Brèves syndicales

2011/04/01 | Par Maude Messier

55 000 étudiants en grève

Une vingtaine d’associations étudiantes représentant au total près de 55 000 étudiants universitaires et collégiaux de partout au Québec ont voté en faveur d’une journée de débrayage pour permettre à leurs membres de participer à la grande manifestation organisée par l'Association pour une solidarité syndicale étudiante (ASSÉ) jeudi après-midi à Montréal.

La riposte des étudiants aux hausses des frais de scolarité ne s’est pas fait attendre. Après avoir talonné le ministre des Finances, Raymond Bachand, et tenté d’investir ses bureaux la semaine dernière, l’ASSÉ prévient que cette manifestation n’est qu’un avant goût des actions à venir.

« Il y aura d’autres actions et dérangements ce printemps. Aujourd’hui [jeudi], c’est la mise au jeu; la bataille entre le gouvernement libéral et le mouvement étudiant vient de commencer. On va maintenir la pression », a déclaré le porte-parole de l’ASSÉ, Gabriel Nadeau-Dubois, joint par l’aut’journal, promettant un automne sous le signe de la mobilisation.


Carrément dans le rouge

Dès 5 heures jeudi matin, un immense drapeau rouge a été hissé sur le Mont-Royal, « pour rappeler au gouvernement que la guerre est déclarée », a souligné M. Nadeau-Dubois.

Effigie de la dernière grève générale étudiante en 2005, le carré rouge symbolise l’endettement étudiant, une préoccupation plus d’actualité que jamais au moment où le gouvernement libéral annonce une hausse des frais de scolarité de 325$ par année sur cinq ans, soit un bon vertigineux de 75%.

Gabriel Nadeau-Dubois insiste sur le fait que les impôts sur le revenu constituent le seul moyen équitable de financer l’éducation, les hausses des frais faisant porter un poids inégal aux étudiants, sans égard à leur situation économique. Une position qui fait consensus au sein de nombreuses organisations, telles que la Coalition opposée à la privatisation et à la tarification des services publics et l’Alliance sociale.

À preuve que les frais de scolarité ont une incidence sur l’accessibilité aux études postsecondaires, s’il est vrai que les frais de scolarité du Québec sont les plus bas au pays, c’est aussi ici que le taux de fréquentation des établissements d’enseignement postsecondaire est le plus élevé, près de 9% au-dessus de la moyenne canadienne.

Photo : Jacques Nadeau (2005)


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Les paramédics de Québec sonnent l’alarme

Le manque d’effectifs ambulanciers dans la région métropolitaine de Québec inquiète le président de l'Association des travailleurs du préhospitalier de Québec (ATPH-CSN), Martin Jobin, et la présidente du Conseil central de Québec-Chaudière-Appalaches, Ann Gingras.

« Toutes les études démontrent que la capacité d'intervention des paramédics augmente lorsque le délai d'intervention est rapide, souligne Martin Jobin. Mais quand la centrale d'appels ne peut affecter un véhicule pendant 5, 10, voire plus de 30 minutes dans certains cas parce qu'il n'y a pas assez d'équipes sur le terrain, on se demande si la population reçoit les services auxquels elle s'attend. »

Le nombre d’appels auxquels doivent répondre les paramédics est passé de 35 370 en 2004-2005 à environ 47 000 pour l'année 2010-2011, soit une hausse de 33%. Pourtant, le nombre d'heures travaillées n'a augmenté que de 16 % et le nombre de sorties de véhicules quotidiennes, de 20 % seulement. Un manque à gagner qui affecte significativement la couverture de services d’urgence selon les représentants syndicaux.

Par exemple, les délais d’affectation d’un véhicule ambulancier pour les appels prioritaires ne répondraient aux normes ministérielles que dans 15% des cas. Le manque d’effectifs affecte aussi les délais de réponse des paramédics dépêchés sur les lieux.

Alors que les normes de services paramédicaux, fixées par le ministère de la Santé, prévoit 9 minutes pour arriver au point d’intervention, cela n’a pas été respecté dans 14% des cas pour le mois de février, soit environ 13 appels par jours selon l’ATPH.

Pour la présidente du Conseil central de Québec-Chaudière-Appalaches, il est évident que l'Agence de la santé et des services sociaux de la Capitale-Nationale n'affecte pas le budget nécessaire pour être en mesure de respecter les normes du ministère. « Seul un ajout d'effectifs permettra de rétablir la situation. »

Photo : CSN

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La CSN syndique un CHSLD en PPP

L’Agence de la santé de la Montérégie a opté pour la construction de quatre CHSLD en partenariat public privé (PPP), totalisant 398 lits, ce à quoi se sont fortement opposées les organisations syndicales et la Coalition Montérégie sans PPP.

