Franc succès du Forum social lanaudois

2013/10/23 | Par Gabriel Ste-Marie


Samedi, le 19 octobre, s’est tenu à Joliette le deuxième Forum social lanaudois. L’événement a réuni plus de 350 participantes et participants. « C’est un franc succès », de nous déclarer Daniel Tessier, l’un des organisateurs du Forum et ancien président du Conseil central lanaudois de la CSN.

L’idée du forum se veut un écho local au Forum social mondial, mis en place pour faire contre-poids à celui de Davos. Il vise à redynamiser nos communautés, face au néolibéralisme et à la sur-financiarisation de l’économie.

Une cinquantaine d’ateliers attendaient les participants. Très variés, ils touchaient les différents enjeux de la région. Par exemple, des étudiantes et étudiants ont présenté les résultats de leurs recherches sur les jeunes, sur les enfants et sur les couples de Lanaudière. D’autres ateliers portaient sur la situation des immigrants, sur la transformation de l’agriculture, sur les défis de l’économie sociale, sur l’engagement citoyen, etc.

La culture a été abordée, notamment grâce aux prestations de nombreux artistes invités, tant à l’intérieur d’ateliers que lors des pauses. Des participants ont pu assister à la projection du documentaire La langue à terre, pour ensuite échanger avec les réalisateurs Jean-Pierre Roy et Michel Breton, de même qu’avec Tania Longpré, qui explique, dans le film, les défis de l’immigration.

Un atelier particulièrement intéressant portait sur l’offre touristique de Manawan. Les deux Atikamekws Sakay et Pascal Ottawa sont venus expliquer comment leur communauté autochtone accueille des touristes depuis 2008. Le séjour permet aux visiteurs de se familiariser avec la culture ancestrale Atikamekws, en vivant en forêt de façon traditionnelle avec des familles accompagnatrices.

Plus encore, l’atelier a permis une véritable sensibilisation à leur réalité. Les conférenciers ont montré comment leur réserve était maintenant entourée de coupes à blanc. Cette pratique n’est plus permise, mais les règles sont contournées pour arriver au même résultat. Pascal Ottawa explique : « La compagnie A vient couper juste les épinettes. La B juste les bouleaux. La C les pins, et ainsi de suite. Au bout du compte, il ne reste plus rien. » Sakay Ottawa nous apprend que cette activité forestière régionale extrait une valeur de 100 millions $ par année. Ils reçoivent peu en compensations pour une activité qui chamboule leur mode de vie traditionnel.

Par exemple, les orignaux ont de la difficulté à se reproduire. Leur écosystème est complexe et même de légers changements entraînent d’importants bouleversements. Pascal Ottawa explique qu’en coupant systématiquement les conifères, les forêts perdent leurs zones d’humidité, où on retrouve de la mousse. Or, les veaux doivent être élevés sur la mousse pour éviter à leurs jeunes sabots de craquer. Ce couvert et l’humidité camoufle aussi leur bruit et leur odeur, ce qui les protège des loups.

Les Atikamekws dépendent de la chasse à l’orignal et M. Ottawa explique que les demandes effectuées auprès des entreprises forestières pour protéger l’écosystème ne sont pas respectées, comme celle de s’assurer du maintien de couverts de mousse.

Sakay rajoute : « Peut-être qu’avec nos projets touristiques va-t-on pouvoir assurer davantage le respect de notre territoire, en opposant un projet économique au leur. »

Les deux Atikamekws ont aussi présenté une composition musicale décrivant leur réalité, chantée dans leur langue.

En plus des ateliers, les participants au forum ont pu visiter une vingtaine de kiosques, dont celui du projet Bécik jaune. Il s’agit d’un projet communautaire de vélos en libre-service implanté à Joliette et maintenant à Lavaltrie et Mascouche.

La journée s’est terminée avec une présentation artistique où se sont succédé musique, clown, slam et danse contemporaine. Les poèmes engagés du slameur lanaudois Jocelyn Thouin ont été particulièrement appréciés.

Le forum se voulait écoresponsable. Le covoiturage a été encouragé. Les émissions occasionnées par le déplacement des participants et autres activités du forum ont été comptabilisés pour être compensées par la plantation d’arbres. La nourriture provenait à 90% de producteurs locaux et la vaisselle était réutilisable. Enfin, les déchets étaient soit recyclés, soit compostés.

Les organisateurs et participants se réuniront en janvier prochain pour un retour sur cette deuxième édition, avec le dessein de préparer la troisième.