Brèves syndicales

2013/09/13 | Par Maude Messier

Couche-Tard et la CSN devant la CRT

Les audiences devant la Commission des relations du travail (CRT) ont débuté ce lundi dans le dossier de la fermeture des deux dépanneurs Couche-Tard syndiqués.

La CSN avait déposé des plaintes contre Couche-Tard pour entrave, intimidation et menaces pour activités syndicales. La centrale considère que ces fermetures violent le droit à la syndicalisation des employés de Couche-Tard. L’entreprise soutient plutôt qu’il s’agissait d’une question de rentabilité.

Rappelons que l’entreprise a fermé en avril 2011 le dépanneur situé au coin des rues Saint-Denis et Beaubien à Montréal quelques semaines après que les préposés se soient syndiqués. Puis, en septembre, Couche-Tard ferme la succursale située au coin des rues D'Iberville et Jean-Talon à Montréal après que le processus de négociation ait été enclenché pour l’obtention d’une première convention collective.

La CSN a aussi dénoncé la diffusion d’une vidéo évoquant la possibilité de fermetures en cas de syndicalisation. On y voit le pdg, Alain Bouchard, avancer que les succursales ne pourraient pas soutenir les hausses des coûts engendrées par la syndicalisation.

À l’été 2012, Couche-Tard faisait l'acquisition de la société scandinave Statoil Fuel & Retail pour la somme de 2,58 milliards de dollars américains. L’acquisition semble bénéfique pour l'entreprise dont les profits du premier trimestre de l'exercice 2014 ont plus que doublé comparativement à la même période l'an dernier.

Couche-Tard dévoilait à la fin du mois d’août que son bénéfice net a bondi de 147,8 % : 255 millions de dollars, soit une hausse de 152,1 millions de dollars comparativement à la même période en 2013.

En excluant certains éléments non récurrents, les profits de Couche-Tard se chiffrent à 220 millions de dollars, en progression de 182 millions de dollars par rapport à l'an dernier.

La décision du commissaire, Alain Turcotte, est attendue au cours des prochains mois.

Photo : Patrick Le Barbenchon

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Unifor syndique une coop

Vancouver – Unifor conclut un premier contrat de travail à titre de nouveau syndicat chez Left Hand Media Co-op.

L’entreprise de communication, dont les 8 employés sont membres de la section locale 433 d’Unifor, est en fait un bureau virtuel dont les travailleurs sont répartis en Colombie-Britannique et en Alberta. Travaillant à partir de leur domicile, ils se sont exprimés sur l’entente par vote postal.

Le contrat signé en août par l'unité de négociation a été entériné suite au dépouillement des bulletins de vote le dimanche de la fin de semaine de la fête du Travail, soit le lendemain de la création officielle d’Unifor.

Unifor souhaite se tourner vers les milieux de travail non traditionnels, développer de nouveaux outils et modèles de représentation pour ces travailleurs. Le syndicat estime que ce premier contrat constitue un pas engagé dans cette démarche.

« Il ne s'agit pas d'un milieu de travail traditionnel comprenant des employés dans une usine supervisés par un propriétaire et un cadre », a déclaré le président de l'unité, Darien Edgeler.

L’entreprise étant une coopérative dont les membres sont également propriétaires, ils ont dû élire l'un d'entre eux comme représentant de la direction pendant les discussions.

Le syndicat fait valoir que ces négociations, à l’image des syndiqués, ne sont pas déroulées de façon conventionnelle. « Il n'y a eu que 3 ou 4 jours de négociations en personne, la majeure partie des négociations ayant eu lieu par courriel et échanges de documents en ligne. »

Les travailleurs bénéficieront donc d’une augmentation de salaire annuelle de 2 % pour les deux années du contrat, des journées de congé et d’une protection de leurs droits dans l’éventualité où l’entreprise prendrait de l’expansion et se commercialiserait davantage.


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Prorogation : le gouvernement Harper fait gagner du temps au mouvement syndical

Ottawa – Même si la prorogation de la session parlementaire fait table rase des travaux en cours, les projets de loi privés demeurent inscrits au tableau législatif mais sont automatiquement reportés à l'étape qu'ils avaient complétée au moment de la prorogation.

Rappelons que le 26 juin dernier, le Sénat adoptait d’importants amendements au projet de loi C-377, qui vise à obliger les syndicats à divulguer une multitude d’informations financières. Ainsi, les exigences de divulgations d’informations détaillées ne s’appliqueraient qu’aux organisations syndicales de plus de 50 00 membres. Le seuil minimal pour une divulgation détaillée passerait de 5 000 $ à 150 000 $ et la divulgation des salaires des dirigeants syndicaux ne serait exigée que s’ils sont supérieurs à 444 661 $.

C-377 aura perdu tous ses amendements à la reprise des travaux. La Chambre des Communes n’ayant pas siégé entre l’adoption des amendements et la fin de la session, c’est un peu comme si le rapport du Sénat sur C-377 n’existait pas, même si les amendements adoptés ont fait grand bruit tout juste avant la période estivale.

Le Sénat devra reprendre les travaux sur C-377 et le retourner à la Chambre des Communes. Puis, les deux chambres devront s’entendre sur un texte final. Si le désaccord persiste, un comité pourrait être mis sur pied pour faciliter les négociations, une mesure peu commune.

À défaut d’une entente, le projet de loi pourrait mourir à la fin de la prochaine session parlementaire.

Chose certaine, la prorogation fait gagner du temps au mouvement syndical, même s’il y a bien un risque que les amendements proposés initialement par le Sénat ne soient pas réintroduits, du moins dans leur intégralité.

Certains observateurs font valoir que le nouvel agenda législatif du gouvernement Harper pour cette deuxième moitié de mandat ne compte peut-être pas C-377 au nombre des priorités.

Le projet de loi C-525, instituant la tenue d’un vote obligatoire pour les requêtes d’accréditation syndicale des travailleurs sous juridiction fédérale, retourne quant à lui à l’étape de la deuxième lecture.


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Gel des hausses de cotisations à l’assurance-emploi

Montréal - « De la poudre aux yeux pour ne pas aborder les vraies questions », disent les centrales syndicales québécoises (FTQ, CSN, CSD, CSQ).

Les dirigeants syndicaux demandent aux conservateurs de consulter l'ensemble des partenaires sur le contenu du programme. « Il est tout à fait absurde de parler de cotisations sans parler des impacts de la réforme sur les travailleurs, les employeurs et les économies des régions ».

Opposées à la réforme de l'assurance-emploi, les centrales syndicales revendiquent une bonification du programme, tant au niveau de l'accessibilité que de la durée des prestations.

Elles font valoir que les compressions des dernières années ont durci les règles d'admissibilité, diminué la durée des prestations et forcé les travailleurs à accepter des diminutions de salaires.

Le gel des hausses de cotisations représente une économie de 24 $ par année pour un travailleur ayant un salaire supérieur à 47 600 $. Une insignifiance en comparaison du tord que cause la réforme de l’assurance-emploi.

« Il s'agit plutôt simplement d'un cadeau aux entreprises. L'annonce du ministre Jim Flaherty n'est que du vent et n'apporte aucune bonification réelle pour les cotisants à l'assurance-emploi ».