Vendre son État, n'est-ce pas se vendre soi-même?

2011/11/14 | Par André Bouthillier

Je lisais le rapport Duchesneau et de page en page je me morfondais. J'haïs avoir raison après coup. C'est un sentiment de frustration énorme. Que puis-je faire? Dire que je l'avais bien dit? Dit quoi ? Que la déréglementation et l'intégration du privé dans la sphère publique menaient directement à la corruption à grande échelle?

Je ne suis pas le seul, nous sommes des milliers au Québec à l'avoir dit et redit depuis 1986: des professeurs d'économie, des chercheurs, des politologues, des philosophes, des ingénieurs, des hauts fonctionnaires du gouvernement du Québec. Des gens d'affaires et des spécialistes de l'éthique ont même organisé un colloque à l'Université de Montréal pour tenter de convaincre le monde des affaires et les policitiens de revenir à l'éthique comme nous l'avions connue en 1976 sous René Lévesque.

Nous l'avons dit de différentes façons. Certains par des lettres au gouvernement, d'autres par des mémoires dans les consultations publiques, d'autres encore par des lettres d'opinion dans les journaux. Mais rien n'y fit. Quelques groupes n'étaient pas d'accord avec les mises en garde: le Conseil du patronat, les Chambres de commerce et, selon le sujet, l'Ordre des médecins, ou les associations d'entreprises dans une industrie ou une autre, incluant bien sûr l'Association des bureaux d'ingénierie-conseil.

Mis à part les commerçants, tous avaient le même discours, il ne faut pas déréglementer au-delà d'un certain point, il faut qu'il y ait une démarcation claire entre le rôle de l'État et celui du secteur de l'économie privée, sinon c'est l'inefficacité, c'est la pagaille dans les prix et la valeur des travaux exécutés. La collusion s'installe avec la corruption à la clef. Ensuite, ce sont les jeux de chaises  rotatives ...un jour un cadre travaille pour le gouvernement, le lendemain pour une firme d'ingénierie-conseil. L'éthique se gangrène et suppure en conflits d'intérêts.

S'ensuit la fusion des intérêts du politique et de l'économique: tous projets ou travaux publics deviennent une manne à se répartir entre les joueurs, le bien-être de la population mise à mal pour devoir en payer les coûts. Je te donne des travaux, tu finances mes campagnes électorales.

Le tout aboutit à la connivence des gens politiques et économiques qui refusent de lâcher prise à leur racket et qui banalisent le ras le bol des populations. Sans gêne aucune, ils salissent des réputations, enlèvent la sécurité d'emploi dans le secteur public pour placer leurs gens de confiance, congédient toute personne qui ose dénoncer les abus, lancent des campagnes de propagande en langue de bois et de coton pour convaincre la population de leur probité.

Dans certains pays comme les États-Unis-d'Amérique, en Amérique du Sud, en France, en Russie, etc, les entreprises privées finissent par posséder leur propre armée, leur propre centre d'intelligence et d'espionnage. Finalement lorsque les anciens PDG d'entreprises obtiennent les postes clefs dans la fonction publique de l'État, une forme de fascisme s'installe.

On retrouve toute ces situations dans les mots corruption, gabegie, favoritisme, coulage, déprédation, déséconomie, dilapidation, dissipation, gâchage, gâchis, gaspillage, prodigalité, engloutissement, galvaudage. Nous semblons plus habiles à nommer les choses qu'à les changer.

D'où vient cet État que les Lucides et Caquistes veulent détruire ?

En lisant ci-dessous, il serait un leurre de croire qu'aucune corruption n'existait avant aujourd'hui, cependant il est important de comprendre comment l'État que nous connaissons s'est construit.


1850-1913: La construction de l'État


Au 19e siècle, l'objectif premier du tout nouvel État canadien est de bâtir un pays doté d'une identité distincte, à la fois de la Grande-Bretagne et des États-Unis-d'Amérique. La Constitution de 1867 établit politiquement cette nouvelle nation. Bâtir le pays, c'est créer un appareil judiciaire propre pour maintenir l'ordre public; c'est aussi accompagner l'essor de l'économie nationale dans un pays immense et peu peuplé. À cet effet, pour établir des liens entre l'est et l'ouest du pays, l'État s'implique massivement dans la mise en place des infrastructures de transport. Sous la pression des syndicats et de certains politiciens qui ont une vision sociale, l'État commencera à assumer des responsabilités, encore bien limitées, dans les domaines sociaux et du travail. Mais dans l'ensemble, l'État intervient le moins possible, faisant reposer le dynamisme de l'économie sur l'entreprise privée. 


1914-1945: L'État en transition

Ici comme ailleurs dans le monde, les années 1914-1945 sont des années troublées: deux guerres mondiales et une crise économique obligeront les États occidentaux à intervenir davantage pour en atténuer les effets. Préoccupés de favoriser l'industrialisation et le développement des ressources naturelles, les gouvernements canadien et québécois interviennent pour favoriser les conditions de prospérité en protégeant les produits locaux de la concurrence étrangère, en concédant des terres aux entreprises forestières et minières et en poursuivant les travaux de construction de routes et de chemins de fer. La crise économique de 1929 montrera de façon éclatante l'incapacité des marchés économiques à s'équilibrer d'eux-mêmes: les gouvernements prêteront assistance aux victimes de la crise sur une base ponctuelle, prévoyant se retirer une fois la situation rétablie. La Deuxième Guerre mondiale viendra sortir l'économie de la crise; l'État s'y consolidera à la faveur de l'effort de guerre et prendra une place prépondérante dans l'économie. 


1946-1975: L'Implication active de l'État

La reconversion de l'économie de guerre en économie de paix suscitera des inquiétudes: on craint que le chômage des années '30 ne ressurgisse suite à la démobilisation et à la fermeture des usines de guerre. C'est au cours de cette période que l'État prendra la forme qu'on lui connaît: politique soutenant l'économie, soutien à l'entreprise, assistance aux familles en périodes de faiblesse, personnes âgées, etc, création de réseaux publics scolaires et socio-sanitaires, législation du travail, politique culturelle, etc.

Au Québec, la question nationale sera le pivot de la création de l'appareil d'État: pour bâtir un Québec économiquement vigoureux, pour entrer dans la modernité, le Québec se donnera un appareil d'État étendu qui sera à la fois un outil de développement économique et social, un outil de promotion des Québécois-ses francophones, et un lieu d'émancipation nationale par rapport au Canada.


1976-1986: L'État en question

Depuis 1975, les gouvernements ont poursuivi leurs interventions tant aux niveaux économique, social, culturel qu'au plan des relations de travail. Cependant, une crise économique viendra ralentir le rythme des réformes: on consolide les acquis, on complète les réformes amorcées, sans plus.

Cette crise a culminé en 1981-82, mais elle prend racine dès le début des années '70, au moment où l'inflation et le chômage ont commencé à progresser parallèlement, au contraire de ce qui s'était produit généralement jusque-là. La coexistence du chômage et d'une inflation élevés (stagflation) des années '70 et la hausse brutale du prix du pétrole ont marqué profondément la plus longue récession du XXe siècle après celle des années '30.

Alors que la crise économique des années '30 a été à l'origine de l'intervention de l'État, celle des années '80 suscite une importante remise en cause du rôle de l'État.

La crise économique et surtout l'inefficacité relative des mesures prises par l'État pour y remédier ont donné des arguments à ceux et celles qui souhaitent que l'État se confine au maintien de l'ordre et à la défense. Ce discours qui reprend à son compte les principes du libéralisme économique du XIXe siècle est si souvent répété qu'on peut finir par y être sensible.


1986 - à aujourd'hui c'est l'escalade avec son apogée en 2003,
Le démantèlement de l'État

Les nouveaux riches n'écoutent plus les sages conseils des aînés.es Ils ont renié l'expérience de leurs pères et grands-pères, qui leur racontaient avoir tout perdu lors de la grande récession de 1929, le tout poivré des affres de la vie au quotidien durant la grande dépression.

D'autres leur ont raconté comment les Québécois ont dû se débarrasser des compagnies privées dans le domaine de l'eau à cause du manque d'hygiène causé par les pratiques entrepreneuriales de l'époque, du transport à cause du non entretien du parc de véhicules et de leur danger sur les routes.

La création des coopératives, qu'elles soient du domaine agricole, du bois ou de la finance, a été nécessaire pour suppléer à la défection des riches du pays. Les banques qui refusaient de prêter à des Canadiens français, des compagnies de transformation du lait qui s'interdisaient d'aller chercher le lait dans les rangs les plus éloignés des campagnes québécoises. Des compagnies de distribution de l'eau qui ne voulaient pas payer pour dégeler les tuyaux en hiver. Des compagnies privées de production et de distribution d'électricité qui dédaignaient raccorder au réseau d'électricité les gens vivant loin des grands centres urbains... parce que non profitable aux actionnaires.

