Mobilisation pancanadienne à Victoria

2012/10/24 | Par L’aut’journal 

Des centaines de personnes de tous les horizons et de toutes les régions du pays se sont rassemblées aujourd’hui, 21 octobre, devant l’Assemblée législative de Victoria, en Colombie-Britannique, pour prendre part à un sit-in de masse afin de montrer leur opposition aux oléoducs des sables bitumineux d’Enbridge et de Kinder Morgan et aux superpétroliers.

Cette manifestation à lieu alors que le gouvernement Harper tente d’affaiblir davantage la réglementation environnementale fédérale de manière à accélérer les projets controversés des sables bitumineux.

« Les tentatives du gouvernement Harper d’enrayer les protections environnementales et d’accélérer l’approbation des pipelines d’Enbridge et de Kinder Morgan, et ce, sans écouter l’opinion des Canadiens, ne feront qu’augmenter les effets des changements climatiques et mettre notre santé et l’environnement en danger » a mentionné Susan Spratt, Directeur régional de l’Ouest pour le TCA.

L’action d’aujourd’hui est la plus grande manifestation contre les sables bitumineux au pays. Plus de 80 leaders du monde des affaires, des Premières nations, de l’environnement, des syndicats, ainsi que des secteurs universitaire, médical et artistique, ont appuyé le mouvement d’occupation Défendons la côte Ouest, dont Stephen Lewis, David Suzuki, Maude Barlow, Naomi Klein, Tom Goldtooth, David Coles, Bill McKibben et Tony Clarke.

Des artistes connus ont ajouté leur nom à la liste des protestataires, parmi lesquels Mark Ruffalo, Daryl Hannah, Michael Moore, Ellen Page, Pamela Anderson, Peter Keleghan et Tantoo Cardinal.

« C’est inspirant de voir des gens de partout venir nous aider à défendre notre droit d’exprimer notre désaccord à l’égard de projets qui mettent nos communautés en péril », a déclaré Jackie Thomas, chef de la Première nation Saik'uz.

« L’ampleur de la manifestation d’aujourd’hui démontre combien vive est l’opposition au projet Enbridge. Cela envoie un message clair à nos dirigeants politiques; s’ils font la sourde oreille, c’est à leurs risques et périls. »

La manifestation a débuté à 11 h par un rassemblement de solidarité devant l’Assemblée législative de la Colombie-Britannique. D’importants dirigeants du milieu syndical, des organisations de justice sociale et des Premières nations ont prononcé des discours sur les répercussions directes associées au transport par oléoduc du brut des sables bitumineux.

Après coup, les participants ont déployé une bannière noire de 245 mètres sur la pelouse devant l’Assemblée, soit la taille d’un superpétrolier semblable à ceux qui navigueront dans le port Burrard si les projets d’oléoduc Enbridge et Kinder Morgan sont approuvés.

« Ces pipelines et superpétroliers conduiraient notre pays dans la mauvaise direction », a affirmé Rick Zaleski, un propriétaire de Chilliwack, en Colombie-Britannique, employé du secteur de la vente en ligne. « J’ai travaillé fort pour nous bâtir à moi et à ma famille une bonne vie dans cette belle province; je m’inquiète de l’avenir de mes deux garçons si jamais ces projets vont de l’avant. Les oléoducs touchent tout le monde, peu importe où on vit. »

Les groupes qui appuient l’événement Défendons la côte Ouest sont nombreux : des associations autochtones comme le Indigenous Environment Network, la Yinka Dene Alliance et Coastal First Nations; des groupes œuvrant pour l’environnement et la justice sociale comme le Conseil des Canadiens, Tanker Free BC, Greenpeace Canada et Occupy Vancouver Environmental Justice; des syndicats comme le Syndicat canadien  des communications de l’énergie et du papier, le Syndicat national de l'automobile, de l'aérospatiale, du transport et des autres travailleurs et travailleuses du Canada, la BC Teacher's Federation, le Syndicat canadien de la fonction publique-Colombie-Britannique, ainsi que la Fishermen and Allied Workers' Union-CAW.

« Les oléoducs et les pétroliers ne sont pas une solution : ils font partie du problème », soutient Susan Lambert, présidente de la B.C. Teachers’ Federation.

« Le temps est venu pour nos dirigeants élus de mettre un terme aux activités d’une industrie risquée et de s’employer à bâtir un avenir fondé sur l’énergie propre pour les communautés des Premières Nations et du Canada. »

Seulement pour l’année 2010, les pipelines en Alberta ont fuit tous les 1,5 jours, déversant plus de 3 millions de litres de pétrole dans l’environnement et les nappes phréatiques. Les projets de pipelines d’Enbridge et de Kinder Morgan pourraient transporter de 525 000 à 600.000 barils par jour.

« Un accident causé par un oléoduc ou un pétrolier serait désastreux pour nos rivières et notre littoral. Et même si le brut parvenait à destination en toute sécurité, son utilisation produira des émissions de carbone qui favoriseront un désastre climatique », selon George Hoberg, professeur à la faculté des sciences forestières de l’Université de la Colombie-Britannique.

« Les oléoducs d’Enbridge et de Kinder Morgan, s’ils sont construits, exporteront 2,5 fois plus de gaz à effet de serre que la quantité actuellement émise en Colombie-Britannique. »

 « Si nous autorisons la construction de ces oléoducs, rien ne nous incitera plus à réduire la production de combustibles fossiles et à nous convertir à l’énergie propre requise pour assurer l’avenir de notre pays et notre planète », a ajouté Maude Barlow, présidente du Conseil des Canadiens.

« Ces oléoducs ne seront pas seulement des artères qui transporteront le pétrole le plus sale au monde; ils alimenteront une expansion de l’industrie, puisque la nécessité de les remplir deviendra une pression constante. Il faut à tout prix en empêcher la construction et nous y parviendrons. »

« Il y a des moments dans l’histoire où l’on prend conscience que nos dirigeants élus manquent à leur devoir et que le temps est venu de s’exprimer », affirme Art Steritt de l’association Coastal First Nations.

« Nous exhortons aujourd’hui les membres de l’Assemble législative de la Colombie-Britannique à se tenir debout et à protéger la côte Ouest canadienne ainsi que les droits des Premières nations et de tous les Britanno-colombiens. La certitude absolue d’un déversement pétrolier sera dévastatrice pour la culture et l’économie des populations qui vivent le long du littoral et nous ne la tolérerons pas. »

Après l’action d’aujourd’hui, des manifestants se réuniront le 24 octobre pour former une chaîne humaine devant les bureaux des députés provinciaux dans 50 municipalités de la province en guise de protestation contre le projet.

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