Gaspésie : en 15 ans, la population âgée de 20 à 34 ans a diminué de 34 %

2011/05/27 | Par L’aut’journal 

Dans son allocution d’ouverture à l’occasion du Conseil général de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), le président de la CSQ, Réjean Parent, a lancé un appel pressant au gouvernement pour qu’il s’engage à favoriser une véritable politique économique pour l’ensemble des régions du Québec afin de renverser l’exode de la population des régions ressources vers les grands centres.

La Gaspésie subit, comme l’ensemble des régions ressources au Québec, une érosion de sa population dont les effets sont extrêmement préoccupants. « Alors que Jean Charest rêve de développer le Grand Nord, pourrait-il nous dire quels sont ses plans pour assurer un vrai développement économique du Québec, un développement qui réduira les inégalités d’emplois entre toutes les régions et qui assurera à toutes les citoyennes et à tous les citoyens le droit de travailler et de vivre dignement dans leur patelin s’ils le désirent ? », questionne le président de la CSQ.

 

L’avenir du Cégep de la Gaspésie et des Îles

La CSQ est particulièrement inquiète de l’avenir des établissements d’enseignement en région. Depuis plusieurs mois, la communauté collégiale de Gaspé est sur un pied d’alerte quant à l’avenir du Cégep de la Gaspésie et des Îles, établi à Gaspé, menacé par une baisse des effectifs collégiaux.

De 1996 à 2006, cette baisse des effectifs collégiaux a été de 28 %, alors que la diminution devrait être de 31 % de 2008 à 2016. Les conséquences sont dramatiques non seulement en ce qui concerne le nombre d’étudiants fréquentant l’établissement, mais également à l’égard du financement du cégep qui s’en ressent directement, en plus des impacts économiques pour la région.

Depuis 10 ans, cette décroissance a fait perdre au grand Gaspé pas moins de 40 millions de dollars en retombées économiques. La seule diminution du nombre d’enseignants à temps complet représente une perte de 7,5 millions de dollars en masse salariale depuis cinq ans. Quant aux pertes engendrées par la baisse de la clientèle étudiante, elles sont estimées à 37 millions de dollars en neuf ans.

 

Une maladie démographique beaucoup plus grave

Pour la CSQ, le mauvais sort qui frappe le Cégep de la Gaspésie et des Îles n’est que le symptôme d’une maladie plus grave et plus étendue qui accable l’ensemble de cette région et qui a pour nom décroissance démographique ou, si l’on préfère, exode de la population.

Ainsi, de 1996 à 2010, la région de la Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine est passée de 106 404 personnes à 93 826 personnes, soit une perte de 12 578 personnes. Une diminution de population de 11,8 % qui apparaît encore plus sérieuse lorsqu’on regarde les chiffres de plus près, c’est-à-dire l’évolution de la population selon le groupe d’âge pour la même période.

Ainsi en 1996, on dénombrait dans la région 21 522 enfants âgés de 5 à 19 ans. En 2001, il n’en restait plus que 17 671 âgés de 10 à 24 ans, soit une perte de 17,9 % en cinq ans. En 2006, il n’en restait plus que 15 105 âgés de 15 à 29 ans, ce qui représente une perte de 29,8 % en dix ans. Et en 2010, tenez-vous bien, il n’en restait plus que 14 078 âgés de 20 à 34 ans, soit une perte de 34 % en 15 ans.

Cela signifie dans les faits que les gens âgés de 20 à 34 ans constituent le principal groupe de personnes susceptibles de garantir la reproduction naturelle de la population régionale. Il faut donc conclure que la Gaspésie a perdu, au cours des 15 dernières années, pas moins du tiers de la capacité de reproduction naturelle de sa population et même si l’on constate une légère hausse de sa population, il faut poursuivre les efforts pour l’ensemble des régions.

 

Un appel pressant au gouvernement

« Je suis profondément inquiet quand je vois le premier ministre du Québec rêver éveillé de dépenser des milliards de dollars de notre argent pour ouvrir des routes sur un territoire quasi inhabité afin de permettre à des compagnies minières florissantes d’y avoir accès et d’extraire nos riches ressources naturelles du sol, sans pratiquement rien retourner aux Québécoises et aux Québécois en droits de redevance. Il est urgent que notre gouvernement mette en place un véritable plan économique pour le Québec soucieux du développement social et économique de l’ensemble des régions du Québec », conclut Réjean Parent.