilisé incognito par la CIA? Transit secret de présumés terroristes» (La Presse, 19 novembre 2005). La boucle est bouclée! Le ciel, la mer, le sol…

-«Vancouver 2010. Washington s’impose. Les Etats-Unis assureront une part de la sécurité aux jeux» (La Presse, 11 janvier 2007). Les States imposent, le Canada dispose! Bon Dieu qu’ils aiment rendre service. Je vous le dis, ils sont trop bons!;

-«Les fuites de Wikileaks. Les premières révélations sur le Canada font état du mépris des services secrets pour les juges canadiens». Et le ministre conservateur qui signale : «Cannon n’est pas inquiet» (Le Devoir, 30 novembre 2010). Le ministre Lawrence Cannon a raison de ne pas s’inquiéter, après tout c’est juste du «mépris» affiché par les Américains envers nos diplomates qu’ils espionnent pour notre bien. Gardons notre calme, je vous en prie.

-Enfin, cette perle dans Le Devoir du 7 mars 2009 : «Ottawa demande à US Steel (qui a acquis la canadienne Stelco) de respecter ses engagements au Canada». Réponse de la transnationale américaine : Vous pouvez toujours demander messieurs. Soyez toutefois patients, la réponse n’est pas pour demain.


Ah qu’il fait bon vivre dans un pays libre et démocratique. C’est rassurant. Les Américains ont essayé de jouer au matamore avec les Russes en leur demandant fortement de ne pas vendre d’avions militaires au Venezuela. Vous le savez, Hugo Chavez est un méchant moineau, ami de Fidel Castro en plus de ça.

Comme il se doit, et comme doit le faire tout pays souverain et non pas franchisé, la Russie a cavalièrement envoyé promener les Etats-Unis, ce qui a beaucoup peiné notre gouvernement conservateur canadien qui lui est obéissant en tout temps et en toutes circonstances au boss américain : «Des avions russes (Sukhoî Su-30) dans le ciel vénézuélien» (Le Devoir, 5 juin 2006).

Pour conclure, disons que je suis un farouche partisan de la souveraineté et de l’indépendance du Canada, et par ricochet du Québec, face à l’empire américain. Il y a urgence dans la demeure.



|Il y a urgence en la demeure
2806|2869|Accueil_Analyses Politique_Québec|L’objectif de Legault: créer une scission au sein du Parti Québécois|2011-02-23 08:59:39|Marc Laviolette et Pierre Dubuc|

Au nom du conseil d’administration du SPQ Libre

C’est accompagné d’un banquier fédéraliste que François Legault a lancé sa Coalition pour l’avenir du Québec. Son programme : une nouvelle réforme de l’éducation, la décentralisation du réseau de la santé, la réduction la dette du Québec, la création d’une économie de propriétaires et non de succursales et mettre de côté la question nationale.


Éducation : le modèle américain

Sa réforme de l’éducation s’inspire du modèle américain avec l’introduction de la paye au mérite. Les enseignants seraient évalués et rémunérés selon les résultats de leurs élèves. À la mise en place de la concurrence entre les enseignants, s’ajouterait une accentuation de la compétition entre les écoles, résultat d’un réseau scolaire encore plus décentralisé.

Cette réforme est déjà en cours. La loi 88, adoptée récemment, a modifié la Loi de l’instruction publique pour instaurer des « conventions de partenariat » avec les commissions scolaires qui fixent des objectifs de réussite scolaire. L’adoption récente du « bulletin unique » va bientôt permettre de comparer les résultats scolaires de chaque classe au sein de l’ensemble du réseau. Il ne restera plus qu’à moduler les salaires des enseignants en fonction de ces résultats et congédier les enseignants jugés « non performants ».

Aux États-Unis, une ex-sous-ministre de l’Éducation, Mme Diane Ravitch, qui avait été responsable de la mise en place d’une réforme similaire sous George W. Bush, a récemment publié un livre, The Death and Life of the Great American School System, dans lequel elle en fait un bilan extrêmement négatif.

Évaluations à répétition, rétrécissement de l’enseignement en fonction des tests d’évaluation; négation dans l’évaluation de facteurs comme la pauvreté, la monoparentalité, la maîtrise de la langue dans le cas des minorités linguistiques; explosion des « écoles à charte » pratiquant la sélection des élèves sur le modèle de nos écoles privées; tout cela a mené, selon elle, avec l’introduction des lois du marché dans le système d’éducation, au démantèlement du réseau public et au développement d’un réseau privé, réservé à l’élite, avec comme résultat un affaiblissement général du système d’éducation américain.


Santé : le modèle britannique

François Legault propose une approche similaire en santé – décentralisation, indicateurs de performance, imputabilité – empruntée cette fois au « New Labour » de Tony Blair. Là aussi, M. Legault aurait dû profiter de sa sabbatique de la politique pour lire les bilans, tous extrêmement négatifs, pour ne pas dire catastrophiques, de cette approche.

Bien entendu, aucune mention là non plus de mesures pour contrer l’extraordinaire explosion au cours des dernières années d’un réseau privé parallèle de cliniques, de laboratoires, de centres d’hébergement. M. Legault va-t-il s’attaquer aux prix des médicaments, à la rémunération des médecins, deux des principales causes de l’augmentation des coûts du système de santé? Non, bien sûr, il va plutôt pressurer davantage les travailleuses et les travailleurs du réseau avec ses « indicateurs de performance ».


Économie : le modèle néolibéral

Au chapitre économique, si la présence à ses côtés de Charles Sirois est un signe de l’orientation de la nouvelle Coalition, ça promet ! L’ancien président de Teleglobe était une des stars du monde des affaires lors de la bulle technologique des années 1990. Sa chute fut aussi spectaculaire que son ascension, avec la faillite entre 2001 et 2003 de ses quatre principales entreprises.

Aujourd’hui, à la tête d’une kyrielle d’entreprises dont Telesystem, il n’hésite pas téter les mamelles de l’État québécois. Récemment, il a défrayé la manchette à l’Assemblée nationale lorsque celle-ci s’est intéressée au programme FIER (Fonds d'intervention économique régionale). Charles Sirois siégeait sur trois FIERS qui ont doublé, avec des fonds publics, ses propres investissements dans ses entreprises (Anges Québec, ID Capital, iPerceptions).

Charles Sirois et François Legault nous annoncent un plan « crédible » de réduction de la dette en même temps qu’ils disent vouloir établir « un climat résolument favorable aux investisseurs privés » en revoyant « les manières d’imposer les entreprises et les individus de façon à encourager le travail, l’investissement, la productivité et l’épargne ». Décodé, cela signifie qu’il veut réduire les impôts des entreprises et des mieux nantis et faire porter le fardeau fiscal sur la classe moyenne et les pauvres en recourant aux taxes à la consommation et aux tarifs.

Il n’y a pas si longtemps, M. Legault parcourait le Québec avec sa mise à jour des travaux sur le déficit fiscal pour nous expliquer que la solution aux problèmes fiscaux du Québec résidait dans l’accession à l’indépendance. Aujourd’hui, il range ses cartons constitutionnels, au grand plaisir de son acolyte, Charles Sirois, un si fervent fédéraliste qu’il a été décoré de l’Ordre du Canada et appelé à présider le conseil d’administration de la Banque Canadienne Impériale du Commerce.

La proposition de « créer une économie de propriétaires et non de succursales » a de quoi faire sourire, venant de la bouche d’un dirigeant de la CIBC qui a été le maître d’œuvre de la vente de l’Alcan à Rio Tinto et qui vient de se prononcer en faveur d’investissements étrangers dans le secteur des télécommunications.


Statut politique du Québec : le modèle canadien

Quelle sera la dynamique politique de la Coalition pour l’avenir du Québec? Si la Coalition veut faire « progresser le Québec », comme elle l’affirme, son programme doit être repris par un parti politique ou elle doit elle-même se transformer en parti politique.

De toute évidence, François Legault a des ambitions plus larges que la direction de l’ADQ. De plus, la présence à ses côtés de Charles Sirois, qui a été chasseur de têtes pour le parti de Jean Charest, est garante du fait que la Coalition ne foulera pas les plates-bandes libérales. La cible est le Parti Québécois.

Au cours des dernières années, au Parti Québécois, François Legault s’était rendu compte qu’il ne pouvait rallier une majorité de membres ni à ses projets, ni à ses modèles économiques, ni à son leadership.

Lors d’un Conseil national, tenu alors qu’André Boisclair dirigeait le parti, les délégués n’avaient pas retenu ses objections, développées au micro, et avaient voté à une majorité des deux-tiers pour la nationalisation de l’éolien. Sans doute à cause de cette rebuffade, sa proposition de privatisation d’Hydro-Québec était restée l’objet de discussions privées. De plus, faut-il rappeler que le modèle fiscal et économique qu’il proposait pour le Québec était l’Irlande !

Au moment où les membres du Parti Québécois se prononcent dans les congrès régionaux pour une radicalisation du discours linguistique et social, au moment où la population du Québec prend acte du désintérêt croissant des partis fédéraux pour le Québec, par suite de son déclin démographique et de la possibilité prochaine, avec la réforme de la carte électorale, de former un gouvernement majoritaire sans le Québec; au moment où l’indépendance apparaît de plus en plus clairement comme la seule alternative pour sauver le modèle social et économique québécois, François Legault entreprend, sous l’œil approbateur d’un membre du conseil d’administration de la banque CIBC, une démarche pour la création d’un nouveau parti politique nationaliste-fédéraliste.

À qui profite cette démarche? Poser la question, c’est y répondre.


Photo : Jacques Nadeau - Le Devoir


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Vidéo diffusée par le Syndicat des fonctionnaires municipaux de Montréal (SFMM-SCFP) dans le cadre de la campagne Montréal, fais une ville de toi. Le SFMM vous invite à signer la pétition réclamant des modification à la charte de Montréal en visitant notre site au http://www.sfmm429.qc.ca/.|Vidéo diffusée par le Syndicat des fonctionnaires municipaux de Montréal (SFMM-SCFP) dans le cadre de la campagne Montréal, fais une ville de toi.
2810|2873|Langue Accueil_Analyses|Charles Castonguay pour le Québec français|2011-02-25 08:07:39|Louis Cornellier|

Principal organe de presse de la gauche indépendantiste, L'aut'journal accueille dans ses pages, depuis plus de 25 ans, des voix fortes qui, étrangères aux modes intellectuelles, portent des convictions fondamentales. Au nom de la justice sociale, elles défendent un Québec français, laïque et véritablement social-démocrate.

Avec une remarquable constance, le mathématicien Charles Castonguay y mène, là et ailleurs, le combat pour un Québec français et contre les jovialistes qui affirment que tout va bien dans ce dossier. «Le recul du français a beau battre tous les records, écrit-il dans Le français dégringole, il en reste toujours qui branlent dans le manche devant le besoin évident de relancer la francisation du Québec au moyen de nouvelles mesures contraignantes.»

Les textes de Castonguay sont exigeants pour le lecteur qui n'est pas habitué à se faire servir une avalanche de statistiques. L'effort, néanmoins, en vaut la peine si on souhaite avoir l'heure juste sur l'état du français au Canada et au Québec.

À l'échelle canadienne, la situation est grave. En 1951, le pays comptait 29 % de francophones (langue maternelle). En 2001, ce chiffre était passé à 22,6 % et, en 2006, il n'était plus que de 21,6 %. Pour 2031, les projections oscillent entre 18 et 15 %. «Demandez-vous, conclut Castonguay, quelle importance les Canadiens accorderont alors au français.» Si on se fie à celle qu'ils lui accordent aujourd'hui, on a raison de se dire que l'avenir du français, en Amérique, se jouera essentiellement au Québec.



Les lunettes roses

Or, même à l'échelle québécoise, les lunettes roses ne sont pas de saison. Les données du recensement de 2006, ajustées par Castonguay pour tenir compte du phénomène du sous-dénombrement, indiquent que les francophones ne sont plus que 79,1 % dans l'ensemble du Québec, 65 % dans la région de Montréal et 49 % dans l'île de Montréal.

Certains affirment que ces chiffres ne sont pas si inquiétants puisque c'est la langue d'usage qui importe (par exemple, les allophones qui utilisent le français au quotidien sont nombreux). Même en acceptant ce critère, explique Castonguay, le tableau n'est pas rassurant. «Partout, constate-t-il, la population de langue anglaise augmente beaucoup plus rapidement que celle de langue française.» En d'autres termes, le taux d'assimilation favorise encore la langue anglaise.

«Devant le flot de nouveaux arrivants allophones, précise le mathématicien, la baisse du poids des francophones [langue maternelle] est inévitable. Le problème n'est pas là. Le problème, c'est que le statut actuel du français ne lui confère pas un pouvoir d'assimilation proportionné à son importance démographique par rapport à l'anglais.»

Pour renverser la tendance, Castonguay propose d'agir sur trois fronts: étendre la loi 101 au cégep, franciser fermement la langue de travail et lier la reconnaissance de la citoyenneté québécoise à une connaissance suffisante du français (ce qui pourrait même se faire dans le cadre canadien). «Si, donc, d'après l'enquête de Moffet, la langue des études pertinentes influe sur la langue de travail et si, selon d'autres études de l'OQLF et de Béland, la langue de travail influe à son tour sur la langue d'assimilation, il s'ensuit que la langue des études pertinentes au premier emploi — dont celle du cégep — influe sur l'assimilation», avance Castonguay pour justifier l'application de la loi 101 au cégep. Encore faut-il, pour que l'imposition du cégep en français aux francophones et aux allophones soit légitime, que la langue de travail et de la citoyenneté soit vraiment le français.



Les faux-fuyants

Quand les André Pratte, Denise Bombardier et Maxime Bernier nous serinent que l'avenir du français au Québec passe d'abord par la fierté des Québécois à l'égard de leur langue et de sa qualité, ils ne nous servent que des faux-fuyants. Le français ne s'imposera au Québec que s'il est une langue nécessaire et suffisante pour le travail et la citoyenneté.

«On n'y coupera pas, conclut Castonguay: il faut vaincre la peur du qu'en-dira-t-on et relever le statut du français pour qu'il prenne la place qui lui revient comme langue d'assimilation.» Le mathématicien polémiste, d'ailleurs, souhaiterait plus de fermeté de la part du Devoir dans ce combat et n'hésite pas à dire que «chaque année de plus avec Charest à la barre rapproche le Québec français du naufrage».



Carnets de combat

L'Aut'journal, depuis quelques années, publie aussi de brefs essais militants sous forme de brochures. Dans L'Assurance maladie et la victoire de l'universalité, septième titre de la collection «Carnets», l'historien Jean-Claude Germain retrace les grandes étapes qui ont mené à l'adoption de la Loi québécoise sur l'assurance maladie.

«La meilleure assurance contre la maladie, c'est la santé!», aimait à dire Maurice Duplessis, résumant ainsi une mentalité conservatrice qui comptait sur la charité ou les miracles lorsque la maladie frappait. Pour Germain, d'ailleurs, les béquilles de l'oratoire Saint-Joseph témoignent de «la détresse et [du] désarroi de la population québécoise devant la maladie et l'inaccessibilité des soins» et «on peut se demander si c'est l'espérance ou la désespérance de toute une époque que le Vatican a canonisées».

Germain prend des accents lyriques pour chanter l'adoption de la Loi sur l'assurance maladie et qualifie de duplessistes ceux qui souhaitent la pervertir par un retour à la logique du privé. «Marcel Pepin, écrit-il, n'avait pas tort d'y voir le passage d'un monde où les yeux baissés et la main tendue étaient le lot d'une partie de la population à un monde où la liberté, l'égalité et la solidarité se traduisaient concrètement dans les mêmes droits pour tous.»

Dans Éducation: le virage américain, Pierre Dubuc, directeur de L'Aut'journal, analyse le phénomène des écoles à charte, «la version américaine de nos écoles privées», pour montrer qu'un système d'éducation à deux vitesses, dans lequel le système privé concurrence le système public en le dépossédant de ses fonds et de ses élèves «faciles», mène à une impasse collective.


Le français dégringole - Relancer notre politique linguistique
Charles Castonguay
Préface de Josée Legault
Renouveau québécois
Montréal, 2010, 222 pages 




|Doit-on s’attendre à une intervention américaine ?
2814|2877|authebdo|La charge contre le secteur public et mouvement indépendantiste|2011-02-27 17:26:45|Pierre Dubuc|par Pierre Dubuc

Dans son premier numéro de l’année 2011, la revue britannique The Economist, la bible des milieux d’affaires à travers le monde, titrait en page frontispice : « The battle ahead, Confronting the public-sector unions » (La bataille à venir, confrontation avec les syndicats du secteur public).

Prenant acte que les gouvernements des principaux pays occidentaux ont adopté des budgets d’austérité pour effacer les énormes déficits inscrits dans la comptabilité nationale par suite du transfert massif de l’argent des contribuables vers les institutions financières et les entreprises industrielles, en faillite lors de la crise de 2008, The Economist sonne la charge contre le dernier rempart organisationnel d’importance du mouvement ouvrier : les syndicats du secteur public.

La deuxième vague du néolibéralisme


Dans la première vague du néolibéralisme, s’inspirant de la guerre menée par Margaret Thatcher contre les mineurs britanniques et Ronald Reagan contre les contrôleurs aériens, les gouvernements et les entreprises ont brisé les reins des syndicats du secteur privé avec une panoplie de moyens (lois spéciales, sous-traitance, délocalisation).

En Angleterre, au cours des trente dernières années, le taux de syndicalisation du secteur privé a chuté de 44% à 15%. Aux États-Unis, il est passé de 33% à 15%. Cependant, le taux de syndicalisation est demeuré relativement plus important dans le secteur public, se situant à 50% en Grande-Bretagne et à 36% aux États-Unis.

Aujourd’hui, la cible est donc tout indiquée. La charge est lancée contre le secteur public des pays au bord du gouffre financier comme l’Irlande, la Grèce, l’Espagne et le Portugal. L’assaut vient également d’être donné en Grande-Bretagne et aux États-Unis.

Le premier ministre britannique David Cameron a annoncé le licenciement de 500 000 employés du secteur public. Aux États-Unis, l’offensive se mène, pour l’instant, au niveau des États et des municipalités.

L’enjeu : le pouvoir

Au Wisconsin, le gouverneur républicain Scott Walker a déposé un projet de loi qui met fin au prélèvement automatique des cotisations syndicales (formule Rand), et oblige la tenue d’un vote obligatoire d’adhésion syndicale à chaque année. L’affrontement entre, d’une part, les syndicats et leurs sympathisants et, d’autre part, l’administration et les partisans du Tea Party, a pris une envergure nationale, parce qu’il est de notoriété publique que d’autres administrations envisagent des mesures similaires.

Dans sa chronique du New York Times du 20 février, intitulé Wisconsin Power Plan, l’économiste progressiste Paul Krugman, prix Nobel d’économie, a mis le doigt sur l’enjeu fondamental de la confrontation.

À ses yeux, l’argument du déficit budgétaire est fallacieux, parce que le gouverneur du Wisconsin propose, en même temps, une diminution d’impôt pour les mieux nantis et que les syndicats s’étaient montrés prêts à des concessions.

« L’enjeu, écrit Krugman, n’est pas le budget, mais le pouvoir ». Il rappelle que, si, en théorie, chaque citoyen est égal dans le processus politique, il en va autrement en pratique. « Les milliardaires peuvent compter sur des armées de lobbyistes; ils peuvent financer des instituts de recherche qui feront valoir leur point de vue sur les sujets d’actualité; ils peuvent alimenter les caisses électorales des politiciens favorables à leur point de vue ».

Aux États-Unis, les employés syndiqués du secteur public sont concentrés dans 18 États. En Californie, il y a 1,4 millions d’employés de la fonction publique syndiqués. En Illinois, ils sont 400 000 et à New York, 1,1 million.

Aux élections du mois de novembre dernier, les Républicains ont pris le pouvoir dans quatre de ces États où la fonction publique est fortement syndiquée : l’Ohio (42%), le Michigan (51,7%), la Pennsylvanie (53,4%) et le Wisconsin (49,6%).

Mais les Républicains espéraient plus. Ils croyaient avoir de bonnes chances en Californie où 59,6 % de la fonction publique est syndiquée, au Minnesota (59,2%), en Oregon (56,9%), en Illinois (52,6%), au Connecticut (66,4%), au Massachusetts (64,4%), au New Hampshire (50,3%) et au Rhode Island (66,6%).  Ils ont échoué dans ces États, quoique par une mince marge dans plusieurs d’entre eux.

Leur objectif stratégique est clair. En abolissant le droit à la négociation collective, ils peuvent empêcher le prélèvement automatique des cotisations syndicales, affaiblir la structure syndicale et miner une base financière et organisationnelle importante du Parti Démocrate.

Le Wisconsin inspire la droite québécoise

Les événements en cours aux États-Unis inspirent la droite québécoise. Samedi dernier, le Journal de Montréal montait en épingle l’exemple du Wisconsin en suggérant, à mots à peine couverts, que la même médecine soit appliquée aux syndicats québécois.

Au Québec, le portrait n’est pas fondamentalement différent. Les milieux d’affaires ont leurs lobbyistes, leurs instituts de recherche, et un accès privilégié aux membres d’un gouvernement qu’ils ont contribué à porter au pouvoir en finançant ses campagnes électorales au moyen de stratagèmes élaborés pour contourner la loi sur le financement des partis politiques.

La droite néolibérale se trouve actuellement regroupée autour de l’Institut économique de Montréal, financé en bonne partie par Power Corporation, et du Réseau Liberté, qui bénéficie de l’appui militant des journaux de Quebecor. Au plan politique, la droite, déjà bien représentée avec le Parti libéral et l’ADQ, vient de s’enrichir avec la création de la Coalition pour l’avenir du Québec du tandem Legault-Sirois.

Au cœur du discours de la droite, on retrouve, comme en Europe et aux États-Unis, la même cible que celle identifiée par The Economist, la fonction publique, et les mêmes objets de litige : les salaires qu’on dit plus généreux que dans le privé; un certain égalitarisme salarial qu’il faut briser, particulièrement dans le cas des enseignants, avec l’introduction de la paie au mérite; des régimes de retraite trop généreux et des départs à la retraite trop précoces; la sécurité d’emploi qui ne permettrait pas de congédier les travailleurs incompétents; l’absence de flexibilité des conventions collectives qui empêchent l’innovation; l’utilisation des cotisations syndicales pour financer des activités sociales et politiques, voire le prélèvement obligatoire des cotisations syndicales qui brime les libertés individuelles.

Au Québec, malgré des reculs au cours des dernières années, le taux de syndicalisation demeure important à près de 40%. Il est d’environ 25% dans le secteur privé et se situe autour de 80% dans le secteur public. Quand on le compare au mouvement syndical européen ou américain, le syndicalisme québécois possède certains avantages.

Un rapport de force défavorable, malgré certains avantages

Dans « Où vont les syndicats? », un article publié dans l’édition du mois de décembre 2010 du Monde diplomatique, le journaliste Éric Dupin se demande pourquoi, malgré une mobilisation exceptionnelle et un large soutien populaire, les organisations syndicales françaises n’ont pas réussi à empêcher la réforme des retraites.

Une des causes principales est, bien entendu, le contexte de crise, commun à tous les pays, mais Éric Dupin pointe également du doigt le faible taux de syndicalisation qui s’établit à 8% en France, ce qui limite grandement, selon lui, l’action des organisations syndicales.

Dans un autre article de la même publication, le sociologue Rick Fantasia examine le cas des États-Unis. Il déplore, en plus du faible taux de syndicalisation, l’existence de deux gauches qui s’ignorent : une gauche syndicale et une gauche altermondialiste.

Malgré les avantages que représentent au Québec un taux de syndicalisation plus élevé et les liens étroits entre les mouvements syndical et altermondialiste, comme en témoigne l’organisation conjointe de la manifestation du 12 mars prochain, le rapport de forces demeure défavorable au monde syndical et notre secteur public n’est certes pas à l’abri d’une offensive comme celle qui a cours en Grande-Bretagne et aux États-Unis.

Il faut ajouter que le mouvement syndical est la principale base organisationnelle du mouvement indépendantiste. Bernard Landry aime répéter que les difficultés du Parti Québécois dans une région comme la Beauce s’expliquent par le faible taux de syndicalisation.

Que l’offensive contre le mouvement syndical soit coordonnée avec une attaque contre le mouvement indépendantiste, comme on le voit avec l’initiative de François Legault, et que les deux soient soutenus par les mêmes organes de presse n’est pas un hasard.

L’information est le nerf de la guerre

Que faire alors? S’informer et s’organiser. La bataille en est d’abord une d’idées. Historiquement, ce postulat a toujours été la pierre d’assise de l’action de la gauche et du mouvement indépendantiste. Sauf, au cours des trente dernières années, où c’est la droite qui a repris à son compte cet axiome et a mis en œuvre des moyens extraordinaires – tant financiers qu’organisationnels – pour faire triompher son idéologie. Et, nous devons le reconnaître, avec un succès certain.

Aujourd’hui, nous passons à un stade supérieur. De plus en plus, les médias abandonnent toute prétention à l’objectivité pour devenir le fer de lance de la droite. L’exemple de Quebecor est le plus manifeste, avec le lock-out au Journal de Montréal, le soutien au Réseau Liberté et à la Coalition du tandem Legault-Sirois.

Notre riposte doit également changer de registre. Si nous voulons gagner la bataille des idées, il faut mener la lutte sur plusieurs fronts. Nous devons riposter aux propos démagogiques de la droite et des fédéralistes, mais également produire des analyses, des études, des recherches pour appuyer notre propre discours sur des fondements scientifiques.

Les organisations syndicales peuvent produire elles-mêmes davantage de ces études, ou en confier le mandat à des instituts de recherche progressistes.
Pour en propager les résultats, nous avons besoin de moyens de communication plus performants.

Une étude sérieuse démontrerait que, malgré les énormes possibilités offertes par l’Internet, il y a eu un net recul à ce chapitre au cours des dernières décennies. De plus, il y a une sous-estimation et une sous-évaluation de pouvoir organisateur de la presse, tant sur support papier que par l’utilisation des nouvelles technologies.

Répétons-le, la bataille en est une d’abord une d’idées. C’est notre conviction profonde à l’aut’journal. Notre production – journal, site Internet, carnets et livres – en témoigne.

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2815|2878|Manchettes Mouvements_souverainiste|La charge contre le secteur public et le mouvement indépendantiste|2011-02-28 07:47:32|Pierre Dubuc|

Dans son premier numéro de l’année 2011, la revue britannique The Economist, la bible des milieux d’affaires à travers le monde, titrait en page frontispice : «  The battle ahead, Confronting the public-sector unions » (La bataille à venir, confrontation avec les syndicats du secteur public).

Prenant acte que les gouvernements des principaux pays occidentaux ont adopté des budgets d’austérité pour effacer les énormes déficits inscrits dans la comptabilité nationale par suite du transfert massif de l’argent des contribuables vers les institutions financières et les entreprises industrielles, en faillite lors de la crise de 2008, The Economist sonne la charge contre le dernier rempart organisationnel d’importance du mouvement ouvrier : les syndicats du secteur public.


La deuxième vague du néolibéralisme

Dans la première vague du néolibéralisme, s’inspirant de la guerre menée par Margaret Thatcher contre les mineurs britanniques et Ronald Reagan contre les contrôleurs aériens, les gouvernements et les entreprises ont brisé les reins des syndicats du secteur privé avec une panoplie de moyens (lois spéciales, sous-traitance, délocalisation).

