Power Corp. et Claude Castonguay : une relation de confiance

2012/05/11 | Par Léo-Paul Lauzon

Monsieur Claude Castonguay, ex-dirigeant de la compagnie d’assurances La Laurentienne et de la Banque Laurentienne s’est recyclé, comme Ralph Klein en Alberta et Mike Harris en Ontario, en chercheur «émérite» à l’Institut de recherche très à droite Cirano, un organisme beaucoup financé par le privé et subventionné par les Québécois grâce aux dons déductibles d’impôt.

Il a été pour quelque temps ministre libéral de la Santé au Québec et, lui et La Presse n’ont de cesse de prétendre faussement qu’il a été le «père» de l’assurance-maladie au Québec. Père de l’assurance maladie, mon œil !

Comme monsieur Castonguay a des accointances avec les banques et les assurances privées, ça fait que La Presse, filiale de Power Corp., qui a plusieurs filiales dans la santé et les pensions privées, aime et je dirais même adore, ses propositions «audacieuses» et «visionnaires».

Par exemple, celle qui veut obliger les travailleurs québécois à investir de force dans un REER «privé» sans aucune contribution, bien évidemment, de l’employeur contrairement à la vaste majorité des pays européens, de l’Australie, de la Nouvelle-Zélande, du Brésil, etc.

Pourtant, nos entreprises sont très riches, mais Castonguay a des principes et tient à ce que ses amis continuent de l’aimer très fort : «Le père de l’assurance maladie (sic) prône le REER obligatoire» (La Presse, 12 janvier 2011).

Oh, oh, faites bien attention à ce que vous dites, car le fellow invité de Cirano est très émotif et a la mèche courte. Il aime critiquer, mais trouve irrévérencieux que l’on ose contester ses calamités comme le démontre son énième opinion publiée dans La Presse du 19 janvier 2011 et intitulée : «Une réaction pitoyable».

Je trouve ça fort de voir un faiseux qui traite les autres de pitoyables… en fait, celui qui le dit, celui qui l’est !

Vous serez heureux d’apprendre mes amis que la fille de Claude Castonguay est économiste et aussi chercheur chez Cirano. Elle se spécialise dans le domaine de la santé et affectionne comme son paternel le système de santé privée.

C’est elle qui a déjà dit, en gros, que ce sont les gens très ordinaires qui, n’ayant rien à faire dans la vie, vont à l’urgence de l’hôpital attendre vingt heures et plus pour simplement passer le temps et mémérer.

Faut donc pas se surprendre si les urgences des hôpitaux sont engorgées. Je la qualifierais d’épinglette intellectuelle.

Naturellement, certains domestiques médiatiques ont défendu courageusement les propositions de Castonguay qui prônent en quelque sorte les pensions privées.

Castonguay ne veut surtout pas que l’on hausse les cotisations au régime des rentes du placement, ou que le fédéral augmente les pensions de vieillesse.

En bon mercenaire, il sait bien que les pensions privées sont très payantes pour les institutions financières.

Sans surprise, Jean-Paul Gagné du journal Les Affaires a accueilli avec un enthousiasme débordant les propositions intéressées du grand manitou Castonguay : «Oui à une forme d’épargne forcée» (22 janvier 2011).

Évidemment, il y a aussi mon ami Michel Girard, chroniqueur chevronné à La Presse qui, en bon soldat de Power Corp. et de ses filiales en assurance et en gestion de portefeuille, a ainsi défendu héroïquement un de ses maîtres à penser dans La Presse du 15 janvier 2011 : «Projet Castonguay : on se calme le gosier».

Michel ne t’inquiète surtout pas pour nous. On est très calme, mais on ne peut pas s’empêcher de rire un peu des bouffonneries du fou du roi que tu es en quelque sorte un peu beaucoup. Être capable de faire rire le monde est l’une de très belles qualités.

Comme le chroniqueur vedette autodidacte Claude Picher a pris sa retraite, d’autres jeunes loups coulés dans le même moule se bousculent aux portes à La Presse. Et le gagnant fut le dynamique Vincent Brousseau-Pouliot qui vient d’être nommé éditorialiste à La Presse avec l’assentiment du propriétaire de Power Corp., Paul Desmarais, celui-là même qui a vanté les mérites des pensions privées à Jean Charest lors de son dernier séjour, accompagné de sa petite famille à son château.

Jean Charest a fait honneur à sa réputation de girouette en votant une loi favorable aux régimes de retraite privés plutôt que publiques comme il en avait l’intention. Un gars a le droit de changer d’idées : «Québec songe à créer un REER public» (Le Devoir, 15 juin 2010).

Monsieur Brousseau-Pouliot a un brillant avenir devant lui comme éditorialiste à La Presse comme le démontre le titre d’un de ses premiers textes publié le 14 février 2012 : «Le tabou du REER obligatoire».

Claude Picher n’aurait pas fait mieux. Messieurs Girard et Brousseau-Pouliot, je vous dis fraternellement «Félicitations à votre programme».

En vérité, je vous le dis mes amis, quoiqu’en dise le «senior» Claude Castonguay et sa suite, le REER individuel et obligatoire administré par le privé moyennant de juteux frais de gestion, est bel et bien un nouvel impôt très régressif qu’auront à supporter les travailleurs de la classe moyenne et même ceux qui, chaque semaine, peinent à joindre les deux bouts faute d’un salaire décent.

Pendant ce temps, nos gouvernements continuent de baisser les impôts des compagnies milliardaires et des particuliers millionnaires en leur créant sur mesure de nouveaux abris fiscaux et en tolérant l’évasion et l’évitement fiscaux sous toutes ses formes.

Naturellement, les employeurs n’auront pas à défrayer ce nouvel impôt pour les REER privées ayant été exemptées par leurs politiciens commandés.
 
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