La Loi 101 au cégep : nécessaire et légitime

2011/03/29 | Par Alain Dion


Le député de Borduas, Pierre Curzi, était à Rimouski le 24 mars dernier afin d’échanger avec les membres du Parti Québécois, mais également avec la population de la région au sujet de l’opportunité d’étendre l’application de la Charte de la langue française au réseau collégial québécois. Invité par le comité exécutif du PQ de Rimouski, M. Curzi a multiplié les rencontres, livrant à chaque occasion un vibrant plaidoyer en faveur de cette proposition qui sera débattue lors du Congrès national du PQ en avril prochain.

M. Curzi a entre autres échangé avec divers représentants de médias régionaux, les étudiants, le syndicat du personnel enseignant et la direction du Cégep, avant de terminer sa journée en compagnie des militants péquistes de Rimouski et de plusieurs délégués du Bas-St-Laurent qui participeront au congrès national d’avril. 


Renverser la vapeur de l’anglicisation

Tout au long de ces échanges, le député de Borduas a illustré de multiples façons l’anglicisation de Montréal, des milieux de travail et de la langue d’usage. S’appuyant sur deux études1 très rigoureuses de la situation actuelle, M. Curzi s’est également attardé à démontrer comment l’application de la Loi 101 au cégep, associée à d’autres mesures, permettrait de renverser la situation. «Nous sommes persuadés qu’il ne sera pas possible de mettre un terme au déclin du français et de renforcer sa présence sans une intervention vigoureuse de l’État. Cette intervention ne saurait se limiter à un seul domaine de notre vie collective. En plus de l’enseignement collégial, elle devra inclure des mesures sur la sélection et la francisation des immigrants, la francisation des entreprises et la place du français comme langue de l’État et de l’administration publique.» 

À une question soulevée par un délégué qui soulignait lors d’un 5 à 7 militant que l’on retrouvait dans la proposition principale du parti Québécois une orientation qui ferait en sorte que les cégeps francophones pourraient offrir, aux étudiants qui le désirent, une session d’immersion en anglais, M. Curzi a noté que «cette proposition était effectivement surprenante et qu’elle allait totalement à l’encontre de ce que l’on recherchait. Nous aurions maintenant besoin de centaines de profs parfaitement bilingues qui enseigneraient, pour une session, différentes matières et différents programmes en anglais. Encore une fois, le message lancé à la population irait dans le sens d’un bilinguisme institutionnel. Ce qui est le contraire de notre objectif. Il faut d’abord travailler à défendre et surtout valoriser notre langue nationale. Nous devons nous assurer que cet effort permettra à la fois de franciser les milieux de travail et de consolider l’adhésion d’une majorité de Québécois à la vie en français. Assurons-nous par ailleurs d’améliorer l’enseignement de l’anglais, mais dans notre système secondaire francophone.»


Un débat national

Ce passage dans le Bas-St-Laurent a également permis à M.Curzi de bien mettre en lumière le caractère national de ce dossier politique qui de prime abord peut sembler bien montréalais. 

Rappelant dans un premier temps le désir sans cesse croissant de jeunes francophones et allophones de faire des études collégiales en anglais, il a également souligné que pour bien de ces jeunes, «ce passage au collégial anglais s’avère à la fois un tremplin vers des études universitaires en anglais ainsi qu’une intégration ultérieure au marché du travail anglophone.»

Et cette anglicisation du marché du travail, le prestige associé à la langue anglaise et les moyens disproportionnés de certaines institutions d’enseignement anglophones pourraient alors peser de plus en plus lourd dans le choix des jeunes des régions qui ne voudront pas rester en marge de ce mouvement et qui seront tentés de se diriger vers Montréal pour étudier en anglais. «Imaginez l’effet que cela pourrait produire sur les institutions d’enseignement en région qui sont déjà en baisse d’effectifs. Tout le monde est donc concerné par cette situation.»

M. Curzi a d’ailleurs admis qu’il serait important de développer des mesures qui favoriseraient la venue en région d’étudiants francophones et allophones qui permettraient de maintenir la vitalité de nos cégeps tout en permettant à ces jeunes de découvrir de nouveaux coins du pays. «Cette approche pourrait même faciliter l’intégration de nouveaux arrivants à la majorité francophone de la société québécoise ! C’est aussi ça l’occupation dynamique du territoire.»

Le député de Borduas a également évoqué à juste titre que si nous n’intervenions pas rapidement et résolument en faveur du renforcement de la langue française, l’anglicisation de la langue d’usage et des milieux de travail dans la grande région de Montréal aurait un impact sur l’ensemble du Québec.

«Si nous n’intervenons pas immédiatement, dans 20 ans le fossé malheureusement déjà existant entre la métropole et les régions du Québec risque de prendre une ampleur démesurée. Le jour où Montréal sera une ville bilingue alors que le reste du Québec sera francophone nous nous retrouverons alors avec deux solitudes, mais en sol québécois. Et ce n’est pas le pays que nous voulons bâtir. Il faut donc redonner toute sa dignité à la langue française, travailler à valoriser les études dans nos institutions francophones et mettre en œuvre une politique linguistique globale qui s’appliquera à l’ensemble des secteurs de la vie au Québec ».


Un écho au travail de Camille Laurin

Ce passage de Pierre Curzi à Rimouski a permis une fois de plus de constater que le dossier de la langue française était entre bonne main au Parti Québécois. Le porte-parole de l’opposition officielle en matière de langue mène une croisade résolue et pédagogique en faveur de l’application de la Loi 101 au cégep qui n’est pas sans rappeler la ferveur, le courage et la patiente détermination du docteur Camille Laurin qui voyait dans l’adoption de la Charte de langue française en 1977 le fer de lance de l’émancipation du peuple québécois, un outil légitime et nécessaire à sa pleine et entière liberté.

Le rendez-vous d’avril au Parti Québécois devra maintenant permettre à cette proposition de se retrouver au cœur de la prochaine politique linguistique d’un Québec en marche vers son indépendance.


1 Les études Le grand Montréal s’anglicise et L’application de la Charte de la langue française au collégial : un prolongement nécessaire sont disponibles sur le web : http://pierrecurzi.org