Santé : offensive en vue des milieux d’affaires

2011/04/28 | Par Pierre Dubuc

Selon The Globe and Mail (27 avril), les milieux d’affaires canadiens se préparent à intervenir avec force sur la place publique pour proposer leurs solutions afin de freiner la hausse des coûts des soins de santé.

Regroupés au sein de la Canadian Alliance for Sustainable Health Care, ils ont décidé de financer à hauteur de 1,6 million de dollars un ambitieux projet de recherche, sous la supervision du Conference Board of Canada.

Selon l’article du Globe and Mail, les dirigeants des grandes entreprises – particulièrement celles du milieu des affaires de Bay Street – ont une bonne connaissance du système de santé, plusieurs d’entre eux siégeant ou ayant siégé sur les conseils d’administration d’hôpitaux. « Ils auraient constaté, nous dit le Globe, un grand appétit pour les compétences du secteur privé. »

Il semble que l’action des hommes d’affaires soit une réaction à l’engagement des partis politiques d’augmenter de 6% les transferts fédéraux aux provinces dans le cadre de l’accord fédéral-provincial de dix ans sur la santé qui prend fin en 2013-2014.

Parmi les membres de cette nouvelle Alliance, on retrouve la Sun Life Financial, la Banque Toronto-Dominion, la Banque de la Nouvelle-Écosse, la Banque Canadienne impériale du Commerce et IBM Canada.

En éditorial, le Globe appuie la démarche des milieux d’affaires. S’en prenant lui aussi à la promesse des politiciens d’augmenter le transfert aux provinces de 6%, le Globe voit dans l’initiative de l’Alliance un contrepoids salutaire.

« La nouvelle coalition est nécessaire, écrit l’éditorialiste du Globe, pour faire la lumière sur la trajectoire des coûts des soins de santé, et travailler avec le monde des affaires pour trouver les meilleures façons de réduire les coûts, y compris par des solutions orientées vers le marché ou de confier au secteur privé la prestation de soins. »

Le Globe souligne, tout de même, que l’avantage comparatif sur la scène international que confère aux entreprises notre système public, en les relevant d’obligations que plusieurs entreprises doivent assumer aux États-Unis.

Malgré cela, il faut s’attendre, au cours des prochains mois, à une offensive bien orchestrée, par think tank interposés, du milieu des affaires en faveur d’une plus grande privatisation des soins de santé, même si l’expérience américaine démontre que le système privé est beaucoup plus coûteux que le système public.

Le système public est plus profitable, sauf, bien entendu, pour les compagnies d’assurances comme la Sun Life et leurs amis banquiers.