La CAQ et les Libéraux : une menace pour l’avenir du français au Québec

2012/08/27 | Par MQF

À l’occasion des activités commémorant le 35e anniversaire de la loi 101, le Mouvement Québec français (MQF) lance un appel pressant  aux électrices et aux électeurs de toutes les régions qui ont à cœur d’assurer l’avenir du français au Québec. Considérant que le sort du français se jouera fortement à l’élection du 4 septembre prochain, le MQF a présenté son évaluation des engagements des différents partis politiques dans le dossier linguistique.

«Depuis son rétablissement en 2012, le MQF a effectué une tournée du Québec afin d’expliquer que si le statut du français comme langue d’intégration n’est pas renforcé à Montréal, lorsque le problème se présentera dans les régions plus éloignées, il risquera d’être trop tard», a fait valoir le président du MQF, Mario Beaulieu. Celui-ci ajoute que «l’énorme surfinancement actuel des institutions anglophones à Montréal se fait sans cesse davantage au détriment des services d’éducation et de santé en région, et favorise d’autre part l’exode d’une main-d’œuvre hautement spécialisée vers l’extérieur du Québec. »

Le porte-parole du Mouvement Montréal français, Denis Trudel, précise «que la loi 101 n’a pas été conçue contre le bilinguisme individuel, mais contre le bilinguisme institutionnel. Elle visait à faire du français non pas l’une des langues officielles, mais plutôt la seule langue officielle du Québec. Il ne faut pas confondre l’apprentissage de l’anglais comme langue seconde avec le bilinguisme des services gouvernementaux. Avoir une langue commune est un facteur d’inclusion des immigrants, autant que la condition essentielle pour assurer l’avenir du français.»

Le président du MQF a présenté l’évaluation des engagements des différents partis politiques dans le dossier linguistique à partir du texte suivant :


Voter pour un Québec français!

Le bilan du Parti libéral dans le dossier linguistique est catastrophique.  Le gouvernement libéral a utilisé son pouvoir sur l’Office québécois de la langue française (OQLF) pour essayer de camoufler le déclin du français et tenter de nous faire croire que tout allait pour le mieux comme dans le meilleur des mondes, alors même que les faits et données scientifiques qui s’accumulent sont de plus en plus inquiétants, voire alarmants.

Dans l'île de Montréal, 54,2% des gens utilisent le français comme langue d'usage et 49,8% des gens ont le français comme langue maternelle, une tendance à la baisse qui gagne maintenant la couronne de la métropole et même le Québec en entier.

Les études prévisionnelles de l’OQLF confirment cette tendance lourde vers le déclin. La force d’attraction de l’anglais est de 5 fois supérieure proportionnellement à celle du français dans la métropole, là où se concentre la grande majorité des nouveaux arrivants (plus de 50 000 par année) et des allophones.

À l’image de son inaction des 9 dernières années, le programme électoral des Libéraux ne propose aucune mesure substantielle pour le français. Dans ce contexte, le surfinancement des institutions anglophones (cégeps, universités, hôpitaux, etc.) et le renforcement de l’enseignement de l’anglais concentré à Montréal proposés par le gouvernement libéral précipiteraient l’anglicisation du Québec.

La Coalition Avenir Québec (CAQ) admet que les progrès du français «restent insuffisants et parfois précaires», mais ne propose aucune mesure concrète pour redonner son efficacité à la Charte de la langue française. Sa solution pour éliminer les écoles passerelles est incertaine, car elle vise à réinstaurer l’ancienne loi 104 en demandant un amendement à la constitution, qui serait par conséquent soumis à l’approbation du Canada anglais. La CAQ veut renforcer le rôle et les pouvoirs de l’OQLF sans préciser de quelle façon. De plus, l’OQLF doit appliquer une loi 101 qui a été affaiblie par la plupart des quelque 200 modifications et sept lois depuis son adoption le 26 août 1977.

