Brèves syndicales

2013/04/19 | Par Maude Messier

La FIQ dénonce la hausse du personnel d’agences privées sur la Côte-Nord

Baie-Comeau – Depuis plus d’un an, le Syndicat des professionnelles en soins infirmiers et cardiorespiratoires de Baie-Comeau (SPSICRBC-FIQ) tente de négocier des mesures visant à assurer la qualité et la continuité des soins dispensés par ses membres, mais dénonce le fait que la direction du CSSS de Manicouagan « persiste à faire cavalier seul ».

Devant l’impasse, le syndicat demandera la médiation à la Commission des relations de travail dans les prochains jours.

Le syndicat dénonce l’« intransigeance » de l’employeur, le « climat de travail devenu insoutenable » et l’instauration de mesures temporaires.

Le recours accru au personnel en provenance d’agences privées en placement de soins constitue le principal élément de litige. Le syndicat reproche au CSSS de ne pas investir en vue d’attirer et de retenir une main-d'œuvre qualifiée dans la région, et d’utiliser une solution temporaire qui ne règle pas le fond du problème.

La présidente du SPSICRBC, Marie-Patricia Tremblay, soutient que l’établissement a connu un accroissement considérable du taux d'utilisation de la main-d'œuvre indépendante, passant de 3,75 % en 2009 à 11 % en 2012. D’un point de vue régional, elle allègue que la main-d’œuvre indépendante a augmenté de 59,2% pour l’ensemble de la Côte-Nord.

« Le recours à la main-d'œuvre indépendante est une solution de dernier recours pour éviter un bris de services en contexte de pénurie. Ce n'est pas du tout la situation ici. La direction du CSSS de Manicouagan organise le travail en maintenant des postes à temps partiel pour les professionnelles en soins à son emploi et les complète avec du personnel provenant d'agences. Cette façon de faire a un énorme impact sur la charge de travail de ses salariées et sur la stabilité de l'organisation des soins », de déclarer Daniel Gilbert, vice-président de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ), ajoutant que des deniers publics vont ainsi vers le secteur privé, alors que des solutions à même le réseau public existent.

En entrevue à l’aut’journal le mois dernier, la présidente de la FIQ, Mme Régine Laurent, déplorait le fait que bon nombre d’établissements de santé n’en font qu’à leur tête, en dépit des directives émanant du ministère de la Santé et des Services sociaux et d’une entente en vertu de laquelle le gouvernement s’engageait à réduire de 40 % l’utilisation du personnel d’agences.

« Nos vis-à-vis dans les établissements, ce sont maintenant les gens de la finance, pas la direction des soins infirmiers ou la direction des ressources humaines. Et ces gens-là parlent un langage financier, ils ne comprennent pas l’organisation du travail. »

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Conciliation travail-famille : quand une plainte tourne en saga juridique

Ottawa – D’une plainte au Tribunal des droits de la personne, les récriminations de Fiona Johnstone, une agente de l’Agence des Services frontaliers du Canada (ASFC) à l’Aéroport international Pearson, contre son employeur se sont transformées en une véritable saga juridique qui s’étend maintenant sur presque dix ans.

Devant l’impossibilité de trouver des services de garde adéquats pour ses enfants en raison de son horaire irrégulier (de même que celui de son conjoint), Madame Johnstone a demandé à l’ASFC de lui attribuer un horaire plus stable, ce que l’employeur a refusé.

L'ASFC n'a pas jugé qu'elle devait prendre des mesures envers ses employés dans le seul but de leur permettre de s'occuper de leurs enfants. Selon l’employeur, pour avoir droit à des quarts de travail fixes, Mme Johnstone devait travailler à temps partiel.

Le 23 avril 2004, appuyée par l’Alliance de la fonction publique du Canada, Mme Johnstone a déposé une plainte contre l'ASFC, alléguant que la politique de l’ASFC enfreint la Loi canadienne sur les droits de la personne en faisant preuve de discrimination à son endroit en raison de sa situation familiale.

En août 2010, le Tribunal canadien des droits de la personne a conclu que l'ASFC avait fait preuve de discrimination fondée sur la situation de famille de la plaignante et a dénoncé le fait que les politiques et les pratiques de l’ASFC privent les travailleuses comme Fiona Johnstone de chances d’avancement en raison de leur situation familiale.

L'ASFC a contesté la décision du Tribunal et déposé une demande de révision judiciaire.

En janvier 2013, la Cour fédérale maintenait la décision et concluait que les employeurs ne peuvent agir de façon discriminatoire envers leurs employés en raison de leurs obligations parentales.

Or, en mars dernier, l’AFPC a appris que le gouvernement fédéral ira, une fois de plus, en appel.

À l’AFPC, on indique qu’ultimement, si la décision favorable à Mme Johsnton était maintenue, le gouvernement pourrait demander à ce que la cause soit entendue par la Cour Suprême.

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Rien ne va plus au Club optimiste Laflèche

Saint-Hubert – Les sept salariées du Club optimiste Laflèche affectées au mandat de la Société de l'assurance automobile du Québec (SAAQ) de la région de Saint-Hubert sont en grève depuis lundi dernier.

