Fonds des travailleurs : le gouvernement conservateur doit reculer !

2013/04/18 | Par Louise Chabot

L’auteure est présidente de la CSQ

J’ai toujours cru que, par définition, un bon gouvernement est celui qui adopte de bonnes mesures pour la majorité des citoyennes et des citoyens. Mais, ça ne s’arrête pas là. Un bon gouvernement doit également être capable de reculer lorsqu’il a adopté une mesure nuisible à la majorité des citoyennes et des citoyens.

Depuis le dépôt de son dernier budget, le gouvernement conservateur à Ottawa est justement confronté à cette deuxième partie de ma définition. L’abolition du crédit d’impôt de 15 % pour fonds de travailleurs est une erreur magistrale, tant du point de vue économique que social.


Une décision irrationnelle

Du point de vue économique, il est irrationnel d’affaiblir le Fonds de solidarité qui, au fil des ans, a investi 6,3 milliards dans l’économie québécoise en contribuant à créer ou à maintenir plus de 500 000 emplois dans 2 239 entreprises-partenaires. Un « bon gouvernement » se garde d’adopter une mesure aussi nuisible à l’économie ou recule lorsqu’il l’adopte.

Du point de vue social, la décision est aussi illogique. Au moment où nos gouvernements, tous paliers confondus, s’inquiètent de l’état des régimes de retraite et de l’insuffisance de telles protections pour plusieurs travailleuses et travailleurs, MM. Harper et Flaherty s’attaquent à des fonds de travailleurs qui visent notamment à encourager l’épargne en vue de la retraite.


Un crédit d’impôt bénéfique à la classe moyenne

Pierre-Antoine Harvey, économiste à la CSQ, a analysé les données officielles du ministère des Finances du Québec qui démontrent d’ailleurs clairement à qui bénéficie le crédit d’impôt lié au fonds de travailleurs. Et ce n’est pas aux riches. Il profite en grande majorité aux travailleuses et aux travailleurs de la classe moyenne.

En effet, les contribuables gagnant entre 20 000 et 50 000 $ par année bénéficient de près de 30 % des sommes retournées par le gouvernement provincial par ce crédit. Cette part est plus élevée que celle associée aux autres crédits liés à la retraite (REER et RPA). Cette donnée démontre bien que les fonds de travailleurs contribuent fortement à rendre l’épargne retraite accessible aux employés qui se retrouvent sous le salaire moyen. Comment un « bon gouvernement » peut-il vouloir s’y opposer ?


Une économie qui doit se faire au bon endroit

L’objectif de chercher à économiser 150 millions $ peut être louable pour un gouvernement. Mais un « bon gouvernement » l’atteindrait en s’attaquant à d’autres types de crédits d’impôts qui semblent être réservée aux plus riches de notre société. Le 1 % de la population le plus riche bénéficie de 67 % des sommes liés à la déduction pour les gains en capital et de 53 % de celle liée aux dividendes.

L’élimination des crédits pour fonds de travailleurs est une mauvaise mesure, qui trahit les valeurs économiques et sociales du gouvernement conservateur. Stephen Harper et Jim Flaherty doivent reculer.