Rencontres Internationales du Documentaire de Montréal : 14e édition

2011/11/04 | Par Ginette Leroux

Les Rencontres internationales du documentaire de Montréal auront lieu du 9 au 20 novembre 2011. La 14e édition des RIDM, c’est cent dix-neuf films, provenant de 32 pays, projetés dans dix salles montréalaises et une salle prévue à Québec. Sur 182 séances, incluant projections-débats, leçons de cinéma, discussions et autres événements, on comptera 14 premières mondiales et internationales, 25 premières nord-américaines, 15 premières canadiennes et 27 premières québécoises. Soixante-cinq documentaristes étrangers ainsi que 14 cinéastes québécois seront au rendez-vous.

L’ouverture du RIDM se fera sous l’enseigne de « Crazy Horse », du cinéaste américain de renom Frederick Wiseman. Ce film propose une entrée privilégiée dans les coulisses du « nu chic » cabaret parisien. En clôture, « Tahrir, Place de la Libération », du réalisateur italien Stefano Savona, témoin du soulèvement des Égyptiens contre leur gouvernement au début de l’année 2011, amène le spectateur au milieu même des événements.

Au fil de la programmation, en compétition officielle, section longs métrages internationaux, signalons le percutant « A Still Jacket », du Suisse Ramòn Giger, film primé à Cinéma du Réel à Paris, « Yatasto », de l’Espagnol Hermes Paralluelo, meilleur film argentin au Festival de Cinéma indépendant de Buenos Aires (BAFICI). « Bouton », film suisse de Res Balzli et « La BM du Seigneur », film du Français Jean-Charles Hue qui se situent entre le documentaire et la fiction.

La mexicaine Natalia Almada (El Velador, présenté à la Quinzaine des Réalisateurs) et le Suisse Fernand Melgar (Vol spécial, remarqué cette année à Locarno), viendront à Montréal à titre d’invités spéciaux des Rencontres.

La compétition nationale présente, entre autres, « The Future is Now! », des Canadiens Gary Burns et Jim Brown, un essai réjouissant et visionnaire. Le Québécois Yanick Létourneau participera à une projection-débat de son film « Les États-Unis d’Afrique » qui réunira plusieurs artistes hip-hop et militants sur le thème de la musique et de l’engagement politique.

De nouveaux talents seront en compétition pour le Prix du meilleur espoir Québec/Canada. Notons les cinéastes Carlo Guillermo Proto (El hueso), Mia Donovan (Inside Lara Roxx) ou encore Marie-Ève Tremblay (Le voyage silencieux).

Courts et moyens métrages de réalisations québécoises et canadiennes réunissent, comme à l’accoutumée, des œuvres uniques telles, par exemple, « Le temps que prennent les bateaux » de Johanne Fournier, « Ma famille en 17 bobines » de Claudie Lévesque dans laquelle elle raconte ses racines familiales, sans oublier « A Simple Rhythm », un film qualifié d’étonnant, de Tess Girard.

La section Panorama accueille cette année de grands auteurs à succès. Notamment, Alexander Sokourov (Il nous faut du bonheur) et Jacques Perrin (L’Empire du milieu du Sud).

Un portrait de l’écrivain Jose Saramago et sa grande histoire d’amour avec Pilar del Rio dans l’excellent « Jose et Pilar » qui rivalise de charme avec l’autoportrait de Charlotte Rampling dans « The Look » et « El sicario, Room 164 » de l’Espagnol Gianfranco Rosi, présente la confession inédite d’un ancien tueur des cartels mexicains.

Il ne faut pas manquer « Nous, Princesses de Clèves », un film pied-de-nez à Nicolas Sarkozy du réalisateur français Régis Sauder.

Les grands enjeux actuels se regroupent dans la section Horizons du festival. À ce titre, un film chinois se démarque. Il s’agit de « Karaway », film d’une durée de six heures, interdit en Chine, qui montre comment une tragédie peut anéantir une petite communauté rurale.

À contre-courant, comme son nom l’indique, réunit des films à la limite de la marginalité. Citons par exemple « Mom et moi » du cinéaste québécois Danic Champoux, un film où l’animation et le réel se côtoient.

Vous aurez peut-être envie de tout savoir sur la pop-rock islandaise (Backyard) ou encore serez-vous curieux de constater l’apathie d’une communauté en deuil d’un jeune garçon mort d’une overdose dans le docu-fiction « Putty Hill ».

Comme dans tous les festivals, des projections-hommages souligneront le décès des cinéastes Richard Leacock, documentariste anglais, pionnier du cinéma direct, mort en mars dernier à Paris, et de l’Italien Gualtiero Jacopetti, père du cinéma d’exploitation, et réalisateur de « Mondo Cane », film culte qui sera projeté en 35mm.

Une présentation du film de Manuel Foglia « Chartrand le malcommode » redonnera vie au syndicaliste le plus coloré, aimé ou honni, du Québec moderne.

Concluons en surlignant que, cette année, trois cinéastes marquant de notre époque seront au rendez-vous pour présenter une rétrospective de leur œuvre. D’abord, le grand cinéaste américain Frederick Wiseman. En plus de présenter son dernier film en ouverture du festival, dix productions qui jalonnent la carrière de l’octogénaire seront projetés.

Un deuxième réalisateur, cette fois, le cinéaste et poète-phare du Danemark moderne, aussi mentor de Lars von Trier, Jørgen Leth sera à Montréal pour accompagner neuf de ses films.

Le RIDM recevra également Helena Treštiková, imminente cinéaste tchèque. Elle offrira, en plus de sa remarquable trilogie « Marcela, René et Katka » quatre autres de ses productions. Les trois cinéastes rencontreront le public montréalais autour des leçons de cinéma. Soulignons que Frederick Wiseman, retenu à Boston, donnera sa leçon de cinéma sur Skype.


Bon festival.

Bookmark