En Angleterre, au cours des trente dernières années, le taux de syndicalisation du secteur privé a chuté de 44% à 15%. Aux États-Unis, il est passé de 33% à 15%. Cependant, le taux de syndicalisation est demeuré relativement plus important dans le secteur public, se situant à 50% en Grande-Bretagne et à 36% aux États-Unis.

Aujourd’hui, la cible est donc tout indiquée. La charge est lancée contre le secteur public des pays au bord du gouffre financier comme l’Irlande, la Grèce, l’Espagne et le Portugal. L’assaut vient également d’être donné en Grande-Bretagne et aux États-Unis.

Le premier ministre britannique David Cameron a annoncé le licenciement de 500 000 employés du secteur public. Aux États-Unis, l’offensive se mène, pour l’instant, au niveau des États et des municipalités.


L’enjeu : le pouvoir

Au Wisconsin, le gouverneur républicain Scott Walker a déposé un projet de loi qui met fin au prélèvement automatique des cotisations syndicales (formule Rand), et oblige la tenue d’un vote obligatoire d’adhésion syndicale à chaque année. L’affrontement entre, d’une part, les syndicats et leurs sympathisants et, d’autre part, l’administration et les partisans du Tea Party, a pris une envergure nationale, parce qu’il est de notoriété publique que d’autres administrations envisagent des mesures similaires.

Dans sa chronique du New York Times du 20 février, intitulé Wisconsin Power Plan, l’économiste progressiste Paul Krugman, prix Nobel d’économie, a mis le doigt sur l’enjeu fondamental de la confrontation.

À ses yeux, l’argument du déficit budgétaire est fallacieux, parce que le gouverneur du Wisconsin propose, en même temps, une diminution d’impôt pour les mieux nantis et que les syndicats s’étaient montrés prêts à des concessions.

« L’enjeu, écrit Krugman, n’est pas le budget, mais le pouvoir ». Il rappelle que, si, en théorie, chaque citoyen est égal dans le processus politique, il en va autrement en pratique. « Les milliardaires peuvent compter sur des armées de lobbyistes; ils peuvent financer des instituts de recherche qui feront valoir leur point de vue sur les sujets d’actualité; ils peuvent alimenter les caisses électorales des politiciens favorables à leur point de vue ».

Aux États-Unis, les employés syndiqués du secteur public sont concentrés dans 18 États. En Californie, il y a 1,4 millions d’employés de la fonction publique syndiqués. En Illinois, ils sont 400 000 et à New York, 1,1 million.

Aux élections du mois de novembre dernier, les Républicains ont pris le pouvoir dans quatre de ces États où la fonction publique est fortement syndiquée : l’Ohio (42%), le Michigan (51,7%), la Pennsylvanie (53,4%) et le Wisconsin (49,6%).

Mais les Républicains espéraient plus. Ils croyaient avoir de bonnes chances en Californie où 59,6 % de la fonction publique est syndiquée, au Minnesota (59,2%), en Oregon (56,9%), en Illinois (52,6%), au Connecticut (66,4%), au Massachusetts (64,4%), au New Hampshire (50,3%) et au Rhode Island (66,6%). Ils ont échoué dans ces États, quoique par une mince marge dans plusieurs d’entre eux.

Leur objectif stratégique est clair. En abolissant le droit à la négociation collective, ils peuvent empêcher le prélèvement automatique des cotisations syndicales, affaiblir la structure syndicale et miner une base financière et organisationnelle importante du Parti Démocrate.


Le Wisconsin inspire la droite québécoise

Les événements en cours aux États-Unis inspirent la droite québécoise. Samedi dernier, le Journal de Montréal montait en épingle l’exemple du Wisconsin en suggérant, à mots à peine couverts, que la même médecine soit appliquée aux syndicats québécois.

Au Québec, le portrait n’est pas fondamentalement différent. Les milieux d’affaires ont leurs lobbyistes, leurs instituts de recherche, et un accès privilégié aux membres d’un gouvernement qu’ils ont contribué à porter au pouvoir en finançant ses campagnes électorales au moyen de stratagèmes élaborés pour contourner la loi sur le financement des partis politiques.

La droite néolibérale se trouve actuellement regroupée autour de l’Institut économique de Montréal, financé en bonne partie par Power Corporation, et du Réseau Liberté, qui bénéficie de l’appui militant des journaux de Quebecor. Au plan politique, la droite, déjà bien représentée avec le Parti libéral et l’ADQ, vient de s’enrichir avec la création de la Coalition pour l’avenir du Québec du tandem Legault-Sirois.

Au cœur du discours de la droite, on retrouve, comme en Europe et aux États-Unis, la même cible que celle identifiée par The Economist, la fonction publique, et les mêmes objets de litige : les salaires qu’on dit plus généreux que dans le privé; un certain égalitarisme salarial qu’il faut briser, particulièrement dans le cas des enseignants, avec l’introduction de la paie au mérite; des régimes de retraite trop généreux et des départs à la retraite trop précoces; la sécurité d’emploi qui ne permettrait pas de congédier les travailleurs incompétents; l’absence de flexibilité des conventions collectives qui empêchent l’innovation; l’utilisation des cotisations syndicales pour financer des activités sociales et politiques, voire le prélèvement obligatoire des cotisations syndicales qui brime les libertés individuelles.

Au Québec, malgré des reculs au cours des dernières années, le taux de syndicalisation demeure important à près de 40%. Il est d’environ 25% dans le secteur privé et se situe autour de 80% dans le secteur public. Quand on le compare au mouvement syndical européen ou américain, le syndicalisme québécois possède certains avantages.


Un rapport de force défavorable, malgré certains avantages

Dans « Où vont les syndicats? », un article publié dans l’édition du mois de décembre 2010 du Monde diplomatique, le journaliste Éric Dupin se demande pourquoi, malgré une mobilisation exceptionnelle et un large soutien populaire, les organisations syndicales françaises n’ont pas réussi à empêcher la réforme des retraites.

Une des causes principales est, bien entendu, le contexte de crise, commun à tous les pays, mais Éric Dupin pointe également du doigt le faible taux de syndicalisation qui s’établit à 8% en France, ce qui limite grandement, selon lui, l’action des organisations syndicales.

Dans un autre article de la même publication, le sociologue Rick Fantasia examine le cas des États-Unis. Il déplore, en plus du faible taux de syndicalisation, l’existence de deux gauches qui s’ignorent : une gauche syndicale et une gauche altermondialiste.

Malgré les avantages que représentent au Québec un taux de syndicalisation plus élevé et les liens étroits entre les mouvements syndical et altermondialiste, comme en témoigne l’organisation conjointe de la manifestation du 12 mars prochain, le rapport de forces demeure défavorable au monde syndical et notre secteur public n’est certes pas à l’abri d’une offensive comme celle qui a cours en Grande-Bretagne et aux États-Unis.

Il faut ajouter que le mouvement syndical est la principale base organisationnelle du mouvement indépendantiste. Bernard Landry aime répéter que les difficultés du Parti Québécois dans une région comme la Beauce s’expliquent par le faible taux de syndicalisation.

Que l’offensive contre le mouvement syndical soit coordonnée avec une attaque contre le mouvement indépendantiste, comme on le voit avec l’initiative de François Legault, et que les deux soient soutenus par les mêmes organes de presse n’est pas un hasard.


S’informer et s’organiser

Que faire alors? S’informer et s’organiser. La bataille en est d’abord une d’idées. Historiquement, ce postulat a toujours été la pierre d’assise de l’action de la gauche et du mouvement indépendantiste. Sauf, au cours des trente dernières années, où c’est la droite qui a repris à son compte cet axiome et a mis en œuvre des moyens extraordinaires – tant financiers qu’organisationnels – pour faire triompher son idéologie. Et, nous devons le reconnaître, avec un succès certain.

Aujourd’hui, nous passons à un stade supérieur. De plus en plus, les médias abandonnent toute prétention à l’objectivité pour devenir le fer de lance de la droite. L’exemple de Quebecor est le plus manifeste, avec le lock-out au Journal de Montréal, le soutien au Réseau Liberté et à la Coalition du tandem Legault-Sirois.

Notre riposte doit également changer de registre. Si nous voulons gagner la bataille des idées, il faut mener la lutte sur plusieurs fronts. Nous devons riposter aux propos démagogiques de la droite et des fédéralistes, mais également produire des analyses, des études, des recherches pour appuyer notre propre discours sur des fondements scientifiques.

Les organisations syndicales peuvent produire elles-mêmes davantage de ces études, ou en confier le mandat à des instituts de recherche progressistes. Pour en propager les résultats, nous avons besoin de moyens de communication plus performants.

Une étude sérieuse démontrerait que, malgré les énormes possibilités offertes par l’Internet, il y a eu un net recul à ce chapitre au cours des dernières décennies. De plus, il y a une sous-estimation et une sous-évaluation de pouvoir organisateur de la presse, tant sur support papier que par l’utilisation des nouvelles technologies.

Répétons-le, la bataille en est une d’abord une d’idées. C’est notre conviction profonde à l’aut’journal. Notre production – journal, site Internet, carnets et livres – en témoigne. L’information est le nerf de la guerre.



|L’information est le nerf de la guerre
2816|2879|Manchettes Mouvements_souverainiste|Godin, le film : un puissant antidote à la pensée Legault|2011-02-28 07:52:26|Robin Philpot|

Quand, en 1986-1987, Pierre-Marc Johnson cafouillait avec son « affirmation nationale », c’est Gérald Godin qui a sonné la charge aboutissant, dans les jours suivant le décès de René Lévesque, à la démission de Pierre-Marc Johnson et au retour en politique de Jacques Parizeau.

Aujourd’hui, près de 25 ans plus tard, c’est à titre posthume que Gérald Godin, par le entremise de l’excellent film portant son nom du réalisateur Simon Beaulieu, nous fournit le meilleur antidote contre la pensée de François Legault, qui, faut-il rappeler, appuyait Pierre-Marc Johnson en 1987.

En ces jours où on parle de courage et de gens qui se renient et qui renient leurs convictions, Godin le film arrive à point nommé. Quelle confiance que Godin démontre dans le peuple québécois quand, devant une foule nombreuse, il proclame, « Sans vous, je ne suis rien. Avec vous, nous pouvons tout! » Et de se rappeler comment il a sonné la charge contre Pierre-Marc Johnson : Assez, c’est assez, disait-il, les REA, les RÉER, les MBA – un peu de peu de contenu s’il vous plaît.

Quelle leçon de courage de le voir se battre avec conviction pour l’indépendance malgré une maladie affligeante jusqu’aux derniers jours de sa vie. Quel effet tonique de le voir refuser le cynisme politique ambiant et de garder vivants les rêves d’un peuple, plutôt que de succomber au cynisme et de mettre les rêves de côté — tout en demandant à tout le peuple de faire pareil — car, semble-t-il, seulement 45% seraient prêts à voter pour l’indépendance.

Une chance que les Godin, Lévesque, Laurin, Parizeau, Bourgault n’ont jamais raisonné comme le fait François Legault, eux qui ont gardé le cap alors que le peuple québécois était bien moins gagné à la cause qu’aujourd’hui.

Merci à Gérald Godin et au réalisateur Simon Beaulieu de nous le rappeler avec brio.

http://www.godin-lefilm.com/


|Sans vous, je ne suis rien. Avec vous, nous pouvons tout! 
2817|2880|Manchettes Mouvements_souverainiste|Gil Courtemanche se rallie à Legault|2011-02-28 08:04:13|Pierre Dubuc|

Gil Courtemanche intitule sa chronique dans Le Devoir, du samedi 26 février,« Legault : des questions au PQ ». On se serait attendu d’un chroniqueur, qui se prétend de gauche, qu’il pose plutôt ses « questions » à Legault. Mais non! Il se contente de qualifier son manifeste de « court catalogue de bonnes intentions et de propositions plutôt imprécises ».

Ce qui témoigne d’un biais peu banal. Tous les chroniqueurs y ont plutôt vu un « catalogue » de propositions de centre-droit.

Mais Courtemanche n’allait pas rater une si belle occasion d’utiliser Legault dans le combat qu’il mène depuis des lustres contre l’indépendance du Québec.

Feignant de prendre, lui aussi, l’air du temps, il demande aux indépendantistes d’avoir « le courage » de remettre en question leurs « certitudes anciennes » et de « prendre la mesure des désirs des citoyens, de l’évolution de leur état d’esprit et des changements survenus dans la société ».

Reprenant quasiment mot à mot les paroles de Legault, il écrit : « Ils sont nombreux les indépendantistes honnêtes et convaincus (sic!) qui ne croient plus que la poursuite de cet objectif est essentielle au développement et au progrès d’un Québec résolument et fièrement francophone. »

Il enchaîne : « Ce ne sont pas des traîtres, ni des désabusés sans convictions, ce sont tout simplement des gens qui ont évolué et changé d’idée ».

Chose certaine, Courtemanche, lui, n’a pas changé d’idée. En 2003, il publiait La Seconde Révolution tranquille, démocratiser la démocratie (Boréal) dans lequel il affirmait que « la question nationale a tué le PQ progressiste ».

Il invitait alors la gauche, qui allait plus tard former Québec solidaire, à renoncer à « cette obsession » qui la « la coupe d’une très grande partie de la société québécoise qui a défendu longtemps des valeurs de gauche » et il énumérait les anglophones pacifistes, les Grecs, les Portugais et « les non-indépendantistes francophones qui militent pour le progrès », un groupe dont il faisait manifestement partie.

« Pour qu’une gauche émerge au Québec, ajoutait Courtemanche, il faut nous recentrer sur le quotidien, le concret, l’immédiat, le gérable et le réalisable ». Il faut s’identifier, écrivait-il, à l’environnement immédiat, au quartier, à la ville car « cette identification ne se fait par le biais d’aucun prisme idéologique ; elle est pure et primaire, puisque le choix de cette collectivité ne nous est pas donné. »

On croirait entendre Legault qui parle, lui aussi, de se « recentrer sur le réalisable » et qui affirme ne s’identifier ni à la gauche, ni à la droite.

Au moins, à l’époque, Courtemanche écartait la question nationale au nom d’un programme de gauche. Aujourd’hui, il invite à la même démarche au profit d’un « catalogue de bonnes intentions et de propositions plutôt imprécises ».

Qui osera encore affirmer que le spectre politique ne se déplace pas vers la droite !



|Large front commun contre le mouvement indépendantiste
2818|2881|Accueil_Analyses Politique_Québec|La manipulation génétique de Charles Sirois|2011-03-01 07:25:07|Michel Bernard|

Le coéquipier de François Legault dans la Coalition pour l’avenir du Québec, Charles Sirois, a publié en 1999 Passage obligé, passeport pour l’ère nouvelle. Notre chroniqueur Bernard en avait alors fait la critique dans les pages de l’aut’journal. Nous reproduisons cette chronique.

Albert Jacquard, Ricardo Petrella, sans oublier Richard Desjardins, nous préviennent contre le saccage des ressources naturelles par les intérêts privés à courte vue. Un autre «  grand penseur », Charles Sirois, signe un livre prétentieux, Passage obligé, passeport pour l'ère nouvelle (1), prônant la gestion et l'État « organiques ». Serait-ce une nouvelle méthode de faire des affaires en respectant la vie ?

Le livre de Darwin L'origine des espèces au moyen de la sélection naturelle, était à peine sorti de l'imprimerie (1859) que riches et affairistes se décrivaient comme des êtres supérieurs résultant d'une sélection.

Progrès de la biotechnologie oblige, Sirois désigne les chefs d'entreprises comme des « codeurs génétiques » transmettant les gènes à l’«  organisme-entreprise » et aux « cellules-employées » dont il faut améliorer la réactivité, l'adaptabilité, la lecture de l'environnement. Il appelle cela « gestion organique » qu'il oppose à « gestion mécanique ».

Il scénarise l'anéantissement d'un ancien monde « mécanique » où l'offre déterminait la demande, par un monde nouveau où la demande détermine l'offre. Un monde déterminé présumément par les consommateurs « une espèce capricieuse, changeante, instable, toujours volage et infidèle (2) ».

La société organique

Pourquoi Sirois entretient-il cette fiction ? Le modèle d'adaptabilité biologique présume un environnement non planifiable par les entreprises : « Et la roue tourne sans arrêt, actionnée par une demande insatiable (3) ».

Les entreprises étant modelées par leur environnement, obéissant à la demande, sont disculpées des maux de la civilisation. Les affairistes n'ont pas à s'auto-discipliner, ils répondent objectivement à la demande.

McDonald s'infiltre dans les écoles pour répondre à la demande ; la demande insatiable de papier force les affairistes à couper à blanc même si la Commission mondiale sur les forêts prévoit une rupture du stock mondial de bois ; les fabricants d'armes ne font que répondre à la demande...

Or, les entreprises dépensent une grande partie de leur budget à créer des besoins qui sont des constructions à base de harcèlement publicitaire perpétuel. La vague des fusions témoigne d'un désir de contrôle, de réduction de la concurrence.

Le marché est un processus de destruction créatrice, un produit chassant l'autre dans un processus créant des besoins de plus en plus marginaux, une rareté dans l'opulence, les besoins premiers étant déjà satisfaits. Il est inutile de rappeler à un homme qui a faim son besoin de manger.

On dépense autant d'argent pour promouvoir un film que pour le produire. Sirois lui-même vient de s'associer à des entreprises de ventes pyramidales dont la stratégie agressive consiste à entrer dans les maisons en faisant vendre par la famille, le cercle des amis. Si ce n'est pas une stratégie d'offre pour créer la demande, c'est quoi ?

Quelques héros « organiques » de l'adaptabilité à la demande : « Coke avec ses 50 formats et sa douzaine de variétés…, Sony avec sa variété de 260 baladeurs…, Crest avec ses 55 variétés de dentifrice…, National Bicycle Co. et ses onze millions d'options sur ses gammes de bicyclettes » (4), Nike, Adidas, Lacoste, Benetton qui ont découvert le travail très bon marché comme d'autres ont découvert les bananes dans le tiers-monde et qui continuent de vendre le gros prix sur leur marché.

Sirois fait une apologie des compagnies qui ont su lire les changements de l'environnement technologique, qui ont su congédier à temps ou transférer aux salariés le risque des affaires tout en gardant le profit (sous-traitance, temps partiel sur appel qui se cache sous le concept d'adaptabilité).

L'État organique

Rongeant le même os, Sirois présente la volonté politique, l'État « mécanique » comme évidemment inférieur à l'État minimal « organique » qui s'en remet aux forces du marché.

Pour Sirois, « l'État n'a pas à s'attribuer un rôle dans la pièce où s'agitent les acteurs économiques » ; par exemple, l'État organique se limite à « créer les conditions favorables à une demande accrue d'électricité… (5) » plutôt que d'ériger un barrage et bien sûr facturer les clients.

Le gouvernement n'aurait pas dû intervenir dans l'affaire de l'épuisement des stocks de morue. «  Les pêcheurs de cette région auraient pu eux-mêmes aller aux sources, s'informer et prendre la décision appropriée (6). »

Les médias nous ont rapporté que les mêmes bateaux-usines, ayant liquidé la morue ici, sont rendus partout sur les côtes des autres pays et refont la même chose. Ces affairistes amateurs de gestion organique ont fait la lecture de leur environnement; une fois la ressource vidée à un endroit, ils sont partis dans d'autres écosystèmes faire la même chose; ils s'adaptent… en toute innocence bien sûr, poussés par la demande.

L'éducation-business

Que faire des millions de travailleurs sortis de la course effrénée, jetés hors des entreprises occupées à leur révolution technologique ? Sirois les appelle les esprits mécaniques, formés aux gestes répétitifs des chaînes de montage ; comment transformer des ouvriers-automates en travailleurs qui pensent? (7).

Par la généralisation de la gratuité de l'éducation ? Jamais de la vie ! Comme l'entreprise « organique » comprend que son profit futur est dans le savoir, les affairistes doivent s'approprier au plus tôt cette « marchandise » stratégique qu'est l'intelligence des jeunes. Ils ont déjà réussi à dévier la recherche universitaire vers leurs fins marchandes et ils s'infiltrent dans les écoles sous-financées.

Observez comment Sirois propose une stratégie de financement public des profits privés en rendant les étudiants captifs. L'État « organique » ne subventionnerait plus les universités qui deviendraient des « business » vendant leurs services aux étudiants-clients.

Les milliards d'argent public seraient plutôt « prêtés » directement aux étudiants, ce qui implique plusieurs dizaines de milliers de dollars pour un baccalauréat et au-delà du cent mille dollars pour aller jusqu'au doctorat.

Cela signifie que l'étudiant endetté « à vie » devrait choisir son éducation strictement en fonction des gains futurs qu'il anticipe sur le marché, ce qui revient à dire que le marché déterminerait les programmes (bien que le marché n'ait pas financé les études).

Plusieurs étudiants voudraient éviter cette incertitude et cette captivité en renonçant à l'université. Imaginez la réaction des étudiants de philosophie, sociologie, écologie, théologie, morale, etc., toutes ces disciplines qui ont justement la mission d'équilibrer les forces matérialistes de l'argent, qui ont charge de faire du monde autre chose qu'un vaste Wal-Mart : « Des artistes renommés comme Madona ou Elton John, ou encore des vedettes sportives adulés ont remplacé les anciens guides moraux… La multiplicité de ces modèles et des valeurs qu'ils charrient a rendu caduc l'attrait de la morale traditionnelle(9). » 

Ce livre est un paradoxe puisqu'il utilise le modèle de l'adaptation du vivant à son environnement pour prêcher le contraire : une folle course en avant, une croissance infinie dans la production-consommation qui est incompatible avec la dimension finie des écosystèmes et qui témoigne plutôt d'un instinct de mort conduisant à l'extinction.

Les compagnies ne sont pas des héros « organiques » survivalistes qui s'acharnent à répondre à une demande capricieuse et infinie; elles créent de toutes pièces des besoins de plus en plus marginaux, de la rareté dans un monde d'abondance avec une immense force de persuasion de plus en plus envahissante.

Le capital est d'ailleurs de plus en plus anonyme et irresponsable ne s'arrêtant qu'au rendement.

Le revenu minimum garanti selon Sirois

À partir d'une idée de faillite sociale causée par l’« excès de droits des citoyens » et dans le cheminement vers l'État « organique », Sirois prêche pour l'élimination des droits sociaux. Les citoyens devenus bénéficiaires de droits sociaux sont des créanciers de l'État et ils ne perçoivent plus les signes si vitaux du marché qui les obligeraient à évoluer.

« La gratuité scolaire, les allocations familiales, le régime des rentes et l'aide sociale… font partie du passif social … nous sommes techniquement en faillite sociale (10). » « Les régimes d'assurance-emploi et d'assurance-maladie et les autres bouées de sauvetage sociales n'ont pas été conçues à partir de paramètres d'espérance de vie aussi longue. » Il faut donc, selon Sirois, « repousser l'âge de la retraite et réduire les avantages sociaux (11) », comme l'envisagent les Américains, modèles à imiter sans réserve.

Pour les victimes de sa sélection naturelle, il suggère de remplacer tous les programmes sociaux, aide sociale, pension de vieillesse, régime de rentes par une somme annuelle imposable « correspondant au strict minimum pour assurer le pain et le gîte » qui irait à tout citoyen âgé de plus de 18 ans.

Sans suggérer de montant dans son livre, il parle d'une somme annuelle située sous le salaire minimum et au-dessus de l'aide sociale. En entrevue, il parlait de 5 000 $.

Or, les personnes seules pauvres ont actuellement un revenu moyen de 8 531 $ (51% du seuil de pauvreté) compte tenu d'un barème d'aide sociale de quelque 6 000 $. Les familles monoparentales pauvres ont actuellement un revenu moyen de 14 437$ soit 50% du seuil de pauvreté.

On peut calculer qu'avec une allocation universelle de 9 000$ par adulte et 4 500$ par enfant, le revenu moyen d'une famille monoparentale de deux enfants serait à quelque 22 000 $ soit 78% du seuil de pauvreté.

Alors où voulez-vous qu'ils aillent revirer avec le 5 000$ à Sirois pour adultes seulement ?

1. SIROIS, Charles, Passage obligé, passeport pour l'ère nouvelle. De la gestion mécanique à la gestion organique, Les Éditions de l'Homme, 1999.
2. Page 46.,
3. Page 80.
4. Page 49.
5. Page 138.
6. Page 130.
7. Page 18.
8. Pages 134 et suivantes.
9. Page 29.
10. Pages 133-134.
11. Pages 37-38.


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|Qu’ont fait Jean Charest et la délégation du Québec au Forum économique mondial ?
2821|2884|Accueil_Actualités|Québec, un gouvernement anglomane|2011-03-01 08:09:58|Impératif français|

Le gouvernement du Québec s’écrase, abdique sa responsabilité de promouvoir l’identité nationale québécoise par la défense et par la promotion de sa principale valeur, la langue française.

Impératif français s’inscrit en faux contre la vision et le projet du gouvernement du Québec d’anglicisation graduelle et systématique du réseau scolaire québécois - et demain, de l’ensemble du Québec.

Après l’enseignement de l’anglais à partir de la première année du primaire et le retour en force des écoles passerelles, c’est maintenant la défrancisation de 50 % du régime pédagogique de 6e année ! Jusqu’où nous conduira le délire anglomane du gouvernement du Québec ?

Alors qu’au Canada anglais le français recule et que l’enseignement du français y est réduit à une peau de chagrin,  au Québec notre gouvernement s’écrase et met la table non pas pour stopper les forces d’anglicisation, mais au contraire pour les multiplier !

Il faut que tout ceci cesse et cela urge !



|Il faut que tout ceci cesse et cela urge !
2822|2885|Société|Pierre Dubuc commente le Manifeste Sirois-Legault|2011-03-01 09:03:38|L'aut'journal|Pierre Dubuc commente le Manifeste Sirois-Legault. Entrevue enregistrée le 28 février 2011, dans le cadre de l'émission L'effet versant diffusée sur les ondes de CIBL 101,5 Radio-Montréal.





|Pierre Dubuc commente le Manifeste Sirois-Legault
2823|2886|Manchettes Mouvements_des_femmes Cinéma|Grace, Milly, Lucy… des fillettes soldates|2011-03-02 08:26:26|Ginette Leroux|

Raymonde Provencher débute à Télé-Québec et à Radio-Canada au cours des années 1970 comme journaliste-recherchiste aux émissions Femmes d’aujourd’hui, Ce soir, Science-réalité et L’Objectif. Aux commandes de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ) de 1982 à 1984, elle pilote une étude portant sur la situation de l’information internationale au Québec.

Ce qui l’amène tout naturellement à l’émission Nord-Sud, diffusée, dès 1983, sur les ondes de Télé-Québec. Avec Robert Cornellier et Patricio Henriquez, elle travaille à la conception et à la mise sur pied de l’émission. Douze années durant lesquelles son pain quotidien consistera à parcourir le monde pour y rapporter plus de cent reportages provenant d’une trentaine de pays en voie de développement.

En 1995, lorsque la société d’État décide de confier Nord-Sud à des producteurs privés, le trio d’experts n’hésite pas à tenter sa chance. Ils créent Macumba Doc. La maison de production a pignon sur rue depuis.

Désormais, la documentariste prend le pas sur la journaliste-reporter, sans toutefois refouler la globetrotteur. Avec War Babies… nés de la haine (2003), Le déshonneur des casques bleus (2007), Une mort insensée (2008), Raymonde Provencher poursuit une ligne directrice adoptée au début des années 2000, sur la violation des droits de la personne dans le monde enclenchée avec L’enfance assassinée (2000), La planète ravagée (2001) et Partir ou mourir (2007), trois documentaires de la série eXtremis.

