Brèves syndicales

2013/05/03 | Par Maude Messier

Secteur public : Les ouvriers spécialisés veulent la parité

Montréal – Ce mardi, quelque 200 ouvriers spécialisés du secteur public ont manifesté, réclamant des correctifs salariaux pour combler les écarts de salaires entre le secteur public et le secteur privé.

À titre d’exemple, un électricien gagne en moyenne 22 $ l'heure dans le secteur public, comparativement à 33 $ au privé. Menuisiers, machinistes et mécaniciens du secteur public accusent également un retard de 11 $ l'heure par rapport à leurs confrères du privé.

« Avec des salaires aussi bas, plus personne ne veut travailler dans le secteur public. Les directions doivent avoir recours à des sous-traitants, à des coûts faramineux. Il est urgent qu'on règle la question de la rémunération des ouvriers spécialisés : nous pourrons ainsi conserver l'expertise dans le réseau public et économiser des sommes importantes en cessant de faire constamment appel à des sous-traitants au moindre petit problème », ont déclaré les porte-parole des trois centrales syndicales, qui représentent toutes des ouvriers spécialisés dans la fonction publique.

Ensemble, elles réclament l’aboutissement des travaux visant à solutionner les problèmes de pénurie de main-d’œuvre dans le secteur, en cours depuis 2010.

Une rencontre du comité de travail se penchant sur la problématique de la rareté de la main-d’œuvre a eu lieu ce jeudi. Aucun commentaire n’avait été émis par les parties au moment d’écrire ces lignes.

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Sit-in à Radio-Canada contre la taxe santé

Montréal – Lundi dernier, à la limite de l’échéance pour compéter les déclarations d’impôts, une cinquantaine de femmes ont occupé pendant 45 minutes l’entrée de Radio-Canada et manifesté à l’extérieur, réclamant l’abolition de la taxe santé. Elles affirment avoir choisi Radio-Canada, média public d’information, pour que leur discours soit entendu.

L’évènement était organisé par L’R des femmes, le regroupement provincial des centres de femmes au Québec. Elles dénoncent le fait que la taxe santé affecte particulièrement les femmes et les plus démunis de la société, en dépit de sa modulation par le gouvernement péquiste. Elles dénoncent le PQ qui avait pourtant promis son abolition en campagne électorale.

« Suite au travail des centres de femmes contre la taxe santé, le PQ a transformé cet enjeu en une promesse électorale qu’il n’a pas tenue, qu’il tente de camoufler et nous nous en souviendrons toujours! », a dénoncé Angèle Laroche, présidente de L’R des centres de femmes du Québec.

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Premier Mai dans le monde

Les manifestations ont été nombreuses, ici comme ailleurs, à l’occasion de la Fête internationale des travailleurs et des travailleuses.

Pour un tour d’horizon en images des différentes manifestations dans le monde : ici.



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Radio-Canada : De diffuseur public à diffuseur d’État 

Montréal / Toronto – La Guilde Canadienne des médias et le Syndicat des employés de bureau et professionnels de Radio-Canada (SCFP 675) ont dénoncé l’intrusion du gouvernement fédéral dans les relations de travail entre Radio-Canada et ses employés.

Déposé cette semaine par les conservateurs, le projet de loi C-60, qui touche par ailleurs d’autres sociétés d’État, stipule notamment que le mandat de négociation de Radio-Canada avec les syndicats pour le renouvellement des conventions collectives devra être approuvé par le Conseil du Trésor. L’intrusion gouvernementale ira même jusqu’à imposer la présence de fonctionnaires aux tables de négociation à titre d’observateurs.

Le projet de loi C-60 constitue un « tournant dangereux à prendre, selon Marc-Philippe Laurin, de la GCM. Le gouvernement conservateur est en train d’apporter des modifications à la Loi sur la radiodiffusion afin de s’ingérer dans des décisions comme la dotation en personnel qui ont d’importantes répercussions sur tout ce qui se fait à Radio-Canada. »

La présidente nationale de la GCM, Carmel Smyth, s’inquiète du fait que cette législation élimine la relation d’autonomie de Radio-Canada envers le gouvernement, principe fondamental de la radiodiffusion publique.

« La mesure va à l’encontre de 80 ans de radiodiffusion publique au Canada et dans le monde, en mettant en péril la relation d’autonomie entre Radio-Canada et le gouvernement en place. La modification est troublante parce qu’elle a toutes les caractéristiques d’une tentative de faire de Radio-Canada un diffuseur d’État. »

Même son de cloche au SCFP, où l’on estime qu’il s’agit d’une atteinte à la libre négociation. Jointe par l’aut’journal, la présidente du syndicat, Isabelle Doyon, a fait valoir que le dossier est présentement entre les mains d’avocats pour une analyse juridique.

