Du World Trade Center à la Libye

2011/09/13 | Par Jean-François Thibaud

En ce jeudi 8 septembre, se tenait une conférence commémorative sur les attentats du 11 septembre au cinéma du Parc. Menée par le directeur du site web Global Research (mondialisation.ca), Michel Chossudovsky, la conférence donnait la parole à Mahdi Darius Nazemroaya, jeune chercheur canadien oeuvrant au sein de l’équipe du site et qui rentre d’un séjour tumultueux à Tripoli, Wayne Madsen, reporter indépendant américain et Cynthia McKenny, ex-membre du congrès américain, militante active de la communauté afro-américaine, farouche opposante des guerres néocoloniales de l’OTAN et qui revient aussi d’un séjour en Libye.

La conférence s’ouvrait sur la projection d’une vidéo commémorative, réalisé par James Corbett, sur les dix ans de guerres qui ont suivi les attentats du 11 septembre.

D’entrée de jeu, Michel Chossudovsky a tenu à remercier ironiquement le recteur de l’UQAM, qui a refusé que l’événement soit tenu en l’enceinte du campus, comme c’était le cas auparavant pour plusieurs de ses conférences. Les raisons évoquées tournaient accessoirement autour des questions de sécurité, mais, plus sérieusement, autour de la controverse politique que le sujet suscite.

Le professeur en sciences économiques de l’université d’Ottawa a rappelé brièvement la liste des faits travestis, des omissions volontaires, et des mensonges qui entourent les attentats du 11 septembre 2001. En commençant bien sûr par les omissions concernant les liens étroits unissant Ben Laden, le coupable désigné et ex-leader d’Al Qaida, aux services d’espionnages américains.

Bien que ces liens ont été généralement admis par les services d’intelligences (mais rarement évoqués dans les médias), sous l’administration Bush, la guerre au terrorisme a été lancée à partir d’informations dépeignant ces factions comme désormais hostiles et dangereuses pour la sécurité américaine sur la base de preuves, sinon invérifiables, le plus souvent mensongères, tout comme le furent les prétextes utilisés pour entrer en guerre contre l’Irak.

De manière tout à fait extraordinaire, ces mêmes factions ennemies de l’Amérique sont redevenues, tout dernièrement, alliées de l’Occident dans leur conquête du pouvoir à Tripoli, pour ramener les bienfaits de la démocratie en Libye.

Cynthia McKenny s’est attardée à exposer les dommages quasi-irréversibles qu’ont infligés à l’Amérique les nouvelles lois votées par le Congrès depuis le 11 septembre, dont le Patriot Act.

Pour illustrer l’importance des forces anti-démocratiques à l’œuvre, elle a évoqué certains faits désormais établis à propos de Martin Luther King. Pour s’être opposé vigoureusement à la guerre du Viet-Nam, il a bénéficié, dans la dernière année de sa vie, d’un traitement de faveur des services de contre-intelligence qui mobilisaient, à temps plein, plus d’un millier de fonctionnaires. Malgré la lutte pour les droits civiques menée dans les années cinquante et soixante, l’impunité au plus haut niveau de l’appareil de l’État n’a jamais cessé d’exister, mais est graduellement devenue un modus operandi légitimé par la Constitution. Autrement dit, pour reprendre la formule de l’ex-représentante au Congrès : « ce qui était autrefois anti-américain et illégal est devenu, après le 11 septembre, anti-américain, mais légal ».

Wayne Madsen a passé en revue les récents développements sur les détails incohérents de la version officielle concernant les attentats : soupçons d’implication de la CIA et du MOSSAD, soupçons sur le rôle de Larry Silverstein, propriétaire du World Trade Center, interrogations qui perdurent sur le sens de l’expression « pull it », qu’il a tenu à propos de la tour WT7, invraisemblances factuelles concernant le Pentagone ou le crash de Shanksville. À propos du travail d’enquête aux États-Unis, il se dit préoccupé par le fait qu’il est de plus en plus rarement effectué, les journalistes des grands médias obéissant généralement à des règles strictes d’agendas prédéterminés par des intérêts supérieurs.

Enfin, le jeune Mahdi Darius Nazemroaya a livré un témoignage poignant de son séjour au cœur du conflit en Libye. Bien que critique du régime Kadhafi, il s’est dit indigné par l’unilatéralisme de l’OTAN, sa façon de détruire systématiquement les infrastructures, afin de créer des pénuries d’eau, de nourriture, d’électricité et même de monnaie, sa façon de mener des campagnes de « tapis de bombes » en pleine nuit et pendant des jours pour paver la voie à une faction armée infiltrée par Al Qaida.

Il a critiqué aussi la création de propagande à partir de grossiers mensonges  avec la complicité des médias occidentaux. Par exemple, les 600 exécutions d'opposants par les forces de l’ordre à Benghazi l’hiver dernier seraient, selon lui, un non-événement inventé de toutes pièces par des membres du Conseil national de transition et relayé par une ONG à Berne.

De même, aucun mercenaire africain n’a été engagé par Kadhafi, contrairement aux affirmations des grands médias, mais des milices armées de plusieurs pays avoisinants ont bel et bien été enrôlées par l’OTAN, en flagrante violation de la résolution 1973 de l’ONU. Sans compter les meurtres et tortures perpétrés par les forces d’Al Qaida et ciblant spécifiquement les communautés de race noire.

Une centaine de personnes assistaient à cette conférence. Aucune force de sécurité n’a eu besoin d’intervenir pour des débordements qui n’existent que dans la tête du courageux recteur de l’UQAM, Claude Corbo. Mais peut-être que les citoyens éclairés auront droit dans les prochains jours, à quelques interventions bien senties de la part de quelques intervenants de la chaire Raoul-Dandurand, à propos de l’aspect sociologique entourant le « fanatisme » du mouvement pour la vérité sur le 11 septembre.


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