Dans Grace, Milly, Lucy… des fillettes soldates, son tout dernier film, la réalisatrice donne la parole ces à trois jeunes femmes ougandaises, ex-fillettes soldates, qui ont connu les camps de l’Armée de Résistance du Seigneur dirigée par Joseph Kony, un chef de guerre illuminé qui, incapable d’enrôler des adultes consentants, privilégie le rapt d’enfants – 30% sont des filles – pour poursuivre sa guérilla contre le pouvoir en place. Elles racontent comment, après 7 mois de captivité dans le cas de Grace et 10 ans pour les deux autres, elles ont réussi à tromper la vigilance de leurs bourreaux et retourner chez elles. D’autres, moins fortunées, se sont vues ostracisées par leur famille ou chassées par les villageois apeurés par les machines à tuer qu’elles étaient devenues.

En 2005, démarre la recherche qui allait mener Raymonde Provencher et son équipe dans le Nord de l’Ouganda, zone limitrophe du Sud-Soudan. Après avoir inventorié les conflits existant, elle s’est rendue dans cette région africaine où se trouvait, non seulement la plus grande concentration d’enfants soldats mais aussi un nombre important de filles soldates.

LAJ. Comment êtes-vous entrée en contact avec ces femmes?

R.P. Débarquée à Kampala, les deux mains dans les poches comme à mon habitude, j’ai repris la route vers Gulu. Une journée entière à rouler sur des chemins mal entretenus. J’y ai rencontré Jessica Lenz, une chercheure américaine qui m’a dirigée vers Empowering Hands, un organisme qui vient en aide à quarante ex-fillettes soldates et à leurs enfants.

J’ai écouté les récits semblables et pathétiques de celles qui se sont présentées à l’entrevue. À la fin de ce processus, Milly s’est imposée. J’aimais son regard franc, la bonté qu’elle déployait auprès des filles qui avaient subi le même sort qu’elle. Lucy allait apparaître plus tard, encouragée par Milly.

LAJ. Quel était votre objectif?

R.P. Traiter de l’histoire des fillettes soldates m’intéressait, mais je voulais aller au-delà de leur drame. Ces fillettes n’avaient pas été enlevées seulement pour accomplir des tâches ménagères, comme cuisiner et faire la vaisselle, puisqu’elles recevaient, à l’égal des garçons, une formation de soldats.

Je voulais montrer le plaisir tout à fait humain du pouvoir grisant que peut découvrir une enfant de 9 ans qui a entre les mains une arme aussi puissante qu’une kalachnikov. N’y aurait-il pas, parmi elles, des victimes qui seraient passées au rôle de bourreaux avant de redevenir victimes au retour à la vie civile? Lucy correspondait parfaitement à ce profil.

LAJ. Qui était Lucy?

R.P. Lucy était loin d’être la jolie dame que l’on voit dans le film revenue à la vie normale, mariée et parée de tous ses atours. Celle que j’ai interviewée alors ressemblait plutôt à un petit garçon, les cheveux crépus très courts.

Assise, le regard fixe et les yeux vides, j’ai tout de suite senti, à sa façon sèche de répondre à mes questions, qu’elle cachait quelque chose de troublant. Au moment où je lui ai dit : Ton fusil, tu l’as aimé? Finalement, il t’a bien servie? Après un moment d’hésitation, elle a dit « oui ». Son petit air de défi ne mentait pas.

LAJ. Milly et Lucy sont au cœur de votre film. Parlez-nous d’elles.

R.P. Avec Milly, je réunissais les deux parties de la même histoire. Rassembleuse, elle agit à la fois comme la mère et la confidente auprès de ces filles revenues de l’enfer, et qui n’ont nulle part où aller. Par exemple, elle a choisi de ne pas exclure sa compagne de captivité et travaille à ses côtés au sein de Empowering Hands.

Malgré les souffrances qu’elle lui avait imposées, Milly a pardonné au bourreau, qu’était devenue Lucy, de l’avoir privée de nourriture alors qu’elle allaitait. Lucy battait les enfants et semait la terreur parmi ses camarades d’infortune. Maintenant elles sont des amies, leur hutte est reliée par un petit sentier qu’empruntent leurs enfants. Il faut dire que ces enfants ont les mêmes pères.

LAJ. Comment expliquez-vous le plaisir de faire souffrir chez l’une et la compassion chez l’autre?

R.P. Peut-être que Milly a développé son empathie envers les autres parce qu’on lui a donné des tâches humaines. L’ex-soldate soignait les blessés, extirpant les balles du corps des enfants. Elle aidait les filles à accoucher. Elle a pu, par ces gestes de compassion, développer ce côté humain. Lucy, la petite caporale, devait ramener les enfants à l’ordre, les battre, les priver de nourriture, les torturer s’il le fallait.

LAJ. Le rôle assigné à chacune a donc été déterminant.

R.P. En fait, je n’en sais rien. Les deux fillettes recevaient des ordres. Les deux tuaient. Une plus que l’autre parce que, pendant que Milly soignait les blessés, elle ne pouvait pas, en même temps, tenir une kalachnikov. Elles devaient également assurer leur survie. Pour se nourrir, elles attaquaient les villages du Sud-Soudan – ceux qui, en ce moment, votent leur indépendance – et qui, en plus de leurs multiples malheurs, devaient subir ces hordes d’enfants affamés qui menaçaient de les tuer.

LAJ. Qui sont ces habitants sud-soudanais?

R.P. Les Dinkas représentent une population extrêmement pauvre. Mes nombreux voyages en Afrique m’ont permis de constater que la population du Sud-Soudan est parmi les plus démunies. Les vêtements qu’ils portent n’en sont pas, ce sont pratiquement des lambeaux. Le petit peu qu’ils possèdent, ils se le font prendre par des enfants qui, eux aussi, n’ont rien. Ce sont des situations extrêmes et pénibles.

LAJ. Après leur témoignage, une fois la caméra éteinte, quelle a été la réaction des deux femmes?

R.P. Lucy a versé des larmes en racontant son histoire dans le film. Elle pleure parce qu’elle est toujours prisonnière de ses fantômes. Les assassinats qu’elle a commis, et dont elle sait qu’elle n’est pas coupable, restent collés à sa mémoire. Sa conscience ne lui pardonne pas ce qu’elle a fait. Après son témoignage, Milly a aussi pleuré au souvenir de cette guerre qui a tout détruit dans sa famille; son père ne s’en est jamais remis, un de ses neveux est mort. Une guerre qui a aussi miné le tissu social.

Il est rare de voir s’épancher les femmes africaines qui, en règle générale, ne pleurent pas beaucoup. Ce n’est pas dans leurs mœurs, sauf pour des choses de cet ordre-là. Ce qui m’est apparu le plus troublant, ce sont les silences. Les non-dits sont souvent très révélateurs. Je pense, entre autres, à la scène où Lucy et sa mère sont assises côte à côte. La mère dit que sa fille ne peut pas avoir tué des gens parce qu’elle a trop bon cœur pour ça. Le regard silencieux de Lucy exprime toute la difficulté du retour à la vie dite « normale ». Il en dit long sur l’incompréhension et le mur du silence qui font écran entre la mère et la fille. Lucy préfère se taire, car la vérité tuerait sa mère. Garde le silence et débrouille-toi avec tes cauchemars et tes fantômes. Ces femmes sont, à la fois, victimes et prisonnières de leur passé. Souvent, elles trouveront, dans les rites vaudou, le réconfort et la paix intérieure. Milly s’en sort mieux que Lucy qui, continuellement en détresse, lutte contre les démons du passé.

LAJ. Grace, Milly, Lucy… des fillettes soldates est un film très émouvant qui m’a laissé pantelante. Au cours du tournage, vous arrivait-il de vous laisser atteindre à l’écoute de tant d’horreurs? Éprouviez-vous un sentiment d’impuissance?

R.P. Le viol en temps de guerre, les enfants qui naissent de ces viols, l’ostracisme dont ils sont victimes, les enfants qu’on enrôle, les casques bleus qui commettent des crimes, l’inégalité, le traitement qu’on réserve aux femmes encore, sur les trois-quarts de la planète, sont tous les matins une préoccupation pour moi. Ces sujets m’indignent et m’insupportent, me scandalisent et m’horrifient.

Oui, ça vient me chercher. Je suis troublée par l’histoire de Grace, Milly et Lucy, il m’arrive de pleurer, de passer des nuits blanches, mais je sais que jamais je ne pourrai ressentir autant qu’elles le drame qu’elles ont vécu. C’est vrai que ça me rentre dans le corps, mais mon rôle à moi, c’est de leur prêter une voix pour qu’elles puissent se faire entendre et, peut-être, que de petites choses commenceront à changer.

Par contre la peur, je l’ai ressentie. À Gulu. Dans cette ville, il n’y a aucune sécurité. La nuit, les bandes armées rôdent. Pas de téléphone, pas de police, des gens qui veulent te faire chanter. Je n’avais aucun recours si on m’attaquait. Une peur viscérale m’a complètement assaillie. Le sentiment d’impuissance et de vulnérabilité présent dans le film, je l’ai ressenti.

LAJ. Croyez-vous que le documentaire est un bon outil de dénonciation?

R.P. Je ne crois pas qu’un film change le monde. Je crois à l’étincelle qu’il provoque. Grace va accompagner ce film aux États-Unis. Elle l’a déjà présenté à Washington. Malheureusement, elle n’a pas pu venir au Canada parce que, n’étant munie que d’un visa d’étudiante américain, elle ne voulait pas risquer qu’on lui interdise d’y retourner. On espère le présenter aux Nations Unies, à la Banque Mondiale et dans les forums sur le développement à New York. Pour que ces gens, qui sont présents sur le terrain, comprennent la réalité de ces filles, qu’ils les écoutent et soient plus aptes à répondre à leurs besoins.

Le film War Babies…nés de la haine remplit cette mission auprès de Médecins Sans Frontières. Il sert également à la La Croix Rouge Internationale pour former les intervenants de première ligne après un conflit, spécialement lorsqu’ils reçoivent des femmes violées ou enceintes, et pour mieux comprendre les drames qui en découlent.

LAJ. Sur quel projet planchez-vous en ce moment?

R.P. Les crimes d’honneur qu’on appelle maintenant violences d’honneur. Nous sommes à l’étape du tournage. Je suis les chemins de l’immigration dans trois pays, l’Allemagne, la Suède et le Canada, parce que c’est souvent comme ça que le crime d’honneur est entré dans ces pays. J’explore la façon qu’a chacun de ces pays de se positionner par rapport à cette situation.

Le phénomène est assez récent au Canada, mais il prend de l’ampleur. Un travail de sensibilisation s’impose. Dans ce film, j’essaie d’expliquer l’origine de cette pratique dans ces pays, quelle est l’attitude qu’ils ont adoptée, quels ont été leurs égarements et les erreurs à éviter pour le Canada.



|Entrevue avec la cinéaste Raymonde Provencher
2824|2887|International Manchettes|Pierre Péan chasse la brume cachant les guerres secrètes en Afrique|2011-03-02 08:37:52|Robin Philpot|

(Pierre Péan s’entretiendra avec Robin Philpot de 13 h à 14 h sur les ondes de CIBL 101,5 le lundi 7 mars – www.cibl1015.com)

Pierre Péan a mis les pieds en Afrique pour la première fois en 1962, dans la foulée des libérations, mais aussi dans la foulée d’une nouvelle sorte de domination qu’on a fini par qualifier de néo-colonialisme, dont le lâche assassinat en 1961 de Patrice Lumumba, libérateur du Congo, est devenu le symbole.

Au moins douze des trente livres que Pierre Péan a publiés depuis ce temps, portent sur l’Afrique et particulièrement sur la politique française en Afrique mais aussi, à un moindre degré, sur celle des autres pays grandes puissances.

Nombreux sont ceux qui le placent parmi les plus grands journalistes d’enquête au monde. Il réunit toutes les qualités de l’écrivain limpide et incisif à celles du journaliste rigoureux et sans complaisance, dont les sources, principalement documentaires, sont toujours fiables, et dont le carnet d’adresse est n’a pas d’égal.

C’est grâce à ce parcours incomparable qu’il a pu s’attaquer à un sujet aussi complexe et périlleux, mais ô combien important, que celui des guerres secrètes que les grandes puissances ont menées en Afrique depuis la fin de la Seconde guerre mondiale.

Carnages, Les guerres secrètes des grandes puissances en Afrique (Fayard, 2010) n’est pas seulement un tour de force par l’ampleur de la matière traitée mais aussi par les révélations sur des événements que l’on pense, souvent à tort, connaître.

Parmi celles-ci, les plus importantes concernent, à notre avis, le rôle d’Israël dans les guerres et les joutes de pouvoir qui ont laissé tant de morts sur le continent.

À titre d’exemple, peu après que le Général de Gaulle a commencé à parler en 1959 de l’autodétermination de l’Algérie, David Ben Gourion, premier ministre d’Israël, a essayé de convaincre de Gaulle, ainsi que tous les fonctionnaires français d’adopter sa solution : la partition de l’Algérie pour faire en sorte qu’il y ait une population française permanente le long de la Méditerranée qui serait alimentée par l’émigration de la France vers l’Algérie d’un million de Français.

Lors de sa deuxième tentative de convaincre de Gaulle, ce dernier lui a répondu : « Ma foi, vous essayez de créer un nouvel Israël en Algérie! » Il faut ajouter qu’Israël voulait être récompensé pour des attentats commis par le Mossad contre des dirigeants du FLN algérien pour le compte de la France.

Cette recherche d’une « profondeur stratégique » de la part de l’État hébreu expliquerait beaucoup son implication dans la politique et les guerres africaines, du Caire au Cap et de Djibouti à Dakar.

C’est sous cet angle qu’il faut regarder les bouleversements au Soudan, le plus grand pays de l’Afrique. Péan cite une conférence d’Avi Dichter, ministre israélien de la Sécurité intérieure, prononcée en Hébreu à l’Institut de sécurité, en septembre 2008.

Traitant du Soudan et de sa région le Darfour, il dit : « Pouquoi cette ingérence? Parce qu’il y a un lien avec la question palestinienne (…) Il est important que le Soudan n’arrive pas à se stabiliser durablement. Important qu’Israël ait maintenu le conflit au Sud-Soudan pendant trois décennies, et qu’il le maintienne maintenant dans l’ouest du Soudan [Darfour]. (…) Il faut jouer sur les conflits ethniques et confessionnels, poursuit Dichter, et prolonger ainsi la profondeur stratégique d’Israël. C’est ce qu’a résumé Gloda Meir quand elle s’est saisie du dossier en 1967. : ‘Il faut affaiblir les pays arabes dans leurs potentialités’ ». Pour y arriver le patron de la Sécurité intérieure, Dichter, propose divers moyens alternés, « tantôt la force, tantôt la diplomatie, tantôt les moyens de la guerre secrète. »

Mais Pierre Péan démontre aussi avec brio que les chefs d’orchestre des guerres secrètes en Afrique depuis plus de 20 ans se trouvent, non pas à Paris, ni à Londres, ni à Jérusalem, malgré leurs intérêts et interventions respectifs, mais à Washington.

Son portrait de Roger Winter, directeur depuis 1980 de la nébuleuse ONG US Committee For Refugees et homme à tout faire de Washington en Afrique, donne froid dans le dos. Mais surtout il aide à comprendre les terribles guerres, toujours en cours, qui ont mis l’Afrique centrale à sac, de Kampala, en Ouganda, à Kinshasa, au Congo.

Les lecteurs québécois seront très intéressés par les détails fournis sur le rôle du Canada dans ces guerres meurtrières. Comment Jean Chrétien, et son neveu Raymond Chrétien, alors ambassadeur du Canada aux États-Unis ainsi que le général Maurice Baril, ont sacrifié des millions de réfugiés rwandais et de congolais pour satisfaire les visées stratégiques de Washington au Congo.

Bref, ils ont manigancé avec l’administration Clinton pour qu’aucune force d’interposition n’intervienne au Congo (l’ex-Zaïre) en novembre 1996, laissant ainsi la voie libre au Rwanda, soutenu par Washington et Londres, pour envahir ce pays et tuer des centaines de milliers de Rwandais, surtout des femmes en enfants en fuite, ce qui a abouti à la prise du pouvoir à Kinshasa.

Et dans cette guerre, Israël n’est jamais loin. Plusieurs avaient remarqué que le président rwandais Paul Kagamé a visité Israël à l’automne 1996 pour rencontrer le premier ministre Netanyahou peu avant l’invasion de l’ex-Zaïre en novembre 1996.

Pierre Péan explique pourquoi. En fait, Kagamé s’était rendu auparavant à Washington pour préparer l’invasion. Là on lui a conseillé d’aller en Israël pour s’assurer de la neutralité du Mossad (services secrets israéliens) qui s’occupait de la sécurité du président Mobutu de Zaïre.

Les lecteurs québécois seront également intéressés d’apprendre de qui relevait vraiment celui qu’on a érigé en héros international, Roméo Dallaire, au Rwanda au printemps de 1994.

Selon Pierre Péan, « les ‘grandes oreilles’ françaises, basées sur l’île de la Réunion, dans l’océan indien, (lire les services secrets), détectent que le général Dallaire, patron des Casques bleus, envoie ses ordres d’opération, avec demande de directives, non pas à ses supérieurs de l’ONU, à New York, mais au lieutenant Daniel Schroeder, patron américain de l’opération prétendument humanitaire baptisée Support Hope, avec copie au lieutenant-colonel, Jim Anderson, qui est à l’ambassade américaine récemment rouverte à Kigali. Dans les faits, poursuit Péan, Dallaire est passé sous commandement américain, Washington considérant Boutros Boutros-Ghali, le secrétaire général de l’ONU, comme inféodé à la France. »

Carnages, Les guerres secrètes des grandes puissance en Afrique est un livre passionnant, bien écrit et essentiel pour comprendre les 50 dernières années en Afrique mais aussi dans les grandes capitales de l’Europe et de l’Amérique.

Carnages, Les guerres secrètes des grandes puissances en Afrique
Par Pierre Péan
Fayard, 2010
572 pages
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|Une fois la brume dissipée, on aperçoit Israël et Washington
2825|2888|Accueil_Actualités|Le triomphe du voyou|2011-03-02 08:43:29|Jean Lefebvre|

Quand je lis certains commentaires mettant tout le blâme sur le syndicat pour son refus de comprendre que toute l'industrie change, ça me fait bien rire. Ce n'est quand même pas le syndicat qui a décrété le lock-out au JDM! Si on doit faire un reproche à la CSN, c'est celui de ne pas avoir été assez combatif.

Je vous rappelle que le JDM était rentable avant le déclenchement du lock-out et que les travailleurs étaient prêts à faire d'importantes concessions. Ce sont près de 200 employés (75% des effectifs du JDM, pas 10, 15 ou 20%) qu'on a mis à la porte.

Il est clair que PKP voulait se débarrasser des employés syndiqués et que tout cela a été planifié de longue date.

Cette victoire n'est pas seulement celle de PKP. C'est celle des Charest, Dumont, Duhaime, Bouchard et sans doute Legault. Comme ils doivent trépigner de joie. Enfin un patron qui ne craint pas de faire à sa guise!

De plus, le gouvernement (i.e nous, les contribuables) est même prêt à lui faciliter la tâche pour qu'il puisse avoir son petit joujou à Québec. 200M$ pour lui permettre de s'installer dans un amphithéâtre flambant neuf avec son équipe de hockey et toutes ses propriétés médiatiques (TVA, vidéotron et cie).

Et la ville de Québec qui est prête à en faire autant. En même temps, le gouvernement Charest ne cesse de nous dire qu'il doit absolument sabrer dans ses dépenses pour atteindre l'équilibre budgétaire d'ici trois ans.

J'y pense, c'est pas au Grand Théâtre de Québec qu'on peut lire cette phrase sur une murale: Vous êtes pas tannés de mourir, bande de caves!


|PKP doit rire dans sa barbe
2826|2889|Accueil_Actualités|Une « révolution culturelle », prétend Bachand.|2011-03-03 07:55:18|L’Intersyndicale des femmes|

À l’aube du prochain budget du gouvernement Charest, il est clair que ce dernier s’apprête à poursuivre son opération de déconstruction des services publics et à maintenir les mesures de tarification qu’il a adoptées dans son dernier budget, pompeusement placé à l’enseigne d’une « révolution culturelle ». Pour l’Intersyndicale des femmes, l’expression « révolution contre elles » serait plus appropriée puisque les mesures proposées ont des impacts majeurs sur les femmes.


Les services publics : les femmes n’ont pas les moyens de s’en priver

Les femmes sont déjà particulièrement affectées par ces mesures et elles le seront encore davantage. Pour bon nombre d’entres elles le parcours vers l’égalité ne pourra qu’être compromis.

Après lecture du rapport La révolution tarifaire au Québec, l’Intersyndicale des femmes a demandé à l’Institut de recherche et d’informations socio-économiques (IRIS) de se pencher sur le cas des familles monoparentales.

Les données obtenues démontrent qu’avec un revenu après impôt de 25 000 dollars, elles devront affecter près de 20 % de leur revenu au paiement de tarifs (de frais de santé, d’électricité, de services de garde), soit une hausse de 6,3 % alors que les familles avec deux parents ayant un revenu après impôt de 194 500 dollars n’y consacreront que 3 %1.

De plus, le démantèlement de l’État se fait sur le dos des femmes. Non seulement travaillent-elles en majorité dans le secteur public mais elles sont aussi de grandes utilisatrices de ses services (soins de santé, services de garde).

En outre, elles pallient de plus en plus les lacunes de ces services en s’occupant de leurs proches (enfants, parents). Tout ceci se fait au détriment de leur propre santé et de leur autonomie financière, présente et future.

Toutefois, l’argument martelé pour justifier cette dite révolution, soit le manque de ressources de l'État, n’est pas une fatalité comptable. Plusieurs avenues pourraient être explorées si nos élus avaient la volonté politique de maintenir des services publics de qualité. Instaurer un quatrième palier d’imposition, par exemple à un taux de 28 % pour les revenus les plus élevés (soit 127 000 dollars et plus), permettrait de récupérer 950 millions de dollars.

Des mesures de contrôle du coût des médicaments, pour leur part, permettraient d’économiser jusqu’à un milliard de dollars par année. Lorsqu’on se donne la peine d’explorer d’autres options, on réalise qu’il existe des moyens de renflouer les coffres de l’État sans piger dans les poches des personnes les plus économiquement vulnérables.

L’Intersyndicale des femmes a présenté ses recommandations récemment en commission parlementaire dans le cadre du bilan du plan d’action 2007-2010 « pour que l’égalité de droit devienne une égalité de faits ».

Elle a souligné à la ministre Christine St-Pierre l’incohérence existant entre les déclarations publiques du gouvernement en faveur de l’égalité pour les femmes et les décisions budgétaires qui minent les efforts des femmes et des citoyens les plus vulnérables.

Nous attendons de notre gouvernement qu’il fasse preuve de cohérence. Nous ne voulons pas de sa « révolution culturelle ». Il doit agir concrètement pour que toutes et tous, sans égard aux revenus, aient un véritable accès à la santé, à l’éducation, aux services de garde et aux services essentiels, car nous sommes et serons toujours en action, pour le respect de nos droits !


Ont signé cette lettre :

Marie-Claire Baigner, Jeanne Bouchard, Michèle Boisclair, Louise Chabot, Élaine Giroux, Lucie Grandmont, Geneviève Lantier, Micheline Laplante, Chantal Locat, Renée Rodrigue, Monique Voisine.

L’Intersyndicale des femmes est composée de l’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS), de la Centrale des syndicats démocratique (CSD), de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ), du Syndicat de la fonction publique du Québec (SFPQ), du Syndicat des professionnelles et des professionnels du gouvernement du Québec (SPGQ).

1 L’étude est basée sur la méthodologie utilisée dans La révolution tarifaire au Québec, rapport de recherche de l’IRIS, octobre 2010. Y sont pris en considération les tarifs annoncés dans le budget Bachand, soit les frais de santé, d’électricité, de services de garde. L’impact du ticket modérateur en santé est inclus, même si par la suite le gouvernement a annoncé qu’il abandonnait cette mesure.



|Plutôt une révolution contre elles
2827|2890|Accueil_Actualités|Old Harry : Négociations secrètes entre Ottawa et Québec|2011-03-03 08:05:19|L’aut’journal|

La Coalition Saint-Laurent interpelle les gouvernements du Québec et du Canada afin qu’ils soumettent la création d’un Office Canada-Québec sur les hydrocarbures extracôtiers à un examen public approfondi. La Coalition souligne que d’importantes commissions indépendantes, mises sur pied aux États-Unis et à Terre-Neuve, ont récemment remis en question la capacité de tels offices d’assurer la sécurité des opérations et la protection de l’environnement.

La Coalition demande au gouvernement du Québec de conditionner la signature de toute entente avec le fédéral aux résultats de sa propre Évaluation environnementale stratégique (ÉES) en cours et à un examen public afin de permettre sa bonification.

La Coalition croit urgent d’intervenir alors que tout semble indiquer que la création d’un tel office sera annoncée à brève échéance. Les commentaires récents de la ministre Nathalie Normandeau à l’effet que les négociations avec le fédéral allaient « très, très, très bien » et le message inaugural de Jean Charest la semaine dernière qui parlait « de conclure, dans les meilleurs délais, une entente avec le gouvernement fédéral » laissent entendre que la signature d’une entente est imminente.

« Nous interpellons les ministres Nathalie Normandeau et Christian Paradis pour qu’ils conditionnent la signature de toute entente à une consultation publique » a affirmé Danielle Giroux d’Attention FragÎles.

La Coalition Saint-Laurent rappelle que des commissions indépendantes au Canada et aux États-Unis, dont la Commission Wells à Terre-Neuve et la National Commission on the BP Deepwater Horizon Oil Spill and Offshore Drilling aux États-Unis, ont conclu que le fait de confier à une seule agence le mandat de promouvoir le développement économique de cette filière, tout en assurant efficacement la protection de l’environnement et la sécurité des opérations, créait un conflit d’intérêts qui devait être corrigé.

« La structure actuelle des offices les rend à la fois juges et parties dans le développement de l’industrie pétrolière en milieu marin, situation qui a directement mis en cause la sécurité des opérations pour la protection des travailleurs et des écosystèmes » a affirmé Christian Simard de Nature Québec.

Selon la Coalition, le rapport de la Commission Wells a complètement discrédité l’Office Canada-Terre-Neuve-et-Labrador des hydrocarbures extracôtiers (l'Office) en remettant en question sa capacité d’assurer la sécurité des travailleurs et des opérations pétrolières en milieu marin.

Ce rapport confirme également que la création d’une structure indépendante à l’Office est nécessaire pour assurer la sécurité des installations pétrolières extracôtières et la protection de l’environnement.

« Les offices doivent minimalement passer le test des récentes commissions d’enquête, ce qui implique la création d’agences indépendantes pour assurer la sécurité des opérations et la protection de l’environnement » a ajouté Karel Mayrand de la Fondation David Suzuki. Rappelons que la Commission Wells avait été mise sur pied suite au naufrage en mer d’un hélicoptère de transport de personnel et au décès de 17 personnes en 2009.

La Coalition juge qu’avant toute création d’un nouvel office des hydrocarbures extracôtiers, de profondes réformes doivent être engagées afin d’assurer la sécurité des installations, des travailleurs et la protection de l’environnement.

En plus des défaillances notées dans le rapport Wells, l’Office Canada-Terre-Neuve-et-Labrador des hydrocarbures extracôtiers peut se soustraire à la Loi d’Accès à l’information et à l’examen du vérificateur général de Terre-Neuve. « Il est inconcevable que l’agence responsable de la sécurité des opérations pétrolières dans le golfe ne soit pas soumise aux plus hauts standards de transparence, de contrôle et de supervision par les organismes gouvernementaux appropriés » a renchéri Patrick Nadeau de la SNAP.



