Projet de la mine Renard

2012/07/31 | Par Nature Québec

« L’exploitation du diamant à quel prix ? », tel est le titre du mémoire que Nature Québec a rendu public hier en regard des risques économiques et des impacts environnementaux du projet de la mine Renard de la compagnie Stornoway.

Une trop grande part des risques assumée par l’État, des retombées fiscales insuffisantes pour le Québec, des impacts cumulatifs mal évalués (notamment pour le caribou forestier, une espèce vulnérable au Québec) et une garantie financière nettement insuffisante pour assurer la restauration complète du site une fois l’exploitation terminée, voilà quelques-unes des principales lacunes qui font l’objet de recommandations dans le mémoire déposé par Nature Québec à l’Agence canadienne d’évaluation environnementale (ACEE).


Trop de risques pour l’État

« Avant même de toucher un cent du projet de la mine Renard, Québec aura déjà déboursé près de 500 M$ (environ 300 M$ pour la route, et plus de 100 M$ d’Investissement Québec et plusieurs dizaines de millions en soutien à l’exploration depuis les années 1990), alors que les coûts d’investissements totaux pour le projet oscillent autour du milliard de dollars. Autrement dit, Québec assume près de 50 % des investissements totaux du projet alors qu’il est actionnaire du projet à hauteur de 25 % (37 % en valeur), ce qui paraît nettement inéquitable », explique Ugo Lapointe, auteur du mémoire.

Nature Québec déplore également que Québec assume 90 % des coûts de construction et de maintien de la route 167 menant à la mine, alors que, dans les faits, aucune autre mine ne devrait voir le jour dans ce secteur d’ici les cinq à dix prochaines années, voire à plus long terme.

« Cela nous apparaît d’autant plus inéquitable que Stornoway serait en mesure d’assumer une part beaucoup plus grande des coûts de la route 167 si le projet se prolonge sur 20 ans au lieu des 11 annoncés jusqu’au maintenant, tel que l’envisage la compagnie dans ses études environnementales », affirme M. Lapointe.


Redevances et recettes fiscales insuffisantes

Nature Québec juge également insuffisantes les redevances et les recettes fiscales du projet de la mine Renard, présentement évaluées à 611 M$ pour le Québec et le Canada (sur une valeur totale de plus de 4,1 milliards). Nature Québec recommande que le gouvernement du Québec présente un bilan détaillé de l’ensemble des recettes et des dépenses fiscales anticipées pour le projet de la mine Renard. Nature Québec demande également que Québec justifie l’absence de transformation du diamant au Québec, ainsi que les raisons pour lesquelles Québec investit dans ce projet plutôt que dans d’autres projets dont les rendements prévus sont de beaucoup supérieurs à ceux annoncés par Stornoway.


Garanties financières inadéquates pour la restauration du site

Nature Québec déplore la faiblesse des garanties financières offertes par la compagnie Stornoway pour assurer la restauration du site une fois l’exploitation terminée. Les garanties actuelles couvrent à peine 27 % des coûts de restauration anticipés et ne seraient versées qu’à partir de la quatrième année de production.

« Cette façon de faire ne tient pas du tout compte des nouvelles mesures prévues par la réforme de la Loi sur les mines du Québec (projet de loi 14), lesquelles exigent 100 % des coûts totaux de restauration payables en trois versements durant les trois premières années d’opération de la mine » explique M. Lapointe.


Évaluation environnementale stratégique et caribous forestiers

Nature Québec recommande également que les autorités publiques mènent une évaluation environnementale stratégique dans la région afin que les impacts cumulatifs associés à la mine Renard et à l’ouverture du territoire par la route 167 (et peut-être éventuellement d’une ligne électrique au nord) soient beaucoup mieux évalués, mitigés, réduits et, si possible, éliminés. Nature Québec est particulièrement préoccupé par la survie régionale à long terme du caribou forestier, une espèce vulnérable et protégée au Québec.

Enfin, Nature Québec recommande que Stornoway présente différents scénarios pour réduire l’empreinte globale de son projet, notamment un plan détaillé pour réduire et compenser les gaz à effet de serre qui seront émis durant tout le cycle de vie du projet.


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