Brèves syndicales

2013/02/22 | Par Maude Messier

Une convention de six ans pour les débardeurs

Montréal – Moins de deux mois après l’échéance de la convention collective, les membres du Syndicat des débardeurs du Port de Montréal ont entériné un nouveau contrat de travail ce mercredi dans une proportion de 56%.

« C’est vrai que ce n’est pas beaucoup. Mais si on tient compte du contexte économique et politique, ce n’est pas un pas en avant ni un pas en arrière, mais un pas de côté », souligne le président du syndicat, Denis Wolfe.

Il explique que les débardeurs sont habitués à des hausses salariales plus élevées que celles prévues à l’entente, soit de 1 % à 3 % d’ici 2018. « On se l’est fait dire. Mais il faut comprendre que, depuis la crise de 2008, on ne reprend pas le dessus. Les conditions ne sont pas très favorables pour nous. Le transport de marchandises par conteneurs est toujours en baisse. L’important, c’était vraiment de maintenir nos acquis. »

Tant le président du syndicat que le conseiller syndical du SCFP (SCFP), André Racette Jr, soulignent la menace d’une intrusion du gouvernement fédéral dans l’éventualité d’un conflit de travail. « La ministre a une politique très interventionniste. Valait mieux avoir un règlement négocié », de confier M. Wolfe, même si, en regard du résultat du vote, cette stratégie ne fait l’unanimité.

Le syndicat avait deux priorités de négociation: le maintien de la sécurité d’emploi et la pérennité du régime de retraite.

Le fonds de pension accuse un déficit actuariel accumulé de 74 millions $. Le syndicat a obtenu que l’employeur verse une cotisation spéciale supplémentaire pour la durée de la convention.

La sécurité d’emploi sera maintenue telle quelle pour les 1 000 débardeurs déjà au travail. Les nouveaux employés auront aussi droit à une sécurité d’emploi, mais à des conditions différentes.

Actuellement, un minimum de 40 heures de travail sont garanties par semaine, sur 5 jours. Les nouveaux employés auront 32 heures de garanties sur 6 jours, ce qui assurera plus de flexibilité à l’employeur tout en maintenant la sécurité d’emploi. « Il fallait trouver une solution. L’employeur était en demande sur la diminution du coût de la sécurité d’emploi. On pense que c’est un bon compromis. »

L’horaire de travail sera aussi décalé d’une heure, le premier chiffre commencera dès 7 heures le matin, plutôt qu’à 8 heures. Voilà qui devrait permettre aux camionneurs d’éviter une partie du trafic, mais qui dégagera également les accès au port en pleine heure de pointe, dont la rue Notre-Dame.


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Assurance-emploi : la mobilisation s’intensifie

Montréal – Après la distribution de tracts mardi matin dans le métro de Montréal, les représentants de la FTQ-Construction ont rencontré la population dans les stationnements de sept centres commerciaux sur la Rive-Sud et la Rive-Nord de Montréal, jeudi soir, pour interpeller les gens quant aux impacts de la réforme de l’assurance-emploi.

Ces activités de visibilité et de sensibilisation ne sont qu’un préambule aux manifestations simultanées prévues pour ce samedi dans 10 villes à travers le Québec.

« Ça touche tout le monde partout au Québec. Pour ce qui est de la construction, on a des travailleurs et des travailleuses dans toutes les régions dont les familles seront affectées par cette réforme vicieuse des conservateurs. Les gens commencent à peine à prendre la mesure de cette réforme. Bientôt, ça va débouler », de confier Yves Ouellet, directeur général de la FTQ-Construction.

Ces rassemblements familiaux sont une initiative de la FTQ-Construction, à laquelle se sont joints plusieurs syndicats, groupes de défense des chômeurs, groupes communautaires et sociaux.

« Si on se fie aux échos, ça devrait être une réussite. Nous sommes heureux d’avoir allumé la bougie. »

Rappelons qu’en vertu de la réforme de l’assurance-emploi, les prestataires « fréquents »seront contraints d’accepter un travail avec une rémunération jusqu’à 70 % de leur ancien salaire dans un rayon de 100 km de leur domicile, même si cet emploi n’a rien à voir avec leur parcours de carrière.

Ces mesures n’affectent pas seulement les travailleurs saisonniers, mais bien l’ensemble des travailleurs qui doivent conjuguer avec des périodes cycliques de chômage hors de leur contrôle.

Le Québec de même que les provinces de l’Atlantique, où peu ou pas de députés conservateurs sont élus, sont les plus touchées.

Pour les détails sur les manifestions de samedi : ici ( https://www.facebook.com/events/464998010221839/ )

Pour la liste des organismes et personnes qui appuient la lutte contre la réforme de l’assurance-emploi : ici (http://www.csn.qc.ca/web/csn/communique/-/ap/Nouv21-02-13?p_p_state=maximized


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CSST : Ne pas sous-estimer le facteur humain

Montréal – 4,64 milliards $. C’est ce que coûtent en moyenne, par année, les lésions professionnelles selon une récente étude de l’Institut Robert-Sauvé en santé et en sécurité du travail (IRRST).

L’Institut fait valoir qu’il s’agit de la première étude qui estime à la fois les coûts humains et financiers des lésions professionnelles assumés par l'ensemble de la société : employeurs, travailleurs et collectivité. Les des études publiées à ce jour se limitent au calcul des coûts directs et indirects assumés par les employeurs.

Basée sur les données de la CSST de 2005-2007, l’étude révèle que la plus grande part des coûts, 2,86 milliards $ (62%), est attribuable à des coûts humains : indemnités pour dommages corporels, impact d'une incapacité sur la vie de l'accidenté et sa famille, douleur, anxiété, etc.

