La social-démocratie, c’est le plein emploi

2011/12/05 | Par Pierre Dubuc

Dans sa préface au livre de son fils Marc, Robert Dean site le plein emploi au cœur de la social-démocratie. Il rappelle comment, lorsqu’il était ministre délégué à l’Emploi et à la Concertation au début des années 1980, il avait reçu le mandat de René Lévesque de mettre en place une politique de plein emploi.

Pour ce faire, Robert Dean voulait s’inspirer des leçons qu’il avait tirées de ses voyages en Scandinavie et des travaux des économistes Gösta Rehn et Rudolph Meidner, pères du modèle suédois. L’élection des libéraux en 1985 a mis fin à cette expérience, à peine amorcée.

Lors de la conférence qu’il a prononcé dernièrement au Québec, l’historien norvégien Idar Helle a lui aussi insisté sur la place centrale de l’emploi dans le modèle social-démocrate norvégien et, comme en Suède, sur la concertation entre le patronat, les syndicats et le gouvernement.

Au Québec, on aime proclamer notre adhésion à la social-démocratie, mais les deux principaux partis qui se réclament de cette orientation font pas ou peu mention de l’importance stratégique de l’emploi.

Dans la dernière mouture du programme du Parti Québécois, adopté lors de son congrès de juin 2011, il l’objectif du plein emploi est totalement absent. Bien plus, la direction du PQ a manœuvré dans les coulisses du congrès pour bloquer toute référence aux droits syndicaux dans le programme. Même les mots « travailleurs » et « travailleuses » ont été bannis du programme! Faut le faire!

Par contre, on s’attendrait à voir le sujet au centre du dernier livre de Françoise David. Il n’en est rien. L’ouvrage est, comme l’a écrit Pierre Foglia, un bon catalogue des différents problèmes sociaux et des solutions progressistes qui peuvent leur être apportés. Mais, l’emploi, le monde du travail et le syndicalisme font figure de parents pauvres de cette « social-démocratie ».

Pourtant, le salaire – et donc l’emploi – est la principale forme de redistribution de la richesse dans notre société et le chômage touche 10% de la main-d’œuvre à Montréal, avec une crise économique qui pointe à l’horizon.

Pierre Dubuc

   
Marc Dean, Pour un Québec lucide, solidaire et souverain, Les Éditions du Québécois  Françoise David, De colère et d’espoir, Écosociété





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