Paul Rose : le vrai bilan

2013/03/18 | Par Glenda Wagner

Nous tenons à exprimer nos condoléances à la famille de Paul Rose, sa femme, ses enfants et son frère Jacques. Étant en 2e secondaire, lors des événements d’Octobre qui ont marqué tout le Québec, nous savons qui est Paul Rose. Nous étions alors consciente qu’un événement rarissime se déroulait sous nos yeux et qu’il en était l’un des auteurs. Aussi lisions-nous les journaux et écoutions-nous les journaux télévisés, sans désemparer.

Il est impossible d’oublier l’enlèvement tour à tour de James Richard Cross et de Pierre Laporte par deux cellules du Front de libération du Québec. Comme le Québécois était réputé pour sa tolérance et son pacifisme, ce qu’il n’a cessé d’incarner au fil des ans, il faut croire qu’il s’agit d’une époque où son exaspération était à son comble puisque, avant l’arrivée de la Grande Faucheuse, il y eut tout de même un vent de sympathie à l’égard du courage des kidnappeurs, qui osaient leur vie.

Plus d’un Québécois était au coton, las d’entendre le refrain de l’Église catholique : « né pour un petit pain… », et d’entrevoir son avenir économique bouché par son gouvernement du Québec encore sous la coupe des milieux d’affaires et financiers anglophones. Répression tranquille.

Est-il besoin de rappeler ce que l’on sait aujourd’hui au sujet de Paul Rose, et que d’autres ignorent? Qu’il ne fut pas chaud à l’idée d’un enlèvement — il considérait ce geste comme suicidaire, et il avait raison, mais s’est rallié à la majorité. Qu’il ne fut pas l’assassin de Laporte, se trouvant autre part à l’heure du décès accidentel de ce dernier. Qu’il purgea, parmi les felquistes incarcérés, la peine la plus sévère, dans des conditions carcérales anormales (lumière allumée 23 heures et demie sur 24), quand bien même, grâce à l’écoute électronique, les autorités furent informées qu’il n’avait pas participé à la fin tragique du ministre.

Malgré ces faits historiques, il n’a pas bronché ou tenté de sauver sa peau; au contraire, il a choisi la solidarité.

Pour nous, eu égard à cet éveilleur de conscience, qui n’a jamais veillé à son propre enrichissement, mais a œuvré à la suite du monde en secouant l’apathie des Québécois et en contribuant toute sa vie à l’émancipation de son peuple, qu’il devait aimer beaucoup, il est plus que temps de signifier au moins à sa famille qu’il est pardonné, faute de pouvoir le lui dire à lui, d’autant que le système juridique l’a libéré.

Incidemment, je salue la grandeur d’âme ou générosité d’un Gérald Larose. Lequel a embauché Rose, alors que personne n’en voulait à sa sortie de prison.