La Coalition Saint-Laurent regroupe 50 organismes et associations issus de secteurs économiques variés et près de 1000 individus. Les membres de la Coalition demandent que soit décrété un moratoire sur l'exploration et l'exploitation des hydrocarbures dans l'ensemble du golfe du Saint-Laurent.



|La Coalition Saint-Laurent demande un examen public approfondi
2828|2891|Manchettes Mouvements_syndical|Wisconsin : la population américaine appuie les syndiqués|2011-03-03 08:08:13|Maude Messier|

Le Wisconsin est l’hôte d’incessantes manifestations depuis maintenant trois semaines. Des dizaines de milliers de manifestants déferlent dans les rues de Madison, capitale de l’État, certains ont même occupé le Capitole pour protester contre le projet de loi budgétaire du gouverneur républicain Scott Walker.

Des syndicalistes canadiens et québécois ont traversé la frontière pour apporter un soutien tangible à leurs collègues américains.

Au Wisconsin, M. Walker prêche pour la responsabilité fiscale, alléguant que des compressions budgétaires s’imposent pour combler le déficit budgétaire du Wisconsin qui s’élève à environ 3,6 milliards $ pour la période 2011-2013. Son projet de loi vise notamment à sabrer dans les salaires, bénéfices et avantages sociaux des syndiqués du secteur public, à abolir la perception automatique des cotisations syndicales, à restreindre le droit à la négociation collective.

De plus en plus nombreuses, les voix qui s’élèvent contre cette attaque anti-syndicale – qui n’est pas sans rappeler, par son ampleur, le licenciement des contrôleurs aériens par Ronald Reagan au début des années 1980 – trouvent écho et appui dans la population.

C’est que la détermination du gouverneur Scott Walker à aller de l’avant pourrait bien faire boule de neige. Les gouverneurs d’autres États ont déjà signifié leurs intentions de suivre ses traces, ce qui n’a pas manqué de soulever un tollé d’un bout à l’autre du pays.


Statistiques favorables aux syndiqués

Un récent sondage effectué conjointement par le New York Times et CBS News révèle que la majorité des Américains appuient les syndiqués du secteur public et s’opposent au projet de loi du gouverneur Walker.

Ce n’est pas tant la cote de popularité des syndicats qui est en cause, mais le fait que la population voit d’un mauvais œil le fait de couper dans le salaire et les avantages sociaux d’une catégorie de travailleurs pour remédier au déficit de l’État (56% contre) et, surtout, le fait de restreindre arbitrairement leur droit à la négociation collective (60% contre).

Mieux encore, si le discours des gouverneurs appuyant les démarches de M. Walker est basé sur la prétention que les employés du secteur public sont surpayés et qu’ils bénéficient de trop généreuses pensions et de multiples avantages sociaux, 61% des répondants estiment toutefois que les conditions de travail de ces salariés sont «correctes» ou «trop basses», compte tenu du travail qu’ils accomplissent.

Interrogés sur les mesures à prendre pour réduire le déficit, les répondants préfèrent même, dans une proportion de deux pour un, une hausse des taxes aux coupures dans les bénéfices des travailleurs de l’État.

45% des répondants estiment que les coupures de salaires et de bénéfices de même que les atteintes aux droits des travailleurs du secteur public préconisées par certains gouverneurs visent à réduire les déficits budgétaires.


41% jugent toutefois qu’il s’agit plutôt d’une manœuvre politique visant à réduire le pouvoir des syndicats. Il s’avère également que 48% des répondants sont d’avis que les syndicats n’exercent pas un trop grand pouvoir dans la sphère politique.

Autre fait intéressant, plus le salaire est élevé, plus les répondants sont en faveur de coupures à l’endroit des employés de l’État. Dans la tranche de ceux dont le salaire annuel s’élève à 100 000 $, 45% se sont prononcé en faveur des coupures. Cette proportion tombe à 35% pour ceux dont le salaire se situe entre 15 000 $ et 30 000 $.

Le sondage téléphonique a été effectué entre le 24 et le 27 février 2011. 984 Américains ont été sondés à travers les États-Unis. La marge d’erreur est d’environ 3%.


Les syndicats canadiens et québécois en appui et aux aguets

Bien entendu, les soulèvements chez les voisins du Sud sont suivis de près par les syndicats canadiens et québécois. « Les employés du secteur public ne devraient pas subir les frais de la crise financière dont ils ne sont pas responsables. Nous sommes ici pour dire que les travailleurs canadiens observent ce qui se passe. Nous n'accepterons pas ce genre de traitement au Canada ou ailleurs dans le monde », a affirmé John Gordon, président de l'Alliance de la fonction publique du Canada, dans un communiqué publié samedi dernier.

Une délégation constituée de représentants de trois syndicats pancanadiens s’est jointe aux manifestants la fin de semaine dernière. L’Alliance de la fonction publique du Canada (AFPC), le Syndicat canadien des communications, de l’énergie et du papier (SCEP) et le Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP) représentent ensemble 750 000 employés du secteur public.

« Utiliser la récession actuelle et une majorité républicaine à l'assemblée législative et au Sénat pour éliminer les droits fondamentaux d'employés dévoués du secteur public est totalement injustifié », a fait savoir le président national du SCFP, Paul Moist.

Le radicalisme et l’entêtement du gouverneur Walker cachent bien mal les intentions politiques sous-jacentes à son projet de loi. Comme le soulignait avec éloquence Paul Krugman dans sa chronique du New York Times le 20 février dernier (notre traduction) : « Ce qui se passe dans le Wisconsin n’est pas à propos du budget, peu importent les prétentions de M. Walker sur la responsabilité fiscale. Il s’agit plutôt d’une question de pouvoir. » Il ajoute que tous ceux qui croient qu’un contrepoids politique à la domination du «political power of big money» est essentiel devraient également se ranger du côté des manifestants.

Krugman souligne que les syndicats constituent le seul groupe de défense des intérêts de la classe moyenne. « Si les États-Unis sont devenus de plus en plus oligarchiques et de moins en moins démocratiques au cours des trente dernières années, c’est en grande partie dû au déclin du mouvement syndical dans le secteur privé. »

En principes, si tous les Américains sont égaux en droits, possédant chacun un poids politique égal, en pratique, « certains sont plus égaux que d’autres ». Les milliards en provenance des intérêts privés et des industries nourrissent grassement le lobbying et financent les « think tank » idéologiques au service des politiciens. Les syndicats, spécialement ceux du secteur public, constituent à cet effet le principal rempart contre cette oligarchie politique.

Les soulèvements du Wisconsin prennent donc les airs d’une bataille à finir entre le mouvement syndical et le pouvoir économique sur fond de crise budgétaire. Impossible de ne pas constater que les prémisses du scénario semblent déjà écrites pour le « remake » québécois de cette production américaine.

À lire également : Comment un journaliste américain a piégé un politicien républicain

Photo: Flickr - WisPolitics.com - cc)

|Des syndicalistes canadiens et québécois en appui et aux aguets
2829|2892|Manchettes Région|L’anti syndicalisme fait rage|2011-03-03 08:12:10|Pierre Demers|

L’auteur est cinéaste et poète. Il habite Arvida

Pendant qu’ailleurs sur la planète (Ce temps-ci en Afrique du Nord), les dictateurs (Le pire, Kadhafi enfin en Libye se cherche une oasis dans le Sahara), les tenants de la ligne droite mangent leur claque au grand plaisir de bien du monde, ici en Occident, près d’ici encore dans notre beau Canada coast to coast et dans la belle province, les défenseurs de la loi et l’ordre s’imposent de plus en plus.

Se permettent même de faire des projets pour notre bien-être. À la limite de déclencher (bientôt?) des élections pour grossir leurs rangs avec des anciens éditorialistes de droite. Qu’est-ce qu’on a fait au petit Jésus pour que ces politiciens d’un autre âge poussent comme ça subitement comme du chiendent ?


Pourtant on ne lui parle plus depuis longtemps à ce petit Jésus après s’en être débarrassés péniblement il y a quelques décennies. Pour l’amour du bon Dieu, ils (Les patrons qui touchent des bonis) vont-tu nous forcer à porter des cravates comme eux et à nous convaincre que la richesse peut se répandre comme la mayonnaise sur une sandwich aux tomates chez le premier pauvre venu ?


L’anti syndicalisme fait rage

Les signes ne manquent pas. Le courant anti syndical coule de plus en plus fort dans notre beau coin de pays. Deux exemples parmi tant d’autres, la course au cheap labor (Pardon… à la sous-traitance) chez Rio Tinto Alcan et le règlement de cul au Journal de Montréal devant l’indifférence de tout le monde cette fin de semaine.

Sur la rue Dubose (Ou du boss ?) à Arvida le 22 février, l’entreprise Théberge et Belley a fait appel à la Sureté municipale (Ça sert à ça la police : maintenir le pouvoir en place) pour éloigner les manifestants qui protestaient contre la nouvelle politique de cet employeur qui offre des conditions de travail aux électriciens inférieures à ce qu’on retrouve habituellement dans la construction ((SRC, 22 février). La course aux contrats chez Rio Tinto Alcan semble provoquer cette descente vers le bas des salaires et des conditions de travail des petits entrepreneurs régionaux en quête d’une bonne réputation auprès de la multinationale australienne.

Ce n’est évidemment que la partie visible de l’iceberg cette course au cheap labor. Depuis son installation dans la région, RioTinto Alcan essaie par tous les moyens et avec la complicité du milieu des affaires locales de nous faire croire que la seule façon de nous enrichir c’est de couper dans le gras, c’est à dire, dans les salaires des… travailleurs évidemment, pas dans ceux des gestionnaires et des patrons.

On sait ce qui se passe à l’usine d’Alma et le chantage exercé à celle de Jonquière pour prolonger la convention collective jusqu’en l’an 3000…

Cette manifestation spontanée et la réalité économique qui l’entoure n’ont pu être commentées par les principaux intéressés, soit l’entreprise Théberge et Belley et RioTinto Alcan. Ceux-ci préférant garder le profil bas dans la course aux contrats à bon marché.

En refusant de commenter la réaction des ouvriers, ils avouent que cette course existe et qu’elle semble pour eux incontournable. Les politiciens locaux et les présidents de chambres de commerce eux aussi tiennent ça mort. Ils ne veulent pas s’avancer sur un terrain glissant comme celui-là.

Le chantage exercé par Rio Tinto Alcan depuis quelques mois fait partie d’une stratégie antisyndicale évidente. Quand l’économie, l’industrie va mal c’est toujours la faute des syndicats qui en exigent trop. Et quand on veut la relancer, on demande aux travailleurs de faire encore plus de concessions.

Le monde avale d’une gorgée ce discours patronal et réactionnaire. Les médias y adhèrent aussi. Les syndicats ont mauvaise presse de toute façon. Plus particulièrement dans le domaine de la construction.

C’est vrai que les scandales à la FTQ n’ont pas contribué à défendre la réputation syndicale depuis quelques années. Mais les entrepreneurs, les politiciens élus de touts les paliers de gouvernement, les patrons eux aussi ont fait leur part pour entretenir ce climat malsain autour de l’industrie des contrats à bon marché. Eux aussi en profitent en gonflant les soumissions et en soudoyant les politiciens.

Le mouvement antisyndical est entretenu aussi par toute une génération de jeunes travailleurs qui pensent s’en sortir tout seuls, sans l’aide de personne et surtout pas des organisations syndicales.

Le discours de certains politiciens de droite comme ceux de l’ADQ va dans ce sens. Il est relayé par les médias réactionnaires, surtout les postes de radio populaires qui ne jurent que par la réussite sportive et les fortunes vite faites.

Au plus fort la poche semble être la devise de ces médias populaires comme les journaux de Quebecor. Ici, pendant le lock-out du Réveil, certains entrepreneurs régionaux et les élus fédéraux et municipaux (Ti-Jean Tremblay en tête) se sont compromis à l’excès pour que ce conflit perdure et finisse par se terminer au désavantage de tous les employés limogés. On s’en souviendra.

Depuis, le nouveau Réveil est fabriqué par l’agence QMI et quelques journalistes pigistes sans expérience sous payés, non syndiqués évidemment. À la merci de leur boss PKP le visionnaire.


Règlement de cul au Journal de Montréal

Le gâchis des lock-out du Journal de Québec et du Réveil vient de se répéter au Journal de Montréal après 25 mois, le plus long conflit de travail dans l’histoire des médias québécois. Résultat : 64,1% des syndiqués ont voté à contre cœur pour un règlement de cul négocié devant un médiateur. 190 postes vont disparaître sur les 253 du début du lock-out. PKP a réussi à faire le grand ménage dans la salle de rédaction. Les 62 postes de journalistes, reporters, pupitreurs, photographes, employés qu’on a conservés vont devoir être négociés un par un. Le protocole de retour au travail devrait prendre un certain temps, sinon un temps certain.

On sait que PKP veut transformer le travail des journalistes pour qu’ils puissent intervenir sur toutes ses plate–formes autant dans ses médias écrits qu’électroniques et bien sûr sur internet. Il lui reste maintenant à limoger ses cadres/scabs.

Pourquoi donc ce lock-out a-t-il duré si longtemps ? Pour quelques raisons dont le courant antisyndicaliste qui prévaut actuellement au Québec, en grande partie alimenté par la droite et l’indifférence politique de la majorité.

Les annonceurs ont continué de prendre de la pub dans le Journal de Montréal rédigé par des chroniqueurs indépendants (Qui auraient dû s’abstenir comme Lise Payette dès le début du conflit) très bien rémunérés et une batterie de cadres qui ne faisaient que signer les articles écrits par des pigistes/scabs anonymes de l’agence QMI.

La dernière fois que je suis allé à Montréal, je me suis rendu compte que le morning man Paul Arcand à la radio de CKAC passait de la pub du Journal de Montréal aux dix minutes comme d’ailleurs toutes les émissions sportives et les retransmissions des games du Canadien du même poste.

Faut-il en conclure que les amateurs de sports sont antisyndicalistes ? Sans doute en grande majorité. Le sport de salon mène à tout autant au sédentarisme qu’aux positions politiques de droite. On n’a qu’à écouter les journalistes sportifs qui osent parfois débattre de choses politiques. Ici, le gardien de buts Marc Denis (demi-coach des Saguenéens) n’a-t-il pas appuyé Ti-Jean Tremblay pendant sa dernière campagne électorale ? Guy Carbonneau aurait fait la même chose, à mon avis. Réjean Tremblay le grand chroniqueur-dramaturge a accordé des entrevues au Réveil durant le lock-out. Il devrait d’ailleurs faire le saut au Journal de Montréal bientôt.

Si tout le monde, les lecteurs chez Tim Horton, les commanditaires et tous les journalistes qui font des revues de presse avaient boycotté systématiquement le Journal de Montréal (Ceux de la SRC l’ont fait) et celui de Québec qui meublait son petit frère montréalais, et bien, le lock-out n’aurait pas duré deux ans.

PKP a acheté beaucoup de pigistes collaborateurs, beaucoup de complices dont le dernier, le cinéaste Denys Arcand qui célébrait le 25e anniversaires du Déclin de l’Empire américain pour faire ses unes exclusives quand Céline Dion eût finie enfin d’accoucher.

Comment se présente l’avenir des 62 survivants et des autres employés du Journal de Montréal retraités de force après ce lock-out de 25 mois ? Mon petit doigt me dit qu’ils n’arriveront pas à retravailler avec les cadres et les pigistes chroniqueurs qui les ont gardés dans la rue si longtemps.

Le site Rue Frontenac demeure ouvert et il semble que l’entreprise Transcontinental (Comme ici avec les employés du Réveil qui ont mis sur pied le Courrier du Saguenay) pourrait donner un bon coup de pouce aux journalistes dissidents pour faire du site leur futur journal permanent.

Moi, je continue de boycotter le Réveil, le Journal de Montréal et de Québec par solidarité avec les 190 employés qui ont perdu leur job parce que PKP pense que désormais les journaux n’ont plus besoin de journalistes pour faire de l’information et engranger des profits.


Citations de la semaine

«Les contestataires sont essentiellement de jeunes drogués. Pourchassez-les, arrêtez-les, remettez-les aux forces de sécurité. Ils ne sont qu’une poignée, ce sont des terroristes. C’est mon pays. Mouammar n’est pas président qui abandonne son poste. Mouammar est le chef de la révolution jusqu’à la fin des temps ».
-Mouammar Kadhafi, Le Devoir, 23 février


Le site Rue Frontenac révélait la semaine dernière (Le 24 février) que SNC-Lavalin construit une prison en Libye pour le régime Kahdafi… Les ingénieurs québécois ont peu de scrupules politiques.


«Nous avons décidé de ne donner aucune entrevue pour l’instant. »
-Serge Sasseville, porte-parole de Quebecor, Le Devoir, 28 février

La transparence de PKP est exemplaire.


«J’ai moi-même fait un don. Je ne veux pas préciser le moment pour le moment, mais je n’écarte pas la possibilité de le faire. Quant aux conseillers municipaux, il y en a qui ont aussi fait des dons. Mais ce n’est pas à moi de les identifier… »
-Jean Tremblay, Le Quotidien, 23 février


Ça serait intéressant de savoir qui finance le maire dans sa croisade religieuse – mis à part les fanatiques catholiques beaucerons- qui lui permet encore de se faire du capital politique sur le dos du petit Jésus.

n.b. Tout le monde à la réunion du conseil municipal à Jonquière le 7 mars pour prier avec lui, notre maire faux curé manqué.



|Rio Tinto Alcan, le Réveil, le Journal de Montréal
2830|2893|Divers|Les Journées Michel-Chartrand présentent|2011-03-04 07:23:22|L’aut’journal|

Ariane Campeau Vice-présidente de la FEUQ
Régine Laurent Présidente de la FIQ
Monique Pauzé Présidente du Syndicat del’enseignement de Champlain
Marie-Ève Rancourt Porte parole de la Coalition
opposée à la tarification et à la privatisation des services publics


Pour faire suite au colloque de mars 2010

sur les négociations syndicales du secteur public, 4 panélistes échangeront avec vous sur les résultats, les perspectives d'avenir et la création de l'Alliance sociale.


Le 10 mars 2011 à 19h00
Café bistrot Etcetera
Musée de la Femme
460, St-Charles Ouest
Longueuil


Entrée gratuite. Bienvenue à toutes et à tous !
Stationnement gratuit à l’arrière

Pour informations : Mariette Parent 450-670-5364


|Bilan des négos du secteur public et perspectives pour l’Alliance sociale
2831|2894|Accueil_Actualités|Arrestations des manifestants au G-20|2011-03-04 07:27:02|L’aut’journal|

Interpellé par la Commission interaméricaine des droits de l’homme (CIDH) de l’Organisation des États américains (OÉA) à propos des allégations de violations de droits survenues lors du G20 à Toronto, le Canada admet, dans sa réponse, que la grande majorité des personnes arrêtées, soit 900, ont été arrêtées et détenues de façon préventive pour être ensuite libérées sans qu’aucune accusation ne soit portée contre elles.

Le Canada admet également que, plutôt que de procéder à l’arrestation d’un sous-groupe d’individus au comportement belliqueux, les policiers ont préféré disperser la foule et mettre en détention préventive toute personne qui s’y refusait.

Outrée par cette réponse, la Ligue des droits et libertés, avec l’appui de la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme (FIDH)  et de la Clinique internationale de défense des droits humains de l’UQÀM (CIDDHU), entend poursuivre ses démarches non seulement auprès de la CIDH mais également auprès du Comité des droits de l’homme de l’ONU et du Rapporteur spécial de l’ONU sur la liberté d’expression afin d’amener le Canada à tenir une enquête publique et indépendante sur les violations de droits survenues lors du G20 à Toronto.

« Les aveux du Canada nous fournissent un argument de taille pour amener la CIDH à recommander au Canada le tenue d’une enquête publique », indique Nicole Filion, coordonnatrice de la Ligue des droits et libertés. « De
plus, en justifiant ces arrestations par l’interprétation qu’il donne de l’article 31 du Code criminel (arrestation pour violation de la paix), le Canada annonce que, de son point de vue, les pratiques d’arrestations préventives, visant des personnes qui n’ont commis aucune infraction, seraient bel et bien légales au Canada, alors qu’elles ont pour effet de violer le droit à la liberté d’expression et le droit de participer pacifiquement à des manifestations. Ceci devrait alerter non seulement la CIDH, mais aussi les Rapporteurs spéciaux de l’ONU et de l’OÉA sur la liberté d’expression », poursuit Madame Filion.

« Il est totalement inacceptable et particulièrement dangereux de confier un tel pouvoir d’arrestation aux policiers, puisqu’il permet d’exercer une forme de censure préalable à l’exercice de la liberté d’expression, sur la base d’une appréciation hautement subjective et somme toute totalement arbitraire», ajoute Lucie Lemonde, professeure à l’UQÀM et porte parole de la CIDDHU. « Le Comité des droits de l’homme de l’ONU sera également saisi de cette question, lui qui avait spécifiquement interpellé le Canada en 2006, afin que ce dernier s’assure, lors de manifestations de protestation sociale, que seules les personnes qui ont commis des infractions pénales au cours des manifestations soient arrêtées », fait savoir Madame Lemonde.

Dans la réaction qu’elle a fait parvenir à la CIDH, la Ligue dénonce aussi le silence du Canada en ce qui concerne les arrestations sans aucun fondement des jeunes québécois dans le gymnase de l'université et les conditions de détention absolument inacceptables dans lesquelles les personnes arrêtées ont été maintenues. Elle souligne également que les multiples recours actuellement mis en œuvre ne permettent pas la réalisation d’un examen d’ensemble. « L’ampleur des arrestations, la gravité des allégations de violations de droits et le fait que plusieurs corps policiers étaient impliqués exigent un tel exercice que seule une enquête publique est en mesure de faire » conclut Nicole Filion.


|Des instances internationales de droits humains appelées à se prononcer
2832|2895|Manchettes Mouvements_syndical|Menace sur l’autonomie des organismes communautaires|2011-03-04 07:36:12|L’aut’journal|

Madame la ministre déléguée aux Services sociaux,

Dans nos pratiques et dans nos champs d’activités respectifs, nous sommes à même de constater l’importance des organismes communautaires autonomes pour le développement social, ainsi que la qualité et la pertinence de leurs interventions pour les communautés.

Pour continuer de représenter une alternative, les organismes communautaires doivent notamment demeurer libres de déterminer leurs pratiques, ce qui signifie que la communauté doit pouvoir demeurer au cœur des décisions qui s’y prennent. Cela nécessite évidemment que l’État ne s’ingère pas dans leurs pratiques, ni directement, ni indirectement.

Malheureusement, il semble que le ministère de la Santé et des Services sociaux tente de remettre en cause ces évidences en voulant instaurer divers mécanismes, qui ne sont ni nécessaires ni autorisés dans le contexte d’un financement à la mission globale d’organismes autonomes.

La menace prend la forme d’un projet de convention, soit un protocole qui pourrait être signé à compter de ce printemps. Cette convention lierait chacun des 2800 organismes communautaires, recevant du financement du Programme de soutien aux organismes communautaires (PSOC) pour son fonctionnement du MSSS ou de l’agence de sa région.

Nous comprenons que votre ministère souhaite formaliser ses rapports avec les organismes qu’il subventionne, mais nous considérons que le contenu projeté est inéquitable et abusif. En effet, les nouvelles règles qui seraient instaurées permettraient au bailleur de fonds d’exercer un contrôle, à partir de jugements de valeur, sur des pratiques que les membres des organismes communautaires auraient pourtant démocratiquement choisies. Dans sa forme actuelle, son application irait au-delà des recommandations formulées en 2008 par le Vérificateur général du Québec.

Nous considérons que le MSSS doit respecter la Politique gouvernementale de reconnaissance de l’action communautaire (2001), la Loi sur les compagnies, ainsi que sa propre Loi (LSSSS). Tous ces documents protègent les organismes communautaires d’influences de l’État dans la détermination de leur mission, de leurs orientations, de leurs approches d’intervention et de leurs modes de gestion.

En leur demandant de signer l’actuel projet de convention, le MSSS pousserait les organismes communautaires à se priver de protections garantissant le respect de leur autonomie, ainsi que celui des droits et responsabilités de leurs membres.

En matière de soutien aux organismes communautaires, l’influence du MSSS sur les autres ministères est bien connue. Le PSOC contribuant au financement de 70% des 4000 organismes communautaires autonomes, le projet du MSSS nuirait à l’ensemble du mouvement communautaire québécois.

Nous joignons donc notre voix aux organisations communautaires directement concernées, ainsi qu’à leurs alliés des milieux syndicaux, étudiants, féministes et communautaires de secteurs variés, qui disent Non à la convention PSOC. Nous demandons au MSSS de répondre favorablement à leurs demandes.

3 mars 2011


Signataires :

  • Jocelyne Bernier, Coordonnatrice de la Chaire Approches communautaires et inégalités de santé, Institut de recherche en santé publique, Université de Montréal

  • Laurence Bherer, Professeure adjointe, Université de Montréal

  • Gilles Bibeau, Professeur d'anthropologie, Université de Montréal

  • Manon Boulianne, Directrice des programmes de 1er cycle, Département d'anthropologie, Université Laval.

  • Yvan Comeau, Professeur titulaire, École de service social, Université Laval.

  • Ellen Corin, Chercheure émérite, Institut universitaire en santé mentale, Douglas.

  • Lorraine Guay, Membre de l’équipe de recherche et d'action en santé mentale et culture, ÉRASME.

  • Christian Jetté, Professeur, École de service social, Université de Montréal.

  • Anna Kruzynski, Professeure adjointe, École des affaires publiques et communautaires, Université Concordia.

  • Diane Lamoureux, Professeure, département de science politique, Université Laval.

  • Henri Lamoureux, Écrivain et socioéthicien.

  • George leBel, Professeur de droit à l’Université du Québec à Montréal et avocat à la retraite.

  • Michel Pazarelli, Professeur, École de travail social (UQAM).

  • Jean-Marc Piotte, Professeur émérite du département de science politique, Université du Québec à Montréal.

  • Francine Saillant, Professeure, Université Laval.

  • Éric Shragge, Professeur et directeur de l'École des affaires publiques et communautaires, Université Concordia.

  • Mireille P. Tremblay, Professeure, département de communication sociale et publique, Université du Québec à Montréal.

  • Deena White, Professeur titulaire, sociologie, Université de Montréal.


|Des personnalités du milieu de l’enseignement et de la recherche s’adressent à la ministre
2833|2896|Manchettes Mouvements_syndical|Brèves syndicales|2011-03-04 07:39:59|Maude Messier|

Une histoire du syndicalisme universitaire à l’AFPC

Une cinquantaine de militants, d’employés et de membres de l’Alliance de la fonction publique du Canada (AFPC) se sont réunis mercredi soir pour le lancement d’une brochure retraçant l’histoire de la syndicalisation du secteur universitaire : Correction syndicale – Pour une histoire du syndicalisme universitaire à l’AFPC.

L’AFPC a investi ressources et énergies au cours des dernières années dans la syndicalisation de ce secteur principalement composé de travailleurs atypiques. «Là où plusieurs ne voyaient qu’embuches et difficultés, des étudiants, des militants et des employés de l’APFC-Québec ont vu des opportunités», souligne le vice-président exécutif régional, Jérôme Turcq, dans la préface.

