Vivre en français au Québec, c’est s’ouvrir sur notre diversité

2012/06/19 | Par Mario Beaulieu

Dans sa chronique de samedi parue dans La Presse et consacrée à la pertinence de chanter en anglais au spectacle de la Fête nationale, Marc Cassivi y va d’une charge à fond de train contre ceux pour qui « le bilinguisme est encore perçu comme une menace à l’identité québécoise », « la frange radicale du mouvement nationaliste », les « réflexes réactionnaires » du mouvement indépendantiste, les « délires paranoïaques », etc.

Monsieur Cassivi termine sa diatribe en m’accusant personnellement, à titre de président de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal et du Comité de la fête nationale, d’être « l’un des plus grands pourfendeurs de l’utilisation de la langue anglaise au Québec ».

Je suggère qu’on se calme un peu. La question de la langue des chansons au spectacle de la Fête nationale a été soulevée de temps à autre. Le Comité a réfléchi là-dessus et sa conclusion a toujours été la même. Non, il n’y a pas de chansons en anglais au spectacle de la Fête nationale et ce n’est pas parce qu’on les déteste.



Les chansons en anglais n’y ont pas plus leur place que les chants de Noël

Il n’y a pas de chants de Noël non plus, aussi beaux qu’ils soient. Dans les deux cas, l’explication est la même : ce n’est pas de circonstance. Pour ce qui est de la langue, la Fête nationale est une fête nationale : elle célèbre ce qui nous distingue comme nation du reste du continent.

En même temps que M. Cassivi affirme « qu’il faut protéger, à tout prix, la Charte de la langue française, si l’on espère assurer notre pérennité », il adopte sans réserve l’argumentaire culpabilisant de ceux qui se sont acharnés à la démanteler. Chercher l’erreur.

Mais de plus en plus de Québécois en ont plus qu’assez de se faire traiter de xénophobes parce qu’ils veulent tout simplement faire respecter leur langue.

La Charte de la langue française n’a pas été conçue contre le bilinguisme individuel, mais elle visait à éliminer le plus possible le bilinguisme institutionnel. Elle devait faire du français non pas la langue des seuls francophones, mais la langue commune de tous les Québécois, ce qui est essentiel à la cohésion sociale et à l’inclusion de tous les citoyens au Québec.



Une fête multiethnique en français

M. Cassivi ne fréquente pas d’ordinaire le spectacle de la Fête, nous dit-il. S’il nous faisait l’honneur de venir faire un tour au spectacle et au défilé, il constaterait de ses propres yeux ce dont les médias témoignent à chaque année : une participation toujours plus diversifiée à ces deux événements, du point de vue des origines ethniques.

Pas seulement dans l’assistance, mais chez les artisans du spectacle et les figurants du défilé ; assurer à ce niveau une représentation de la diversité a toujours été une forte préoccupation du Comité de la Fête nationale.

Et puisque M. Cassivi me vise personnellement, j’aimerais lui rappeler que j’ai grandi moi aussi dans l’Ouest de l’Île, qu’il appelle le « West Island », et que les premières actions militantes que j’ai effectuées ont été d’organiser les premières Fêtes nationales dans Parc-Extension, le quartier le plus multiethnique à Montréal.

Et ce que j’y ai appris, notamment, c’est que pour rassembler toutes les Québécoises et tous les Québécois, il faut pouvoir se parler dans une même langue et ainsi ouvrir nos portes toutes grandes sur cette diversité qui enrichit chaque jour notre Québec.

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