Il semble bien que le confort, l'indifférence et une part de pensée magique ont fait oublier aux parents d'enseigner à leur progéniture le fondement historique de leur bien-être. Au mieux pour ceux et celles qui savent lire, les faits sont toujours consignés dans nos bibliothèques.

Dans un contre-courant historique, une génération de l'élite québécoise s'est obstinée à prouver qu'un libéralisme économique fort pouvait se passer de l'État.

Pourtant ces mêmes gens ont bénéficié du rôle de l'État et des coopératives dans le développement de leur entreprise, par l'entremise de subventions, de baisses d'impôt et du soutien apporté à l'exportation des produits québécois, et le tout en français s'il vous plaît! Le succès de leur croissance a été baptisé Québec Inc.

Imbus d'eux-mêmes, grisés par le pouvoir et l'argent, ces gens d'affaires ont occulté le soutien reçu et croient devoir leur enrichissement uniquement à leur talent personnel. Bien sûr, tous ne sont pas fabricants de produits. Les universifiés devenus consultants reluquèrent les services publics de l'État pour se créer une carrière florissante: en les privatisant, ils pourraient les reprendre à leur compte.

À coups de lobbying et de relations publiques, les uns comme les autres se liguèrent à l'intérieur des partis politiques pour exiger plus de liberté d'affaires, moins de règlementation de l'État.

Petit à petit, leur vision s'imposa, l'École nationale d'administration publique devint un « think thank » libertaire avec le professeur Jean-Luc Migué en tête de proue. Ils influencèrent même les examens servant à choisir les fonctionnaires qui désirent se qualifier à la loi de la fonction publique du Québec.

Les HEC (Hautes études commerciales) enseignèrent de plus en plus que le seul moteur de l'économie était le secteur privé. Des filiales sous la coupe de groupes d'affaires états-uniens financèrent l'Institut Fraser et ses ramifications provinciales pour faire circuler la bonne nouvelle du libéralisme économique sans frontière. Quelques générations d'étudiants demeurent ignorants des bons coups historiques de gouvernance de l'État, ceux-là même qui permirent aux québécois de prendre leur place dans l'économie. 

De plus en plus d'économistes adhérèrent aux thèses de Thatcher en Angleterre, Pinochet au Chili et Friedman l'économiste vénéré par le parti Républicain et une majorité du parti Démocrate aux États-Unis. Tous sont alors convaincus que l'individu est le centre du monde. À partir d'une observation personnelle et sans fondement scientifique, l'impression devient facilement un dogme.

Il y a toujours moyen de trouver des justificateurs.trices à n'importe quoi et son contraire, par exemple ces philosophes payés par de richissimes capitalistes, comme les frères Koch, pour prôner que la société n'existe pas en dehors de l'individu.

Ce courant de pensée répète en boucle que c'est à l'individu seul que revient tout la responsabilité de réussir peu importent les conditions réelles à affronter, il n'a qu'à accepter son sort. À leurs yeux il serait futile de tenir compte des inégalités des chances à la naissance. Ainsi la «démonisation» de l'État avec son filet social porta le nom péjoratif d' État providence, une expression méprisante adoptée par le monde universitaire.

C'est dans ce contexte qu'apparut Lucien Bouchard, un conservateur ayant servi Brian Mulroney (l’homme aux enveloppes brunes pleines de cash) suivi de Jean Charest, un autre conservateur contraint de démissionner de ses fonctions de ministre fédéral pour tentative d'influence sur un juge. C'est le même individu qui, dépité de ne pouvoir rebâtir un parti conservateur unifié canadien, se retrouva finalement à la tête du Parti Libéral du Québec en manque de chef.

Son idéologie traditionnelle de conservateur cadrait bien avec les états d'âme des nouveaux riches du Québec. Ensemble, ils procédèrent au démantèlement de l'État par grignotage, de petit bout caché en petit bout caché.

Bien sûr, cette volonté de déstructurer l'État n'est pas tributaire que de James John Charest. Sous Robert Bourassa déjà, on a connu les premières commissions d'enquête ou groupes de réflexion sur le sujet. Les trois premiers groupes furent appelés les Comités des sages de l'État québécois.

Par la suite se succédèrent, à tous les deux ou trois ans, des commissions d'enquête ou de réflexion qui se conclurent par le même constat: non à la privatisation totale, oui à un peu de déréglementation, à un peu d'ouverture vers le secteur privé pour des services normalement rendus par l'État.

Les grandes messes des Commissions cherchaient davantage à convaincre la population du bienfait de la privatisation qu'à étudier un procédé équitable pour toute la société.

Même la majorité des médias, sous la férule des propriétaires, encensait le profil privé. La parole citoyenne de même que les mises en garde d'érudits professeurs et de regroupements sociaux étaient noyées dans les propos spéculatifs de spécialistes consultants qui, déjà en collusion avec les dirigeants en place, faisaient miroiter des gains substantiels... pour leurs poches et non pour celles des citoyens.

Rappelons-nous les commissions suivantes: Rochon pour privatiser la santé, le comité Lemaire sur la déréglementation de la gestion de l'État, Beauchamp pour développer l'industrie de l'eau et ainsi de suite.

Certaines commissions échappèrent au piège de recommander la privatisation des services publics. Dans certains cas, il fallut que des milliers de personnes défilent dans les rues, par exemple pour s'opposer à la centrale au gaz Le Suroit.

Alors, pour que cela ne se reproduise plus, les politiciens.nes se mirent à changer les mandats des commissions et organismes, comme celui du Bureau d'audience public sur l'environnement (BAPE) par Thomas-J. Mulcair. Le BAPE doit aujourd'hui tenir compte des enjeux économiques de tout projet ayant un impact négatif sur l'environnement. Le bureau sert maintenant de faire valoir aux prometteurs industriels de toutes sortes.

Les services publics furent aussi ébranlés par le grand coup donné par Lucien Bouchard et sa cohorte de nationalistes carriéristes qui mena à la retraite de milliers de fonctionnaires. En fait, leur coût n’apparaît plus au budget de fonctionnement de la fonction publique, mais comme leurs services sont essentiels, les dirigeants de la fonction publique durent fait appel au secteur privé pour faire le travail.

Encore aujourd'hui, le même personnel revient travailler dans le même emploi, mais cette fois des entreprises privées prennent leurs frais d'administration et profits par-dessus le salaire de l'employé.e. Donc, dans l'autre colonne le gouvernement paye une facture plus salée que lorsque les mêmes employés.es étaient des fonctionnaires publics. Et là, on ne compte pas la perte d'expertise causée par le non retour de certaines personnes très spécialisées.

Voilà un geste économiquement injustifiable, mais qui confortait la théorie néolibérale ou conservatrice.


Le Privatariat une maladie incurable


L'élection du Parti Libéral du Québec dirigé par le conservateur Jean Charest, en mars 2003, marque l'apogée de cette démarche avec l'annonce du concept de la Réingénierie de l'État. L'insuccès de l'appellation du concept sur le plan des communications lui valut une modification de nom.  La Modernisation de l'Etat toujours en vigueur encense les mêmes préceptes.

Pour astreindre les gestionnaires des ministères à faire des affaires avec le secteur privé de l'économie, on leur coupa les vivres. Les budgets coupés à l'aveugle desservent le fonctionnement de l'appareil d'État pour alimenter les coffres du secteur privé. Sans compter la fameuse règle de recrutement qui sévit encore aujourd'hui: pour l'embauche d'une personne, deux fonctionnaires doivent prendre leur retraite. Donc, de retour aux mêmes effets que sous le règne de Lucien Bouchard tel qu'expliqué précédemment.

La création de l'Agence des Partenariats public-privé pilotée par Mme Monique Jérôme-Forget a englouti des millions de dollars en frais d'avocats, ingénieurs, architectes et autres professionnels à la « facture facile » pour réaliser quelques PPP dont les contrats seront plus compliqués à interpréter que la bible, ce qui donnera de l'ouvrage aux tribunaux pendant trente ans et une immense facture aux contribuables.

En 2011, la dame à la sacoche ou la dame de fer du Québec, surnoms qui lui ont collé à la peau, défend son bilan avec un argumentaire bidon, comme elle l'a toujours fait. Pourtant le Vérificateur général de la province a alerté le public sur la folie des PPP, mais l'idéologie et l'appât du gain sont tellement puissants que le gouvernement de Jean Charest ne sait plus comment reculer. Aujourd'hui le gouvernement a fermé l'Agence et a inventé une autre patente qui fait le même travail.

C'est ainsi que la collusion s'est installée.

