Patrons unilingues anglais à la Caisse de dépôt

2011/11/18 | Par Mario Beaulieu

La Caisse de dépôt et placement du Québec choisissait récemment deux unilingues anglophones pour occuper de hautes fonctions au sein de l'organisme, contrairement à ce qu'exige la Charte de la langue française.

Le premier vice-président de la Caisse a bien sûr prétendu que ce n'était là qu'une « situation d'exception », mais de tels agissements sont devenus monnaie courante dans l'administration publique québécoise.

Rien d'étonnant quand on constate qu'une récente étude de l'Institut de recherche en économie démontre qu'il y a 13,9 % des emplois publics au Québec dont la langue de travail est principalement l'anglais (sans compter les emplois bilingues où l’anglais est régulièrement utilisé), alors que les Anglo-québécois comptent pour 8,7% de la population en âge de travailler.

Cette situation qui prévaut à la Caisse de dépôt n'est en fait que la partie visible de l'iceberg et nullement une exception comme certains seraient tentés de faire croire.

« Les secteurs publics de langue anglaise du Québec comptent 50 000 emplois de plus que ce que l’on pourrait escompter compte tenu du poids démographique des anglophones. Ces emplois supplémentaires représentent des revenus de 2,2 milliards de dollars pour les travailleurs. Au Canada anglais, au contraire, on compte environ 7 000 emplois en deçà de ce qui serait justifié par le poids démographique des francophones, soit un déficit d’environ 270 millions de dollars en revenus pour les travailleurs », conclut l’économiste Henri Thibaudin.

On peut se demander si dans le reste du Canada, l'on tolérerait que des unilingues francophones occupent des postes de haut niveau au sein de la fonction publique, à plus forte raison dans un organisme de la taille de la Caisse de dépôt. Poser la question, comme on dit, c'est y répondre.

Tous les sophismes du monde n'y changeront donc rien, nous avons trop longtemps détourné les yeux et maintenu des privilèges institutionnels inacceptables accordés à la minorité historique anglophones, qui dans les faits constitue environ 3 % de la population québécoise (Anglo-Britanniques nés au Québec).

Nos propres services gouvernementaux et parapublics anglicisent les nouveaux arrivants, les allophones et les francophones. Le véritable problème se trouve dans notre incroyable soumission collective, cette attitude de minoritaire qui fait qu’on se sent coupable de vouloir des institutions majoritaires pour la majorité.

La Charte de la langue française visait à faire du français non pas l’une des langues officielles, mais plutôt la seule langue officielle du Québec. La Loi 101 n’a pas été conçue contre le bilinguisme individuel, mais contre le bilinguisme institutionnel. Elle devait faire du français non pas la langue des seuls francophones, mais la langue commune de tous les Québécois. Cela correspond à la normalité dans à peu près tous les États à travers le monde.

Le français comme langue commune du Québec est essentiel à la cohésion sociale et à l’inclusion de tous les citoyens. Il s’agit d’une condition essentielle pour assurer l’avenir du français au Québec, seul État majoritairement francophone de l’Amérique du Nord.

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