Au beau milieu d’un processus de négociation, l’employeur a choisi de fermer le centre pour une période de 11 jours, alléguant qu’il s’agissait d’une fermeture temporaire puisque la gérante était en vacances.

Du côté du Syndicat des travailleuses du Club optimiste Laflèche, affilié au SCFP-FTQ, on parle plutôt d’un lock-out. Alors que l’employeur prévoyait la réouverture du centre ce lundi 15 avril, les employées ont répondu par le déclenchement d’une grève.

« Leur façon d'aborder les relations de travail, c'est vraiment n'importe quoi ! Un jour l'employeur déclare un lock-out, le lendemain il nie qu'il y ait lock-out. Il garde les portes de la succursale bien cadenassées pendant plus d'une semaine et ensuite il nous donne un horaire de travail. Ils n'ont visiblement aucun respect pour les travailleuses », a déclaré Manon Bienvenue, présidente du SCFP 5051.

Au SCFP, la conseillère syndicale au dossier, Nathalie Courchesne, soutient que l’employeur n’avait aucun motif valable pour fermer l’établissement.

Rappelons que le syndicat avait en poche un mandat de grève depuis le 11 mars dernier. Malgré une entente de principe acceptée par les membres le 19 décembre dernier, la convention collective n’est toujours pas signée parce que l’employeur tente toujours d’y apporter des changements.

Une requête pour négociation de mauvaise foi a aussi été déposée au ministère du Travail ce lundi.

« Ces agissements n'ont aucun bon sens ! Tout le Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP) appuie ses travailleuses et ne les laissera pas tomber devant cet employeur malhonnête », a indiqué Lucie Levasseur, présidente du SCFP-Québec.

Les parties sont convoquées pour une rencontre de conciliation ce vendredi. 

L'organisation de l'horaire de travail, le temps accordé pour l'ouverture et la fermeture de la succursale ainsi que la rétroactivité constituent les points en litige.

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La nomination de Pierre Karl Péladeau inquiète le milieu journalistique

Montréal – La Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ) se dit préoccupée par la nomination de M. Pierre Karl Péladeau au poste de président du conseil d'administration d'Hydro-Québec, une nomination qui entretient « une désagréable impression de proximité entre le pouvoir politique et médiatique ».

La FPJQ estime que l’influence de M. Péladeau demeure considérable, en dépit du fait qu’il ait quitté ses plus hautes fonctions au sein du groupe de presse Québecor. L’organisation est d’avis que la première ministre aurait dû « chercher ailleurs que dans les rangs des patrons de presse » et que cette nomination politique place les journalistes de Québecor dans une situation inconfortable.

« Se sentiront-ils libres de couvrir de manière critique la société d'État ? Pourront-ils la scruter avec la même attention qu'une autre société publique comme Radio-Canada? Le public pour sa part se mettra-t-il à entretenir des doutes sur l'impartialité de la couverture journalistique par Québecor des nombreuses controverses auxquelles Hydro-Québec prête flanc? »

D’autant que le bilan de la société d’État en matière de transparence n’est pas des plus reluisants. Hydro-Québec s'étant battue « bec et ongles » pour qu’Hydro-Québec International ne soit pas assujettie à la Loi sur l'accès à l'information, la FPJQ lui a décerné le prix de la Noirceur 2009.

Du côté syndical, mercredi en fin de journée, on ne voulait pas émettre de commentaire sur la nomination de M. Péladeau. Les syndicats affiliés au Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP) se sont contentés de préciser que les relations de travail relèvent de la direction générale d’Hydro-Québec et non pas du conseil d’administration.

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En souvenir de Madeleine Parent

Beauharnois – Un groupe de citoyen de la région du Suroît, appuyé par la députée solidaire Françoise David, ont lancé la semaine dernière une pétition pour que le nouveau pont de l’autoroute 30, qui chevauche le canal de Beauharnois (et qui n’a toujours pas de nom), soit nommé en l’honneur de Madeleine Parent.

Le groupe a déjà déposé une demande officielle à cet effet auprès de la Commission de la toponymie.

Syndicaliste, humaniste et féministe, Madeleine Parent est décédée en mars 2012. Sans cesse en quête de justice sociale, elle aura certes laissé sa marque dans l’histoire du Québec pour s’être investie dans la défense des droits des femmes, des autochtones et des immigrants.

Mais le nom de Madeleine Parent aura pour toujours une signification particulière dans la région du Suroît en raison de son implication dans l’organisation syndicale des ouvrières du textile et dans la célèbre grève des employés de la Montreal Cottons à Salaberry-de-Valleyfield et à Montréal en 1946.

Différents groupes ont fait connaître leur appui à l’initiative, dont le Syndicat de la fonction publique et parapublique du Québec (SFPQ) et COTON-46, une coalition intersyndicale de la région du Suroît.

La pétition est disponible en ligne, sur le site de l’Assemblée nationale.