Il est toujours de la volonté du Parti Libéral du Québec de démanteler l'État. L'Action démocratique, elle, en exige encore plus. Le 27 septembre 2011, lorsqu'un journaliste a demandé à Sylvie Roy de l'ADQ si les recommandations du Rapport Duchesneau quant à la perte d'expertise de Transports Québec n'étaient pas contradictoires avec les revendications de son parti, soit d'abolir encore plus de postes de fonctionnaires et d'aller plus loin que Jean Charest dans le démantèlement de l'État, sa réponse fut d'une niaiserie totale:  Je suis sûre que même si on engage des ingénieurs pour faire le travail, nous trouverons plein de postes à couper ailleurs dans le ministère des Transports.» Voilà ce que l'on nomme un dogme!

Dans le cas de François Legault, dont le souhait a toujours été d'être calife à la place du calife (référence aux bandes dessinées Iznogoud) et de sa Coalition créée par effet de médias, voit son éthique personnelle questionnée à cause de la façon dont il a manipulé l'entente d'actionnariat qui le liait à Air Transat. La compagnie a préféré se débarrasser de l'homme plutôt que de le poursuivre devant les tribunaux.

Que dire de sa vision de Premier ministre-concierge de l'État, indécis à endosser un deuxième mandat après son ménage, fait de lui un potentiel Premier ministre irresponsable devant les conséquences de ses coups de balais...la fuite après le désastre!

Quant à son adjoint Charles Sirois, fortuné grâce à ses contacts lors de la la privatisation de TéléGlobe Canada par le gouvernement fédéral, non seulement croit-il que la diminution de l'État sera une bonne chose, ce qui conforte sa pensée libertaire bien imbriquée dans sa pensée corrélative, mais elle sera aussi une occasion de s'enrichir encore plus.

Quant au PQ c'est à voir... les dirigeants du parti ont tous cautionnés des façons de faire similaires à s'y méprendre aux politiques du Parti Libéral. Sauront-ils faire front commun pour l'avancement de la société québécoise ou resteront-ils coincés avec des députés uniquement carriéristes ? Les doubles personnalités des Bouchard, Boisclair et Facal nous sont resté en travers de la gorge, les deux premiers sont maintenant lobbyistes pour l'industrie minière et Joseph Facal, celui qui a mis sur pied l'Institut des Partenariats public-privé (PPP), est devenu chroniqueur populiste.

De son côté Québec Solidaire a la moralité pour renverser la tendance, et aucun squelette dans le placard. Souhaitons que des gens parmi eux connaissent bien les rouages de la gestion ministérielle et gouvernementale.

Concernant la coalition potentielle des députés.es indépendants, il n'y a peu d'avenir, même à moyen terme.

Si les néolibéraux et/ou néoconservateurs sont parvenus à faire avaler leur discours à l'ensemble de la population, c'est qu'ils ont réussi à donner l'impression qu'ils font des propositions nouvelles. Parler de changement, n'est-ce pas avoir l'air dynamique et inventif?

En réalité, les nouveaux conservateurs, peu importe leur parti politique, nous ressassent de vieilles idées, assaisonnées au goût du jour. Non seulement leurs programmes nous rétrogradent au début des années 1900, mais détruisent un système de solidarité sociale et d'acquis démocratiques chèrement gagnés dont la disparition serait néfaste et irréparable.

Il faudrait bien que les citoyens et citoyennes réagissent vigoureusement.  Est-ce encore possible ou si l'idéologie du « Je Me moi » ou du « sauve qui peut » est devenu indécrottable?

Où se cache cette relève qui nous fait si cruellement défaut?

Les notes et référence se trouvent sur le site http://meteopolitique.com dans la fiche Privatisation & Nationalisation – Éditorial JosPublic

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|La collusion et la corruption un effet pervers de la commercialisation du rôle de l'État
3246|3316|authebdo|Dernière heure: Harper prêt à brader l'agriculture québécoise|2011-11-14 11:17:48|Pierre Dubuc|

par Pierre Dubuc

Dans un texte mis en ligne vendredi dernier, sous le titre : « Harper en Asie. Au menu: lait, fromage, poulets ? La gestion de l’offre en agriculture menacée » nous exprimions la crainte que le gouvernement Harper adhère aux négociations sur la zone de libre-échange trans-pacifique. C’est exactement ce qui se produit.

Une des conditions de l’adhésion du Canada exprimée par les autres pays du Pacifique est qu’il sabre dans le programme de gestion de l’offre en agriculture. Jusqu’ici, le gouvernement Harper s’y était opposé. Mais, on apprend aujourd’hui, dans le Globe and Mail, que « tout est sur la table ».

Ci-dessous, l’article que nous avons mis en ligne vendredi. Nous reviendrons au cours des prochains jours sur ce développement majeur qui représente une menace considérable pour l’agriculture québécoise.

HARPER EN ASIE. AU MENU: LAIT, FROMAGE, POULETS? LA GESTION DE L'OFFRE EN AGRICULTURE MENACÉE

Hier, 10 novembre, le bureau du Premier ministre annonçait que Stephen Harper va assister à la conférence des dirigeants de la Coopération économique Asie-Pacifique (APEC). Il sera intéressant de voir si le Canada va postuler pour devenir membre du traité de libre-échange du Pacifique, dont une des conditions d’entrée est l’abandon des programmes de gestion de l’offre en agriculture.

En 2010, le Conseil international du Canada (CIC), un important think tank parrainé par l’élite économique du Canada, critiquait, dans un document de stratégie géopolitique, intitulé « Un Canada ouvert : stratégie de positionnement mondial à l’ère des réseaux », le refus du gouvernement Harper de ne pas avoir cédé sur cette question (1).

Constatant la diminution des avantages du libre-échange avec les États-Unis, le CIC le remettait en question comme fondement de la politique économique du Canada et prônait une plus grande ouverture vers les marchés asiatiques.

Les auteurs notaient, en le déplorant, qu’il y avait seulement six accords de libre-échange à travers le monde impliquant le Canada sur un total de 462 accords. La multiplication de tels accords était la voie envisagée pour permettre au Canada de redresser la balance de ses échanges commerciaux avec d’autres pays.

Les auteurs reprochaient au gouvernement canadien de ne pas avoir adhéré au traité de libre-échange du Pacifique dont une des conditions d’entrée était l’abandon des programmes de gestion de l’offre dans l’agriculture. « Nous voulons, écrivaient-ils pour illustrer les contradictions de la politique canadienne, libéraliser les marchés des céréales et des graines oléagineuses », mais « nous appuyons un système agricole qui impose des quotas à l’ancienne pour protéger les pays laitiers et les éleveurs de volaille ».

Le gouvernement Harper leur donne aujourd’hui raison avec la privatisation de la Commission canadienne du blé, mais il résiste toujours aux pressions pour mettre fin à la gestion de l’offre en agriculture.

Cependant, depuis quelques semaines, le Globe and Mail publie régulièrement des articles sur la gestion de l’offre, comme s’il s’agissait de préparer l’opinion publique à une décision en ce sens.

Par exemple, dans son édition du 10 novembre, le journal aborde la question par le biais des prix à la consommation pour les produits laitiers et la volaille.

Dans un article intitulé « It’s time to question Canada’s cheese prices » (Il est temps de questionner les prix des fromages au Canada), le journaliste Campbell Clark compare les prix de différents items à Ottawa et à Buffalo aux États-Unis.

Le deux litres de lait se vend 2,99$ à Ottawa et 1,83$ (en dollars canadiens) à Buffalo. La poitrine de poulet 8,23 $ la livre à Ottawa contre 3,35$ à Buffalo.
Le parmesan coûte à Buffalo entre 6,10$ la livre pour le produit domestique et jusqu’à 15,29$ pour le fromage importé. À Ottawa, le prix oscille entre 13,79$ pour le produit local et jusqu’à 22,42 $ pour le produit importé.

Le journaliste évite de mentionner les conséquences économiques dramatiques et désastreuses pour l’agriculture du Québec et de l’Ontario d’une telle mesure. Selon la teneur de son article, ce sont des considérations politiques qui modèrent les ardeurs du gouvernement Harper.

Il mentionne le fait que la mesure toucherait à un nombre important de circonscriptions rurales au Québec et en Ontario. Cependant, il souligne que le nombre de producteurs laitiers est passé de 30 000 en 1999 à moins de 13 000 aujourd’hui.

Il est bien évident que ce ne sont pas les producteurs laitiers du Québec qui pèsent bien lourd dans la balance politique, les conservateurs ayant réussi à former un gouvernement majoritaire avec seulement cinq députés au Québec.

D’autre part, il est possible qu’avec l’ajout de 27 nouveaux sièges au Canada anglais, avec la refonte de la carte électorale, le poids des producteurs laitiers ontariens soit dorénavant, lui aussi, négligeable. La position que défendra Stephen Harper au sommet de l’APEC la semaine prochaine sera instructive à cet égard.

Cependant, une chose est certaine, le poids du Québec, tant politique qu’économique, devient de plus en plus insignifiant dans l’espace canadien, au fur et à mesure que le centre de gravité de l’économie se déplace vers l’Ouest et les perspectives de développement sont envisagées dans le cadre de partenariats avec les pays asiatiques.

