Moi, je reconnais ma ville, Monsieur Rozon

2012/05/25 | Par Pierre Dubuc

« J’ai mal à ma ville », déclame ces jours-ci sur toutes les tribunes Gilbert Rozon, celui-là même qui aspirait à devenir maire de Montréal pour en faire une ville bilingue.

Monsieur « Festival Juste pour rire » n’apprécie guère l’humour étudiant. Monsieur « Musée de l’humour » rit jaune par les temps qui courent.

Monsieur « accroché aux mamelles de l’État » craint que le tintamarre des casseroles l’empêchent d’entendre le son de sa caisse enregistreuse.

Monsieur « Montréal bilingue » est le côté « face » de la médaille de ceux qui tentent d’ériger une muraille de Chine entre Montréal et le reste de la province.

Le Montréal de Rozon, c’est le Montréal des Montrealers, le Montréal de ces anglos québécois et de ces assimilés pour qui les frontières du Québec s’arrêtent à la rue Saint-Laurent à l’est et à Sainte Annne de Bellevue à l’ouest. C’est le Montréal de la partition anticipée.

Le côté « pile » de la même médaille, c’est cette image repoussoir de Montréal, la soi-disant dévergondée, dépravée, immorale, que tant de chroniqueurs, de commentateurs, d’éditorialistes présentent ces jours-ci au reste du Québec.

Bien sûr, Montréal est rebelle, délinquante, insoumise. Il ne peut en être autrement. Montréal, c’est l’épicentre des contradictions sociales et nationales du Québec. Montréal, c’est le cœur militant du Québec.

Que Montréal se soit embrasée avec l’étincelle de la lutte étudiante ne devrait pas étonner. Montréal a été le quartier général du mouvement des Patriotes, la base combattante du Québec français, le principal bastion du mouvement indépendantiste. C’est chez les francophones de Montréal que le Oui a fait son meilleur score lors du référendum de 1995.

Montréal, c’est le point de ralliement, de convergence des forces du changement. Sans Montréal, le Québec ne serait qu’éparpillement, dispersion, sans point nodal.

Aujourd’hui, Montréal sort d’une longue torpeur. Le peuple de Montréal prend la rue. Montréal redevient la locomotive de notre combat. Nous devons clouer au pilori tous ceux qui essaient de la décrier, de placer un coin entre Montréal et le reste du Québec.

Montréal la révoltée attire les regards et suscite l’intérêt militant du monde entier. Que cette révolte s’élève d’un cran et se transforme en projet politique émancipateur de l’ensemble du peuple et c’est le Québec tout entier qui sera source d’inspiration et ferment de transformation sociale.

Vive le Montréal populaire et militant!

Photo : Ruemasson.com

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