De la nécessaire valorisation de la profession enseignante

2013/06/14 | Par Jean-Simon Carrier

Depuis plusieurs années, je vois des sondages qui affirment qu’une des professions les plus respectées au Québec est la profession enseignante. C’est bizarre mais dans la pratique, il faut parler à des enseignantes et enseignants pour se rendre compte qu’au quotidien, ceux-ci ne se sentent pas toujours pleinement valorisés.

Que ce soit par les coupures du ministère, les décisions abusives des commissions scolaires ou des directions ou encore le manque de confiance de parents envers l’école. La vie scolaire n’est pas toujours rose. Ce n’est pas pour rien qu’il y a un énorme taux de dépression dans le corps professoral ou même, une réorientation de certains. Que pourrait-on faire pour que les sondages illustrent vraiment la réalité ?

La Fédération des syndicats de l’enseignement (FSE) a décidé d’élaborer une campagne de valorisation de la profession pour que ces membres reçoivent les fleurs qu’ils méritent. La FSE a décidé de créer un espace pour que plusieurs personnes parlent d’enseignantes ou d’enseignants qui ont fait une différence dans leur vie.

Sur le site www.profmafierte.com nous pouvons voir plusieurs témoignages vidéo de personnalités autant que de personnes de la population.

En plus, il y a eu un concours d’écriture qui invitait la population à nous parler de ces personnes qui font la différence. Finalement, une websérie présentant plusieurs facettes de la profession a été produite par la FSE.

Je vous invite fortement à aller visionner ces capsules qui montrent tout le positif qui est fait dans nos écoles. Il est évident que pour que cette campagne ait de l’impact, il faut que toutes ces initiatives soient vues et partagées.

Le plus grand problème selon moi dans tout ce débat, c’est que tout le monde est passé par l’école. Tout le monde se croit donc expert en la matière. L’exemple classique qui démontre tout le ridicule là-dedans, c’est que tout le monde a aussi eu affaire avec le milieu médical mais ils ne s’improvisent pas expert dans ce domaine.

Le plus aberrant : la plupart des changements que le milieu de l’éducation a vécue dernièrement était issue de penseurs sans que le milieu ait été lui-même vraiment consulté ! De mon côté, les moments où je me suis vraiment senti consulté et que j’en ai vu les résultats c’est lorsque mon syndicat l’a fait.

Finalement, on entend souvent l’adage : ça prend un village pour éduquer un enfant. Cette évidence se perd de plus en plus dans notre monde individualiste. J’ai l’impression qu’une bonne partie du fardeau de l’éducation de NOS enfants repose sur les épaules de l’école.

Au lieu de tous travailler pour atteindre un but commun, j’ai plutôt l’impression que l’on essaie de trouver un coupable qui en fait est la société et toutes ses composantes.

Un simple exemple, comment se fait-il qu’un adolescent puisse déambuler dans la rue, pendant les heures de cours, sans qu’il n’y ait personne pour lui demander pourquoi il n’est pas présent à l’école ?

La profession enseignante est une profession que j’exerce et que j’adore. À tous les jours, à toutes les années, je rencontre des jeunes extraordinaires qui vont façonner l’avenir de notre société.

En plus, j’ai la chance de travailler avec des collègues formidables qui ne cessent d’innover pour s’adapter aux nouvelles situations auxquelles nous faisons face. Ce qui me désole, c’est de voir à quel point, autant les jeunes que les enseignantes ou enseignants doivent souvent ramer à contre-courant en plus de gérer souvent un climat malsain causé par nous tous.

Nous réussissons à faire de petits miracles dans l’environnement actuel, imaginez si toutes les conditions sociétales étaient réunies, probable que le grand village qu’est le Québec pourrait enfin éduquer convenablement tous ses enfants !