Dans l’ensemble du rapport du Conseil international du Canada (CIC), la seule mention du Québec est celle que nous venons d’évoquer : la gestion de l’offre en agriculture. C’est tout dire!

(1) Vous trouverez une analyse détaillée de cet important rapport dans notre nouvelle publication, Le Québec et la nouvelle donne internationale. Pour informations sur cette publication, cliquez ici.


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3247|3317|Environnement Manchettes|Le forum québécois sur l’énergie, outil de propagande?|2011-11-15 08:03:15|Sébastien Bois|

L’auteur est porte-parole des CentricoisES et MauricienNEs pour le déclassement nucléaire

Le 16 novembre prochain se tiendra à Shawinigan un forum québécois sur l’énergie. Placé sous le thème Imaginons un monde sans pétrole, l’exercice m’apparaît louable. J’appuie plusieurs actions qui visent à réduire notre dépendance à cette énergie fossile.

Cependant, au-delà des apparentes bonnes intentions et de la présence de quelques personnalités « vertes », le forum garde un silence inquiétant sur l’énergie nucléaire au Québec. Pourtant, la centrale Gentilly-2 est à seulement quelques kilomètres de là. Le forum aborde le gaz de schiste, mais sur le bout des lèvres. Face à ces troublantes omissions, je suis allé y voir de plus près.

La présidente d’honneur du forum siège sur un conseil d’administration affilié à Gaz Métro. Parmi les orateurs présents, Pierre-Olivier Pineau, est enseignant en économie au HEC-Montréal et conférencier à l’Association Pipeline dont le nom résume bien les activités.

On se souvient que M. Pineau a d’ailleurs fait un revirement soudain en faveur du projet de réfection de Gentilly-2, au même moment où SNC-Lavalin (membre de l’Association Pipeline) achetait Énergie atomique du Canada ltée et que la Commission canadienne de sûreté nucléaire donnait un aval aveugle à la réfection de la seule centrale québécoise en « activité ». Il affirmait pourtant en mars dernier que le « nucléaire au Québec était tout à fait optionnel et que le contexte financier actuel, il serait préférable de l'éviter, et de mettre ses énergies ailleurs. »

Également parmi les invités du forum, Jean-François Samray, président-directeur général de l’Association de l’industrie électrique du Québec. Rappelons que M. Samray agit à titre de lobbyiste à la solde de diverses entreprises d’énergies renouvelables et fut nommé au club sélect des architectes du Plan Nord.

Enfin, on pourra entendre lors du forum Monsieur Denis Leclerc, ancien lobbyiste chez Abitibi-Consolidated et représentant du secteur économique forestier à la Fédération des chambres de commerces du Québec.

L’entreprise de M. Leclerc Écotech, est intimement liée à SNC-Lavalin. Sur son site Internet le site d’Écotech, on invite d’ailleurs les entreprises à une conférence de donnée par SNC-Lavalin et portant sur nos les lois liées à et l’exploitation des de nos ressources naturelles.

Mais qui donc finance ce forum dont les dés semblent jetés d’avance ? Parmi les partenaires on retrouve en outre; Gaz Métro, le Réseau des ingénieurs du Québec et EDF. EDF, Énergie de France, est une compagnie gazière(7), propriétaire de plus de 19 centrales nucléaires(8) et d’une partie du vent québécois, l’énergie éolienne(9).

En somme, des commanditaires à l’image des conférenciers, c’est-à-dire préoccupés davantage par l’aspect pécuniaire de l’énergie que par son apport social et environnemental.

À la lecture du programme proposé, on comprend que l’emphase sera principalement mise sur la dépendance du Québec au pétrole. C’est dire en d’autres mots que notre dépendance au pétrole doit être la priorité stratégique du gouvernement libéral. Par contre, si vous voulez entendre parler du nucléaire, d’un moratoire sur les gaz de schistes ou de la débandade démocratique actuelle faudra repasser.

Je remets en cause la légitimité et l’objectivité de ce forum. Si l’industrie et le gouvernement sentent la soupe chaude, et bien, faisons la bouillir avec des énergies propres! Je refuse et rejette l’agenda politique et énergétique des multinationales associées au Forum québécois sur l’énergie.

Au Québec, notre consensus énergétique remonte aux débats publics sur l’énergie de 1995. Les conclusions devraient guider nos décisions jusqu’au prochain exercice du genre. Il ne faudra certainement pas compter sur le Forum québécois sur l’énergie pour réaliser cette indispensable réflexion.

Sources :

http://www.rdvenergie.qc.ca/evenement/forum-quebecois-sur-lenergie

http://energie.edf.com/nucleaire/carte-des-centrales-nucleaires-45738.html

http://www.mrn.gouv.qc.ca/energie/eolien/eolien-potentiel-projets.jsp

15 mars 2011, La Presse : M.Pierre-Olivier Pineau « Dans le contexte québécois où Hydro-Québec développe des ressources alternatives et où d'importants potentiels d'économie d'énergie(…), le risque (financier) du nucléaire au Québec est tout à fait optionnel. En fait, dans le contexte financier actuel, il serait préférable de l'éviter, et de mettre ses énergies ailleurs. »

14 avril, L’Actualité.com : Un mois plus tard, M. Pineau change d’avis en plus de répandre des propos mensongers : « On oublie que le nucléaire a l'avantage de ne pas émettre de gaz à effet de serre, ce qui pourrait devenir un avantage compétitif si les émissions de carbone commencent à coûter cher aux entreprises ». Pourtant, l’industrie nucléaire admet elle-même émettre du CO2 : revue Générale Nucléaire de janvier-février 2000,

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|Un silence inquiétant sur l’énergie nucléaire au Québec
3248|3318|Société|Vidéo - Évaluer les enseignants... Encore?|2011-11-15 08:45:54|L'aut'journal|



Bookmark|Évaluer les enseignants... Encore?
3249|3319|Manchettes Culture Cinéma|Comment se faire son cinéma avec Mom Boucher|2011-11-16 08:28:29|Ginette Leroux|

Quand il était enfant, Danic Champoux n’avait pas besoin de la télévision pour se faire du cinéma. Il n’avait qu’à regarder par la fenêtre du salon pour avoir sous les yeux, grandeur nature, la plus belle brochette de criminels endurcis que sont les Hells Angels.

L’enfant curieux et rêveur était fasciné par ces durs à cuire coiffés d’une coupe Longueuil, sur leurs motos « shinées », leurs « pitounes » habillées sexées, assises à califourchon sur l’engin pétaradant.


Jour après jour, le petit observait la cour des grands qui portaient fièrement le « crest » de leur fraternité, ce qui avait l’heur d’en imposer aux citoyens de Sorel. Chose étrange, les Sorelois des années 1990 se sentaient en sécurité auprès de leurs voisins qu’ils considéraient comme des gars paisibles, capables de les défendre, si le besoin s’en faisait sentir.

Les Hells de Sorel avaient, à l’époque, nul autre que Maurice Mom Boucher comme président de leur chapitre. Danic a grandi sous l’aile du flamboyant gangster. Pas plus fréquentable que son père, mais, ô combien attirant, le fils de « Mom », Francis, était devenu son ami et, ensemble, ils tenaient un petit commerce de « dope » aux abords de l’école qu’ils fréquentaient. Consommation et vente de stupéfiants, admiration en sus, le chemin du crime semblait tout tracé.

Les Anges de l’enfer représentaient le paradis pour l’adolescent accroché à son rêve d’enfance. Comment Danic Champoux a-t-il pu résister à l’univers palpitant de la criminalité qui lui faisait d’insistants appels de phare? Un jour, un défi plus grand allait canaliser ses énergies débordantes.

QUÉBEC. 52 min.

Note :

Le gars de 20 ans a dégelé au printemps de 1996 et s’est inscrit à la Course Destination Monde. Aux côtés de Hugo Latulippe (République, un abécédaire populaire), participant au même titre, il a parcouru le monde, découvrant ainsi que l’univers était beaucoup plus vaste que celui d’un Mom Boucher, dorénavant sous les verrous.

Comme Danic Champoux se plaît à le dire, avoir Mom Boucher comme voisin immédiat n’est pas donné à tout le monde. L’idée de cette histoire peu commune s’est matérialisée sous une forme cinématographique aussi ingénieuse que surprenante. Genre à part, son documentaire est un mélange savant d’animations et d’entrevues.

L’animation, un peu grossière (certainement à cause d’un budget restreint – on parle ici d’un maigre 400 000 $) mais efficace, sert l’aspect narratif du film. À noter que le témoignage de la femme qui a tenu à cacher son identité a été puisé directement dans les documents juridiques déposés au cours du procès. Ses propos sont absolument hilarants.