Par ailleurs, la CAQ fera encore appel au Canada anglais pour négocier un plus grand contrôle de l’immigration par l’État québécois. C’est comme faire appel au loup pour protéger ses brebis.  Elle entend aussi diminuer légèrement l’immigration (45000 immigrants par année) et décupler les ressources pour favoriser la régionalisation de l’immigration.

De plus, le programme de la CAQ parle de mesures visant à assurer l’intégration des immigrants à la majorité francophone et à consolider la place du français sur le marché du travail. Ces mesures semblent consister à augmenter les ressources en francisation en milieu de travail.

Le MQF considère que ces mesures vont s’avérer très coûteuses et peu efficaces en l’absence d’une modification à la loi 101, d’autant plus que tous les services gouvernementaux seront offerts en anglais sur demande. Sinon, notre propre gouvernement envoie le message qu’il n’est pas essentiel d’utiliser le français comme langue commune au Québec.

Le Parti Québécois entend adopter une nouvelle loi 101 pour étendre graduellement les dispositions déjà existantes appliquées aux entreprises de plus de 49 employés, aux entreprises comptant de 11 à 49 employés dans la nouvelle Charte de la langue française.

Il règlera le problème des écoles passerelles en appliquant aux écoles non subventionnées les dispositions de l’actuelle Charte de la langue française déjà en vigueur pour les écoles subventionnées. Il étendra aux cégeps et aux écoles de formation professionnelle, ainsi qu’à l’éducation des adultes, les dispositions de l’actuelle Charte de la langue française appliquées aux écoles.

Pour le MQF, ce dernier engagement est fondamental, car l’éducation est le principal moyen de transmission d’une langue aux nouveaux arrivants. Étendre la loi 101 au cégep est une mesure essentielle, tout à fait compatible avec un renforcement de l’apprentissage de l’anglais et des langues secondes dans l’ensemble des régions du Québec, en évitant de surfinancer les cégeps anglophones, qui se retrouvent essentiellement à Montréal et qui sont une cause majeure de l’anglicisation des allophones et des francophones de l’Ouest-de-l’Île de Montréal.

Le MQF est d’accord avec l’ensemble des mesures proposées par le Parti Québécois, bien que celui-ci ne précise pas l’application rigoureusement de l’article 16 de la loi 101 qui prescrit que les communications gouvernementales avec les entreprises établies au Québec se fassent exclusivement en français.

Le MQF préconise qu’on doit étendre ce principe à tous les services gouvernementaux administratifs québécois, sauf les services susceptibles d’avoir un statut bilingue, ou ceux qui impliquent des échanges avec l’extérieur du Québec ou le tourisme.

La plateforme de Québec solidaire comprend elle aussi, une augmentation des ressources pour l’OQLF pour assurer que les services soient dispensés en français dans les commerces de la ville de Montréal et les milieux de travail, des mesures pour étendre la portée de la loi 101 aux petites et moyennes entreprises, l’augmentation des ressources pour les services de francisation.

Par contre, ces mesures impliquent des changements à la loi 101 qui ne sont pas suffisants pour contrer le déclin du français. Notamment, nous considérons qu’il n’est pas possible de franciser les  entreprises en continuant de financer sans limite la formation des travailleurs complètement en anglais, par l’enseignement professionnel, les cégeps ou l’enseignement universitaire.

Seule la plateforme d’Option nationale vise à établir un financement équitable des universités francophones en plus d’appliquer la loi 101 au cégep. Le programme d’ON comprend des renforcements importants de la Charte de la langue français en ce qui a trait à la langue de travail et les écoles passerelles, ainsi que la régionalisation de l’immigration.

En somme, le Mouvement Québec français invite les électeurs à voter pour le parti le plus susceptible selon eux d’effectuer rapidement une réforme majeure de la Charte de la langue française afin d’atteindre son objectif fondamental : faire du français la langue commune de toutes les Québécoises et de tous les Québécois.

En l’absence d’une réforme majeure de la loi 101, rapidement mise en place, les difficultés d’intégration des nouveaux arrivants augmenteront de pair avec la minorisation des francophones de toutes origines à Montréal. Le temps joue contre nous. Il y urgence d’agir!

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