Il n’y a pas d’oasis pour le climat dans le désert de Doha!

2012/12/11 | Par Équiterre

Doha, Qatar, 8 décembre 2012 - Cette année, la conférence de l'ONU sur le climat s'est finalement conclue, après plusieurs heures supplémentaires, sur peu d'éléments concluants en terme de progrès en matière d’ambition et sans l’assurance d’un support financier qui permettrait aux pays pauvres de s’occuper des impacts climatiques de façon appropriée.

Le cadre nécessaire afin d’avancer positivement vers une entente globale en 2015 est en place, mais à moins que les pays ne s’engagent au niveau national et n’injectent leur volonté politique dans ces négociations, cette entente demeurera vague, et nous nous dirigerons vers une augmentation des températures moyennes de 4 degrés, ou plus !

La controverse qui éclata vers la fin de la session constitue un message puissant de la part des pays pauvres : leur demande pour une action plus ambitieuse continuera de croître à mesure que les impacts du changement climatique, pour lesquels ils ne sont que très peu responsables, se feront de plus en plus percutants.


Voici les réactions des membres de Réseau action climat Canada à l’issue de la rencontre de Doha :

« J'aimerais savoir comment nos dirigeants peuvent être aussi indifférents à un monde 4°Celsius plus chaud que celui que nous connaissons aujourd'hui. La science est claire, les solutions existent, l'économie est prête, et les impacts de l'inaction se font de plus en plus dévastateurs... Mais où se trouvent le leadership et la volonté politique? Cette année encore, les dirigeants laissent tomber le monde en arrivant à la table les mains vides, sans aucune proposition pour diminuer le fossé grandissant entre leurs positions et leurs promesses afin d’éviter 2° Celsius de réchauffement planétaire. Le gouvernement canadien était déterminé à mettre en péril l’enjeu primordial du financement du Fonds vert sur le climat en retardant encore 3 ans sa contribution. La voie sur laquelle nous devrions être engagés est toujours possible dans ce processus, ici à Doha, mais elle a besoin d’une forte volonté et de leadership politique afin d’avancer, et cela n’est clairement pas le cas ».

- Hannah McKinnon, directrice des campagnes, Réseau action climat Canada.


« Bopha, Sandy, des inondations au Pakistan, des sècheresses en Chine... Combien de rapports de la Banque Mondiale, de la NASA et de l’Agence internationale de l’énergie seront nécessaires? Combien d’autres catastrophes évitables avant que nos dirigeants ne réalisent que les changements climatiques ne seront pas résolus par de beaux discours et des promesses creuses? Des pays comme le Canada et les États-Unis ont promis de réduire leur pollution atmosphérique et ont promis d’offrir un support financier adéquat pour les pays en développement. Jusqu’à présent, ils ont échoué sur les deux plans ».

- Steven Guilbeault, directeur général adjoint, Équiterre


« Les ententes que nous obtenons à Doha sont loin de nous diriger vers un monde plus sécuritaire où nous limiterions le réchauffement à 2° Celsius. Nous n’avons qu’un vague processus qui pourrait mener à un peu plus d’ambition s’il y avait une volonté politique. Or, cette dernière a manqué cruellement au cours des dernières années. Les États-Unis et le Canada doivent agir immédiatement afin d’honorer leurs engagements, renforcer leurs politiques et travailler pour la population plutôt que pour les pollueurs. Le Canada doit arrêter l’expansion des sables bitumineux, oublier les projets de pipelines qui viennent avec et se doter d’un véritable plan d’action pour réduire ses émissions ».

- Patrick Bonin, responsable climat-énergie, Greenpeace Canada


« Malgré les revendications de la société civile canadienne et internationale pour des actions responsables, le gouvernement fédéral nous a outragés encore une fois en continuant d’agir comme si de rien n’était, et en bloquant des engagements au niveau global. Nous revendiquons une halte de cette inaction et nous voulons qu’il se joigne aux instances provinciales et nationales dans leurs positions engagées contre le verrouillage dans des infrastructures dopées au sable bitumineux et au gaz de schiste ».

- Aida Ahmadi, responsable de la campagne Climat et Énergie, AQLPA


« Alors que se termine la conférence, je suis très préoccupée par le resserrement des règles de conduite entourant la participation de la société civile. Avec de plus en plus de restrictions, la contribution au processus par les groupes environnementaux, et en particulier ceux de la jeunesse, a sérieusement été compromise ».

- Catherine Gauthier, ambassadrice d’ENvironnement JEUnesse


« Les leaders de la planète, et en particulier le Canada, ont échoué dans leurs tâches, ici à Doha. Le manque d’ambition et d’engagement du Canada prend racine dans l’expansion insoutenable des sables bitumineux et dans l’influence de l’énergie sale, de l’argent sale et de la politique sale. Malgré les cris de la jeunesse de partout dans le monde, nous sommes bien en deçà de pouvoir maintenir les températures à l’intérieur de la limite de 2 °Celsius. Ceci entraînera de sérieux impacts pour les parties les plus vulnérables du monde, où les populations ayant le moins contribué à causer cette crise climatique souffrent et continueront de souffrir d’un héritage climatique dévastateur. Seulement au niveau des coûts, la tempête Sandy aura coûté au moins 60 milliards de dollars, le même montant que celui demandé ici à Doha pour le financement des pays les plus pauvres. Si une seule tempête peut entraîner de tels coûts, 60 milliards de dollars n’arrivent pas à la cheville de ce qui s’avère nécessaire pour l’ensemble de la plante ».

- Perla Hermandez, Délégation de la jeunesse canadienne, CdP18