Brèves syndicales

2011/05/06 | Par Maude Messier

Amertume et division à La Tribune

Les 130 travailleurs de La Tribune de Sherbrooke, propriété de Gesca – filiale de Power Corporation –, ont tenu, le 1er mai, un vote serré sur l’hypothèse de règlement qui leur était présentée par le conciliateur. Divisés, c’est à 58% que les syndiqués ont adopté la proposition.

Rappelons que des offres patronales avaient déjà été refusées à deux reprises, soit en juin 2010 et en mars dernier. Gesca a mené au cours des derniers mois des négociations difficiles avec ses publications régionales, tentant d’imposer un pattern issu du règlement avec les syndiqués de La Presse.

L’issue de ces négociations a laissé un goût amer aux syndiqués, notamment au journal Le Soleil ( http://lautjournal.info/default.aspx?page=3&NewsId=2827 ) et La Voix de l’Est, et La Tribune ne fait pas exception.

« Cette acceptation dans une si faible proportion démontre à quel point la vision patronale laisse un goût amer chez nos membres », a fait savoir Jean-Pierre Gallant, représentant national du SCEP-FTQ, par voie de communiqué. Pour le syndicat, il est évident que l’employeur n’a démontré aucune ouverture au dialogue tout au long du processus.

M. Gallant met en doute l’efficacité des mesures exigées par l’employeur pour faire des économies et estime qu’il s’agit plutôt d’une « recette dogmatique » appliquée à tous les quotidiens de Gesca.

La Voix de l’Est, La Tribune, Le Nouvelliste, Le Droit, Le Soleil et Le Quotidien. Six journaux, six entités autonomes, six réalités. Pourtant, Gesca souhaite imposer à tous un même cadre de négociation uniformisant : gel des salaires, ouverture à la sous-traitance, fragilisation des emplois et coupures dans les régimes de retraites.

Le syndicat indique que l’hypothèse de règlement du conciliateur reprend les grandes lignes de l’employeur en y ajoutant quelques améliorations, quant aux congés et à la régularisation de certains postes. Pour le président du syndicat, Gilles Morency, il s’agit de bien maigres consolations, compte tenu de « ce qui a été laissé sur la table par les salariés ».

C’est surtout les résultats du vote qui préoccupent le dirigeant syndical : « Nous espérons que nos membres réussiront à se solidariser malgré ce vote déchirant, cette solidarité sera nécessaire quand il sera temps de faire face aux nombreux défis qui les attendent dans les prochaines années. »

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Chauffeurs d’autobus de Longueuil : l’entente est adoptée

Dimanche dernier, les chauffeurs d’autobus du Réseau de Transport de Longueuil (RTL) se sont prononcés à 84% en faveur de l’entente de principe survenue le 19 avril entre leur syndicat et l’employeur.

D’une durée de sept ans, la nouvelle convention collective comporte des augmentations salariales globales de 21,5%, soir un peu plus de 3% par année. Le président du Syndicat des chauffeurs d'autobus du RTL (SCFP section locale 3333), Michel Robidoux, a déclaré que le 1er mai était une journée « magnifique » pour conclure cette entente à la fois à l’avantage des syndiqués et des usagers du RTL.

« Nous assurons de bonnes conditions de travail pour les chauffeurs jusqu'en 2017. C'est une base solide pour un service de transport de qualité. »

En échange de plus de flexibilité permettant une amélioration du service aux usagers, les chauffeurs ont obtenu des améliorations aux congés maladie, à l'assurance invalidité de long terme et aux primes de soir et de fin de semaine. Un montant forfaitaire de 1,1 million $ sera également versé par l’employeur pour maintenir le pouvoir d'achat des retraités.

Le débat autour du manque de toilettes, qui a définitivement marqué cette négociation, s’est aussi conclu à la satisfaction des parties : des toilettes chimiques seront finalement installées en attendant la construction définitive d’installations sanitaires dans les terminus du RTL d’ici trois ans.

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La CSN porte plainte contre Couche-Tard

La CSN a officiellement porté plainte, jeudi matin, contre Couche-Tard à la Commission des relations du travail, « pour la fermeture sauvage de l'établissement syndiqué situé au coin des rues Beaubien et Saint-Denis, à Montréal ».

Alléguant qu’il s’agit bel et bien d’une fermeture antisyndicale, le vice-président de la centrale, Roger Valois, estime que Couche-tard cherche à intimider les salariés qui tentent de se syndiquer, un droit fondamental pourtant protégé par le Code du travail.

Rappelons que la fermeture de l’établissement de la rue St-Denis s’est faite de façon précipitée après que les employés eurent déposé une demande d’accréditation syndicale. Le dépanneur avait pourtant récemment fait l’objet d’importantes rénovations.

Les procureurs de la CSN insistent sur le contexte dans lequel se situe cette fermeture, à savoir les nombreuses tentatives de Couche-Tard pour entraver la syndicalisation de ses employés. Rappelons, à cet effet, la circulation d’une vidéo interne dans laquelle le président, Alain Bouchard, fait des menaces de représailles à peine voilées à l’endroit des employés qui souhaiteraient se syndiquer.

Pour la CSN, la CRT doit envoyer un message clair aux employeurs qui envisagent de recourir à des pratiques antisyndicales similaires. Ainsi, parce qu’elle estime que Couche-Tard contrevient au Code du travail et à la Charte des droits et libertés de la personne, la CSN demande, pour chacun des 11 employés congédiés, une indemnité d'un an de salaire, plus un mois de salaire par année de service chez l'employeur Couche-Tard.

La centrale réclame que soit aussi versées, à chaque salarié, une somme de 35 000 $ pour dommages moraux et une autre de 50 000 $ pour dommages exemplaires.

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Nouvelle convention à la Fromagerie Bergeron

Les 108 syndiqués de la Fromagerie Bergeron de Saint-Antoine-de-Tilly ont accepté à 87% les termes de leur nouveau contrat de travail.

En négociation depuis le mois de février dernier, les travailleurs bénéficieront finalement d’augmentations salariales variant de 24% à 31% selon les titres d’emplois, faisant passer le salaire horaire moyen à 19$ au terme de la convention le 31 décembre 2016.

La convention collective d’une durée de six ans comprend des gains appréciables, notamment quant au du REER collectif des employés. La contribution patronale doublera dès la première année, passant de 0,15 $ à 0,30$ l’heure travaillée. Des augmentations pouvant aller jusqu’à 0,50$ sont également prévues pour les années suivantes en fonction de l’ancienneté des travailleurs.

Les syndiqués auront aussi droit à des journées de congé de maladie supplémentaires dès 2012 selon leur ancienneté et à une 5e semaine de vacances pour les employés ayant 18 ans de service et plus.

Au chapitre de la représentation syndicale, la CSN a également obtenue plus de libérations syndicales de même que l’introduction d’un « temps d’accueil » dans la convention pour « permettre un premier contact entre le syndicat et les nouveaux employé-es ».

Le conseiller syndical au dossier, Christian Beaulieu, confirme que les négociations se sont bien déroulées et qu’il s’agit d’une convention avantageuse pour les travailleurs et les travailleuses, comme en témoignent les résultats du vote.