Brouhaha au Conseil municipal de Trois-Rivières

2012/05/09 | Par Robert Duchesne

« Les plus grands triomphes…de propagande ont été accomplis, non pas en faisant quelque chose, mais en s’abstenant de faire. Grande est la vérité, mais plus grand encore, du point de vue pratique, est le silence au sujet de la vérité. En s’abstenant simplement de faire mention de certains sujets, en abaissant…un  rideau de fer entre (les citoyens) et tels faits ou raisonnements que les chefs politiques locaux considèrent comme indésirables, les propagandistes totalitaires (influencent) l’opinion …»*

La séance publique du Conseil de Trois-Rivières du 2012-04-16 nous confirme une fois de plus que l’attitude arrogante et méprisante et le comportement erratique du Maire Lévesque rendent impossibles toute discussion sereine et tout débat démocratique dans ce qui devrait être l’enceinte de la démocratie pour les trifluvien-ne-s.

À moins d’être totalement obnubilé, tout observateur, de quelque allégeance politique qu’il soit, ne peut qu’en faire le constat. En tant que citoyen, j’en appelle à votre intelligence et à votre intégrité : on ne peut à la fois se dire ou se croire démocrate et approuver, ne serait-ce qu’en gardant silence, la façon brutale et chaotique avec laquelle il mène les séances.

Un M. Gentes, qui souhaitait informer les échevins d’éléments importants avant le vote d’une résolution sur la vente d’un terrain, s’est fait rabrouer par le maire, celui-ci l’empêchant de s’exprimer. Même à la période de questions, alors que ce citoyen était en train de parler, le maire a subitement déclaré la séance levée, malgré les protestations légitimes du citoyen.

Quand l’échevin Sylvie Tardif tenta d’exprimer son point de vue, le maire n’a cessé de l’interrompre à tue-tête, au point même d’empêcher l’audience d’entendre, et donc de comprendre quoi que ce soit aux propos de l’échevin.

Quelques minutes plus tard, il récidivait avec l’échevin Alain Croteau, nous empêchant encore une fois de bien comprendre les propos exprimés.

Quand on lit la Griffe à Beaudoin du Nouvelliste du 2012-04-19, on comprend mieux pourquoi le maire ne souhaitait pas qu’on aborde ce sujet; le journaliste y relate les relents de magouille possible dans cette affaire.

De plus, pendant que l’échevin André Noël faisait une déclaration, le maire est allé discuter avec un de ses conseillers, sans aucun égard pour l’échevin et l’assistance.

À un autre moment, c’est M. Philippe Giroul qui s’est fait grossièrement interrompre par les jappements du maire, alors qu’il tentait d’informer le Conseil des coûts éventuels de la fluoration de l’eau, citant l’exemple de Ville de Laval. Le maire l’a envoyé promener sans répondre intelligemment à aucune de ses observations.

D’ailleurs, c’est ce qu’il fait à chaque séance, circulant, interrompant, vociférant, sans écouter qui que ce soit d’autre que lui-même, sauf occasionnellement sur des sujets peu controversés.

Lors de ma première visite au Conseil, alors que j’avais la naïveté de croire que l’enceinte publique était un lieu propice au dialogue avec les élus, le petit caporal** m’a littéralement empêché de parler de la démarche du RMQ-FÉSR*** concernant notamment le transport de déchets radioactifs sur le fleuve.

J’apprenais ensuite qu’il avait volontairement négligé d’en informer les élus, malgré plusieurs relances de la part du Regroupement. C’était son motif pour empêcher un citoyen d’utiliser sereinement son droit de parole dans l’enceinte de la démocratie.

Le maire disait récemment aimer Trois-Rivières. Toutefois, il oublie qu’une ville, c’est d’abord les gens qui l’habitent, et ceux-là il ne les aime pas. Quand on aime, on respecte.

L’enceinte du Conseil n’est pas le salon du maire, c’est le salon des citoyens. Les invités n’y sont pas les citoyens, mais les élus que les citoyens veulent bien y accueillir, en ayant voté pour eux et en les honorant de leur présence et de leurs interventions.

Le maire doit apprendre à avoir un minimum d’égards envers ses hôtes. Et ses acolytes ont le devoir de le lui rappeler. Être démocrate, ce n’est pas seulement élire et se faire élire, c’est d’abord et surtout favoriser l’exercice de la démocratie.

(*) Le meilleur des mondes, Aldous Huxley, préf. éd. de 1946, Livre de poche, 346-347, p. 19-20
(**) http://fr.wikipedia.org/wiki/Caporal « Le Petit Caporal, surnom de l'empereur Napoléon Ier. »
(***) Regroupement municipal québécois pour un futur énergétique socialement responsable