L’éducation en région, au sommet de nos priorités

2012/12/14 | Par Patricia Posadas et Josée Ruest



Les auteures sont enseignantes au Cégep de Rimouski


L’exode rural est un phénomène récurrent et préoccupant. D’ailleurs, tout le Québec est confronté à ce problème : les régions ressources se vident au profit des grandes villes et elles se battent pour tenter d’inverser le phénomène.

Un des éléments qui permettent de lutter contre cette dévitalisation, causée par une baisse démographique et par la perte des forces vives que sont les jeunes adultes, est de mettre en place un système éducatif solide sur tout le territoire, un système qui génère en retour un développement de la vie économique, sociale, culturelle et sportive.

C’est ce qu’a confirmé Mme Virginie Proulx, étudiante au doctorat en développement régional à l’UQAR, lors de la présentation qui découlait de sa recherche, dans le cadre de l’assemblée publique : L’éducation en région au sommet de nos priorités, tenue le 29 novembre dernier et organisée par le Syndicat des enseignantes et enseignants du Cégep de Rimouski.

En effet, cette dernière a constaté, en rencontrant « les nouveaux arrivants » venus des grands centres, ou de partout ailleurs au Québec, pour s’installer à Rimouski, que ceux-ci viennent, attirés par la qualité de vie (moins de trafic, environnement plus sain, maisons moins chères), mais aussi parce qu’ils y retrouveront les opportunités qu’offrent les grandes villes (l’accessibilité aux études, la culture, le sport, la vie sociale).

Selon M. Gérard Beaudet, urbaniste émérite et professeur à l’Institut d’urbanisme de l’Université de Montréal, en l’absence d’un plan d’action national qui permettrait le maintien d’un réseau d’enseignement supérieur couvrant tout le territoire, la baisse démographique pousse les régions à se faire concurrence l’une l’autre.

À cette compétition interrégionale s’ajoute l’attrait qu’exercent les grandes villes sur les jeunes. Dans ce contexte, les administrations des institutions d’enseignement doivent se transformer en agence de marketing. L’éducation devient donc objet de marchandisation.

M. Beaudet présente comme un « regrettable » symptôme de cette course à la « clientèle » le fait que les trois quarts des universités du Québec ont un pied à terre à Montréal. Pourquoi les étudiantes et les étudiants resteraient-ils en région alors que les programmes s’y appauvrissent année après année? Et, surtout, pourquoi y reviendraient-ils s’ils pensent ne pas pouvoir offrir à leurs enfants une éducation diversifiée?

Un autre panéliste, M. Luc Méthot, enseignant au Cégep de Gaspé, est venu témoigner de ce que la baisse dramatique d’effectif étudiant entraine comme répercussions économiques et sociales.

Ainsi, ce cégep a perdu 34 % de ses étudiantes et étudiants, 42 % de ses enseignantes et enseignants, ce qui engendre une perte de 40 M $ pour l’économie de la région.

À cette perte s’ajoutent les autres effets, tel le départ de membres du personnel enseignant, du personnel de soutien, du personnel professionnel sans travail et de leurs familles… phénomène qui accélère la dévitalisation de la région.

Au-delà des chiffres, ce qui se dégage des discussions et des témoignages de cette assemblée, c’est l’absurdité d’un système d’éducation non planifié, sans vision collective et à long terme.

Ainsi, alors qu’à Montréal, on manque de place, que les classes débordent et qu’on investit à grands frais dans des infrastructures qui deviendront surnuméraires dans peu de temps, on ferme des programmes à Gaspé et ailleurs sur le territoire québécois.

Renverser cette tendance demandera une volonté politique et l’effort de toutes et de tous, comme nous l’a rappelé avec vigueur et enthousiasme M. Gaétan Ruest, maire d’Amqui.

Ce dernier a précisé que, pour qu’une petite ville ou une région se développe, il faut absolument que s’y trouve un point d’ancrage du savoir. Par exemple, des antennes collégiales, semblables à celle qui, à Amqui, a permis la création du SEREX, une société innovante qui traite la biomasse et a attiré dans cette ville de nouveaux venus.

Les solutions existent! Ce qu’il faut maintenant, c’est la volonté politique de mettre en place un plan d’action national cohérent qui garantirait que toutes les régions puissent offrir une éducation variée, y compris aux niveaux supérieurs que sont le cégep et l’université.

La Fédération des enseignantes et des enseignants de cégep (FEC-CSQ) a déjà identifié 12 pistes de solutions, qui vont des programmes exclusifs à la centralisation des demandes d’admission.

Le Sommet sur l’éducation supérieure de février 2013 sera l’endroit privilégié pour faire connaitre ces pistes de solutions. Seul l’appui de toutes et de tous donnera tout son poids à cette démarche collective. Vous pouvez manifester votre appui aux 12 pistes de solutions en signant la pétition en ligne. Pour ce faire, rendez-vous à cette adresse : http://depinfo5.cegep-rimouski.qc.ca/.