Les cols bleus, présents dans la campagne électorale

2013/10/02 | Par Maude Messier

Le Syndicat des cols bleus regroupés de Montréal (SCFP-301) profite de la campagne électorale municipale pour interpeller les candidats à la mairie de Montréal dans le cadre de leur campagne « Nettoyons Montréal ».

Le président du 301, Michel Parent, indique avoir demandé à tous les candidats rencontrés s’ils s’engageaient à abolir le système actuel d’octroi de contrat au profit de l’expertise interne.

« Denis Coderre, Marcel Côté, Mélanie Joly et Richard Bergeron ont tous reçu un chandail spécial sur lequel il est écrit Je m’engage à nettoyer Montréal. Mais aucun ne s’est formellement engagé en faveur de l’expertise interne. »

Pour Michel Parent, après la sensibilisation et l’information sur les coûts de dépassement des travaux publics octroyés à des entreprises privées et les avantages liés à l’expertise interne, l’objectif à ce moment-ci, c’est aussi d’amener les gens aux urnes.

« Les citoyens de Montréal se sont fait voler par un système de collusion et de corruption, alors que ces tâches auraient pu être parfaitement accomplies à l’interne par des cols bleus. On veut ramener ça dans l’actualité et que les gens puissent choisir les candidats qui s’engageront à faire le ménage. »

Même si la campagne a été officiellement lancée en avril dernier, la campagne électorale constitue un bon moment pour « forcer les candidats à se commettre sur cette question».

S’ils se disent tous en faveur d’un «ménage», la question de l’expertise interne demeure nébuleuse.

Pourtant, Michel Parent est catégorique. Les dépassements occasionnés par la sous-traitance se traduisent par des pertes nettes de 30 % à 40 %. À l’interne, c’est-à-dire lorsque le travail est effectué par les cols bleus, les coûts sont prévisibles.

« Les salaires des cols bleus sont environ 15 % plus bas que les taux de la construction, sans compter la marge de profit de l’entrepreneur sous-traitant. Il y a aussi l’aspect des économies d’échelle, si on favorisait l’expertise interne sur tout le territoire montréalais. Avec le privé, il y a des problèmes de négligence, de mauvais entretien. »

Le syndicat a mis en ligne un site d’information et les cols bleus portent des chandails à l’effigie de la campagne. Une vidéo, « parodiant tout ce qui se passe à Montréal en matière de collusion et de corruption », circule sur les réseaux sociaux et un message radio est diffusé aux heures de grande écoute. D’autres éléments pourraient aussi s’ajouter d’ici la fin de la campagne, au moment des élections, le 3 novembre prochain.

Michel Parent rappelle qu’il y a un peu plus de trente ans, on comptait 12 000 cols bleus sur l’ancien territoire de Montréal, soit dans les 9 arrondissements d’origine. Aujourd’hui, il n’y en a plus que 4 500 pour l’ensemble des 19 arrondissements.


Changements et percées pour les bleus

En septembre, le maire de Rosemont-La Petite-Patrie, François William Croteau, annonçait que les travaux de réfection et d’entretien des trottoirs et des rues seraient désormais confiés aux cols bleus.

« Nous sommes vraiment dans une perspective de ramener les travaux publics à l’interne et de limiter le plus possible le recours au secteur privé pour les services aux citoyens», d’indiquer M. Croteau en entrevue à l’aut’journal.

Il soutient qu’en dépit de modifications aux appels d’offres et aux travaux de réfections, « ce sont les mêmes joueurs qui se sont présentés et les coûts sont trop élevés. C’est évident qu’il y a toujours de la collusion. »

Une entente conclue avec les cols bleus prévoit que la totalité des travaux de réfection des trottoirs sera confiée aux cols bleus dès l’an prochain, auxquels s’ajouteront des travaux plus complexes, des trottoirs en saillie, par exemple, avec plantations aux coins des rues l’année suivante. Puis, à la troisième année de l’entente, s’ajouteront l’ensemble des travaux d’asphaltage.

« Ces travaux demandent de l’achat d’équipements, des embauches de personnels, comme des ingénieurs et des surveillants de chantier, en plus des cols bleus. Puis, il faut aussi compter la formation de cols bleus. »

M. Croteau soutient que les investissements, principalement pour l’achat de machinerie, l’embauche et la formation, sont négligeables à court terme et qu’ils se traduiront en économies à long terme. Moins de 200 000 $ pour la première année et entre 2 et 2,5 millions $ au terme de l’entente.

L’arrondissement doit procéder à une évaluation précise des besoins et des coûts dans les prochains mois.

« Nous cherchons toutes les meilleures options pour diminuer notre dépendance au secteur privé et avoir de meilleurs coûts. »

Le printemps dernier, la mairesse de Villeray-Saint-Michel-Parc-Extension annonçait que l’arrondissement confiait, dans le cadre d’un projet pilote, les travaux de réfection des trottoirs à une équipe spécialement formées de cols bleus.

Anie Samson avait alors souligné que cette décision découlait directement de la corruption et de la collusion. L’arrondissement n’avait pas octroyé de contrats depuis deux ans, les entreprises ayant déposé des soumissions trop élevées.