« Le secteur universitaire est surtout composé de jeunes et d’étudiants. Ça tourne excessivement vite, ce qui pose évidemment un problème quant à la transmission de la mémoire collective. On a senti qu’il était temps de rédiger un document qui placerait les bases de cette histoire syndicale à l’AFPC, explique Alexandre Leduc, le rédacteur de la brochure, en entrevue à l’aut’journal. Les gens sont de passage. C’est un secteur en mouvement, c’est aussi ce qui le rend aussi dynamique! »

Le document se veut d’abord et avant tout un outil éducatif pour les nouveaux membres. Il dresse un portrait de l’état de la syndicalisation des travailleurs étudiants ailleurs aux États-Unis comme au Canada et fournit des détails sur l’ensemble des campagnes de syndicalisation menées par l’AFPC au Québec.

En cinq ans, l’AFPC a doublé son membership et représente maintenant 20 000 travailleurs et travailleuses dans le secteur universitaire québécois. Elle est présente dans la majorité des grandes universités du Québec, dont l’UQÀM, l’Université Laval, l’Université de Montréal, l’Université de Sherbrooke, McGill et Concordia.

***

Mandat de grève chez Gentek

Les employés de Gentek, une entreprise de fabrication de produits d’aluminium destinés au secteur de la construction, ont rejeté dimanche dernier dans une proportion de 59% l’entente de principe survenue entre leur comité de négociation et la partie patronale.

Ils ont également voté à 92% en faveur d’un mandat de grève. Le débrayage pourra être déclenché au-delà de la date butoir fixée au 14 mars prochain.

Les 99 travailleurs membres de la section locale 698 des TCA-Québec sont sans contrat de travail depuis le 15 novembre 2010. « À ce stade-ci, ce sont certains points de l’entente sur la table qui ont été rejetés par les membres, pas l’ensemble », explique Diane Mimeault, représentante des TCA-Québec et négociatrice au dossier, jointe par l’aut’journal.

Elle indique que la bonification du régime de retraite et l’aspect salarial ne satisfont pas les demandes des syndiqués qui renvoient donc leur comité à la table de négociations. L’employeur a été avisé de l’issue du vote en début de semaine, mais aucune rencontre de négociation n’est prévue pour le moment. « La balle est dans le camp de l’employeur. Nous sommes prêts et disponibles à poursuivre les négociations. »

***

Manifestation d’appui pour sauver La Petite Marmite

Une trentaine de personnes ont manifesté jeudi midi pour protester contre l’arrêt du financement de la popote roulante La Petite Marmite.

Usagers, bénévoles et employés du CSSS dénoncent que ce service, principalement assuré par le travail d’une cinquantaine de bénévoles, soit éliminé par les compressions budgétaires du CSSS Jeanne-Mance.

D’après la Coalition Solidarité Petite Marmite, 30 % des personnes aînées vivant à domicile présenteraient des incapacités fonctionnelles modérées ou graves. 44 % des usagers des popotes roulantes présenteraient un risque élevé de malnutrition.

La Petite Marmite distribue annuellement 10 374 repas dans les quartiers St-Louis-du-Parc et Plateau-Mont-Royal et ce, 365 jours par année, 7 jours par semaine.

De son côté, le CSSS soutient que les usagers actuels continueront de recevoir ces services, lesquels seront assurés par d’autres popotes roulantes présentes sur le territoire. La Coalition s’explique mal la décision de fermer un organisme bien implanté dans la collectivité depuis une vingtaine d’années.

« Dans son discours inaugural, Jean Charest promettait d'élaborer une politique Vieillir chez soi alors qu'il fait disparaître notre popote roulante. Nous comprenons qu'il promet de nouvelles détériorations de services et l'abandon des citoyens vulnérables », déclare Monique Moquin-Normand, porte-parole de la Coalition Solidarité La Petite Marmite.

Pour consulter notre article détaillé « Faire sauter La Petite Marmite » : cliquez ici

***

Grève chez Pétroles M.J. à Chibougamau

Sans contrat de travail depuis septembre 2010, les sept métallos de chez Pétroles M.J. à Chibougamau, une entreprise de distribution de produits pétroliers, ont déclenché la grève lundi dernier.

Si les négociations achoppent toujours sur la question salariale et sur l’équité à l’interne, le président du syndicat local, Sylvain Fréchette, soutient que le syndicat a pourtant abandonné une grande part de ses revendications. « On est bien prêts à faire des compromis, mais l'employeur doit en faire aussi », déclarait-il par voie de communiqué en début de semaine.

Sous prétexte de vouloir pallier aux iniquités salariales entre les travailleurs, l’employeur réclame un gel des salaires. Une mesure carrément inacceptable aux yeux du syndicat qui insiste sur le fait que les travailleurs n’ont pas à payer pour les erreurs passées.

Le représentant des Métallos au dossier, Dominic Lemieux, estime que le rattrapage salarial ne doit pas s’effectuer au détriment du pouvoir d’achat des travailleurs. « Espérons que l'employeur se rendra à l'évidence rapidement et accordera des augmentations décentes. »

Au moment d’écrire ces lignes jeudi, des négociations intensives se poursuivaient en présence d’un conciliateur et les travailleurs étaient toujours en débrayage.


Dernière heure :
Retour au travail pour les travailleurs de Pétroles M.J.


Les négociations qui se sont poursuivies tard hier soir entre Pétroles M.J. et le Syndicat des Métallos ont finalement mené à la conclusion d’une entente.

Les sept travailleurs de l’entreprise de distribution de produits pétroliers située à Chibougamau, en grève depuis lundi dernier, ont unanimement accepté l’entente. Ils étaient de retour au travail dès ce vendredi matin, a confirmé Dominic Lemieux, représentant syndical des Métallos, à l’aut’journal.

La question salariale constituait le cœur du litige. Rappelons que pour pallier des iniquités salariales entre les travailleurs, l’employeur réclamait un gel des salaires, ce à quoi s’opposait fermement le syndicat, alléguant que les travailleurs n’avaient à payer pour les erreurs passées.

Les pourparlers ont débloqué et l’entente prévoit désormais des hausses salariales de 11,3% sur cinq ans, incluant le rattrapage salarial.

« Auparavant, l’employeur versait un montant fixe pour les assurances collectives et les travailleurs assumaient le reste. Les hausses importantes des assurances médicaments venaient gruger une bonne partie de leurs augmentations de salaires, explique le représentant syndical. On a obtenu que l’employeur s’engage à verser une somme équivalente à 60% des coûts de l’assurance médicaments. »

Au-delà des gains obtenus, le représentant syndical insiste sur l’importance des démonstrations de solidarité envers ces sept travailleurs tout au long de la semaine. Il souligne même que les quelque 300 syndiqués de chez Barrette-Chapais, une entreprise de fabrication de bois de sciage, ont voté rapidement des sommes pour soutenir la grève de leurs confrères.

« Chibougamau, ce n’est pas bien grand. On sentait tout au long de la semaine la solidarité des autres travailleurs. La population aussi était derrière nous et ça a certainement fait la différence. Chose certaine, ça a mis de la pression sur l’employeur », soutient Dominic Lemieux, convaincu que cet appui a permis un dénouement rapide du dossier.

***



|Une histoire du syndicalisme universitaire à l’AFPC; Mandat de grève chez Gentek; Manifestation d’appui pour sauver La Petite Marmite; Grève chez Pétroles M.J. à Chibougamau
2834|2897|authebdo|L'aut'hebdo - 4 mars 2011|2011-03-04 10:41:41|L'aut'journal|Plus de 4 000 visites par jour

Si vous n’avez pas visité notre site régulièrement au cours de la dernière semaine, il se peut que vous ayez manqué ces articles :

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ÉDITO


La charge contre le secteur public et le mouvement indépendantiste

L’information est le nerf de la guerre
par Pierre Dubuc


MOUVEMENT SYNDICAL ET POPULAIRE

Wisconsin : la population américaine appuie les syndiqués

Des syndicalistes canadiens et québécois en appui et aux aguets
par Maude Messier

Brèves syndicales
Une histoire du syndicalisme universitaire à l’AFPC; Mandat de grève chez Gentek; Manifestation d’appui pour sauver La Petite Marmite; Grève chez Pétroles M.J. à Chibougamau
par Maude Messier

Menace sur l’autonomie des organismes communautaires
Des personnalités du milieu de l’enseignement et de la recherche s’adressent à la ministre >>

Les Journées Michel-Chartrand présentent
Bilan des négos du secteur public et perspectives pour l’Alliance sociale


POLITIQUE QUÉBÉCOISE

Davos : où est le bilan ?
Qu’ont fait Jean Charest et la délégation du Québec au Forum économique mondial ?
par André Bouthillier

La manipulation génétique de Charles Sirois
Quand le coéquipier de François Legault voulait abolir les programmes sociaux
par Michel Bernard

Gil Courtemanche se rallie à Legault
Large front commun contre le mouvement indépendantiste >>
par Pierre Dubuc

Godin, le film : un puissant antidote à la pensée Legault
Sans vous, je ne suis rien. Avec vous, nous pouvons tout! >>
par Robin Philpot


LANGUE

Fossoyeurs du français
Vivement, une levée de boucliers contre l’enseignement intensif de l’anglais en 6e année
par Pierre Allard


INTERNATIONAL

Pierre Péan chasse la brume cachant les guerres secrètes en Afrique
Une fois la brume dissipée, on aperçoit Israël et Washington
par Robin Philpot

À noter : Pierre Péan s’entretiendra avec Robin Philpot de 13 h à 14 h sur les ondes de CIBL 101,5 le lundi 7 mars – www.cibl1015.com



RÉGIONS

L’antisyndicalisme fait rage
Rio Tinto Alcan, le Réveil, le Journal de Montréal
par Pierre Demers


ENVIRONNEMENT

Old Harry : Négociations secrètes entre Ottawa et Québec
La Coalition Saint-Laurent demande un examen public approfondi


CINÉMA


Grace, Milly, Lucy… des fillettes soldates

Entrevue avec la cinéaste Raymonde Provencher
par Ginette Leroux


MOUVEMENT DES FEMMES

Une « révolution culturelle », prétend Bachand.
Plutôt une révolution contre elles
par L’Intersyndicale des femmes


BANDE DESSINÉE


L’Asymptote: Un nouveau parfum !
Par Simon Banville


VIENT DE PARAÎTRE

La version papier de L'aut'journal, no. 297, mars 2011

Sommaire

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2835|2898|Manchettes Politique_Québec|150 millions $ pour les services aux aînés|2011-03-07 08:20:55|Jacques Fournier|

L’auteur est organisateur communautaire retraité

Le gouvernement du Québec a annoncé, le 3 mars, l’ajout de 150 millions pour les services aux aînés en 2011-2012. En 2012-2013, il y aura un autre ajout de 50 millions $ pour un nouveau total récurrent de 200 millions $ de plus par an.

Apparemment, c’est une bonne nouvelle. Mais voilà le genre d’annonce gouvernementale qu’il faut analyser finement pour voir ce qui en est réellement.

On ne sait pas comment seront répartis les 150 millions $ de la première année mais le gouvernement a rendu publique la répartition du total des 200 millions $ de la deuxième année :

  • 14 millions $ pour les unités de convalescence : 200 places, à une moyenne de 70 000 $ par place sur une base annuelle,

  • 81 millions $ pour les ressources intermédiaires : 2500 places, à une moyenne de 32 400 $ par place,

  • 50 millions $ pour les CHSLD : 800 places, à une moyenne de 62 500 $ par place,

  • 5 millions pour l’application du rapport Bergman (maladie d’Alzheimer, etc.),

  • 45 millions $ en maintien à domicile : 15 000 usagers de plus, à une moyenne de 3000 $ par usager,

  • 5 millions $ pour les EESAD (entreprises d’économie sociale en aide domestique).

Ces sommes seront surtout investies dans les régions de Laval, Laurentides, Lanaudière et Montérégie.

Les 45 millions $ de développement en services à domicile s’ajouteront aux 418 millions $ que le Québec y consacrait en 2008-2009. Ce sera donc, en deux ans, une hausse de l’ordre de 11 % de ce poste budgétaire.

Divers experts (Yves Vaillancourt et al., Réjean Hébert) estiment que c’est entre 300 et 500 millions $ qu’il faudrait ajouter aux budgets actuels des services à domicile pour répondre aux besoins constatés (La Presse, 6 mars 2008), tenant compte que le Québec fait piètre figure si on le compare aux provinces canadiennes dans ce champ d’action.


Quelques questions :

  • pourquoi le gouvernement a-t-il fermé 1700 lits de CHSLD depuis 2006 à Montréal et qu’il en ouvre maintenant 800 dans d’autres régions, alors qu’il y a 1420 personnes à Montréal qui attendent à la maison, avec des services insuffisants, une place en CHSLD ?

  • pourquoi le gouvernement annonce-t-il la création de 2500 places supplémentaires en ressources intermédiaires (pour les personnes ayant besoin entre deux heures et demi et trois heures de soins par jour) alors que 62 % des places en ressources intermédiaires existantes à Montréal ne sont pas certifiées (n’offrent pas une garantie théorique de services de qualité) ? Rappelons que les ressources intermédiaires, ce sont des partenariats public-privé (PPP), avec tous les défauts et effets pervers que cela entraîne.

  • pourquoi le gouvernement donne-t-il 5 millions $ aux EESAD aujourd’hui alors qu’il leur a coupé 3,5 millions $ hier ?

  • pourquoi le gouvernement recycle-t-il ses annonces ? Il avait annoncé 80 millions $ par année pendant cinq ans, à compter de 2008, mais on n’a pas vu le versement concret de cette somme après 2009 ?




|Une annonce à analyser finement
2836|2899|Langue Manchettes|Chapeau à Christian Dufour|2011-03-07 08:25:19|Pierre Dubuc|

Il faut lever son chapeau devant Christian Dufour pour son intervention à l’émission de Christiane Charrette (1er mars) et son texte dans Le Devoir (5 mars) dénonçant comme « mesure excessive et dangereuse » la décision du gouvernement Charest de bilinguiser intégralement la 6e année.

On salue en particulier les propos suivants :

« Joue également une idéologie du bilinguisme intolérante qui, indépendamment de la réalité québécoise et des contraintes de notre environnement nord-américain, veut imposer une nouvelle norme; désormais TOUS les Québécois doivent être bilingues par principe sous peine de ne pas être mondialisés, modernes et ouverts. Ne parler que le français devient la marque d’un statut inférieur ».

Avec raison, Dufour a souligné l’impact dévastateur d’une telle mesure sur les jeunes francophones et les jeunes issus de l’immigration dans l’environnement déjà fortement bilingue de Montréal et de l’Outaouais.

Le premier ministre Charest a déclaré qu’une telle mesure aurait pour résultat de réduire le nombre d’inscriptions des jeunes francophones et allophones au cégep anglais, parce qu’ils auraient déjà une maîtrise de l’anglais. C’est tout le contraire qui va se produire.

Les études de l’Irfa ont démontré que ces jeunes ne s’inscrivaient pas au cégep anglais pour apprendre la langue, mais qu’au contraire cette démarche s’inscrivait dans un parcours où les prochaines étapes étaient l’université anglaise et un emploi en anglais.


Dufour doit aller plus loin

Nous avons levé notre chapeau à Dufour, mais nous aimerions faire plus : le lui lancer pour marquer notre complète approbation! Cependant, nous jugeons que la portée de sa critique est affaiblie par son adhésion au principe de la « nette prédominance du français ».

Ce principe, indéfinissable (qu’est-ce qu’une « nette prédominance »? 60%? 70%?) et indéfendable, est absent de la Charte de la langue française, dont les deux principes de base sont le français, langue officielle, et le français, langue commune.

Le principe de la « nette prédominance du français » est tiré de l’arrêt Ford de 1988 de la Cour suprême du Canada qui invalidait l’unilinguisme français dans l’affichage. Par la suite, la Commission Larose lui a donné ses lettres de noblesse et Jean-François Lisée l’a instrumentalisé, au point où il chapeaute la section sur la langue de la Proposition principale du Parti Québécois en vue de son congrès de 2011.

Nous invitons Christian Dufour à abandonner ce concept, qui légitime le bilinguisme, et à revenir au principe de base de la Loi 101 : le français, langue commune.


Vieille ruse de Sioux de Gérald Larose

Il était ironique d’entendre Gérald Larose, lors du débat qui l’a opposé à Christian Dufour, à l’émission de Christiane Charrette, affirmer que l’anglais n’était pas une « langue identitaire » pour les francophones et que le principe de base de la Charte de la langue française était « le français, langue commune » avec des « exceptions pour l’anglais ».

C’est la position que nous soutenons. C’est celle de la Loi 101. Mais ce n’était pas celle de la Commission qu’il a présidé. Le plan d’aménagement linguistique que proposait la Commission Larose s’articulait autour des principes suivants :

  1. Le français est la langue officielle et commune de la vie et de l’espace publics du Québec;

  2. L’anglais, l’inuktitut et les langues amérindiennes, partie intégrante du patrimoine culturel et linguistique du Québec, doivent avoir chacune leur place dans l’espace public;

  3. Les différentes langues s’harmonisent dans la vie et l’espace publics selon le principe de la nette prééminence du français, langue officielle et commune du Québec. (Nous soulignons, p. 29)

De plus, dans son rapport préliminaire, la Commission Larose nous incitait à « rompre définitivement avec l’approche historique canadienne qui divise l’identité québécoise suivant une ligne ethnique : la canadienne-française et la canadienne-anglaise » et les commissaires invitaient, dans leur Rapport final, la « société québécoise à ne plus percevoir la langue anglaise comme objet de concurrence, mais comme une corde de plus à son arc et comme un mode d’accès à une composante majeure de son identité » (Nous soulignosn).

Nous nous réjouissons d’entendre Gérald Larose réfuter aujourd’hui des pans entiers du Rapport de la Commission qu’il a présidé. Mais nous aimerions qu’il le fasse ouvertement et non pas en empruntant cette vieille ruse de Sioux qui consiste à reculer dans ses pas pour brouiller les pistes.


Photo : telequebec.tv


|Vieille ruse de Sioux de Gérald Larose
2837|2900|Manchettes Région|Labeaume, Labeaume|2011-03-08 08:43:21|Pierre Demers|

L’auteur est cinéaste et poète. Il habite Arvida

Ça fait un bon bout de temps que je veux m’exprimer sur son compte. Je le regarde aller de loin depuis longtemps. Il me fait penser un peu beaucoup à notre maire Tremblay, évidemment. Même arrogance dans sa gouvernance, comme si le fait d’avoir battu des scores aux élections municipales lui permettait d’ignorer pour quatre ans tout semblant d’opposition.

Avec en moins, le petit côté fanatique religieux qui semble s’expliquer ici par une certaine distance géographique, faut croire. Et aussi une histoire familiale et personnelle du maire Tremblay qu’il faudra bien revisiter un jour.

Labeaume lui il est fanatique de sa ville et de lui-même. À vous en décourager de voir la politique municipale comme un des beaux-arts, comme un enjeu démocratique. Il reflète bien le chauvinisme réchauffé par les radios poubelles de la vieille Capitale. «Le vote nordique » selon la belle expression du chroniqueur parlementaire du Devoir, Michel David. La «Nordiques Nation » pour les mordus du hockey professionnel qui passe avant tout le reste. L’eau du fleuve à la hauteur de Québec doit être toxique pour étourdir autant de partisans flottant sur la vague bleue.

Je me suis documenté sur les frasques de Régis depuis quelques temps. J’ai lu régulièrement les chroniques du Soleil, d’Isabelle Porter, la correspondante allumée du Devoir à Québec, et de David Desjardins de Voir Québec.

Il n’est pas commode le beau Régis. Il pousse de l’air comme notre Ti-Jean. Mais lui, il est en compétition directe avec la grosse île, Montréal. Ti-Jean lui il est en compétition avec… Saint-Prime. C’est moins risqué pour lui. Il suit la parade de Québec qu’il aime bien d’ailleurs pour y séjourner plus souvent qu’à son tour, dit-on. Sa folie des croisières lui vient de là d’ailleurs.


Le style Labeaume

Le maire Labeaume ne fait pas dans la dentelle. Élu le 1e novembre 2009 avec une forte majorité (60% des votes contre 32% à son adversaire), il n’a promis qu’une chose : «faire de Québec la ville la plus performante » (sic).

Cet homme d’affaire de 51 ans qui a fait son million et plus dans les mines s’amusait, avant de devenir maire, à siéger sur divers conseils d’administration comme ceux de Centraide, d’Innovatech, du Festival d’été de Québec, etc. Il a donc ratissé le milieu des bénévoles riches pour consolider ses appuis avant de plonger en politique municipale.

Tout ce qui l’intéresse donc c’est de se démarquer comme on adore le faire dans le secteur privé, piler sur la tête des autres pour grimper plus vite. Laisser sa marque, brûler des étapes, passer la gratte devant lui.

Il a été élu avec une équipe, mais un candidat lui a fait faux bond peu après les élections. Ce dernier s’est allié à deux conseillers indépendants qui servent de cibles au maire Labeaume depuis des mois. Il les traite de tous les noms, les insulte en public, qualifie leurs questions, surtout celles d’Anne Guérette, de «stupides, folichonnes et farfelues ». Il a même provoqué en duel l’un d’entre eux.

Mais son arrogance est généreuse et ses insultes démocratiques. En q uelques mois, il s’est mis à dos les cols blancs de la Ville en les traitants «d’incompétents », les policiers, les pompiers et les employés municipaux qui tentent désespérément de négocier leur convention collective. Ceux-là, il les traite de «syndiqués gras durs et permanents ». Son anti syndicalisme issu du secteur privé rejoint celui des chambres de commerce.

Il va chercher ses appuis comme les autres maires populistes auprès des radios poubelles de Québec. Ce sont elles, d’ailleurs en grande partie, qui lui ont fait sa réputation de «grand bâtisseur visionnaire » durant sa campagne électorale.

Les animateurs de ces radios l’aiment parce qu’il leur accorde des nouvelles inédites et penche à droite, souvent du côté de l’ADQ. Ça leur permet de piler sur les intellectuels, les péquistes, les amirkadiristes, les bs, les montréalais, les féministes, les étudiants et les artistes pas connus.

Récemment il s’est mis à dos la radio de la SRC à Québec, la qualifiant de «radio poubelle »

(sic) parce que certains de ses journalistes remettaient en cause la pertinence d’investir 200 M $ de la Ville dans la construction de son fameux amphithéâtre.

Il y a quelques mois, lors de l’annulation du contrat de Clotaire Rapaille, il avait engueulé copieusement Isabelle Porter du Devoir parce que la journaliste, durant la campagne électorale du maire, avait identifié des compagnies qui cotisaient à sa caisse électorale. Il n’avait pas poursuivi la journaliste sous prétexte qu’il connaissait son père, l’ex-directeur du Musée du Québec.

Mais, maintenant, il a perdu ses scrupules et commence à poursuivre un peu tout le monde pour sauver sa réputation. Ils font tous ça une fois maire, le nôtre en particulier qui bat des records dans ce domaine. Labeaume va donc faire la même chose.

Ses premières victimes : Jean Guilbault, ancien membre de son équipe devenu indépendant et le président du syndicat des fonctionnaires, Jean Gagnon. Faut un commencement à tout.

D’autant plus qu’il a un gros dossier à gérer depuis des mois et qu’il a besoin de toute la confiance de son peuple nordique.


Le Colisée Quebecor

J’ai suivi la conférence de presse que Labeaume a tenu, avec le premier ministre Jean Charest, lors de l’annonce de la construction du nouveau Colisée de Québec financé à 100% par des fonds publics (400 M partagés entre la Ville et le gouvernement provincial), le 10 février.

C’était pathétique d’entendre le maire de Québec parler de son projet du siècle. Un vrai vendeur de chars, de brosses Fuller. Pendant que Charest se faisait du capital politique auprès de la Nordique Nation en descendant les salles de spectacles montréalaises.

Je crois sincèrement que cet amphithéâtre de 400M$, payé par nous autres, est aussi ridicule que le quai d’escale et le pavillon des croisières internationales du maire Tremblay.

Deux éléphants blancs pour consolider la réputation des deux maires populistes en mal de promesses électorales.

Le nouveau Colisée de Québec est tellement centré sur le retour des Nordiques qu’il a toutes les chances de ruiner la Ville et ses citoyens. Le maire ne veut même plus les consulter prétextant qu’il va de cette façon sauver un million… On a déjà entendu cet argument financier, ici, dans certains dossiers. Il faut bien l’admettre, Régis Labeaume et Jean Tremblay semblent jouer pour la même équipe de politiciens au-dessus de tout contrôle.

Et PKP là-dedans ? Il faut avoir du front comme lui pour tenter d’étendre sa convergence médiatique jusqu’à Québec, le lendemain du règlement du lock-out au Journal de Montréal limogeant 190 employés.

Et, au cas où vous ne le sauriez pas, et bien les Saguenéens et les Rimouskois font désormais partie de la banlieue de Québec, autant pour PKP que pour Labeaume. Ce sont nos citoyens d’abord qui vont investir dans l’achat de billets à 300$ et plus, pour aller voir les nouveaux Nordiques et Céline Dion au Colisée Quebecor.

Ti-Jean Tremblay a appuyé rapidement ce projet du maire Labeaume d’ailleurs, avec qui il semble avoir certains atomes crochus. L’autoroute à quatre voies dans le Parc servira à ça, entre autres. La machine est en marche. Le lobbyiste Réjean Tremblay, fervent admirateur de Labeaume et des hommes d’affaires millionnaires, est déjà en tournée de promotion. Ça promet !

400 M$ de fric public pour payer des salaires de fou à des joueurs de hockey professionnels, à Céline Dion et à d’autres vedettes américaines. On a les priorités politiques et culturelles qu’on mérite.

Mal pris, que choisir entre Labeaume et Tremblay ? Ni un ni l’autre, les deux s’annulent. Ce sont deux politiciens populistes qui gèrent leur ville comme si c’était leur propre business.

Ils refusent l’opposition, la confrontation et la remise en question.

On est loin de la démocratie participative ici fondée sur la consultation et les comités de citoyens. Très loin.

Sur ce point, ils rejoignent malheureusement trop d’élus actuels se considérant infaillibles : Charest, Harper pour ne nommer que les plus encombrants.

Un mot de Coluche pour finir tout ça avec une certaine distance coluchienne, «il ne faut pas oublier que le rôle des hommes politiques, c’est, le cas échéant, d’affirmer des incertitudes », le livre de poche, #14809. Coluche aurait aimé Labeaume et Ti-Jean autant qu’il admirait se payer la tête de Le Pen et de sa fille.


Citations de la semaine

«Les excès verbaux du maire, ses innombrables projets, ses fantasmes de toutes sortes masquent de moins en moins une réalité plus terne, celle de ses demi-succès, voire de ses échecs… »

-Francine Bouchard, ancienne conseillère de l’opposition à Québec, Le Devoir, 15 janvier


«La réputation des gens, particulièrement celle des élus, est trop importante pour laisser quiconque dire n’importe quoi… À compter d’aujourd’hui, c’est tolérance zéro. »

-Régis Labeaume, Le Devoir, 22 février


«La question du crucifix est pourtant simple à trancher, selon Gérard Bouchard. Il n’a pas sa place dans un lieu qui symbolise l’État laïque, point à la ligne. La même chose pour la prière. »

-Le Quotidien, 2 mars


 «Saguenay, c’est synonyme d’urbain, d’ambitieux, d’excellent. Jean Tremblay est plutôt rural et médiocre. Le Québec n’a pas besoin d’un deuxième Hérouxville.