Se juxtaposent à ces personnages animés, les entrevues des spécialistes connus du monde criminalisé (entre autres les journalistes Claude Poirier et Michel Auger aux démêlés multiples avec le célèbre motard et l’ex-policier Guy Ouellette, maintenant député du PLQ, qui, à l’époque de l’escouade Carcajou, a joué un rôle marquant dans la lutte contre les groupes de motards) et d’autres membres de la famille immédiate du cinéaste, ce qui ajoute à la compréhension des univers de chacun des protagonistes. La voix-off du réalisateur assure la narration.

Le charme de ce film est qu’il est aussi divertissant que captivant. En cela, le jeune et talentueux Champoux a parié sur la fascination des gens pour les criminels. Pari gagné!

Présenté en grande première vendredi le 11 novembre dernier à l’auditorium de la Grande Bibliothèque devant une salle comble de jeunes, passionnés de films d’animation, autant que de spectateurs de tous horizons, Danic Champoux était entouré de son équipe et de ses producteurs. Celui qui profitera des deux prochaines années en résidence à l’ONF a donné l’image d’un jeune homme déterminé, à la répartie vive et enjouée. Bravo Danic!


Mom et moi est présenté vendredi le 18 novembre à 19h45 à l’ONF en présence du réalisateur.

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|MOM ET MOI, de Danic Champoux
3250|3320|Société Manchettes Mouvements_étudiant|Un système d’éducation pour qui?|2011-11-16 08:46:33|Pierre Dubuc|

C’est la question fondamentale que posait la manifestation de près de 30 000 étudiants dans les rues de Montréal contre la hausse des frais de scolarité. C’est celle que la société tout entière devrait se poser au moment où nos écoles commencent à subir les contrecoups des coupures de 100 millions $ annuellement dans le budget des commissions scolaires.

Dans les deux cas, c’est la même logique élitiste qui s’impose. Avec des frais de scolarité plus élevés, moins d’étudiants accèderont à l’université. Avec des services réduits dans nos écoles, plus de parents – du moins les plus fortunés – enverront leurs enfants à l’école privée, subventionnée à plus de 60% à même des fonds publics.

Et de quoi discute-t-on sur la place publique? De la fin du principe de l’égalité des chances, indépendamment du revenu des parents? De la sélection par l’argent, d’abord par l’école privée, puis maintenant par les frais de scolarité à l’université?

Que non! On discute de la pertinence du maintien ou non des commissions scolaires, une structure dont un des objectifs est une meilleure répartition des ressources entre les écoles de milieux socio-économiques différents! Quelle belle manœuvre de diversion !


Des quartiers défavorisés à la scène internationale : une même logique

La logique élitiste n’a pas de limite. On discute, dans certains milieux, de la possibilité de créer des écoles pour les meilleurs élèves des quartiers défavorisés, sur le modèle des écoles à charte américaines. Sauvons les meilleurs, quant aux autres…

À l’autre extrême, les universités s’orientent vers la recherche d’étudiants étrangers fortunés pour compenser le déclin des inscriptions des étudiants québécois, par suite de l’augmentation des frais de scolarité.

Le gouvernement prévoit allouer entre 10 et 20% des sommes consacrées à l’éducation en campagnes de publicité sur la scène internationale et au recrutement de professeurs vedettes à prix fort. Ce faisant, il s’inspire de l’exemple de l’Ontario et de plusieurs autres pays.

Ainsi, dans son dernier budget, le gouvernement ontarien faisait reposer la reprise de l’économie de la province sur l’attraction d’étudiants étrangers. Le premier ministre Dalton McGuinty annonçait l’intention de la province de créer les conditions pour attirer 20 000 étudiants de plus dès l’an prochain dans les collèges et les universités de la province.

L’Ontario se donnait comme objectif d’augmenter de 50 % le nombre d’élèves étrangers au cours des cinq prochaines années. La province prenait pour modèle l’Australie où l’éducation internationale est aujourd’hui la troisième industrie du pays. Manifestement, le gouvernement Charest marche dans les traces du gouvernement ontarien.

À l’origine, la mission des universités était centrée sur la transmission du patrimoine culturel, intellectuel et scientifique de l’humanité et la formation du jugement critique, comme le rappelle les chercheurs de l’Iris. Aujourd’hui, elle est en train de devenir une industrie et un appendice du milieu des affaires.

Pendant des années, on s’est questionné sur l’effet de la mondialisation sur notre système d’éducation, nous en voyons aujourd’hui concrètement les conséquences.


S’enrichir pour s’instruire

La réforme de l’éducation des années 1960 avec le Rapport Parent et la création du ministère de l’Éducation a été la plus grande réalisation de la Révolution tranquille. On mettait fin au système élitiste des collèges classiques privés et on ouvrait toutes grandes les portes des maisons d’enseignement aux enfants des classes ouvrière et populaire. Le Québec moderne est né de cette véritable révolution dans le monde de l’éducation.

Un slogan résumait cette grande conquête sociale : « Qui s’instruit, s’enrichit! ». Aujourd’hui, le slogan qui résume le mieux les changements en cours serait : « S’enrichir pour s’instruire! »

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|Veut-on remplacer les étudiants québécois démunis par des étudiants étrangers fortunés?
3251|3321|International Manchettes|Social-démocratie: la Norvège surpasse la Suède|2011-11-17 08:22:26|Pierre Dubuc|

Le 15 novembre dernier, l’historien norvégien Idar Helle prononçait à Montréal une conférence sur le modèle norvégien, à l’invitation d’Attac-Québec. Après un exposé d’une quarantaine de minutes, suivi d’une séance de questions/réponses avec l’auditoire, Robert Laplante de l’IREC a fait une brillante synthèse en cinq points des interventions. Nous partirons de cette synthèse pour un compte-rendu de la soirée.

Un modèle institutionnel avec le mouvement syndical comme ciment

Commentant d’entrée de jeu la situation économique et politique de l’Europe, Idar Helle n’a pas manqué de souligner la différence entre les pays du Sud (Grèce, Espagne, Italie) pris dans la tourmente de l’euro et la situation beaucoup plus stable des pays du Nord.

À plusieurs occasions, il a souligné l’importance de la participation de la Norvège au Conseil nordique, une institution créée en 1955, regroupant les pays scandinaves, qui entraîne une émulation entre ces pays. « Pendant longtemps, la Suède a été le modèle. Aujourd’hui, c’est la Norvège », déclare-t-il en déplorant que le néolibéralisme ait corrompu le modèle suédois.

Soulignons que la Norvège a refusé, à deux reprises, lors de référendums en 1972 et 1994, d’adhérer à l’Union européenne. La Norvège possède sa propre monnaie, la couronne norvégienne, dont le principal problème aujourd’hui, selon M. Helle, est d’être surévaluée par rapport à l’euro.

Quant au syndicalisme, il a une longue histoire en Norvège. La Confédération générale du travail (LO) a été fondée en 1899. Aujourd’hui, 53% des travailleurs sont syndiqués. La Norvège a aussi une tradition de collaboration entre le patronat, les syndicats et le gouvernement. Même les sociétés étrangères, précise Idar Helle, sont obligées d’accepter la présence syndicale.



Une très forte présence de l’État

La Norvège a le Produit national brut le plus élevé d’Europe. Il dépasse également celui des États-Unis. Mais le pouvoir d’achat est inférieur à celui de l’Allemagne et des Pays-bas. Idar Helle décrit l’économie norvégienne comme étant très ouverte, très compétitive. Cependant, l’État joue un rôle extrêmement actif dans l’économie.

L’État est propriétaire de 55% des actifs du secteur industriel. La société la plus importante, la pétrolière Statoil (contraction de State Oil), est aujourd’hui détenue à plus de 70% par l’État. L’État en était l’unique propriétaire jusqu’au début des années 2000, alors qu’un tiers de ses actifs a été privatisé.

L’État a les moyens de ses interventions avec des taux d’impositions élevés et une TVA (l’équivalent de la TPS-TVQ) de 23%. Cela permet l’existence d’un système de protection sociale que Idar Helle résume en cinq caractéristiques : 1) le plein emploi; 2) un système universel d’allocations pour faire face au chômage, à la maladie ; 3) une politique familiale où l’accent est mis sur l’égalité des sexes; 4) des revenus suffisants à la retraite; 5) des services publics de qualité (éducation, santé, etc.).

Constatons au passage que 80% des Norvégiens sont propriétaires de leur habitation.



La société Statoil pèse lourd économiquement et politiquement

Statoil est la plus grande entreprise de Norvège, ce qui démontre l’importance de l’exploitation pétrolière offshore dans l’économie du pays. Elle joue, en quelque sorte, un rôle similaire dans l’économie norvégienne à celui d’Hydro-Québec dans celle du Québec. Dans ses bons coups, comme dans ses moins bons, pourrions-nous ajouter.

