Brèves syndicales

2013/01/25 | Par Maude Messier

Lock-out chez RTA : 130 millions $ aux frais des Québécois

Alma – La section locale 9490 du Syndicat des Métallos interpelle la ministre des Ressources naturelles et réclame qu’elle mette un terme aux ententes secrètes qui obligent Hydro-Québec à acheter à gros prix de l’électricité dont elle n’a même pas besoin.

Le journal Le Quotidien révélait lundi dernier que la société Rio Tinto Alcan a procédé à des ventes record d'électricité à Hydro-Québec pour l'année 2012.

« Avant 2012, nous étions un acheteur net de 200 mégawatts par année en moyenne. En 2012, nous avons vendu à Hydro-Québec 387 mégawatts », a confirmé la porte-parole de Rio Tinto au Québec, Claudine Gagnon.

RTA a donc livré 387 mégawatts sur le réseau de la société d'État, pour un montant de plus ou moins 130 millions $, selon le tarif Grande puissance, qui est de l'ordre 4,3 cents du kilowattheure, alors que le coût de production est inférieur à ce montant.

Voilà qui laisse supposer des profits importants pour la multinationale selon le Syndicat des Métallos. Mais il faudra attendre la publication du rapport annuel des activités de l'entreprise pour connaître le montant exact des ventes d'énergie à la société d'État, la porte-parole ayant indiqué que l'entreprise ne dévoilerait pas, pour le moment, le montant des ventes.

« Ce bilan annuel montre bien l’odieux des ententes secrètes, de déclarer le président de la section locale 9490, Hugues Villeneuve. Les Québécois ont dû payer le gros prix pour de l’électricité dont ils n’avaient même pas besoin parce qu’une multinationale a mis des travailleurs à la rue pour réduire sa masse salariale dans la région. »

Dernière heure

Le Devoir publiait, ce vendredi matin, que « contraint de témoigner devant la Commission des relations du travail, le grand patron de Rio Tinto Alcan Étienne Jacques a confirmé hier sur le bout des lèvres la vente de 74 millions de dollars en électricité à Hydro-Québec au cours du lockout à l’usine d’Alma. »

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Entente à la résidence la Seigneurie de Salaberry

Québec – Au terme d’une grève de sept jours, la trentaine d’employés syndiqués de la résidence privée pour personnes âgées la Seigneurie de Salaberry ont finalement conclu un nouveau contrat de travail, entériné par les deux tiers des membres.

La nouvelle convention collective prévoit notamment des hausses salariales pouvant atteindre 18 % d'ici la fin de la convention en 2015. Elle permettra aussi de baliser le recours à la sous-traitance et de modifier le calcul de l'ancienneté qui se sera désormais basé sur la date d'embauche.

Rappelons que la convention collective est échue depuis mai 2012 et que l’employeur avait demandé la conciliation au terme d’une seule rencontre de négociations.

Le litige portait notamment sur les conditions salariales. Les employés gagnaient en moyenne 11,14 $ de l’heure. Le syndicat réclamait un rattrapage pour atteindre la moyenne nationale des établissements privés similaires.

Jean-Pierre Ouellet, président du Syndicat québécois des employées et employés de service, section locale 298 (SQEES-FTQ), qui représente les employés de la résidence, s’est réjoui de cette entente qui s’inscrit parfaitement dans sa campagne Prendre soin de nous… c'est aussi pour vous!, visant à faire la promotion de conditions de travail décentes pour les personnes œuvrant auprès des personnes âgées dans les résidences privées.

M. Ouellet en a profité pour faire valoir la pertinence de la présence syndicale dans ces établissements.

« Ces personnes donnent leur cœur et le meilleur d'eux-mêmes pour le bien-être de nos parents et grands-parents; elles doivent être traitées avec tout le respect qui leur est dû. Nous continuerons de nous battre pour que ces travailleurs puissent vivre dans la dignité, au même titre que les personnes dont elles s'occupent. »

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Bonne nouvelle pour les travailleurs des mines

Rouyn-Noranda – La Cour supérieure a reconnu un premier cas de cancer du poumon causé par l’exposition à la fumée du diesel sous terre.

La Cour supérieure confirme ainsi les décisions d’instances inférieures, soit la Commission de la santé et de la sécurité du travail (CSST) et la Commission des lésions professionnelles (CRT).

Le Syndicat des Métallos s’est réjoui de cette décision, qui devrait faire jurisprudence en santé et sécurité du travail.

« C’est une décision très importante, parce que c’est la première fois qu’on reconnaît un cancer du poumon lié à la fumée de diesel », a déclaré Marc Thibodeau, représentant syndical, ajoutant que cette décision devrait avoir un effet important sur les conditions de ventilation dans les mines souterraines. Il ajoute que les employeurs ne pourront plus plaider que les cancers sont dus à des conditions préexistantes.

Le syndicat a souligné, par voie de communiqué, le courage dont a fait preuve le travailleur en question, Claude Fortin, dans la défense de son dossier.

À l’emploi de la minière Iamgold, M. Fortin est décédé en 2009. Cette décision permettra à sa famille de recevoir des indemnités de la part de la CSST.