-Christian Dufour, politologue, Progrès-Dimanche, 6 mars


N.b. rendez-vous au Conseil municipal de Jonquière le lundi 7 mars, à 19 heures, pour aller dire au maire et à ses conseillers ce qu’on pense d’eux.



|Un autre maire infaillible
2838|2901|Manchettes Mouvements_syndical|Les familles d’accueil se syndiquent|2011-03-08 08:47:25|Maude Messier|

Au Québec, près de 9 500 personnes accueillent dans leur maison et prennent soin d’enfants et d’adultes aux prises avec un handicap physique, psychologique ou un problème de santé mentale. Ces ressources dévouées, ce sont les familles d’accueil.

Nécessaire et essentiel, leur travail demeure pourtant méconnu aux yeux de la population, notamment en raison de préjugés tenaces. « Les gens considèrent qu’ils font ça par amour et compassion, point à la ligne. Du bénévolat », indique Denis Vigneault, conseiller syndical à la CSD, dans une entrevue accordée à l’aut’journal.

Il dément aussi l’autre mythe, soit celui selon lequel ces familles vivent au crochet des subventions qu’elles perçoivent pour leurs services. « Les critères de sélection sont stricts et requièrent notamment que les familles puissent assumer financièrement la charge des usagers qu’elles accueillent. Il y a des enquêtes qui sont faites. »

Depuis plus d’une dizaine d’années, ces hommes et ces femmes se battent pour que leur travail soit reconnu à sa juste valeur et pour améliorer les conditions dans lesquelles ils l’accomplissent. Principalement regroupés au sein de deux organisations syndicales, ils négocient présentement leur toute première entente collective avec le gouvernement du Québec.

La Fédération des familles d’accueil et des ressources intermédiaires du Québec (FFARIQ), un organisme sans but lucratif qui existe depuis les années 1970, représente 2 500 familles et ressources intermédiaires uniquement pour le secteur jeunesse. La FFARIQ offre à ses membres des services syndicaux, notamment pour la représentation et la négociation, via une entente de services avec l’Union des employés et employées de service - UES 800 (FTQ).

La CSD représente, quant à elle, 6 000 personnes responsables d’une famille d’accueil pour jeunes ou d’une résidence pour adultes atteints de déficience intellectuelle, physique ou présentant des problèmes de santé mentale.


Les rescapés de la Loi 7

Les efforts de syndicalisation des familles d’accueil remontent à une dizaine d’années. Denis Vigneault de la CSD explique que des requêtes en accréditations avaient été déposées à l’époque et que la Commission des relations de travail (CRT) avait même reconnu les responsables de familles d’accueil à titre de salariés.

À l’instar des responsables de services de garde en milieu familial avec la loi 8, l’imposition de la loi 7 par le gouvernement Charest en 2003 niait le droit d’association à ce groupe de travailleurs et de travailleuses et abrogeait leur droit à la négociation collective.

Les démarches syndicales en vue d’une négociation collective sont tombées à l’eau. Il faudra attendre le jugement de la Cour Supérieure invalidant les lois 7 et 8 en 2008 pour que les démarches reprennent leur élan.


Au cœur des débats

Les négociations avec le ministère de la Santé et des Service sociaux sont menées simultanément par les deux organisations syndicales. Les stratégies diffèrent, mais il n’en demeure pas moins que la priorité est d’obtenir pour les familles d’accueil des droits adaptés à leur travail.

La révision en profondeur du système de rétributions est au cœur des revendications syndicales, le système actuel ne tenant pas compte des réalités et exigences financières qui incombent aux ressources.

Par exemple, la CSD demande une rétribution quotidienne plancher, par usager, permettant de couvrir les coûts de base, soit le gîte et le couvert. La partie syndicale réclame également un volet pour les coûts d’opération de la ressource et le paiement de certains frais tels que l’achat de meubles, les assurances, une partie de l’hypothèque, des factures de chauffage et d’électricité. « Comme c’est possible de le faire pour des travailleurs autonomes », explique le conseiller de la CSD.

Actuellement, chaque individu référé et placé en famille d’accueil est classé selon des catégories prédéfinies, basées sur l’état de santé. Cette classification détermine également la rétribution de la ressource sans toutefois tenir compte de l’intensité de travail requis. Tant du côté de la CSD que de la FFARIQ, cette grille, qualifiée d’arbitraire, constitue le principal irritant au dossier.

À titre indicatif, une famille qui accueille un bébé de 0 à 4 mois reçoit présentement pour toute compensation un montant équivalant à 22,39 $ par jour. « Il n’y a pas de quoi à se mettre riche là! », ironise M. Vigneault tout en affirmant que « le prochain outil de travail, dont le squelette est actuellement en voie d’élaboration, sera plus pragmatique et mieux adapté aux réalités du terrain. C’est une bonne nouvelle. »


Vers une meilleure reconnaissance

Au-delà de la rétribution, cette nouvelle grille, qui évaluera précisément les besoins des usagers, constitue également un grand pas vers une meilleure reconnaissance du travail effectué par les familles d’accueil.

Bien entendu, à ces réformes des modes de rétributions, s’ajoutent des demandes visant à constituer un filet de protection sociale pour les familles d’accueil via des cotisations au RRQ, à la CSST et au RQAP. Les parties syndicales réclament aussi des congés fériés payés et des vacances.

Les deux organisations syndicales reconnaissent la nécessité d’adapter les modalités pour assurer la stabilité des usagers. Ils insistent cependant sur l’importance de reconnaître que « ces gens ont aussi besoin de répit et de mesures pour pallier aux aléas de la vie sans être systématiquement pénalisés. »

Sur le plan normatif, la CSD insiste sur l’importance d’instaurer des principes de paritarisme et de concertation, via notamment l’institution d’un comité paritaire des relations de travail et l’établissement de procédures de traitement des mésententes. « Parce qu’actuellement, les établissements sont juges et parties. On veut un mécanisme plus neutre, à l’image de celui prévu au Code du travail. »


Des négociations aux paramètres limités

La Loi sur la représentation des ressources de type familial et de certaines ressources intermédiaires et sur le régime de négociation d’une entente collective les concernant et modifiant diverses dispositions législatives (Loi 49), adoptée en juin 2009, fixe étroitement les paramètres de la négociation entre l’État et les familles d’accueil et maintient leur statut dans un flou arbitraire.

« Nous sommes d’accord sur le fait que ce ne sont pas des salariés au sens propre, leur travail nécessite une grande autonomie. Mais ce ne sont pas des travailleurs autonomes comme tels non plus parce qu’il existe tout de même un lien de subordination avec les établissements du réseau public, notamment sur la question des plans d’intervention », explique Denis Vigneault.

Le représentant syndical de l’UES 800, Alexis Roy, indique qu’au fond, « ils ont le pire des deux mondes. Ils n’ont pas les libertés des travailleurs autonomes et n’ont pas les protections des salariés prévues par la loi. Le gouvernement a donc toujours le beau jeu en négociation. »

Sur la question des paramètres de négociation, il faut spécifier que la loi 49 interdit le droit de grève ainsi que le recours à l’arbitrage pour ces travailleurs, ce qui réduit substantiellement l’éventail des moyens de pression.

« Si on avait contesté cette disposition, on aurait été pris avec des procédures juridiques pour un autre dix ans et les familles d’accueil s’en seraient trouvées pénalisées. On a misé sur la bonne foi du gouvernement. C’est la principale lacune de cette négociation », confie Denis Vigneault.

Les deux syndicats confirment que les pourparlers avancent, mais ils dénoncent la lenteur du processus. C’est précisément dans la perspective de mettre de la pression sur le gouvernement pour faire avancer le dossier que la CSD est passée à l’action le 12 février dernier.

Un millier de responsables de familles d’accueil ont manifesté devant les bureaux du premier ministre Jean Charest à Sherbrooke. « Ils ont des attentes maintenant que le processus est enclenché; c’est normal qu’ils veuillent que ça se règle, après toutes ces années, indique M. Vigneault. Les discussions sont bonnes, mais ça demeure un processus lent compte tenu qu’il n’y a pas de précédant, pas de sentiers battus.»

Fait à noter, la Loi sur les normes du travail ne s’applique pas pour ces travailleurs au statut hybride. Tout est donc à bâtir dans cette première entente collective : rétributions, congés, vacances, avantages sociaux, protections sociales, etc. Mais il y a aussi les aspects reliés à la vie syndicale, une nouvelle facette qui ouvre des perspectives intéressantes pour ces travailleurs isolés les uns des autres de par la nature de leur travail.

Le représentant syndical de la CSD mentionne qu’il est notamment question de la mise sur pied d’un réseau d’aide et de répit sous la forme d’une coopérative d’entraide à domicile non institutionnalisée, « Mais ça, c’est un projet pour plus tard. On prend toutefois note que les besoins sont là chez les membres. »

Au moment d’écrire ces lignes, 25 rencontres ont eu lieu entre la CSD et les négociateurs gouvernementaux, un peu moins pour la FFARIQ. Les deux syndicats demeurent optimistes et espèrent la conclusion d’une entente avant l’été.



|9 500 personnes réclament des droits
2839|2902|Économie Manchettes|Charité mal ordonnée : les fondations privées|2011-03-08 08:59:30|Pierre Dubuc|

Dans l’ouvrage qu’elle vient de faire paraître – La crise fiscale qui vient (VLB) – la fiscaliste Brigitte Alepin consacre un chapitre aux fondations de charité. Elle les identifie comme une des facteurs qui ébranlent nos systèmes régimes d’imposition.

Mme Alepin signale que le nombre de fondations de charité (publiques et privées) a augmenté ces dernières années de manière exponentielle en Amérique du Nord. Ainsi, en 2010, parmi les 1 135 000 organisations de charité, qui détenaient ensemble des actifs totalisant 3050 milliards de dollars, on dénombrait 120 810 fondations privées détenant des actifs totalisant 561 milliards de dollars.

Au Canada, les 10 fondations les plus importantes détiennent des actifs d’une valeur totale de 7 milliards de dollars. Au deuxième rang, on trouve la Fondation Lucie et André Chagnon, créée avec le transfert de 1,4 milliard de dollars provenant de la vente de Vidédotron à Quebecor Media en 2000. (À noter, cependant, que la Fondation Chagnon n’apparaît pas dans la liste des dix fondations les plus généreuses!)


6 milliards par année en exonérations fiscales

Un contribuable, rappelle Mme Alepin, peut déduire de l’impôt qu’il doit aux gouvernements jusqu’à 53% du montant d’un don qu’il fait à un organisme de charité (soit 29% au fédéral et 24% au Québec). Pour leur part, les fondations profitent d’un généreux privilège fiscal : elles sont exemptes d’impôt à 100%.

« Dans un document du gouvernement fédéral portant le titre Dépenses fiscales et évaluations 2009, le ministère des Finances a évalué, rapporte Mme Alepin, que les exonérations fiscales pour dons de charité, accordées à tous les contribuables (aux particuliers comme aux sociétés par actions), coûtaient autour de 2,95 milliards de dollars au Canada. On peut estimer à une somme équivalente, sinon supérieure, les avantages consentis par les provinces. »

La législation distingue trois types d’organismes de bienfaisance : les fondations publiques, les fondations privées et les œuvres de bienfaisance.

Une fondation privée, comme la Fondation Chagnon, est contrôlée par un seul donateur ou par une seule famille par l’entremise d’un conseil d’administration dont 50% ou plus des administrateurs ont un lien de dépendance avec ce donateur ou cette famille.

Mme Alepin émet de sérieuses réserves sur le fait que les grands entrepreneurs privés seraient naturellement compétents pour gérer des fondations caritatives, d’autant plus que celles-ci disposent d’une liberté totale quant au choix des projets dans lesquels elles investiront, ce qui ouvre la porte au favoritisme.


Un pouvoir usurpé

« Le plus inquiétant, selon elle, avec le régime fiscal et juridique qui encadre les fondations de charité est qu’il permet que des personnes non élues bénéficient de pouvoirs qui, dans un régime démocratique, devraient revenir exclusivement au gouvernement élu par le peuple ».

Elle cite même Thomas Jefferson, le troisième président américain, qui déclarait : « Les fortunes privées devraient se dissoudre par l’abolition du droit de primogéniture et de leur caractère inaliénable. Sinon, quelques individus et institutions pourraient amasser avec le temps suffisamment de richesses pour gouverner les citoyens ordinaires. »

Aux États-Unis, les richissimes Bill Gates et Warren Buffet ont lancé à l’été 2010 un appel aux 403 milliardaires américains pour qu’ils donnent une partie de leur fortune à des organismes philanthropiques. Après seulement quelques semaines, 40 milliardaires s’étaient engagés pour 115 milliards de dollars.

« Sachant que les 400 Américains les plus riches possèdent ensemble 1200 milliards de dollars, Bill Gates et Warren Buffet espèrent récolter environ 600 milliards de dollars US (soit presque trois fois le budget annuel du Canada) », constate avec inquiétude la fiscaliste.


La Fondation Chagnon et le gouvernement du Québec

Au Québec, l’alliance entre la Fondation Chagnon et le gouvernement du Québec pose des problèmes similaires. Depuis 2007, le gouvernement du Québec s’est associé à la Fondation Chagnon autour de projets pour une valeur excédant 1,1 milliard de dollars. Ces projets sont les suivants :

  • 400 millions $ - Avenir d’enfants (Québec 200 millions / Fondation Chagnon 200 millions)

  • 480 millions $ - Québec en forme (Québec 240 millions / Fondation Chagnon 240 millions)

  • 200 millions $ - Aidant(e)s des aînés (Québec 150 millions / Fondation Chagnon 50 millions)

  • 50 millions $ - Réunion – Réussir (en développement)

« Même si ce sont les contribuables québécois qui financent, directement ou indirectement par le biais des mesures fiscales, plus de 50% des projets, le gouvernement du Québec en a cédé le contrôle décisionnel », constate Brigitte Alepin.


Absence de contrôle démocratique et pauvre gestion

Selon les lois fiscales canadiennes, les fondations ne sont assujetties qu’à une seule règle : consacrer au moins 3,5% de leurs revenus à des activités de bienfaisance. Cela leur permet d’être éternelle et d’opérer une ponction sur les finances publiques d’une durée illimitée.

« Pour mesure l’ampleur des sommes qui échappent ainsi aux finances publiques du Canada, il faut savoir, nous dit Mme Alepin, qu’en 2008, la richesse totale détenue par les fondations publiques et privées était estimée à 34 milliards de dollars (fondations publiques : 16,6 milliards de dollars, fondations privées : 17,3 milliards de dollars). »

Contrairement aux entreprises et aux élus, les fondations de charité ont peu de compte à rendre. Ce contexte est propice à des dépenses d’administration déraisonnables ou à une mauvaise gestion.

Brigitte Alepin rapporte qu’en 2010, un groupe d’organisations du Québec, incluant la Fondation Chagnon et la Fondation Armand Bombardier, a été victime d’une fraude financière pour une valeur approximative de 317 millions de dollars. Elles se seraient fait arnaquer par deux sociétés étrangères de fonds spéculatifs.

« Des poursuites, rapporte-t-elle, ont été intentée aux États-Unis. Le juge du district fédéral de New York a par ailleurs affirmé que Bombardier, la Fondation Armand Bombardier et la Fondation Chagnon avaient agi avec une négligence grave dans le processus de récupération de certains éléments de preuve, des documents pouvant servir à la défense des responsables des fonds mis en cause. »

En fait, selon le Report on Abuse of Charities for Money-Laundering and Tax Evasion, produit par l’OCDE en 2009, le Canada perdrait 200 millions de dollars annuellement en taxes et impôt dus à cause de fraudes liées au secteur caritatif.

Au Canada, les actifs gelés à l’intérieur des fondations de charité représentent plus de 2,5% du PIB du pays. Pour rediriger ces actifs dans des activités de bienfaisance, réduire le trou dans les finances publiques, et rendre les fondations de charité moins éternelles, Mme Alepin propose « d’augmenter leur contingent de versement à 6 ou 5% au lieu des 3,5% prévus par les lois fiscales canadiennes ».

C’est là une mesure bien timide.




|Le coût fiscal et démocratique de la Fondation Chagnon
2840|2903|International Accueil_Analyses|Revue de livre : Un siècle juif|2011-03-08 09:24:26|André Synnott|

Il semble bien que l’historiographie traditionnelle juive ait pris à contresens la maxime de Cervantès; ayant donné un caractère vrai à son histoire, elle l’a confondue avec la sacrée. Tout pouvant être un jour descendu de son piédestal, plus une historiographie est ancienne, plus elle risque de se heurter à la critique et à la rationalité.

Shlomo Sand a lancé un pavé dans les mondes universitaires et politiques israéliens. Son ouvrage Comment le peuple juif fut inventé remet en question à la fois les mythes fondateurs de l’État d’Israël et les pratiques de l’enseignement et de la recherche en histoire dans les universités hébraïques.

Polémiste parce que touchant une corde très sensible dans la société israélienne, le professeur d’histoire à l’université de Tel-Aviv (où l’histoire générale et l’histoire du peuple juif sont des disciplines parallèles) entend quand même donner un caractère scientifique ou au moins rationnel à la critique de la politique identitaire de son pays.

Sand avance comme première thèse que les Juifs se sont perçus d’abord comme une collectivité religieuse plutôt que nationale. Puis au XIXe siècle, les sionistes ont créé une histoire linéaire de la sortie d’Égypte sous la conduite de Moïse à la volonté de créer un État juif dans une terre supposée sans peuple pour un peuple sans terre.

Les Juifs sionistes de la diaspora, beaucoup plus que ceux vivant déjà en Palestine, ont légitimé sa création sur le droit de retour en Terre promise. S’il y avait retour, c’est parce que, implicitement, il y a départ. C’est-à-dire, selon l’histoire communément répandue, que les Juifs auraient été dispersés après la destruction du Second Temple par l’empereur Titus en 70 (après. J.-C.).

Cette dispersion a fait qu’ils se sont répandu tout autour de la Méditerranée et même plus loin en Europe de l’Est (le Yiddishland). D’où le mythe du droit de retour en une terre une deuxième fois promise aux Juifs de diaspora.

Sand avance une autre thèse voulant que la diaspora soit née non pas de l’exil des Juifs de Palestine, mais d’un prosélytisme très actif. Ce prosélytisme va à l’encontre d’une autre idée reçue. Le peuple juif étant le peuple élu de Dieu, il n’avait lieu de tenter de convertir les Gentils (non-juifs) puisque ceux-ci étaient exclus de l’élection. Ce qui posait comme corollaire que le peuple juif serait ethniquement et biologiquement «pur» de tout métissage.

D’une part, il y a bien eu des conversions massives (parfois forcées). Ainsi, un royaume juif au sud du Yémen dans la péninsule arabique, puis les Hasmonéens (dynastie issue des Maccabées) soumettant et convertissant en Idumée, ou encore l’empire Khazar (peuple turc juif) régnant autour de la mer Caspienne et d’où descendent les Juifs ashkénazes.

D’autre part, des communautés juives, émigrées ou converties, vivaient sur d’autres rivages de la Méditerranée. Le musée d’histoire municipale de Barcelone montre des vestiges d’une présence juive avant même la conquête de l’Espagne par les Romains (plus de 150 ans avant la destruction du Temple).

Si plus tard, les Juifs ont renoncé au prosélytisme, c’est que le christianisme (décrété religion d’État vers 325 par l’empereur Constantin), puis l’islam (conquêtes arabes après 700) devinrent les religions dominantes; les Juifs préservèrent leur religion en se refermant sur eux-mêmes.

Mais dans les régions où l’islam n’était pas encore hégémonique comme le Maghreb, des tribus arabes et berbères se convertirent et participèrent à la conquête de l’Espagne où ils deviendront les séfarades.

S’il y a bien eu une diminution de la population juive en Palestine, ce n’est pas par l’exil; mais par des conversions d’abord au catholicisme puis, plus nombreuses, à l’islam. Ce qui fait de certains Palestiniens d’aujourd’hui les descendants de Juifs convertis.

La principale conclusion que Shlomo Sand tire de ses recherches, c’est que l’État d’Israël doit cesser de se définir comme l’État des Juifs du monde entier. Cette ethnocratie sans frontières fait que tout Juif vivant aux États-Unis, en Russie ou ailleurs est de plein droit citoyen d’Israël même s’il n’a pas l’intention d’y vivre (c’est le droit de retour).

Par contre, selon l’esprit des lois et de la constitution d’Israël, ses citoyens chrétiens, arabes, druzes ou autres ne sont pas vraiment citoyens à part entière. Des partis politiques arabes peuvent exister, mais sans pouvoir remettre en question le caractère juif de l’État.

Sans compter ceux des Palestiniens (ou leurs descendants) qui ont fui certains territoires lors des guerres de 1948, 1956, 1967 et qui, eux, ne semblent pas avoir un droit de retour!

Il faut pour Sand et d’autres progressistes que l’État d’Israël cesse d’être l’État de la nation juive (de plus en plus difficile à définir) pour devenir l’État de la nation israélienne; une nation en devenir formée de tous ceux qui vivent sur le territoire «légal» d’Israël.

Ce territoire doit être défini en tenant compte autant du plan de partage de 1948 que du droit des Palestiniens à former leur État pour en arriver à une reconnaissance mutuelle.

La première étape serait de cesser de considérer l’Évangile comme une parole d’évangile pour ce qui est de l’histoire. Ce que ne fait pas vraiment Marek Halter dans ses Histoires du peuple juif. Un «coffee table’s book», mais avec quand même un certain contenu, une certaine substance, pas seulement une succession de (très) belles images. Il entend y raconter 4000 ans d’histoire, l’histoire du peuple juif, c’est-à-dire son histoire à lui.

Être conteur lui aurait sauvé la vie. Sa famille avait fui Varsovie lors de l’occupation nazie pour se réfugier en URSS. En 1941, l’armée allemande étant aux portes de Moscou, comme plus d’un million de réfugiés, il est évacué en Ouzbékistan.

Pour vivre, très jeune (né en 1932) il tente de voler du riz que les paysans ouzbeks apportent au marché. Peu doué pour le vol, il est pris en charge par une bande d’adolescents à peine plus âgés que lui.

Le soir, en échange d’une part de leur butin, il leur raconte des histoires (Les Trois Mousquetaires, Vingt Ans après, Le Vicomte de Bragelonne), puis son répertoire étant épuisé, il invente un d’Artagnan à Jérusalem… et des aventures du peuple juif ou ce qu’il en savait.

Ce talent de conteur lui a sauvé la vie et devenu adulte, il livre un aboutissement de ces récits qui, après avoir passionné ses jeunes amis voleurs, pourraient ne pas laisser indifférents des lecteurs actuels pour, cette fois, sauver le peuple juif.

Un conteur donc, qui ne cherche pas, ne peut pas chercher l’adhésion des historiens; du moins par son écriture. Par contre, dans ses activités, son militantisme, il adopte une démarche plus rationnelle.

Cofondateur de SOS-Racisme en France, du Comité international pour la paix au Proche-Orient, il a pris une part importante aux rencontres entre les responsables Israéliens et Palestiniens qui allaient déboucher sur les Accords d’Oslo en 1992. C’est dans son appartement à Paris que Yitzhaz Rabin et Yasser Arafat se sont rencontrés pour la première fois.

Son projet d’Histoires du peuple juif est très ambitieux, trop peut-être. Il passe parfois du mythe à la mythomanie. Il dit être incroyant ou non-pratiquant, mais à fabuler sur son destin (né en 1932, il disait souvent être né en 1936 parce que c’était l’année des Brigades internationales, le plus grand mouvement de solidarité du XXe siècle et que les vins de l’année 1936 offraient de meilleurs crus que 1932) il vient à fabuler sur l’histoire (comme André Malraux).

Ses Histoires sont pratiquement continuellement en conflit ou en contradiction avec l’histoire de Shlomo Sand et des autres tenants de la nouvelle critique.

Ainsi, les mythes d’Israël (Halter écrit parfois les légendes) comme la sortie d’Égypte par Moïse (alors que, selon les historiens critiques, les chroniques égyptiennes ne mentionnent pas de révoltes massives d’esclaves ou la conquête du pays de Canaan par des envahisseurs étrangers) ou le fabuleux royaume de Salomon (alors que les découvertes archéologiques les plus récentes et les plus crédibles tendent plutôt à penser que c’était un très petit royaume sans ses vastes palais de légende) ou encore l’exil à Babylone (exil pour quelques membres de l’élite politique et non pas de tout un peuple).

Tout serait faux donc, ou fabulation comme le Protocole des sages de Sion (un texte forgé par l’Okrana, la police secrète du tsar, décrivant les Syriens et avec les mêmes fautes d’orthographe dans les noms juifs, ce qui montre que les très petits esprits se rencontrent eux aussi), mais le Protocole est un livre de haine alors que le projet de Marek Halter – le destin du peuple juif, se veut le pendant d’Emmanuel Goldstein (prénom et nom typiquement juifs), personnage du roman de George Orwell.

Dans 1984, Goldstein est le seul parmi des millions d’opprimés qui échappe à la tyrannie, il est détenteur du dernier livre du régime, dont il serait l’auteur. Dans son monde sans livre, il est, comme le peuple juif, gardien du livre.


Shlomo Sand, Comment le peuple juif fut inventé,
Éditions Flammarion

Marek Halter, Histoires du peuple juif, Éditions
Athaud-Flammarion

|La paie aux mérites pour les enseignants
2850|2913|Manchettes Mouvements_syndical|Brèves syndicales|2011-03-11 08:58:34|Maude Messier|

Au Wisconsin, l’affrontement entre les syndiqués du secteur public et le gouverneur républicain Scott Walker a pris un tournant inattendu mercredi soir.

Le Sénat est finalement parvenu à faire adopter son controversé projet de loi par un stratagème permettant de contourner l’absence des sénateurs démocrates, privant du coup les syndiqués de leur droit de négocier collectivement leurs conditions de travail.

Depuis plus de trois semaines, les 14 sénateurs démocrates se sont réfugiés en Illinois, frustrant le Sénat du quorum nécessaire pour passer au vote toute dépense budgétaire. Les républicains ont surpris tout le monde mercredi en retirant simplement les articles législatifs impliquant des dépenses.

C’est donc sous les huées des manifestants, dont la présence s’intensifiait d’heure en heure, que les sénateurs ont adopté la version révisée du projet de loi, selon La Presse Canadienne.

Le leader de la minorité démocrate, Mark Miller, a déclaré en entrevue à l’Associated Press que « 18 sénateurs de l'État ont effacé 50 ans de droits civiques au Wisconsin, et affiché un manque de respect envers le peuple et ses droits qui ne sera jamais oublié. »

Un projet qui, rappelons-le, fait l’objet d’imposantes manifestations à Madison depuis des semaines et dont les secousses se font sentir un peu partout ailleurs aux États-Unis. Les yeux rivés sur l’évolution de la situation, d’autres États s’apprêteraient à adopter des projets de lois similaires, dont le Michigan, l’Ohio et l’Indiana.

Le gouverneur Scott Walker défend son projet de loi en disant qu’il contribuera à combler un déficit budgétaire de plusieurs milliards de dollars, notamment par le gel partiel des salaires des fonctionnaires, des coupures dans les régimes de retraite, les pensions et les avantages sociaux.

Ce projet de loi survient pourtant après que le gouverneur ait accordé des réductions fiscales à hauteur de 140 millions $ aux entreprises.

Rappelons que le gouverneur Walker a été élu en janvier dernier grâce au soutien financier des frères Koch, des milliardaires ultraconservateurs faisant fortune dans l’industrie pétrochimique qui sont également de grands financiers du Tea Party.