Les Norvégiens ont décidé de créer un fonds souverain pour les générations futures, alimenté par les revenus pétroliers excédentaires de l’État. Avec ses 560,5 milliards de dollars d’actifs, au mois de juin 2011, le fonds de pension norvégien est le plus gros fonds souverain au monde. Cependant, il est, lui aussi, soumis aux aléas des marchés financiers. M. Helle nous a rappelé qu’il a perdu 50 milliards de dollars lors de la chute récente des marchés boursiers.

Statoil en mène large dans l’économie norvégienne et dans la définition des objectifs nationaux. Idar Helle rapporte que la société a récemment fait fermer quatre usines de panneaux solaires. Ce qui n’est pas sans rappeler la réticence d’Hydro-Québec à développer le secteur éolien et les autres énergies renouvelables.


Une insistance sur l’emploi

Le plein emploi est cœur de la social-démocratie norvégienne. À plusieurs reprises, Idar Helle a souligné l’importance du travail dans la société norvégienne. Ce n’est pas étranger à l’éthique protestante de cette société luthérienne. Le taux de chômage est le plus bas d’Europe. Une partie de l’explication repose sur le fait que, parmi le groupe des 20-25 ans, la plupart sont toujours aux études. Le fait que les études soient gratuites jusqu’à l’université inclusivement complète l’explication.

Il y une vingtaine d’années, un chômage important avait été combattu par d’importants investissements dans la formation professionnelle.

La participation des femmes et des aînés au marché du travail est remarquable. Plus de 75% des femmes sont des salariées, une conséquence de politiques familiales (congés parentaux, garderies, etc.) très généreuses.

De leur côté, 73% de la tranche d’âge 55-64 ans participe au marché du travail, comparativement à 60% aux États-Unis, 44% en France et 52 % au Québec.

La pauvreté, d’expliquer Idar Helle, touche surtout les exclus du marché du travail, au premier chef les immigrés. L’écart entre les riches et les pauvres s’est élargi au cours des dernières années, reconnaît-il, mais le noyau dur de la classe moyenne est resté stable.


La social-démocratie ne peut se développer en vase clos

Si la Norvège a volé à la Suède le titre de modèle de la social-démocratie scandinave, elle le doit surtout, de nous dire Idar Helle, à la lutte active et à la mobilisation populaire contre le néolibéralisme.

La grande centrale syndicale, très lié au principal parti social-démocrate, a mis de l’avant une stratégie dont l’action visait également les autres partis politiques.

La Norvège est une monarchie constitutionnelle avec un régime parlementaire. Le mode de scrutin proportionnel permet une représentation au parlement dès qu’un parti récolte 4% des suffrages. Il existe présentement sept partis politiques, quatre de gauche et trois de centre droit.

Idar Helle a affirmé, à maintes occasions au cours de la soirée, que l’État-providence ne peut exister dans un seul pays. Robert Laplante n’a pas manqué de souligner, à cet égard, que la Norvège profite d’un environnement géographique et politique beaucoup plus favorable que celui du Québec.

À cela, nous ajouterions que la Norvège est un pays indépendant depuis 1905, alors qu’il s’est séparé de la Suède.


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|Compte-rendu d’une conférence d’Idar Helle sur le modèle norvégien
3252|3322|Langue Manchettes|Affichage unilingue anglais ou bilingue|2011-11-17 08:34:53|Carole Lavallée|

L’auteure a été directrice des communications du Parti Québécois et du Bloc Québécois et consultante en communication.  À ce titre, elle a organisé plusieurs importantes campagnes nationales de publicité.

Visa le blanc, tua le noir ?  Non… La campagne publicitaire de l’Office québécois de la langue française (OQLF) est une campagne bien ciblée, mais mal avouée : elle réduira les plaintes, mais … pas les marques de commerce en anglais. L'objectif semble davantage de faire accepter aux Québécois des enseignes de commerce bilingues que de franciser ces enseignes.

La présidente-directrice générale de l’Office québécois de la langue française (OQLF), Mme Louise Marchand, a annoncé dimanche une  «  démarche de sensibilisation (qui) a comme objectif d’amener les entreprises installées au Québec à se conformer à la Charte de la langue française ».

Mais voyons comme elle s’y prend

La clientèle visée ?

Avant de concevoir une campagne publicitaire, l’une des premières questions que se pose un dirigeant, c’est : « Qui est la clientèle visée ? »  Dans ce cas-ci, la présidente de l’Office l’annonce d’emblée : « les entreprises installées au Québec ». Bref, des chefs d’entreprise dont le siège social est le plus souvent en Ontario, en Californie ou en Pennsylvanie : les PDG de Payless ShoeSource, Banana Republic, United Colors of Benetton, American Eagle Outfitters, etc.   

Quelle langue parlent-ils ?  L’anglais, mais elle fait une campagne pour les influencer en français.

Comment veut-elle les rejoindre ? Au lieu de prendre contact avec eux à leur siège social, elle fait une campagne publicitaire dans les marchés québécois et annonce une tournée des régions du Québec. 
Il est assez étonnant qu’un organisme aussi prestigieux et aussi bien outillé que l’OQLF fasse autant d’erreurs de communication dans une seule campagne.
 
Quel est le véritable objectif ?

Il faut décoder que l’objectif avoué publiquement et l’objectif réel semblent assez différents.  En effet, Mme Marchand a fait valoir, lors de sa conférence de presse, que les plaintes contre les bannières unilingues des commerces augmentent.  Et le deuxième paragraphe de son communiqué de presse explique que les noms de commerce dans les deux langues sont permis selon certains critères. Et l’on sait que la règle des communiqués de presse est de commencer par les messages les plus importants.

Regardons maintenant le texte du film publicitaire préparé par l’Office (en fait, lisons-le) :
« Il y a des marques d’affection et des marques d’appréciation; des marques de soutien, de reconnaissance. Il y a des marques de respect de la loi. Et respecter la Charte de la langue française dans l’affichage d’une marque de commerce comme nom d’entreprise, c’est au minimum afficher un descriptif en français » (Visuel : « ameublement Daily living »).

Le message qu’il faut déchiffrer dans le film publicitaire (décliné dans plusieurs produits, tels les annonces à la télé et sur le Web), c’est qu’une bannière mi-anglaise mi-française est légale. Il n’y a rien dans l’annonce publicitaire qui incite les commerçants à avoir une bannière en français ou qui leur demande de traduire leur marque de commerce (Marché Express de Shell l’a fait avec leur On the Run), mais il y a un vrai message pour expliquer que bilingues, les enseignes de marques de commerce sont légales sans prédominance du français. On a accès à l’ensemble de la campagne au www.respectdelaloi.gouv.qc.ca

Imaginons maintenant que l’OQLF ait voulu faire une campagne pour expliquer la loi 101 aux Québécois et Québécoises pour que leurs plaintes cessent ou diminuent. L’Office aurait fait une campagne en français au Québec, doublée d’une tournée dans les régions pour expliquer les exceptions à la loi qui permettent les bannières moitié en français moitié en anglais.

Et c’est ce que l’Office a fait …

Mais pourquoi tenter de duper les consommateurs et leur faire croire que l’Office a entrepris une  «  démarche de sensibilisation (qui) a comme objectif d’amener les entreprises installées au Québec à se conformer à la Charte de la langue française » ?

Est-ce trop difficile d’avouer qu’on veut sensibiliser les consommateurs aux droits des entreprises d’afficher leur marque de commerce en anglais pour réduire leurs plaintes ?

Et que l’on peut respecter la loi 101 en affichant surtout en anglais ?

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|L’objectif inavoué de la campagne publicitaire de l’Office québécois de la langue française
3253|3323|Accueil_Analyses Culture|La Maison à la salle Fred-Barry|2011-11-18 07:23:12|Marie-Paule Grimaldi|

Certains recherchent un art qui soit plus engagé sans s’adresser uniquement à une élite, un art qui puise son action à même les problématiques vécues par sa société, et des initiatives d’art et communauté telle que la pièce La Maison présentée dernièrement à la salle Fred-Barry du théâtre Denise-Pelletier y répondent tout à fait.

Ailleurs dans les médias, on a beaucoup souligné le processus entourant cette création de la compagnie Pirata Théâtre qui a collaboré avec des participantes des ateliers de théâtre de Passages, organisme offrant des ressources d’hébergement et d’insertion aux jeunes femmes en difficulté. Mais qu’en est-il du résultat artistique?

La Maison est basée sur le roman Océan Mer d’Alessandro Baricco, qui a offert des schémas dramatiques à une création collective originale. On retrouve la maison de naufragés et les gardiens qui l’habitent, des personnages en sont issus (la peintre, la femme au scaphandre, la femme très belle, par exemple), et cette même place faite à l’histoire de chacun.

Mais les jeunes femmes ayant participées à la création (plus de 20) se sont approprié le cadre pour y insérer leur propre expérience et y laisser leur trace. La maison cette fois n’est composée que de femmes, et de la mer, une fausse mer faite d’artifices, une mer fabriquée.

