Femmes dans la construction : la FTQ-Construction réagit au rapport du CIAFT

2012/11/01 | Par Maude Messier

Représentant près de 44% des travailleurs et des travailleuses de l’industrie de la construction, la FTQ-Construction s’est sentie interpelée par la publication du rapport du CIAFT et par l’article publié par l’aut’journal sur son site Internet. Ils nous ont contacté pour nous livrer leurs commentaires.

Sans nier que la présence, la rétention et le traitement réservé aux femmes sur les chantiers de construction posent de sérieux problèmes, le directeur général de la FTQ-Construction, Yves Ouellet, n’est pas à l’aise avec les déclarations du CIAFT : « Ça donne l’impression qu’elles sont toutes violentées sur les chantiers et ça, ce n’est pas vrai. »

Il estime que l’industrie doit impérativement attirer plus de femmes, soulignant que le Québec n’a pas les moyens de se passer de cette main-d’œuvre dans un contexte de pénurie. « Mais des sorties comme celle de cette semaine, ça n’aide pas notre cause. C’est comme dire aux femmes ?Ne venez pas dans la construction, vous allez vous faire planter?. »

Yves Ouellet souligne que l’industrie a tout de même fait des efforts pour intégrer plus de femmes au cours des dernières années, bien que les résultats soient décevants.

Il dénonce le harcèlement, insiste sur le fait que ça ne doit en aucun cas être toléré et que les syndicats doivent intervenir pour défendre les travailleuses qui en sont victimes. Mais Yves Ouellet met en garde contre les généralisations. « Des imbéciles, il y en a partout, sur les chantiers comme ailleurs. À tous les niveaux. »

Comment se fait-il alors que, trop souvent, les commentaires déplacés et les comportements machos soient tolérés et considérés comme «chose normale» sur les chantiers? « C’est vrai qu’il faut changer ça. Je pense que d’attirer plus de femmes, les intéresser dès l’école secondaire, contribuerait à changer les mentalités. »

À son avis, il faut insérer la problématique des femmes dans un contexte général d’attraction de la main-d’œuvre dans l’industrie de la construction. Il soutient que les changements de mentalités et de comportements doivent passer par l’éducation. En ce sens, il rejoint la recommandation du CIAFT proposant la mise sur pied d’un programme de sensibilisation et de prévention du harcèlement.

Le rapport du CIAFT met en lumière le fait que les travailleuses victimes de harcèlement ne savent pas vers qui se tourner pour obtenir du soutien. De toute évidence, les syndicats ne font actuellement pas partie de la solution pour elles.

« Je pense qu’un travail doit être fait pour intégrer les femmes dans les structures syndicales, sur les exécutifs. C’est comme ça qu’elles pourront s’approprier le syndicat comme un outil. Mais c’est vrai qu’il y a du travail à faire. »

Quoi qu’en dise la FTQ-Construction, les femmes sont encore trop nombreuses à taire le harcèlement dont elles sont victimes par peur de représailles, ne sachant vers qui se tourner. Dans une industrie où le silence sur ces questions semblent être la norme, de toute évidence, le simple fait d’en parler dérange.

Photo : Jacques Nadeau - Ledevoir.com

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