Or, sous le couvert d’impératifs économiques, la stratégie républicaine vise surtout à restreindre l’influence et le pouvoir des syndicats du secteur public, à empêcher les organisations syndicales de percevoir directement et automatiquement les cotisations syndicales et à démanteler les plus importants bailleurs de fonds du Parti démocrate.

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Accréditation syndicale révoquée chez Walmart

La Commission des relations du travail (CRT) a révoqué l’accréditation syndicale visant les 205 travailleurs et travailleuses du Walmart de St-Hyacinthe.

Dans une décision rendue mardi dernier, la CRT se rend à une demande de révocation déposée par une employée le 7 février dernier. Fait étonnant : une deuxième demande de révocation a aussi été déposée le même jour par la compagnie, alléguant que le syndicat ne représentait plus la majorité des travailleurs. Ce qui fait sourciller le syndicat des Travailleurs unis de l’alimentation et du commerce (TUAC-FTQ).

« Pour nous, il n'y a pas de hasard. Tous reconnaissent la façon de faire de Wal-Mart, a déclaré par voie de communiqué Louis Bolduc, directeur québécois du syndicat. Nous savons fort bien que bon nombre de cartes de révocation ont été signées sous pression. »

Bien qu’officiellement syndiqué en 2005. Les travailleurs du Walmart de St-Hyacinthe ont dû attendre jusqu’en 2009 pour qu’un premier contrat de travail soit finalement imposé par un arbitre.

Si le syndicat n’entend pas contester la décision de la CRT, il déplore l’attente et les délais qui, en bout de ligne, auront eu raison de la détermination des travailleurs. Louis Bolduc soutient que neuf mois après le dépôt d’accréditation, 65% des employés avaient quitté leur emploi, notamment en raison du fort taux de roulement.

« Il faudrait être bien naïfs de croire qu'après cela, la direction a embauché des militants syndicaux pour combler les postes vacants. »

Pour sa part, le président de la FTQ, Michel Arsenault, a déclaré que « cela démontre en même temps que le Code du travail est loin de faciliter l'accès à la syndicalisation en raison de délais trop longs, ce qui favorise l'ingérence d'employeurs peu scrupuleux. »

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CSN : 2, Couche-Tard : 0

La CSN annonçait lundi le dépôt d’une requête en accréditation visant les employés du Couche-Tard situé au 1400 boul. Édouard à Longueuil. Il s’agit du deuxième établissement syndiqué par la CSN, qui promet que ce n’est qu’un début.

« Depuis que la CSN a ouvert grande sa porte aux salarié-es de Couche-Tard, nos téléphones ne dérougissent pas. C'est un mouvement de fond », de déclarer le président de la Fédération du commerce de la CSN, Jean Lortie.

La centrale poursuit sa campagne de syndicalisation des dépanneurs Couche-Tard partout au Québec. Par voie de communiqué, plus tôt cette semaine, M. Lortie invitait l’entreprise à ne pas contrer la syndicalisation, droit fondamental des salariés.

« Nous complétons actuellement une ronde de négociations coordonnées dans des dizaines de marchés d'alimentation du Québec. Il n'y a pas de raison pour qu'on ne puisse pas en arriver à une entente satisfaisante et améliorer les conditions de travail des employés Couche-Tard qui font, somme toute, un travail comparable aux salariés d'épiceries. »

Jeudi matin, lesaffaires.com révélait pourtant que l’entreprise laissait entendre à ses employés que la syndicalisation pourrait entraîner la fermeture de dépanneurs.

Dans une vidéo produite et diffusée après le dépôt de la requête en accréditation des employés du Couche-Tard sur Jean-Talon, le président et chef de la direction de l'entreprise, Alain Bouchard, déclare que « tous ceux qui connaissent Couche-Tard vous diront qu'un grand nombre de nos succursales ne pourrait pas soutenir l'augmentation importante des coûts causée par un syndicat. »

Selon les experts interrogés, ces affirmations sont à la limite de ce que tolère le Code du travail, lequel interdit toute forme de menaces pour convaincre un employé d’adhérer ou non à un syndicat.

De son côté, la CSN soutient que de telles pratiques sont évidemment inacceptables. La centrale évalue toutes les options et envisage sérieusement d’entreprendre des recours juridiques, mais aucune décision n’est confirmée pour le moment.

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Grande manifestation samedi, 12 mars


Les organisations communautaires, syndicales, populaires, écologiques, les groupes de femmes et les fédérations étudiantes réunis au sein de l’Alliance sociale et de la Coalition opposée à la tarification et à la privatisation des services publics manifesteront dans les rues de Montréal samedi prochain pour dénoncer les orientations du prochain budget provincial, dont le dépôt est prévu le 17 mars prochain.

Ils appellent la population à la mobilisation citoyenne et invitent à se joindre à eux tous ceux qui souhaitent que le prochain budget du Québec soit constitué des mesures économiques justes et équitables.

L’Alliance sociale et la Coalition s’opposent notamment à la taxe santé de 200 $, à la hausse des frais de scolarité, aux compressions budgétaires et à la stratégie fiscale régressive du gouvernement, laquelle pénalise en premier lieu les femmes et la classe moyenne et les plus démunis de la société.

« Le prochain budget du ministre Bachand doit absolument prévoir une contribution plus importante de la part des particuliers plus fortunés et des entreprises profitables du Québec, notamment celles qui exploitent nos ressources naturelles », déclarait plus tôt cette semaine Michel Ducharme, président du Conseil régional de FTQ et porte-parole de l'Alliance sociale montréalaise.

Rappel :

Manifestation nationale
Samedi 12 mars 2011
Montréal
13 h, boulevard René-Lévesque-Peel,
arrivée avenue McGill College-Maisonneuve.
Pour plus de détails : http://www.nonauxhausses.org/

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Amiante : la CSN change de cap    

Réunis en conseil confédéral cette semaine à Montréal, les quelque 250 délégués de la CSN ont entériné la recommandation du comité confédéral de la santé et de la sécurité au travail visant notamment à ne pas appuyer de nouveaux projets d’expansion des mines d’amiante québécoises.

Au moment où le gouvernement envisage d’appuyer financièrement un projet de relance de la mine Jeffrey à Asbestos, la CSN change plutôt son fusil d’épaule.

Si, de concert avec différentes organisations syndicales, la centrale s’est prononcée en faveur d’un usage sécuritaire de l’amiante chrysotile en 1997, Claudette Carbonneau insiste pour dire que « beaucoup d’eau a coulé sous les ponts depuis ».

Alors que le gouvernement Charest préconise l’utilisation sécuritaire du chrysotile et fait porter le fardeau de la responsabilité aux pays importateurs, Mme Carbonneau déclarait mercredi que « (…) l’amiante qui n’est à peu près plus utilisée ici, est destinées à l’exportation vers les pays en développement comme l’Inde. Si les conditions de santé-sécurité ne viennent pas à bout de ces maladies mortelles au Québec, il est difficile de prétendre à une utilisation sécuritaire de l’amiante dans les pays en développement. »

En conférence de presse, elle soulignait que l’amiante a fait 90 morts au Québec en 2010, surtout dans le secteur de la construction. Nombre d’organisations, dont l’Organisation internationale du travail, la Confédération syndicale internationale et l’Organisation mondiale de la santé se positionnent déjà pour le bannissement de cette «ressource qui sème la mort ».

C’est donc en phase avec la tendance internationale que la CSN souhaite actualiser sa position. « On ne demande pas le bannissement demain matin. Il est clair pour nous qu’il faut des mesures de transition et un plan de travail. » La CSN souhaite d’ailleurs engager des discussions avec les différents partenaires syndicaux à ce sujet.

Claudette Carbonneau s’est dit consciente que ce changement de cap constitue une question délicate, l’extraction de l’amiante constituant une partie importante de l’évolution du mouvement ouvrier au Québec comme de l’histoire de la CSN et que la question de l’emploi, particulièrement dans les régions minières du Québec, est une corde syndicale sensible.


    




|Wisconsin : 50 ans de droits civiques effacés : Accréditation syndicale révoquée chez Walmart; CSN : 2, Couche-Tard : 0;
Grande manifestation samedi, 12 mars.

2851|2914|International Accueil_Actualités Mouvements_syndical|Offensive antisyndicale aux USA : après le Wisconsin, la Floride|2011-03-11 09:08:13|Pierre Dubuc|

L’offensive antisyndicale bat son plein aux États-Unis. L’État du Wisconsin vient d’adopter une loi qui change de façon significative les règles du jeu pour les employés du secteur public en limitant la négociation collective au salaire – toute augmentation ne devant pas dépasser l’indice des prix à la consommation, à moins d’être approuvée par référendum – en obligeant chaque syndicat à tenir un vote de leurs membres à chaque année pour confirmer leur adhésion syndicale, et en mettant fin au prélèvement automatique des cotisations syndicales. Des mesures semblables sont présentement à l’étude en Ohio, au Michigan, en Iowa et en Indiana.

La Floride n’est pas en reste. Sa législature vient d’adopter des mesures liant la paye des enseignantes et des enseignants à la performance de leurs étudiants, tout en donnant la possibilité aux commissions scolaires de congédier plus facilement les enseignants dont les résultats des élèves seraient médiocres.

La nouvelle législation remet en question le système de rémunération existant depuis des décennies et la sécurité d’emploi.

Les partisans de cette réforme disent qu’elle permettra de mieux rémunérer les « bons profs » et de remplacer la règle de l’ancienneté par celle de la performance de leurs élèves. Les écoles moins performantes pourront, soutiennent-ils, embaucher de meilleurs profs.

Robert Dow, le président du Palm Beach County Association Teachers Association, ne partage pas cet avis. Il y voit le signe de la charge antisyndicale qui balaie actuellement les États-Unis. La loi est taillée sur mesure pour réduire le déficit de 3,6 milliards de dollars de l’État. L’appui militant apporté à cette législation par les membres du Tea Party confirme cette interprétation.

En vertu de cette législation, la performance des élèves, lors de tests, comptera pour la moitié de l’évaluation d’un nouvel enseignant. L’autre moitié relèvera de l’appréciation de la direction d’école. À partir du mois de juillet, les nouveaux enseignants signeront des contrats d’une seule année. Le renouvellement de leur contrat dépendra de leur évaluation.

L’auteur du projet de loi a expliqué que la nouvelle législation était rendue nécessaire pour avoir droit aux subventions fédérales de 700 millions de dollars dans le cadre du programme Race to the Top de l’administration Obama.

Les syndicats d’enseignants remettent en questions ce mode d’évaluation qui ne tient pas compte des caractéristiques socio-économiques et culturelles des élèves et de leur milieu familial et social. Ils y voient plutôt une mesure pour se débarrasser des enseignants d’expérience et diminuer ainsi la masse salariale.

Pour comprendre la situation aux États-Unis et l’implantation du modèle américain au Québec, nous vous invitons à vous procurer le carnet no. 6 de l’aut’journal : Éducation : Le virage américain. Suivi de L'école finlandaise. (Pour commander, cliquez ici).

À lire également : Le miroir auxalouettes du tandem Legault-Sirois; La paie aux mérites pour les enseignants. Par Monique Pauzé, présidente du Syndicat de l’enseignement de Champlain

Sur l’offensive antisyndicale américaine, lire :

La charge contre le secteur public et le mouvement indépendantiste

Wisconsin : la populationaméricaine appuie les syndiqués

America is not broke par Michael Moore (http://www.vigile.net/America-Is-NOT-Broke)



|Les syndicats d’enseignants dans la mire avec l’introduction de la paye au mérite
2852|2915|International Accueil_Analyses|La guerre inévitable de l’OTAN (II)|2011-03-11 09:14:03|Fidel Castro|

Quand, s’inspirant de son collègue égyptien Abdel Gamal Nasser, le colonel de l’armée libyenne, Mouammar el-Kadhafi, alors âgé de vingt-sept ans, renversa le roi Idris Ier, il prit d’importantes mesures révolutionnaires comme la réforme agraire et la nationalisation du pétrole. Il consacra les revenus croissants au développement économique et social, en particulier aux services éducationnels et sanitaires de la peu nombreuse population d’un immense pays majoritairement désertique aux rares terres cultivables.

Une mer d’eau fossile très étendue et profonde gît sous ce désert. Et il m’avait semblé, après avoir connu une zone de culture expérimentale, que ces eaux seraient à l’avenir plus précieuses que le pétrole.

La foi religieuse, prêchée avec la ferveur qui caractérise les peuples musulmans, aidait en partie à compenser la forte tendance tribale qui caractérise encore ce pays arabe. Les révolutionnaires libyens élaborèrent leurs propres idées et les appliquèrent dans des institutions juridiques et politiques que Cuba se fit une norme de respecter.

Elle s’abstint absolument d’émettre des vues sur les conceptions de la direction libyenne. Mais je constate clairement que les États-Unis et l’OTAN s’inquiètent surtout, non de ce qu’il se passe en Libye, mais de la vague révolutionnaire qui déferle dans le monde arabe et qu’ils veulent freiner à tout prix.

Car il est incontestable que, ces dernières années, les rapports des USA et de leurs alliés de l’OTAN avec la Libye étaient excellents…, jusqu’à la rébellion en Égypte et en Tunisie. Aucun dirigeant des pays de l’OTAN ne faisait état de problèmes quand il rencontrait Kadhafi ; la Libye était devenue une source sûre de pétrole de grande qualité, de gaz, voire de potasse. Les difficultés surgies entre eux dans les premières décennies avaient été surmontées.

Le pays s’était ouvert à l’investissement étranger dans des secteurs stratégiques comme la production et la distribution du pétrole.

La privatisation avait touché de nombreuses sociétés publiques. Le Fonds monétaire international jouait son rôle béatifique dans la mise en place de ces opérations. Bien entendu, Aznar ne tarissait pas d’éloges envers Kadhafi. Et, à sa suite, Blair, Berlusconi, Sarkozy, Zapatero et jusqu’à mon ami le roi d’Espagne défilèrent sous le regard narquois du leader libyen. Ils étaient heureux.

J’ai l’air de me moquer, mais c’est faux. Car je me demande tout simplement : pourquoi veulent-ils maintenant envahir la Libye et traduire Kadhafi devant la Cour pénale internationale de La Haye ?

On l’accuse du matin au soir d’avoir fait tirer contre des citoyens désarmés qui protestaient. Pourquoi ne dit-on pas au monde que ce sont les États-Unis, la Grande-Bretagne et d’autres hôtes illustres de Kadhafi qui lui ont fourni les armes et surtout les équipements de répression sophistiqués qu’il possède ?

Je m’oppose aux mensonges cyniques par lesquels on prétend justifier l’invasion et l’occupation de la Libye.

Ma dernière visite à Kadhafi remonte à mai 2001. Quinze années s’étaient écoulées depuis que Reagan avait attaqué sa résidence plutôt modeste, mais il avait tenu à me faire constater les grandes destructions qu’y avait causées la frappe directe de l’aviation, laquelle avait aussi tué sa petite fille de trois ans… Assassinée par Ronald Reagan ! Il n’y avait pas eu dans ce cas d’accord préalable de l’OTAN, du Conseil des droits de l’homme ni du Conseil de sécurité.

Ma visite antérieure datait de 1977, huit ans après le début de la révolution en Libye. J’avais visité Tripoli ; j’avais participé au Congrès du peuple libyen à Sebha ; j’avais parcouru les zones agricoles où se déroulaient les premières expérimentations à partir des eaux tirées de l’immense mer fossile ; j’avais connu Benghazi où j’avais fait l’objet d’un accueil chaleureux. La Libye était un pays légendaire qui avait été le théâtre de batailles historiques durant la dernière guerre mondiale. Elle ne comptait même pas six millions d’habitants, et ses énormes réserves de pétrole léger et d’eau fossile n’avaient pas encore été découvertes. Et les anciennes colonies portugaises d’Afrique s’étaient déjà libérées.

En Angola, nous avions lutté quinze années durant contre les bandes mercenaires organisées par les États-Unis sur des bases tribales, contre le gouvernement de Mobutu et contre l’armée raciste de l’apartheid, bien équipée et bien entraînée. Celle-ci, obéissant – on le sait aujourd’hui – à des instructions des États-Unis, avait envahi l’Angola en 1975 pour empêcher son indépendance, et ses forces motorisées étaient parvenues aux portes de Luanda. Plusieurs instructeurs cubains moururent durant cette invasion brutale face à laquelle nous dépêchâmes de toute urgence des ressources. Une fois expulsées du pays par les troupes internationalistes cubaines et les troupes angolaises jusqu’à la frontière de la Namibie occupée par l’Afrique du Sud raciste, celle-ci reçut pendant treize ans la mission de liquider la révolution en Angola.

Elle mit au point l’armée atomique avec l’appui des États-Unis et d’Israël. Et elle la possédait déjà quand les troupes cubaines et angolaises mirent en déroute ses forces terrestres et aériennes à Cuito Cuanavale et, bravant les risques, utilisant les tactiques et les moyens classiques, progressèrent jusqu’à la frontière namibienne où les troupes de l’apartheid prétendaient résister. Nos troupes ont, deux fois dans leur histoire, couru le risque d’être attaquées par ce genre d’arme : en octobre 1962 et dans le Sud angolais, mais, dans ce second cas, même l’arme nucléaire n’aurait pas empêché la défaite de l’Afrique du Sud qui marqua la fin de son système odieux. Tout ceci se passait sous l’administration Ronald Reagan aux USA et sous Pieter Botha en Afrique du Sud.

Nul ne parle de cette aventure impérialiste, ni des centaines de milliers de vies qu’elle a coûtées.

Je regrette d’avoir à rappeler ces faits quand un autre grand risque pèse sur les peuples arabes parce qu’ils ne résignent plus au pillage et à l’oppression dont ils sont victimes. La révolution dans le monde arabe, que redoutent tant les États-Unis et l’OTAN, est la révolution de ceux qui n’ont aucun droit face à ceux qui font étalage de tous les privilèges et elle est donc appelée à être plus profonde que celle qui éclata en Europe à partir de la prise de la Bastille en 1789.

Même Louis XIV, qui proclama : « L’État, c’est moi ! », ne bénéficiait pas des prébendes du roi Abdallah d’Arabie saoudite, encore moins de l’immense richesse qui git sous la surface de ce pays quasi désertique où les transnationales yankees décident de l’extraction du pétrole et contrôlent donc les cours mondiaux de ce produit. Depuis que la crise a éclaté en Libye, l’extraction du pétrole en Arabie saoudite a augmenté d’un million de barils par jour, à un coût minime, de sorte que les revenus de ce pays et de ceux qui le contrôlent s’élèvent, rien qu’à ce titre, à un milliard de dollars par jour.

Mais que personne ne pense que le peuple saoudien baigne dans la richesse. Les récits des conditions de vie de nombreux travailleurs du bâtiment et d’autres secteurs, contraints de travailler treize ou quatorze heures par jour pour des salaires misérables, sont émouvants.

Effrayée par la vague révolutionnaire qui ébranle le système de pillage en place depuis les faits dont les travailleurs ont été les protagonistes en Égypte et en Tunisie, mais aussi par les actions des jeunes chômeurs en Jordanie, dans les territoires occupés de Palestine, au Yémen, et même au Bahreïn et dans les Émirats arabes aux revenus plus élevés, la haute hiérarchie saoudite vit sous l’impact des événements.

À la différence de ce qu’il se passait autrefois, les peuples arabes reçoivent aujourd’hui des informations presque immédiates, quoiqu’extraordinairement manipulées, sur le cours des événements.

Le pire pour le statut des secteurs privilégiés, c’est que les faits – qui sont têtus, on le sait – coïncident avec une hausse considérable des cours des aliments et avec les retombées dévastatrices des changements climatiques, tandis que les États-Unis, le plus gros producteur de maïs au monde, utilisent presque 40 p. 100 de ce produit subventionné et une part importante de leur soja pour fabriquer des biocarburants destinés aux moteurs de voitures. Lester Brown, l’écologiste étasunien le mieux informé au monde sur les produits agricoles, peut nous offrir sûrement une idée de la situation alimentaire actuelle.

Le président bolivarien Hugo Chávez tente un vaillant effort pour trouver un règlement en Libye sans intervention de l’OTAN. Ses possibilités de succès augmenteraient s’il parvenait – ce qui serait un exploit – à créer un vaste mouvement d’opinion avant, et non après, l’intervention, afin que les peuples ne voient pas se répéter dans d’autres pays l’atroce expérience de l’Iraq.

Je conclus ici ces Réflexions.

Fidel Castro Ruz
La Havane
Le 3 mars 2011 22 h 32

Traduction J-F Bonaldi, La Havane



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«

Nous voulons s’assurer que l’industrie se développe de façon durable
                                                          Jean Charest

»


Vous pensiez avoir tout vu en langue de bois ? Allez, suivez-moi.

Le Mandat

Le BAPE ne pouvait en aucune façon recommander de tenir un moratoire sans déroger du mandat reçu par le gouvernement du Québec.

Le 31 août 2010, le ministre du Développement durable, de l'Environnement et des Parcs, Pierre Arcand mandatait le BAPE d’instituer une commission d'enquête sur LE DÉVELOPPEMENT DURABLE DE L'INDUSTRIE DU GAZ DE SCHISTE AU QUÉBEC. Il ne s’agit pas ici de tenir une commission d'enquête pour que l’industrie se développe dans la durabilité écologique de la terre ou de s’assurer que l'environnement des citoyens soit durable. Il ne s’agit pas ici d’arrêter l’industrie même si cela devait empoisonner la santé de la population. Non ! Le gouvernement libéral demande au BAPE de lui donner les munitions pour accélérer le processus de fracturation des sols québécois.

Vous venez de lire comment le gouvernement Charest trafique la définition du mot «durable» utilisé dans le monde de l’écologie et de l’environnement. C’est la clé pour démasquer le subterfuge. Initialement ce mot inventé par Gro Harlem Brundtland, stipulait que le développement économique devait se faire sans atrophier l’environnement des humains.

Dès leur élection en 2003, le mot «durable» dans la bouche de Jean Charest et de son ministre de l’Environnement Thomas J. Mulcair prend un contresens. Leur premier délit de sens se trouve dans la dénomination même du ministère de l'Environnement et de l'eau. Afin d'effacer la portée médiatique des mots environnement et eau, l'ineffable Mulcair le nomme Ministère du Développement durable. Sous la pression du milieu environnemental outré de voir la mission du ministère ainsi affaiblie, il opta pour le Ministère du Développement durable, de l’environnement et des parcs. Voilà donc le Développement mit en priorité sur l’environnement.

Une autre démonstration de langue de bois que ces politiciens ont ajouté à leur panoplie des farces et attrapes politiques. Sous les judicieux conseils de leur boîte de communication, ils sont passés maîtres de renverser habilement le sens des mots.

Revenons au mandat, à propos du gaz de schiste. Dans les faits, le gouvernement Charest demande au BAPE de lui indiquer comment éviter les perturbations sociales. Lorsqu'il lui demande des règles de mitigation, c'est qu'il veut savoir quel cataplasme mettre sur une situation de pollution appréhendée afin d’éviter un soulèvement de citoyens.

Il veut connaître les arguments qui le garderont du ridicule d’avoir négliger d’appliquer les lois déjà existantes pour protéger l’environnement ! Il recherche le « band-aid » scientifique sur une situation en voie de dégrader la vie humaine, la flore et la faune ! Il tente de prouver à la population qu’il ignorait tout de ce que le BAPE a rapporté. Il veut nous convaincre d’accepter cette industrie dans nos paysages.


Traficotage du mandat du BAPE

En 2004, le gouvernement Charest a instrumentalisé le BAPE et a choisi ses présidents et commissaires en fonction de sa propre vision du développement DURABLE.

Thomas Mulcair a désigné William Cosgrove à la présidence, un partisan de la privatisation de l'eau au sein du Conseil mondial de l'eau (la Chambre de commerce des multinationales de l’eau).

Dès lors la mission du BAPE est détournée, ce dernier doit tenir maintenant compte de l’économie durable à la libéral. Fini le temps où une recommandation savait dire : non c’est trop polluant ! Le BAPE, avec la complicité de Santé publique Québec, en est maintenant à tenter statistiquement de trouver le nombre de morts, blessés ou malades qui serait acceptable par la population lorsque qu’un projet met a risque la vie et la santé des citoyens.nes.

Donc, d’un lieu d’analyses scientifiques et de diffusion de la connaissance avec les citoyens.nes, le BAPE, assujetti aux caprices du gouvernement actuel, est devenu un lieu de défoulement pour les citoyens frustrés devant la sourde oreille de leur élus.es.

Vous en doutez ? Relisez les rapports du BAPE et constatez comme il s’est ridiculisé dans les dossiers du SUROIT, de la mine d'Oka, d'Osisko, du Mont Orford, dans le cas du bruit des motoneiges dans les sentiers en forêt habitée, avec Rabaska et son port méthanier et c’est tout aussi vrai dans le dossier du gaz de schiste. Le BAPE s’acquitte bien de son rôle de bouclier politique et livre la marchandise.

On compte environ huit dialectes en basque
2861|2924|Accueil_Actualités|Désinformation du lobby pro-amiante|2011-03-17 07:28:05|Dr. Peter Leuprecht|

L’auteur est professeur de droit international public; ancien Doyen de la Faculté de Droit de l’Université McGill; ancien Directeur de l’Institut d’Études Internationales de Montréal:

Ces derniers jours, le lobby pro-amiante a publié des communiqués triomphalistes selon lesquels la Cour Suprême de l’Inde aurait rendu « une décision historique de ne pas bannir l’amiante ».

Ces communiqués relèvent de la plus grossière désinformation. En fait, une lecture de la décision de la Cour Suprême de l’Inde révèle que celle-ci a estimé qu’un bannissement éventuel de l’amiante ne relevait pas de sa compétence, mais de celle du pouvoir législatif. L’Inde est un État de droit démocratique dans lequel la séparation des pouvoirs est une réalité. La Cour mentionne d’ailleurs le fait qu’une législation relative à l’amiante est pendante devant le Parlement indien.

Tout en respectant la compétence du pouvoir législatif, la Cour Suprême reconnaît dans sa décision que l’amiante a des effets nocifs sur la santé humaine et souligne la nécessité d’un meilleur contrôle de l’utilisation de l’amiante.

 

Ce que l’industrie de l’amiante dit aux médias

Le consortium d’investisseurs Internationaux, qui demandent que le gouvernement du Québec leur donne un financement de 58 $ millions afin d’acheter la Mine Jeffrey, informe les médias que la Cour suprême de l'Inde  a pris une décision historique de ne pas bannir l'amiante et que ce jugement confirme la validité de leur projet d’exporter l’amiante. Voir communiqués émis par la compagnie de relations publiques Versailles qui travaille pour le consortium:    http://www.newswire.ca/fr/releases/archive/February2011/01/c6958.html, http://www.newswire.ca/fr/releases/archive/March2011/09/c9517.html

L’Institut du chrysotile, l’organisation enregistrée de lobby pour la mine Jeffrey et LAB Chrysotile Inc., qui est financé chaque année par le gouvernement du Québec et jusqu’à présent par le gouvernement du Canada, informe le public que la Cour Suprême de l’Inde a pris une décision historique qui dit NON à un bannissement de l’amiante et OUI à une meilleure réglementation de l’amiante http://www.chrysotile.com/fr/news/news.aspx?id=76



|Ce que la Cour Suprême de l’Inde a vraiment décidé
2862|2925|Accueil_Actualités|Spectacle bénéfice d’Eau Secours!|2011-03-17 07:31:29|L'aut'journal|

La Coalition québécoise pour une gestion responsable de l’eau – Eau Secours! vous invite à son prochain spectacle bénéfice Ensemble Pour que l’eau vive! Sans fluor, Sans gaz de schiste, Sans pollution qui aura lieu le 22 mars 2011 à 19h au Club Soda (1225, boul. St-Laurent).