Rappelons que d’autres intrusions par les conservateurs dans les relations de travail ont été vivement dénoncées par les organisations syndicales, notamment à Air Canada et à Postes Canada.

Le projet de loi C-60, parrainé par le ministre des Finances Jim Flaherty, a été déposé et lu pour la première fois le 29 avril.

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Nouvelle accréditation au port de Baie-Comeau

Baie-Comeau – Le Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP-FTQ) a déposé, en début de semaine, une requête en accréditation syndicale auprès du Conseil canadien des relations industrielles visant les 80 débardeurs du port de Baie-Comeau.

Au SCFP, on indique que le développement économique des régions nordiques, avec le Plan Nord, a suscité l’apparition de nouveaux ports privés sur la Côte-Nord, avec des conditions de travail moins intéressantes pour ces débardeurs, selon le conseiller syndical Mathieu Dumont. « On espère influencer leur sort aussi. »

« Ensemble, nous sommes mieux positionnés pour défendre nos conditions de travail, échanger sur nos façons de faire et partager les dossiers en santé et sécurité, une question majeure dans notre secteur », a indiqué Mario Lamy, porte-parole de l’Alliance des débardeurs du Saint-Laurent.

Rappelons qu’un débardeur a perdu la vie, en janvier dernier, à la suite d’un accident de travail au port de Matane. Normand Gauthier, 54 ans, s’afférait au chargement de ballots de pâte à l'aide d'une grue au moment du drame.

Il s’agissait du deuxième décès en moins de trois ans à survenir dans des circonstances similaires sur ce même lieu.

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Salaire minimum : hausse insuffisante

Montréal – En ce 1er mai, le salaire minimum au Québec est passé à 10,15 $ de l’heure, soit 10 $ de plus hebdomadairement pour une personne travaillant 40 heures par semaine. Une hausse nettement insuffisante, dénonce le Front de défense des non-syndiqué-es (FDNS).

« Le salaire minimum est le dernier rempart pour freiner les effets de la réforme de l'assurance-emploi, pour atténuer l'appauvrissement des travailleuses et des travailleurs et pour contrer le pouvoir qu'auront les employeurs de niveler les salaires vers le bas », selon Mélanie Gauvin, porte-parole du FDNS.

Afin permettre un niveau de vie décent, l’organisme estime que le taux général du salaire minimum devrait déjà atteindre 11,37 $ en ce 1er mai 2013, garantissant ainsi qu'une personne travaillant 40 heures par semaine au Québec puisse bénéficier au minimum d’un revenu de travail équivalant au seuil de faible revenu, tel que défini par Statistiques Canada.

« Madame la Ministre, 90 % des personnes rémunérées au salaire minimum ne sont pas syndiquées. Elles n'ont pas de rapport de force face à leur employeur et elles sont également victimes d'une réforme que vous avez dénoncée à l'unanimité à l'Assemblée nationale [assurance-emploi]. Ces personnes dépendent essentiellement du gouvernement pour voir leur situation s'améliorer et comptent sur vous pour leur garantir un niveau de vie décent ! », conclut Mme Gauvin.

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Syndicats et sénateurs contre C-377

Ottawa – C-377, le projet de loi des conservateurs sur la «transparence» de organisations syndicales est actuellement à l’étude au Sénat. Si son adoption ne fait pas vraiment de doute, toujours est-il qu’un certain nombre de sénateurs se sont publiquement affichés contre.

Mardi, des organisations syndicales, dont le Syndicat de professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec (SPGQ), ont rencontré des membres du Sénat canadien pour échanger sur les problèmes que pose C-377 sur le plan constitutionnel, sur les coûts qu’engendrerait son application et, bien entendu, sur l’atteinte aux droits des personnes syndiquées.

À l’occasion de la conférence de presse qui a suivi, la sénatrice Mme Céline Hervieux-Payette a déclaré que C-377 « vise à tenir les syndicats à l'écart, à les museler et à les ensevelir sous les formalités administratives de manière à ce qu'ils ne puissent plus effectuer le travail qu'ils font au nom de leurs membres. Ce projet de loi est conçu pour imposer une reddition de comptes si lourde et intrusive que les gens y penseront à deux fois avant de travailler pour les syndicats ou de faire affaire avec eux. »

Le président du SPGQ s’est dit satisfait de la rencontre et souhaite maintenant que le gouvernement du Québec « annonce clairement son intention de tout mettre en œuvre pour empêcher la loi d’être opérante, et ce, dès son adoption, si les conservateurs persistent en ce sens. »