Ce sont les travailleurs qui récoltent le plus gros de la facture avec 3,2 milliards $ par année, alors qu’il en coûte 1,1 milliard $ aux employeurs et un peu plus de 330 millions $ à la collectivité.

Les chercheurs précisent qu’en raison des limites de l’étude basée sur les lésions déclarées à la CSST uniquement, ces coûts sont probablement sous-estimés.

Si les maux de dos engendrent les coûts totaux les plus élevés (678 millions $ par année), l'étude montre qu'en considérant les coûts moyens par lésion, ce sont plutôt les atteintes à l'audition qui sont les plus coûteuses (152 442 $ par lésion).

Cette information n’était pas révélée par les indicateurs traditionnels puisque ces lésions entraînent peu de versements d'indemnités de remplacement du revenu. Les atteintes permanentes qui y sont liées ont pourtant des coûts importants pour les travailleurs qui en sont atteints.

L’analyse des coûts par industrie place au premier rang les principaux secteurs des groupes prioritaires ciblés par la CSST : mines, forêt, transport.

Mais, en considérant le coût des lésions professionnelles par travailleur en équivalent temps complet (ETC), on y retrouve aussi des industries qui ne se situent pourtant pas dans les premiers groupes prioritaires : services de gestion des déchets et d’assainissement, entrepreneurs spécialisés en construction et télécommunications.

Pour les détails : ici (http://www.irsst.qc.ca/-publication-irsst-les-couts-des-lesions-professionnelles-au-quebec-2005-2007-r-769.html )


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Mandat de grève générale et illimitée au CPE Magimo

Estrie – Les 18 travailleuses du CPE Magimo à St-Denis de Brompton ont rejeté, mercredi soir, les dernières offres patronales. Elles ont de plus voté à 92% en faveur d’un mandat de moyens de pression pouvant aller jusqu’à la grève générale et illimitée.

Les dispositions négociées au niveau provincial et régional, dont la rémunération, font déjà l’objet d’une entente entérinée. C’est au niveau local que le bât blesse, empêchant du coup la fermeture de la convention collective.

Le syndicat demande un allongement du temps de pause rémunéré, passant de 15 à 30 minutes par jour.

Cette demande a été acceptée par l’employeur, conditionnellement à la modification des dispositions quant au choix des vacances et au remplacement pendant les vacances.

Debbie Fennety, présidente du Syndicat des travailleuses et travailleurs des centres de la petite enfance de l’Estrie-CSN, soutient qu’il s’agit d’une atteinte au droit d’ancienneté.

L’employeur réclame l’abolition d’une lettre d’entente selon laquelle les travailleuses à temps partiel du CPE, notamment celles qui effectuent les remplacements en rotation des pauses des éducatrices, soient priorisées pour le remplacement des vacances.

« C’est normal, elles sont déjà sur place, connaissent les enfants, les parents. L’employeur voudrait embaucher quelqu’un d’autre pour remplacer les vacances, on ne voit pas pourquoi. Il prétend que ça va causer de la perturbation de toute façon, nous, on dit que la façon de faire actuelle est profitable pour tous et évite de la perturbation pour les enfants. »

Aucun n’échéancier n’est prévu pour le moment concernant les moyens de pression, le comité de mobilisation doit se rencontrer pour établir un plan d’action.

« On comprend mal la position de l’employeur. D’abord, on veut une rencontre avec le CA pour expliquer notre position. Ces éléments n’ont jamais été la source d’aucun problème, d’aucune plainte », d’expliquer la présidente.

Le syndicat représente 32 CPE en Estrie. 85% d’entre eux offrent 30 minutes de pause rémunérés aux travailleuses.

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Des syndicats québécois appuient les syndicalistes mexicains

Montréal – À l’occasion des Journées mondiales de solidarité avec le mouvement ouvrier mexicain, qui se tiennent du 18 au 24 février 2012, le Centre international de solidarité ouvrière (CISO) dénonce les violations systématiques des droits des travailleurs au Mexique.

Les réformes apportées à la législation mexicaine en décembre dernier confortent le système déjà répandu de contrats de protection patronal. Ces contrats sont en fait de faux accords collectifs, négociés à l’insu des travailleurs, avec un « syndicat », dont les travailleurs n’ont bien souvent jamais entendu parler.

Ces contrats bafouent dans les faits les droits syndicaux, empêchent l’établissement démocratique et légitime d’un syndicat dans l’entreprise, nient le droit à la négociation collective et bloquent l’exercice du droit de grève.

Selon la Confédération syndicale internationale (CSI), on retrouve fréquemment ces pratiques dans le secteur automobile, les chaînes de supermarchés, les services de nettoyage, les compagnies aériennes « à bas prix » et les maquiladoras (usines où sont assemblés, en exemption de droits de douane, des biens importés destinés à être intégralement réexportés).

Les récentes modifications législatives allègent aussi les pénalités pour les employeurs qui contreviennent à la loi.

Dans le cadre de la campagne internationale en soutien aux travailleurs mexicains, le CISO, auquel se joignent des organisations syndicales (CSN, FTQ, FIQ, CSQ), interpelle le nouveau Président, Enrique Peña Nieto, sur la question du respect des droits des travailleurs.

« Par ces réformes, le Mexique viole les conventions statutaires de l'Organisation internationale du travail (OIT) en matière de liberté syndicale et ouvre la porte à des abus de plus en plus généralisés et flagrants », souligne Michèle Asselin, coordonnatrice du CISO, dans un communiqué publié cette semaine.