Nous plongeant plus dans une série de tableaux que dans une histoire structurée, l’ambiance est toute en étrangeté, décalage, absurdité, et ce que la production peut comporter d’imparfait en comparaison aux critères habituels de performance (accessoires bricolés et comédiennes non-professionnelles par exemple) nourrit le sentiment de folie et de douleur feutrées. Le texte final, un collage resserré par la metteure en scène et initiatrice du projet Michelle Parent, est brillant, drôle, aussi sensible que dynamique.

Sur scène, elles sont cinq comédiennes non-professionnelles et cinq comédiennes professionnelles qui se partagent également les rôles principaux et ceux silencieux – mais ô combien poétiques. On voit bien sûr une différence au niveau technique (texte, voix et diction), mais en ce qui concerne la présence, l’intensité et la vérité des personnages, on ne peut les distinguer. Elles livrent toute une interprétation dédiée et assumée, et nous font vivre de petits moments de grâce, par exemple lorsque l’une d’elle, réellement à quelques jours d’accoucher, traversait la scène sans un mot, un soleil dessinée sur son ventre, alors que les autres la regardaient passer dans la nuit avec sa lumière.

La mise en scène aurait pu gagner en rythme, malgré la courte heure de représentation, et sait tout de même enchaîner les tableaux avant que l’action ne tombe à plat. La scénographie est juste et les vidéos utilisées réussies, mais c’est surtout les accessoires, ingénieux et utilisés à point qui ravissent.

Des mouettes en bas de laine sur un manche à balais, des méduses en parapluies recouvert d’une gaze, des vagues de tissus, des soleils en carton et des paquebots qui ne tiennent qu’au klaxon. Ces petites touches appuient parfaitement le propos autour des faux-semblants, des peurs, du besoin d’aller mieux, des problématiques d’errance et de folie qui sont abordées entre autres dans la pièce.

Sans être parfaite, La Maison est une pièce marquante, qui a su relever le défi d’une première production en salle pour Pirata Théâtre (qui a signé deux autres créations hors institution théâtrale auparavant), et qui a participé au défrichage de nouveaux horizons culturels.

Les enjeux soulevés par ce type de projet sont nombreux, autant dans la sphère sociale qu’il tente de mettre en lumière que dans la démarche artistique qui tente de s’élaborer autour de personnes qui ne sont pas toutes des artistes au départ mais qui entre de plain-pied dans un processus artistique. Et qui ont surtout beaucoup de choses à nous dire, et qui participent à des œuvres divertissantes, touchantes, transformantes, expérimentales… Que demande-t-on de plus à l’art? Peut-être de faire plus de place à des créations comme La Maison.

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|Retour sur une pièce marquante
3254|3324|Accueil_Analyses Mouvements_syndical|Pour un débat de fond sur les régimes de retraite|2011-11-18 07:36:42|L’aut’journal|

Réagissant à l’annonce faite par la ministre de l’Emploi et de la Solidarité sociale, Julie Boulet, de la formation d’un comité d’experts chargé d’étudier les régimes de retraite à prestations déterminées, la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ) s’oppose à ce que l’on discute de l’avenir des retraites de façon disparate et incohérente. « Le gouvernement Charest fait preuve d’un manque de vision dans ce dossier et semble réagir à un problème conjoncturel plutôt que de proposer une réponse au problème structurel. Nous sommes à l’heure des comptes, il faut regarder la « bête » dans les yeux », a déclaré le président de la FTQ, Michel Arsenault.

L’avenir des retraites est en train de se jouer et on propose comme solution, la mise sur pied d’un ensemble de comités qui étudient la question de façon disparate : comité consultatif auprès des assureurs et patronat sur le régime volontaire d’épargne-retraite (RVER), comité technique sur les régimes à prestations cibles, comité sur les régimes municipaux et finalement un comité d’experts sur les régimes à prestations déterminées. « Le gouvernement se refuse encore à envisager la seule option possible pour assurer la retraite de tous, soit l’amélioration des régimes publics. La retraite est à la fois la responsabilité de l’État, des employeurs et des individus. En agissant ainsi, le gouvernement nous démontre qu’il ne répond plus qu’à un seul objectif : satisfaire l’appétit sans fin du patronat et des assureurs », a ajouté M. Arsenault.

La FTQ, en collaboration avec des groupes de femmes, de retraités et d’associations étudiantes, revendique depuis plus de deux ans une amélioration au Régime de rentes du Québec (RRQ). Cette mesure que l’on souhaite pleinement capitalisée est la mieux à même de répondre à l’objectif que tout élu devrait avoir en tête, soit d’assurer une retraite à l’abri des soucis aux futures générations de retraités et ce, dans un souci d’équité intergénérationnelle.

M. Arsenault a également manifesté son inquiétude face à la montée en flèche des régimes à cotisations déterminées et à l’arrivée du RVER qui laissent reposer exclusivement les risques sur les épaules des travailleurs et des travailleuses. En même temps, il partage l’idée de la Régie des rentes du Québec selon laquelle les difficultés rencontrées par les régimes de retraite tiennent beaucoup à des déficiences dans le financement des engagements aux régimes et à une gestion inadéquate des risques.

Quant à la proposition du Conseil du patronat de revoir les règles relatives au régime de retraite dans le secteur public, le président de la FTQ rappelle que les participants paient une cotisation de 8,69 %, ce qui est supérieur à la majorité des régimes privés.

Si la FTQ juge nécessaire la prolongation jusqu’à la fin de 2013 des mesures d’assouplissement mises en place il y a deux ans pour soulager les employeurs, elle considère toutefois que ce temps devrait être utilisé afin de faire l’analyse complète des enjeux touchant notre système de retraite. « Comme à son habitude, la FTQ est prête à mettre la main à la pâte et souhaite que le gouvernement offre aux parties un lieu de débat sur l’avenir de nos régimes de retraite! », a conclu le président de la FTQ.

Source : FTQ

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|« Nous sommes à l’heure des comptes, il faut regarder la « bête » dans les yeux », selon le président de la FTQ, Michel Arsenault
3255|3325|Économie Accueil_Analyses|Les banques de l’ombre|2011-11-18 07:55:21|Gabriel Ste-Marie|

Le 25 octobre dernier, Louis Gill lançait officiellement son livre La crise financière et monétaire mondiale – Endettement, spéculation, austérité. La première impression étant déjà presque épuisée, l’économiste retraité de l’UQÀM pense à une nouvelle version : « La situation évolue tellement vite qu’il faut déjà mettre les chiffres à jour. » Si les chiffres changent, les mécanismes et rouages du système financier restent les mêmes.

Le livre met en lumière toute la dynamique des spéculateurs banquiers. Ces banqsters (mot fusionnant banquier et gangster), comme le célèbre George Soros, disent ouvertement comploter pour spéculer contre les devises. Lors du lancement, Gill explique que ces bandits de grands chemins affirment n’avoir aucun malaise à déclencher une récession si ça leur permet de s’enrichir. Au lieu de les arrêter ou d’interdire leurs activités asociales, les gouvernements ont aidé les spéculateurs durant la crise. Les États ont absorbé leurs dettes et sont depuis victimes de leurs attaques spéculatives.

Louis Gill rappelle que l’argent versé au secteur financier par le gouvernement a représenté 11,9% du PIB en Angleterre, 9,1% au Canada, 7,4% aux USA, 6,6% au Japon, 3,4% Allemagne et 1,5% en France. Ces taux explosent lorsqu’on inclut les garanties financières accordées par l’État. Par exemple, c’est 40% en Angleterre et 17% en Allemagne et en France. L’aide a permis aux banques de sortir rapidement de la crise. Dès 2009, elles renouaient avec les profits record. C’est notamment la situation de Morgan Stanley et Goldman Sachs. C’est aussi la même situation pour plusieurs fonds spéculatifs. L’économiste s’indigne des revenus des chefs de direction qui sont mieux payés en 2010 qu’en 2007, alors que la crise économique et le chômage perdurent.

Les gouvernements expliquent avoir secouru les banques puisque l’économie a besoin de la finance et des banques. Avec toutes les fusions, elles sont devenues trop grosses pour faire faillite. Leur disparition aurait chamboulé le reste de l’économie. L’économiste dénonce cette situation : «  Une institution financière trop importante pour faire faillite devrait tout simplement ne pas être privée. » Pour remédier à l’impasse actuelle, Louis Gill propose d’abord une réforme en ce sens. Il faudrait également penser à réinstaurer un système monétaire international, comme celui proposé par Keynes à la fin de la Seconde Guerre. Son système reposait sur une nouvelle monnaie internationale assurant un taux de change fixe entre les monnaies et l’équilibre des échanges extérieurs pour chaque pays.