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Manifestations en Gaspésie contre la réforme de l’assurance-emploi

Gaspésie – Trois manifestations pour dénoncer la réforme imposée par le gouvernement conservateur auront lieu ce samedi à Sainte-Anne-des-Monts, Chandler et Gaspé à l’initiative d’organisations syndicales, de groupes de défense des chômeurs et de groupes sociaux.

Éric Boulay, président du Conseil central de la Gaspésie et des Îles-de-la-Madeleine, rappelle que ces nouvelles mesures sont dictées unilatéralement par les conservateurs alors que « le fédéral ne met pas une cenne dans la caisse d’assurance-emploi et qu’il dicte les règles. »

Il soutient que toutes les tranches de la société sont affectées par ces modifications qui restreignent l’accès au régime et pénalisent toute une catégorie de travailleurs, à savoir les travailleurs saisonniers en région.

« Ce ne sont pas juste les prestataires, ça touche tout le monde. Ces gens là n’auront pas d’argent à dépenser, que ce soit pour une pinte de lait, pour habiller les enfants, pour mettre du gaz dans leur voiture ou pour faire les boîtes à lunch. »

Il rappelle que la manifestation tenue il y a deux semaines aux Îles-de-la-Madeleine a rassemblé près de 5000 personnes, alors que la population est d’un peu plus de 14 000.

« C’est une grosse portion de la population qui s’oppose à ces changements parce que ça nuit à toute la société. Les commerçants ont donné leur appui en fermant leur commerce, c’est pour dire! »

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« Right to work » : phase 2

Kansas, É-U. – L’État du Kansas pourrait franchir sous peu une nouvelle étape dans ce qui doit être considéré comme un affrontement idéologique entre la droite républicaine et les organisations ouvrières.

Dans cet État, la loi interdit déjà aux syndicats du secteur public d’utiliser les contributions syndicales aux fins d’activités politiques.

Le « Bill 2023 », introduit plus tôt en janvier et débattu en Comité sur le commerce, le travail et le développement économique cette semaine, interdira également les déductions automatiques à même les chèques de paie destinées à des activités politiques et ce, même avec le consentement des employés.

Ce qui, essentiellement, revient à court-circuiter l’action politique des syndicats du secteur public en coupant leurs sources de financement.

Le Huffington Post rapportait mardi que le représentant d’État, J.R. Claeys, membre du comité, a signifié être en faveur du Bill 2023 parce qu’il aura pour effet de rendre les syndicats plus « transparents » et que « les fonds syndicaux prélevés à même les cotisations des membres ne serviront pas aux fins de philosophies politiques avec lesquelles les membres sont en désaccord. » [notre traduction].

Un journal local, Lawrence Journal-World, rapportait mercredi les propos d’Eric Stafford, lobbyiste en chef pour la Chambre de commerce du Kansas: « I need this bill passed so we can get rid of public sector unions. »

La représentante démocrate Ann Mah a indiqué que ce projet de loi illustre bien le clivage entre les comités d’action politique (PACs) financés par les frères Koch versus ceux financés par les membres des syndicats.

La loi élargira aussi la définition d’« activité politique » pour y inclure toute activité partisane politique ou idéologique, ce qui aura pour effet de bannir les syndicats des campagnes politiques, même sur des référendums portant sur des questions d’intérêts publics.

La législature de l’État du Kansas étant dominée par les républicains, l’adoption du projet de loi ne devrait poser aucun problème, en dépit des actions et manifestations organisées par les syndicats. Au moment de publier ces lignes, les débats en Chambre n’étaient pas terminés.

Rappelons que le Kansas est l’un des 24 États américains à avoir adopté une législation de type « right to work », qui interdit l’adhésion obligatoire des travailleurs à un syndicat.

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Taux de syndicalisation du secteur public en chute libre au Wisconsin

États-Unis – Le Bureau of Labor Statistics a dévoilé cette semaine que le taux de syndicalisation des employés du secteur public est passé de 37 % en 2011 à 35,9% en 2012, alors que celui du secteur privé est passé de 6,9 % à 6,6 %.

Le Huffington Post rapportait les propos d’un économiste du Center for Economic and Policy Research soutenant qu’en dépit du fait que le taux de syndicalisation fluctue d’une année à l’autre, la chute d’un demi-point de pourcentage du taux général est significative.

Reste à voir, selon l’économiste, s’il s’agit simplement d’une année anormale ou si c’est plutôt le reflet d’une chute de la présence syndicale dans le secteur public.

Même s’il est encore tôt pour en mesurer pleinement les effets, les lois hostiles aux syndicats, adoptées dans différents États ne sont pas étrangères à cette baisse. Ce à quoi il faut ajouter les mises à pieds passives chez les enseignants du réseau public d’éducation et les employés municipaux.

D’ailleurs, le taux de syndicalisation du secteur public a chuté de 13 % au Wisconsin (alors que la moyenne nationale est d’environ 1 %) au cours de la dernière année, coïncidant avec l’adoption d’une loi restreignant le droit à la négociation collective.

En 1983, année au cours de laquelle le Bureau a commencé à collecter ces données, le taux de syndicalisation, secteurs public et privé combinés, était alors de 20,1 %. En 2012, ce taux était de 11,3 %, soit le plus bas jamais enregistré.