Qu’à cela ne tienne, la CSN vient tout juste d’obtenir une accréditation syndicale pour le CHSLD de Saint-Lambert administré par le Groupe Savoie, propriétaire des Résidences Soleil. Il s’agit d’un premier syndicat CSN dans un établissement géré en mode PPP.

La création du Syndicat des travailleuses et travailleurs du CHSLD Saint-Lambert-sur-le-Golf (CSN) ouvre la voie à la négociation d’un premier contrat de travail pour les quelque 200 salariés de l’établissement. Le syndicat représente toutes les travailleuses et les travailleurs du CHSLD, à l'exception des infirmières, des infirmières auxiliaires et des professionnels.

Le vice-président de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN), Guy Laurion, a fait savoir plus tôt cette semaine que la syndicalisation dans ce type d'établissement est désormais nécessaire.

« La logique de recherche du profit maximum qui prévaut nécessairement dans ce type d'institutions pèse lourdement sur les conditions de travail et les salaires des employés qui y œuvrent. »

Rappelons qu’outre le CHSLD de Saint-Lambert, trois autres projets de 66 lits chacun devraient voir le jour à Saint-Jean-sur-Richelieu, à Châteauguay ainsi qu’à Granby.

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Tarification de services médicaux : la CSQ dénonce DocTel

DocTel, une entreprise privée offrant à ses membres des services de consultations médicales par téléphone, se présente comme une alternative au réseau de la santé pour des problèmes médicaux mineurs. Les membres ont accès à un médecin à l’autre bout du fil 7 jours sur 7.

La CSQ dénonce une telle pratique et interpelle le ministre de la Santé pour qu’il mette un frein à cette forme de démantèlement de la prestation des services dans le réseau public. «Ce n'est pas parce que la Régie de l'assurance maladie du Québec (RAMQ) dit que cette pratique est légale que le ministre doit y consentir », a affirmé la vice-présidente de la CSQ, Louise Chabot, faisant valoir que la fidélisation de la clientèle à ce service par des frais d’adhésion en plus des frais de consultations soulève bien des questionnements quant à ces « médecins marchands ».

DocTel précise sur son site Internet que les médecins « ne font que conseiller, complémenter, et dépanner lorsqu’une visite en tant que tel n’est pas vraiment nécessaire, ou trop longue à obtenir ».

Pour la CSQ, il est clair qu’un tel service de consultation est déjà bien implanté dans le réseau public. En effet, Info-Santé offre des consultations effectuées par des infirmières compétentes à quiconque présente des inquiétudes relatives à un problème de santé et ce gratuitement.

« Il s'agit même de l'un des grands succès québécois, qui a permis au cours des années de réduire le recours inutile aux urgences pour des problèmes mineurs. »

Si, à la différence d’Info-Santé, les médecins de DocTel peuvent effectuer certaines prescriptions, elles ne concernent toutefois que certains médicaments de base, tels que des antibiotiques, des antihistaminiques, des anti-inflammatoires ou encore le renouvellement d’une prescription courante échue, compte tenu notamment des limites d’un diagnostic par téléphone.

La CSQ déplore que des « médecins assoiffés de revenus faciles » reprennent l’initiative d’Info-Santé à leur compte.

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Entente mitigée chez ArcelorMittal

Le Syndicat des Métallos représente les quelque 2 000 travailleurs et travailleuses d’ArcelorMittal Mines Canada regroupés au sein de quatre sections locales différentes à Port-Cartier et à Fermont.

Les syndiqués devaient se prononcer en assemblée mercredi sur une entente de principe conclue plus tôt cette semaine entre le comité de négociation et l’entreprise au terme d’un « blitz de négociations intensives » d’une trentaine de séances depuis novembre dernier.

Or, seulement trois des quatre sections locales ont accepté l’entente : les travailleurs de l'usine de bouletage de Port-Cartier (section locale 8664), les employés de soutien de Fermont et Port-Cartier (section locale 7401) ainsi que les travailleurs de la voie ferrée. 

Les travailleurs de la mine du Mont Wright à Fermont (section locale 5778) ont cependant rejeté l'entente.

«On pense avoir en main un contrat de travail intéressant», faisait pourtant valoir le coordonnateur des Métallos pour la Côte-Nord, Alain Croteau, par voie de communiqué ce lundi.

Dans un communiqué publié en fin de journée mercredi, le syndicat a fait savoir que des discussions sont en cours avec les travailleurs pour envisager la suite des événements, de même que des échanges avec les représentants de l'employeur.

Aucune entrevue n’était accordée par la direction syndicale au moment d’écrire ces lignes.