L’auteur ne s’illusionne pas quant à la réalisation de cette possibilité à brève échéance : « Cela irait directement contre les intérêts américains et chinois. » En effet, le dollar américain sert encore aujourd’hui de monnaie internationale, ce qui avantage sérieusement le pays émetteur et lui permet de conserver une balance commerciale fortement négative depuis plusieurs années. Bref, de consommer ce que produit le reste de la planète sans compensation. Pour la Chine, l’équivalent du plan Keynes signifierait augmenter la valeur de sa monnaie, donc diminuer sa compétitivité et abandonner son idéologie mercantiliste basée sur une exportation maximale. Au lancement du livre, lorsque la question de la taxe Tobin est posée, Gill laisse répondre son collègue du collectif Économie autrement : « Trop de pays s’y opposent et continueront à s’y opposer. » Cette taxe vise à réduire la spéculation sur les monnaies en imposant une taxe minime, 0,1%, sur les transactions financières internationales. Dans son livre, Louis Gill calcule qu’en 2010, les transactions sur le marché des changes ont été 77 fois plus importantes que l’échange de marchandises et services entre pays!

Actuellement, les gouvernements continuent à alimenter la crise en autorisant un endettement supplémentaire et en refusant de réglementer davantage le secteur financier. Les pistes de solutions durables sont esquivées. L’économiste explique ainsi le prolongement de la crise et n’envisage pas sa fin à brève échéance.

Dans son livre, Gill montre comment la crise financière découle directement de la dérèglementation du secteur bancaire et financier. Il en fait un bref historique.

À partir de 1976, les banques internationales ont commencé à prêter les pétrodollars aux gouvernements des pays du tiers-monde. Ça a fait exploser la dette publique de ces États et redonné au capital de placement un rôle dominant. Au tournant des années 1980, dans la foulée des dérèglementations des marchés des Reagan et Thatcher, on libéralise les mouvements de capitaux et les taux d’intérêts. Le capital financier et les spéculateurs continuent à gagner du terrain. Dans les années 1990, les banques se changent en conglomérats financiers et effectuent désormais la titrisation de leurs actifs.

L’économiste explique que cette opération consiste à vendre des titres sur les marchés. L’argent reçu sert à financer les prêts que la banque ou le conglomérat a effectués, comme des hypothèques. L’institution financière prend des hypothèques résidentielles et commerciales, des dettes de cartes de crédit, des prêts automobiles, aux commerçants, aux entreprises et des prêts personnels. Elle coupe des créances en plusieurs petites tranches qu’elle va combiner en fonction du risque de non-paiement. Chaque titre émis contient une fraction d’un ensemble de prêts. Ces titres sont adossés à des actifs, c’est-à-dire qu’ils sont garantis par les maisons ou autres biens achetés avec l’argent obtenu par ces prêts.

Puisque l’acheteur de ces titres peut difficilement évaluer le risque pour chaque fraction de chaque prêt compris dans son titre, l’institution émettrice demande aux agences de notation comme Standard & Poor’s, Fitch ou Moody’s de les coter. La titrisation présente de graves problèmes de risque moral. Cette expression économique décrit la situation où celui qui prend le risque n’en assume pas les conséquences. L’institution devient de plus en plus laxiste dans ses prêts. De toute façon, c’est l’acheteur du titre qui assume le risque. Le bénéfice de la banque découle de plus en plus de la quantité de prêts effectués que de leur qualité. Même chose pour les agences de notation. On surévalue la qualité des titres pour faire aider la banque mais aussi parce qu’on n’imagine pas le risque d’une défaillance majeure dans l’économie.

Cette situation est souvent effectuée en boucle. On coupe les titres en tranches pour en refaire de nouveaux qui sont cotés puis revendus. En ayant perdu de vue les garanties réelles des titres, on transige de plus en plus de titres toxiques. Par exemple, Louis Gill explique que les subprime désignent les hypothèques situées sous le standard de solvabilité. Bref, que les emprunteurs n’ont pas les moyens d’effectuer leurs paiements. Le comble est certainement les prêts NINJA. Cet acronyme signifie No Income, no Job, no Assets. Les emprunteurs n’ont ni revenu, ni emploi, ni actifs! Pour maximiser leurs bénéfices, les institutions financières ont de plus en plus misé sur l’effet levier. Ça veut dire que pour chaque dollar prêté, un autre dollar est emprunté.

L’auteur explique que la dérèglementation a aussi permis l’émergence d’un système bancaire de l’ombre. Il s’agit des institutions financières qui échappent aux règlementations, telles les banques d’investissement ou de placement financier, les fonds de placements spéculatifs à haut risque (hedge funds), fonds de capital privé (private equity funds), fonds de marché monétaire, certains assureurs, sociétés de financement, fonds communs de placement ou encore certaines caisses de retraites. L’objectif des banques de l’ombre était de prendre encore plus de risque pour rapporter davantage. Elles ont davantage spéculé et misé sur des leviers d’endettement excessifs. Gill rappelle que le secteur des banques de l’ombre était tellement important à la veille de la crise, qu’aux États-Unis il occupait une place deux fois plus importante que le système bancaire règlementé!

Louis Gill rappelle que l’économie américaine est rapidement passée de la bulle technologique de 2001 – 2002 à celle du secteur immobilier. C’est que la Fed a alors diminué les taux d’intérêt pour relancer l’économie. Les banques ont misé sur l’augmentation du prix des maisons et sur les faibles taux pour inciter les gens à raugmenter leur hypothèque pour maintenir leur niveau de consommation et ainsi soutenir l’économie. Les taux d’intérêts sont demeurés faibles notamment en raison du surplus d’épargne provenant des pays émergeants.

Cette situation a entraîné une surproduction de logements qui ont fait chuter les prix de l’immobilier à partir de 2006, au moment où les taux d’intérêts se sont mis à augmenter. Plusieurs familles étaient désormais en difficulté de paiement, en plus d’avoir une hypothèque plus grande que la valeur que celle de leur maison. La défaillance des remboursements hypothécaires et les faillites personnelles ont explosées. L’auteur explique que la situation était semblable ailleurs dans le monde, notamment en Grande-Bretagne, en Irlande et en Espagne.

C’est alors que les institutions financières ont manqué d’argent, de liquidité. Avec l’effet levier, chaque dollar prêté était emprunté. Avec les défaillances de remboursement, les banques ont dû vendre leurs autres actifs pour rencontrer leurs engagements. Puisqu’elles ont toutes voulu vendre en même temps, le prix des actifs s’est effondré. La crise immobilière est devenue crise financière. Gill explique que c’est tout le système complexe de la titrisation financière qui s’est écroulé à partir de 2007. La crise s’est rapidement propagée à l’ensemble de la planète.

Les banques ont manqué d’argent. Elles ne voulaient plus vendre leurs actifs les plus liquides et encore moins prêter de l’argent. L’auteur reprend ici les explications de Karl Marx. Si, en période de prospérité, l’activité des commerçants et entreprises repose sur le crédit mutuel, en période de crise, seul le véritable argent compte. À ce sujet, Gill rappelle que ce sont les fonds du Japon et de pays émergents comme la Chine, la Corée du Sud, Singapour, le Koweit et Abou Dhabi qui ont sauvé notamment les géantes américaines Citigroup, Merrill Lynch et Morgan Sanley et la suisse UBS en leur prêtant.

L’économiste cible aussi le développement des titres de garantie contre la défaillance comme élément ayant causé la crise. À la base, il s’agit d’une assurance sur les autres titres, afin de minimiser le risque. Dans les faits, c’est devenu un extraordinaire instrument de spéculation. D’un côté, l’acheteur du titre de garantie n’a même pas besoin d’avoir en sa possession le titre assuré! Ça revient à simplement parier sur le marché. Ça a en plus incité les spéculateurs à chercher à faire chuter certains titres pour toucher la prime. De l’autre côté, les émetteurs de ces titres de garantie encaissaient les revenus sans rien avoir à mettre de côté! Ils devaient seulement payer en cas de problème et n’étaient pas règlementés. Tant que les titres ont monté, ils ont encaissé. Quand ça a tombé, ils ont disparu. L’auteur rappelle que les titres de garantie contre la défaillance représentaient 58 000 milliards $ en 2008, soit cinq fois le PIB américain.

Au lancement du livre, Gill rappelle que les crises économiques sont habituellement causées par l’hypertrophie du secteur financier. C’est le cas avec la crise actuelle. L’économiste explique que même si elle ne crée pas de valeur pour la société, la finance est nécessaire au bon fonctionnement du système. Toutefois, sa déréglementation fait en sorte que le secteur vampirise le reste de l’économie. Son accroissement abusif est nuisible à l’ensemble de l’économie. Louis Gill explique enfin que cette hypertrophie s’inscrit également dans le plus vaste projet néolibéral. Elle va de paire avec la privatisation des ressources et des services publics, l’accroissement des écarts de richesse et la destruction de l’environnement.


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|Deux fois plus importantes que le système bancaire