Le spectacle qui marquera la journée mondiale de l’eau sera animé par Pauline Martin avec des prestations des Cowboys Fringants, Catherine Durand, Paul Piché, les Zapartistes et Alecka.

Un encan silencieux d’œuvres d’artistes se tiendra sur place le soir même. Richard Séguin, Raôul Duguay, Marc Nantel et Sue-Ann Pham (de la griffe « Ma Concubine ») ont donné généreusement des œuvres pour l’encan.

Eau Secours! est née en 1997, suite à une menace de privatisation des infrastructures municipales de l’eau de la ville de Montréal par une multinationale française. Heureusement, la mobilisation des citoyennes et des citoyens fût tellement grande et spontanée que les élus municipaux et provinciaux et la multinationale n’ont pu que reculer devant ce barrage humain. Le travail effectué depuis ces 14 dernières années a pu être possible grâce à la synergie de centaines de bénévoles, artistes, scientifiques, vulgarisateurs, comités de citoyens et ce, partout au Québec. La Coalition compte maintenant parmi ses membres 273 groupes, 1700 membres individuels et 83 Porteurs et Porteuses d’eau.

Bien que forte de ce soutien, Eau Secours !, considéré comme l’un des principaux groupes de pression en matière d’eau au Québec, fonctionne avec peu de moyens et a besoin d’appui pour continuer à défendre la justice sociale et les intérêts présents et futurs de chaque Québécoise et Québécois: l’eau, source de vie. En effet, de nombreux dangers en menacent l’accessibilité et la qualité: les diverses formes de pollution, l’exploration et l’exploitation des gaz de schiste, la fluoration de l’eau potable, l’épuisement des nappes phréatiques par l’embouteillage massif, l’exportation en vrac de l’eau, la privatisation, la baisse du niveau de l’eau du Fleuve Saint-Laurent et autres. Il est donc important de continuer à assurer la présence d’Eau Secours! dans le domaine des luttes pour l’eau.

Les billets pour ce spectacle bénéfice sont en vente dès maintenant à Eau Secours! et au Club Soda au coût de 30 $ l’entrée générale et 15 $ pour les enfants (entre 7 et 16 ans).

Billetterie : Eau Secours!: (514) 303-2212 ou webmaster@eausecours.org

Club Soda : (514) 286-1010 ou www.clubsoda.ca



|Ensemble, Pour que l’eau vive! Sans fluor, sans gaz de schiste, sans pollution
2863|2926|Société Manchettes Mouvements_souverainiste Coups_de_gueule|La laïcité selon Jean-François Lisée|2011-03-17 07:34:44|Louise Mailloux|Concernant la laïcité, les dernières semaines ont été riches en rebondissements de toutes sortes. D’abord, il y a eu l’affrontement entre le Mouvement laïque québécois et le maire de Saguenay qui a soulevé les passions et la dernière nouvelle, qui n’a pas fini de faire jaser, celle du maire de Huntingdon qui veut construire une mosquée dans sa municipalité pour attirer les immigrants maghrébins.

Mais il est aussi un autre événement moins controversé et plus discret qui a échappé aux médias et à l’opinion publique. Ce sont les propositions que Jean-François Lisée a soumises récemment sur son blogue et qui se résument à une série de mesures concrètes visant la mise en application graduelle d’une laïcité pour le Québec. L’exercice est louable en ce qu’il force la réflexion, avance des solutions et si l’on en juge par les nombreux commentaires des internautes, les propositions de Lisée en ont séduit plus d’un.

Que ces propositions aient été faites par un ancien conseiller et stratège péquiste à quelques semaines seulement du prochain congrès du Parti Québécois alors que des propositions sur la laïcité y seront débattues, nous oblige à considérer d’autres enjeux que ceux de la laïcité elle-même, des enjeux substantiels et cruciaux qui, au contraire d’une laïcisation progressive, ne peuvent ici s’échelonner dans le temps…

Ménager la chèvre et le chou

Pour mieux comprendre de quoi il s’agit, voici un bref rappel des principales propositions de Lisée. D’abord un principe directeur guide ces mesures : le respect du fait majoritaire dont une valeur primordiale est l’égalité entre les femmes et les hommes. Et le mot clé dans l’application de ces mesures : de la souplesse.

Quelques exemples de mesures proposées : interdiction du port de signes religieux pour les employés de l’État, toutefois les employés déjà à l’emploi de l’État qui sont en contact avec les citoyens auront jusqu’à 3 ans pour se conformer à la règle, jusqu’à 5 ans pour ceux qui ne sont pas en contact avec les citoyens. Cette règle s’appliquerait également dans les garderies subventionnées, les écoles et les Cegeps. Les professeurs d’université en seraient toutefois exemptés. Interdiction du port de signes religieux pour les élèves du réseau primaire et secondaire, l’application graduelle serait complétée dans 11 ans. Concernant les écoles privées religieuses, fin progressive de leur financement d‘ici 17 ans. Dans les faits, cette mesure ne s’appliquerait cependant pas aux écoles catholiques et protestantes puisque nous dit Lisée : « la plupart des écoles privées subventionnées qui ont une origine catholique ou protestante suivent à la lettre le régime pédagogique et n’offrent aucune instruction religieuse aux élèves….. Cependant l’État continue à financer un bon nombre d’écoles privées dans lesquelles est prodigué un enseignement religieux très conséquent. C’est le cas en particulier, mais pas seulement, d’écoles hassidiques. Les Québécois estiment à bon droit qu’il y a là une inégalité qui n’a pas sa raison d’être».

Quant aux employés du secteur de la santé, pas d’interdiction mais de la persuasion. Ils pourraient alors porter des signes religieux. Acceptation de la non-mixité «dans un contexte médical intime, un citoyen ou une citoyenne pourrait réclamer de n’être servi que par un membre de son sexe», interdiction dans tous les autres cas. Pas d’interdiction générale du voile intégral sauf dans les services publics mais il serait tout de même permis s’il y a volonté d’intégration.

Du côté municipal, les élus pourraient décider de ne pas se conformer à l’exigence de neutralité des institutions publiques. Un vote sur le retrait du crucifix à l’Assemblée nationale mais pas avant 5 ans alors que les élus pourront voter sans être astreints à la ligne de leur parti.

Ménager la chèvre encore plus que le chou

Bref, des mesures parfois compatibles ou parfois non avec les principes constitutifs de la laïcité comme la séparation de l’Église et de l’État et la neutralité de ce dernier que Lisée se garde bien d’ailleurs de mentionner mais un seul grand principe directeur, le respect de la majorité, qui n’a absolument rien à voir avec la laïcité. C’est une fois de plus le «Nous» et le «Eux» de Lisée qui refait surface avec pour conséquence une laïcité truquée à deux vitesses; l’une qui fait semblant en faisant du surplace et l’autre, qui malgré tout, prend bien son temps. Trois ans pour enlever son voile, ça donne amplement de temps pour apprendre le mandarin!

Car si vous lisez bien attentivement, cela veut dire une laïcité surtout pour les autres même si c’est pour dans dix mille ans! Pas étonnant que Jean-François Lisée ne parle jamais de la nécessité d’une Charte de la laïcité qui aurait pour effet d’énoncer des règles universelles qui sont les mêmes pour tous et qui ferait que ce qui est bon pour pitou est aussi bon pour minou!

Comment, par exemple, pourrait-on dire que dans les conseils municipaux, la neutralité de l’État ne s’appliquerait que si les élus le souhaitent? Et que les employés du milieu de la santé de même que les professeurs d’université pourraient se soustraire à l’interdiction du port de signes religieux. En vertu de quel principe laïque? Ne sont-ils pas au même titre que les employés de la SAAQ des agents de l’État?

Si Jean-François Lisée n’invoque jamais ces principes, c’est tout simplement parce que ses propositions ne les respectent pas. Il est vraiment navrant de la part d’un ancien conseiller péquiste de rayer en douce ce projet de Charte alors qu’il sait pertinemment que c’est la proposition centrale du PQ en matière de laïcité.

C’est toute l’astuce de ces propositions; faire passer l’identitaire pour de la laïcité et ainsi plaire à la majorité de Québécois en confondant les catholiques, les nationalistes et les laïques tout en ne brusquant pas les communautés ethniques dont la religion est minoritaire, particulièrement la communauté musulmane. De la grande et de la petite séduction. De quoi être nombreux à voter pour le PQ aux prochaines élections!

Du pragmatisme politique en vue du congrès du PQ

Il ne faut pas se laisser leurrer. Les véritables enjeux derrière ces propositions de Lisée sont d’abord d’éviter la division des péquistes au congrès sur cette épineuse question de la laïcité. En repoussant, en soustrayant ou en étalant dans le temps, l’application de plusieurs mesures dont entre autres la communauté musulmane ferait les frais, Lisée espère affaiblir l’argument de Robin Philpot disant qu’il ne faut pas interdire le port de signes religieux parce que le PQ risquerait de s’aliéner cette communauté et diminuerait ainsi ses chances de succès en vue d’un prochain référendum. Cet argument de Philpot est partagé par certains souverainistes et divise actuellement le PQ.

De plus ces propositions d’une laïcité modulée en fonction de l’identité vont plaire à bon nombre de Québécois. Ce qui serait une stratégie favorable à l’élection d’un gouvernement péquiste et pourquoi pas le temps venu, au succès d’un prochain référendum.

Voilà les véritables enjeux qui se cachent derrière les propositions de Jean-François Lisée. On comprend mieux pourquoi maintenant le port de signes religieux ne s’appliquerait pas dans le domaine de la santé de même que pour les professeurs d’université. Il ne faut pas trop en irriter certains. On comprend mieux aussi pourquoi les élus municipaux pourraient se soustraire à la laïcité comme le fait l’actuel maire de Saguenay et pourquoi les députés pourront voter mais seulement dans cinq ans et selon leur conscience sur le retrait du crucifix de l’Assemblée nationale. Plaire au plus grand nombre et ne pas diviser le Parti Québécois pour maximiser ses chances d’être élu aux prochaines élections. Mais toutes ces entourloupettes feront-t-elles pour autant avancer la laïcisation du Québec?

De la nécessité d’une Charte de la laïcité


L’ensemble des propositions de Jean-François Lisée basé sur des considérations identitaires et des préoccupations électoralistes balaie totalement l’idée d’une Charte de la laïcité d’inspiration républicaine qui est la proposition centrale du Parti Québécois. Cette proposition qui est au cœur de son programme n’est pas une proposition parmi d’autres dont on pourrait disposer pour telles ou telles raisons parce que c’est la proposition qui contient toutes les autres.

Cette Charte, c’est le cadre idéologique qui va donner et garantir une orientation laïque et universaliste à tout le reste et nous préserver du piège de l’identitaire. Renoncer à cette Charte équivaudrait à détruire la charpente de l’édifice que l’on veut construire en matière de laïcité. Et c’est sans compter l’immense déception que cela provoquerait face aux attentes de la grande majorité des Québécois.

Le gouvernement libéral actuel suit les recommandations du rapport Bouchard-Taylor qui désapprouvent l’idée d’une Charte de la laïcité et privilégient les arrangements au cas par cas. Les propositions de Jean-François Lisée torpillent à leur tour l’idée d’une Charte qui donnerait au Québec une allure digne et fière, celle d’une nation enfin capable d’affirmer clairement et constitutionnellement sa laïcité.



|C’est une fois de plus le «Nous» et le «Eux» de Lisée qui refait surface avec pour conséquence une laïcité truquée à deux vitesses
2864|2927|Manchettes Coups_de_gueule|Les grands talents|2011-03-17 08:07:54|Michel Rioux|

On connaît tous quelqu’un dont la spécialité consiste à donner des leçons à tout le monde, ce qui a l’heur de tomber sur les nerfs de tout le monde. Dans ma jeunesse, on disait de ces personnes qu’elles avaient « un grand talent ».

Les grands talents, par définition, savent tout. Rien ne leur échappe. Ils sont les meilleurs sur toute la ligne. C’est ce qu’ils croient et c’est ce qu’ils montrent. Ils tiennent à ce que cela se sache et soit connu de tous. À force de se les péter, ils passent leur temps à changer leurs paires de bretelles.

Il en est des pays comme des personnes.

De ce point de vue, les USA sont à la veille de manquer de bretelles, me semble. Peut-on imaginer plus grand talent que celui-là, qui donne des leçons urbi et orbi en imposant sa loi autant par les armes que par le cinéma ?

Drapé dans des habits démocratiques trop grands pour lui, ce parangon de vertu est pourtant le seul pays sur la planète à avoir été constamment en guerre avec quelqu’un au cours des cent dernières années.

Quand on a déversé 80 millions de litres d’agent orange et autant de napalm au Vietnam, une petite gêne serait peut-être de mise quand il est question de crimes contre l’humanité, non ?

C’est ainsi que le soldat Manning est soupçonné d’avoir transmis à WikiLeaks le film d’une fusillade dans lequel des soldats étasuniens mitraillent d’un hélicoptère des civils irakiens. Le gars est aujourd’hui en prison.

« Toutes les cinq minutes, les gardes l'observent et lui demandent si ça va, question à laquelle il doit répondre par l'affirmative. La nuit, s'ils ne voient pas sa tête dépasser de sa couverture, ils le réveillent. Et tous les soirs depuis le 2 mars, le détenu doit remettre aux gardes la totalité de ses vêtements, y compris son caleçon, pour dormir nu sans drap, sous une couverture fabriquée dans un tissu indéchirable. Le matin, c'est donc nu qu'il apparaît aux gardes. Interrogé, le président Obama a répondu sèchement que le Pentagone l'avait assuré que le soldat Manning recevait un traitement “correct” et “normal” dans les circonstances. »

Dans le temps, Saddam aussi trouvait que c’était ben correct…

Puisqu’il est question de pays arabes, une statistique révélée par le CIA World Factbook nous en apprend encore une fois de belles sur les USA.

En se fondant sur l’indice de Gini, mis au point par le statisticien du même nom, il est possible de comparer le niveau d’inégalités qu’on peut trouver dans un pays. Plus le chiffre est bas, plus le pays en question est égalitaire en matière de revenus. Alors que les USA ont un indice de 45, la Tunisie de Ben Ali voit le sien à 40, le Yémen de Saleh se situe à 37,7 et l’Égypte de Moubarak score à 34,4. De quoi réduire un peu le torse bombé d’Uncle Sam.

Mais il ne faudrait pas trop compter là-dessus. On cultive les inégalités aux USA comme on cultive le pavot en Afghanistan, avec une insolente fierté.

L’observation qui suit est d’un vieux gauchiste impénitent, Warren Buffett, ci-devant troisième fortune au monde. Ayant déclaré des revenus imposables de 46 millions $, il avouait avoir été taxé à hauteur de 17,7 % pendant que la réceptionniste de son bureau l’était, elle, à hauteur de 30 % ! « Les riches comme moi doivent faire davantage pour aider les moins bien nantis », a-t-il souligné.

Mais il n’y a pas qu’aux USA qu’on trouve des grands talents donneurs de leçons. Nous en fabriquons nous-mêmes un certain nombre. La palme revient certainement à un avocat de province, un temps premier ministre et devenu l’homme lige des gazières et des pétroleuses au Québec depuis qu’il reçoit ses honoraires d’une firme de Calgary. Admirons la trajectoire, quand même.

Il y a quelques années, dans un accès de lucidité, il disait vouloir faire travailler davantage les Québécois, réputés paresseux. Mais il ne nous avait pas dit que c’est dans le gaz et le pétrole que trempait notre avenir collectif. Même Jean Charest a reconnu son grand talent, comme en témoigne ce titre du Devoir : Charest adopte le discours de Bouchard.

Révélateur, ce titre ! Un syllogisme nous en fait saisir toute la signification profonde :

Bouchard parle pour l’industrie gazière.

Or, Charest parle comme Bouchard.

Donc, Charest adopte le discours de l’industrie gazière.

Ça, on s’en doutait depuis un bon bout de temps !



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« Il ne faut pas que certains citoyens souffrent de la pauvreté tandis que d’autres sont riches parce que ces deux états sont causes de dissensions. »
– Platon

2865|2928|Environnement Manchettes Politique_Québec|Énergie et ressources naturelles : une éloquente démonstration d’ignorance|2011-03-17 08:21:42|Breton, Pelletier et Piché|

Daniel Breton, groupe Maîtres chez nous-21e siècle,

Jean-Marc Pelletier, ancien président du syndicat professionnel des scientifiques de l’IREQ

Paul Piché, Fondation Rivières

Dans le cadre du débat qui fait rage ces jours-ci sur la propriété des ressources énergétiques et suite à la déclaration que nous avons rendue publique le 3 mars dernier, la ministre des Ressources Naturelles et de la Faune a écrit un texte intitulé: « Nous sommes maîtres chez nous ». Ce texte révèle l'étendue de son ignorance du dossier énergétique et de ce que signifie vraiment « être maîtres chez nous. »


Petites centrales hydroélectriques

Contrairement aux affirmations de la ministre, ce sont bel et bien les libéraux qui ont mis sur pied le premier programme de petites centrales et autres projets destinés au privé en 1991. C'est ainsi que plus de 53 contrats privés ont été signés, souvent avec des conséquences environnementales, sociales et économiques négatives tel que décrits dans le rapport de la commission publique d'enquête Doyon publié en 1997. Fait à noter, plusieurs de ces centrales appartiennent aujourd'hui à des intérêts étrangers.

Un autre programme a effectivement été lancé sous l’égide de M. Lucien Bouchard, devant mener à la construction de 36 centrales sur 24 rivières.  Ce programme a été annulé par M. Bernard Landry le 26 novembre 2002 lors de l'annonce de la Politique nationale de l'eau, sous la pression d’un vaste mouvement, dont est issue la Fondation Rivières.

Le programme libéral actuel prévoit une autre vague de 13 projets totalisant 150 mégawatts, dont la majorité de la puissance  sera produite par la firme AXOR. Rappelons qu'au même moment, cette même firme plaidait coupable auprès du DGEQ d'avoir utilisé des prête-noms pour faire des dons politiques illégaux. AXOR a mis la main sur les rivières Franklin, Sheldrake et Sainte-Anne-Du-Nord. D'autres projets iront à des municipalités qui constitueront des sociétés en commandite à l'abri de la Loi sur l'accès à l'information et autres modes de gestion publique.


Développement éolien

Alors que les chercheurs de l'IREQ travaillaient d'arrache pied au développement par Hydro-Québec de la filière éolienne, MM. André Caillé et Thierry Vandal ont fait en sorte que cela soit développé par le privé après avoir rejeté cette filière pendant la bataille du Suroît.

Pire, après que Thierry Vandal et Jean Charest aient refusé l'offre de partenariat Siemens-Hydro-Québec qui aurait été bien plus créateur d'emplois, d'expertise et de richesse que des projets tels que le Suroît, Bécancour, Rabaska et Cacouna réunis, M. Vandal a justifié son refus de développer la filière éolienne par le manque d'expertise d'H-Q.

Il est plutôt ironique d’entendre le président de la société d’État issu de la nationalisation de l’électricité utiliser le principal argument invoqué par les opposants à la nationalisation en 1962!!!

Or, Électricité de France (EDF) a obtenu près de 50% du second appel d'offre de 2000 Mégawatts alors qu'elle n'a aucune expertise. Et que dire du fait que M. Vandal, ancien V-P de Gaz Métro, octroie un contrat à Gaz Métro qui à zéro expertise dans l’éolien !


Hydrocarbures

Si on suit le plan de match du gouvernement actuel, notre statut d'importateur sera modifié comme l'affirmait Mme. Normandeau, mais il ne sera pas celui d'un Québec qui est maîtres chez lui, mais plutôt pour celui d'une colonie de gaz et de pétrole, comme avant 1962 pour l'électricité.

Lorsqu'on donne en catimini le contrôle du développement de nos richesses à une majorité d'entreprises étrangères pour des « pinottes », c’est bien ce qu’on appelle brader nos ressources. Ceci nous ramène au scandale du gaz naturel de 1958 sous Duplessis.


On a bel et bien perdu des milliards

M. Bouchard, qui appuie la dépossession par ce gouvernement de nos ressources sans notre consentement (ce contre quoi MM. Lévesque et Lesage se sont battus) affirme que les droits  d'exploration ont été cédés à 10 cents l'hectare parce qu'ils ne valaient rien.

FAUX.

L’émission Découvertes du 11 janvier 2004 prouve qu'Hydro-Québec avait vu la valeur des territoires et voulait les exploiter avant que le gouvernement force Hydro-Québec à démanteler sa division gaz et pétrole.

C’est plutôt parce qu'en vertu de notre loi des mines, les droits d’exploration de TOUTES les ressources minérales se vendent 10 cents l’hectare !!!

Avons-nous reçu beaucoup plus pour les droits d’exploration miniers en Abitibi? Non. Les minières ont payé aussi peu que les gazières… De plus, ce gouvernement a donné aux entreprises d’hydrocarbures un crédit de redevances de 5 ans si elles ont commencé à exploiter avant la fin 2010.

Ainsi, des entreprises ont commencé à pomper du pétrole en Gaspésie qui nous rapportera $0 pour les 5 prochaines années… Est-ce le cas pour Pétrolia aussi ? Pas moyen de le savoir. 

Par ailleurs, la ministre amalgame toutes les ressources naturelles. OK. Jouons le jeu. Le vérificateur général du Québec a révélé que, grâce à notre loi des mines, le Québec A PERDU $360 millions entre 2002 et 2008 sur des revenus de plus de $15 milliards des minières.

Ce n'est pas brader, ça?

Pouvoir être expulsé par une minière en vertu de cette loi, c'est être maître chez soi?


Qui décide de l’encadrement?

Pourquoi, s'il tient tant à ce que l’exploitation des hydrocarbures se fasse de façon sérieusement encadrée, ce gouvernement reste-t-il muet pendant que M. Bouchard décrète qu’il ne veut pas inclure le pétrole dans l’Évaluation Environnementale Stratégique?

Doit-on comprendre que c’est encore et toujours l’industrie qui décide? Que fera-t-on à Anticosti  et ailleurs au Québec pendant les deux prochaines années sans loi sur les hydrocarbures?

Pétrolia, ayant fait de la fracturation hydraulique pour son pétrole de schiste, a pris son eau à quel endroit? Et qu'a-t-il fait ensuite des résidus de forage? Encore là, pas moyen de savoir...


Maîtres chez nous ? Vraiment ?

Être Maîtres chez nous en 2011, c'est que le peuple du Québec garde le contrôle de l'avenir de ses ressources énergétiques et naturelles et fasse une évaluation rigoureuse de ses stratégies de développement, en fonction du bien commun. Être Maître chez soi, c'est être responsable, s'assumer et s'émanciper économiquement.

Or, de toute évidence, Mme. la ministre n’a pas compris que nous souhaitons autre chose que d’être des employés d'entreprises en majorité étrangères qui nous font « l'honneur » de venir prendre nos ressources…pour des grenailles.

Par la cession en douce du contrôle de notre énergie, ce gouvernement, avec l'aide de MM. Bouchard, Caillé et Vandal, nous ramène à l’époque de colonie économique  de Maurice Duplessis et spolie nos ressources énergétiques.

Photo : Jacques Nadeau - Le devoir


|Réplique à la ministre Nathalie Normandeau
2866|2929|Accueil_Analyses Politique_Québec|La saga de la carte électorale|2011-03-17 08:28:53|Paul Cliche|

Le gouvernement libéral et l’opposition péquiste viennent de faire connaître leurs propositions concernant la réforme de la carte électorale qui est en train de prendre une allure de saga.

Les deux préconisent des solutions qui violent le principe, universellement reconnu en Occident, de l’égalité du vote des électeurs où qu’ils habitent sur un territoire donné.

Dans les deux cas, ils veulent que la loi électorale applique dorénavant une politique de deux poids deux mesures pour avantager les circonscriptions rurales par rapport aux circonscriptions urbaines en établissant un barème différent pour fixer le nombre d’électeurs.

Les premières compteraient ainsi un nombre d’électeurs systématiquement moins élevé que les deuxièmes afin d’éviter la disparition des moins populeuses en région.

On sait que certaines circonscriptions rurales comptent présentement jusqu’à deux fois moins d’électeurs que les plus populeuses surtout situées en banlieue de Montréal.

De plus, une trentaine des 125 existantes ne respectent pas la règle édictée par la loi électorale interdisant que le nombres d’électeurs d’une circonscription dépasse de plus ou moins 25% la moyenne québécoise afin d’établir une égalité relative entre elles.

Les libéraux et les péquistes veulent maintenant supprimer cette règle introduite par le gouvernement Lévesque lors de sa réforme électorale de 1979. Cette norme constitue un minimum dans les autres pays où celle de 15% prévaut souvent.

Au Canada, le principe de l’égalité du vote, illustré pare l’axiome «un citoyen un vote», trouve son application à la lumière du concept de la «représentation effective» de tous les électeurs tel que défini par un arrêt de la Cour suprême en 1991.

Le PQ veut maintenant accorder la prépondérance aux concepts flous et subjectifs de la «représentation effective des régions» et de «l’occupation dynamique du territoire».

Quant au gouvernement, il veut balayer le problème sous le tapis en créant trois nouvelles circonscriptions en banlieue de Montréal sans en faire disparaître pour autant en Gaspésie et dans le Bas-St-Laurent portant ainsi le nombre de sièges à l’Assemblée nationale de 125 à 128.

Le ministre responsable de la Réforme des institutions démocratiques, Pierre Moreau, a déclaré qu’on n’avait pas «à opposer Matane à Montréal pour respecter les droits des gens ». Quel beau sophisme!

Porte-parole du PQ, son leader parlementaire Stéphane Bédard, a invoqué pour sa part «l’intérêt national» pour appuyer sa proposition. Mais son raisonnement tarabiscoté laisse plutôt transpirer l’opportunisme électoral.

Les péquistes devraient pourtant suivre l’exemple de leur fondateur, René Lévesque qui, en 1984, a tenté de présenter un projet de loi instaurant un scrutin proportionnel régional après avoir mené une campagne énergique qui a duré plus d’une décennie.

Cette réforme, en plus de renforcir les régions, aurait corrigé l’injustice qu’inflige le mode de scrutin majoritaire actuel à des tiers partis comme Québec solidaire, l’ADQ er le Parti vert dont les appuis électoraux profitent plutôt aux deux partis dominants (PLQ et PQ) qui augmentent ainsi indûment leur représentation parlementaire.

Mais on souvient que le caucus des députés péquistes, imposant une rebuffade majeure au premier ministre, avait alors malheureusement rejeté ce projet de loi.

De plus, le PQ devrait enfin adopter la politique de décentralisation régionale préconisée dès 1977 par le premier ministre Lévesque qui désirait que les centres de décisions se rapprochent de la population.

Une telle politique permettrait la dévolution de pouvoirs appartenant jusqu’ici au gouvernement québécois à des gouvernements régionaux autonomes dont les dirigeants seraient élus et qui se verraient dotés des ressources nécessaires pour exercer leurs responsabilités.

Ces deux mesures structurantes, essentielles pour assurer l’avenir des régions, mettraient fin à la politique de l’autruche pratiquée par les deux vieux partis et à l’hypocrisie officielle en vertu de laquelle le sort des régions dépendrait de la présence de quelques députés de plus à l’Assemblée nationale.

Quant aux péquistes, l’orientation qu’ils prennent dans le domaine des institutions démocratiques laisse présager que, rendus au pouvoir, ils contribueront, comme le gouvernement actuel, à ramener le Québec à l’ère duplessiste.




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