12 raisons de voter contre Jean Tremblay

2013/10/30 | Par Pierre Demers


L’auteur est un cinéaste et un poète d’Arvida

Il y a mille raisons de voter contre Jean Tremblay, comme maire de Ville Saguenay, aux prochaines élections municipales du 3 novembre. À la limite, 10 000. Lui qui dit que «la démocratie consiste à se faire élire à tous les quatre ans», entre autres.

En voici douze, comme les stations du chemin de croix, douze comme les apôtres (Ils étaient 19 à Saguenay), comme les douze mois de l’année qu’on l’endure à dire n’importe quoi pour garder son trône au chaud, pour nous faire croire qu’il travaille pour nous.

Douze raisons de l’envoyer promener au loin, lui qui dit aussi qu’il refuse que les élus soient limités à deux ou trois mandats, tout simplement parce « qu’il ne se voit pas à rien faire chez-lui si on lui enlève sa job de maire de sa ville…».

Moi, quelqu’un qui pense que sa job ou sa mission politique est sa raison d’être sur cette terre, son seul plaisir avouable, je lui dis tout simplement à ce quelqu’un-là, «t’é pas sorti du bois».

Ça doit être franchement pénible à vivre chez-lui, en fait. Ce gars-là a urgemment besoin d’amis et d’un conseiller culturel pour meubler ses moments creux. À la limite, un coach de survie ou un directeur spirituel.

Voici donc douze raisons bien comptées de ne pas voter pour Jean Tremblay aux prochaines élections municipales. Au-delà de ces raisons, il n’existe plus rien d’autre à part le néant de ce politicien qui n’a plus aucune crédibilité, si ce n’est auprès de ceux et celles qu’il rémunère pour le maintenir en vie politique. Pour lui faire croire qu’il nous est indispensable.


  1. Refus de débattre

En campagne électorale, et d’ailleurs tout le reste de ses années passées à la mairie, ce maire refuse de débattre avec ses «citoyens d’abord » comme il les appelle. Lui qui a transformé les réunions du conseil municipal en séances de photos pour admirateurs subventionnés par la Ville.

Il refait une autre campagne avec ce slogan – «le citoyen d’abord» – de plus en plus vidé de sens devenu celui de sa Ville. En refusant ainsi de débattre avec les citoyens sur la place publique, en refusant les discussions et les remises en cause de ses adversaires, ce maire conspue l’idée qu’on se fait tous de la démocratie. Je ne vote pas pour un maire anti démocrate.


  1. Promotion Saguenay

C’est le talon d’Achille du maire. Par là que toutes les manigances du maire passent. Les siennes et celles de son bras droit, Ghislain Harvey, conseiller politique du maire, non élu, qui manipule ces manigances et les 19 conseillers du maire depuis le début.

Promotion Saguenay est le guichet automatique du régime financé totalement par les fonds publics. Quand la loi des Cités et Villes ne permet pas telle manigance, cet organisme la contourne. Le rapport récent du Ministère des affaires municipales l’a très bien souligné.

Je ne vote pas pour un maire qui a créé une structure parallèle à la Ville, pour éviter de rendre des comptes à la population tout en soignant ses amis. Une preuve parmi d’autres de son louvoiement.


  1. Djemila Benhabib

Vous vous souvenez de l’épisode Djemila Benhabib, lors de la dernière campagne électorale provinciale ? Le maire a tenu des propos racistes à l’endroit de cette candidate péquiste à Trois-Rivières et il n’a jamais voulu l’admettre.

Qui plus est, ses conseillers l’ont tous cautionné, sans exception, prouvant par là qu’ils sont à sa merci. Tous les élus et les chroniqueurs politiques québécois l’ont dénoncé. Je ne vote pas pour un maire raciste.


  1. Mépris des intellectuels

Le maire déteste les intellectuels, tous ceux en somme qui refusent les arguments fondés sur les préjugés et les raisonnements simplistes, binaires. Il leur préfère les démagogues comme lui, les journalistes et chroniqueurs de son bord.

En traitant Gérard Bouchard de l’UQAC, éminent sociologue et essayiste réputé, «d’intellectuel qui a été à l’école trop longtemps», il plaide en faveur de l’ignorance. Comme d’ailleurs les médias populistes (Radio X, Journal de Québec, le Réveil) qui lui donnent du temps d’antenne pour consolider ses préjugés comme les leurs.

Je ne vote pas contre les intellectuels. J’en suis un. Prof, écrivain, cinéaste et lecteur de livres imprimés sur papier.


  1. 12 ans et plus, c’est assez

Jean Tremblay était maire de Chicoutimi en 1997 et depuis 2001, il est le maire de la ville fusionnée malgré elle. C’est assez. Il a donné. Nous aussi. Il a fait ses preuves. Il ne changera jamais. C’est un démagogue accompli. On connait sa vision urbaniste au service des promoteurs d’abord. Je ne vote pas pour un démagogue qui voudrait que «le meilleur reste à venir». Pour moi, le pire est devant lui.


  1. La prière à l’Hôtel de Ville

Sa croisade pour défendre, contre vents et marées et surtout le bon sens, la prière à l’Hôtel de Ville nous a démontré que ce politicien ne veut rien savoir. Il n’a pas encore saisi – et il ne le saisira jamais – que la religion n’est pas du domaine politique.

Il a profité de cette croisade, rendue en Cours suprême, pour entretenir la confusion la plus bête sur la laïcité de l’État. Et maintenant, après avoir mis le feu dans la cabane, il se tait. Pourquoi ? Je ne vote pas pour un maire qui se prend pour un curé et raisonne comme tel.


  1. Les croisières

Le dossier des croisières à La Baie, sans doute, après Promotion Saguenay, un autre talon d’Achille du maire. D’ailleurs, c’est un maire aux multiples talons… Il voudrait nous faire croire que l’avenir régional passe par son quai d’escale de bateaux touristiques chargés de croisiéristes fortunés. Un peu comme lui.

Un loisir polluant et qui ne sera jamais rentable pour nous. Je ne vote pas pour un maire qui veut me forcer à aller voir des dizaines de bateaux de croisière à La Baie. Il y a des limites à nous prendre pour des porteurs d’eau.


  1. Le patrimoine urbain

Depuis son arrivée à la tête de Ville Saguenay, Jean Tremblay s’est fait un devoir de tout démolir pour construire du neuf. Il a fait fi du patrimoine urbain des anciennes municipalités qui, pour lui, n’a jamais existé. Il a démoli généreusement les centres-villes pour y laisser des terrains vagues, de futurs stationnements et des bureaux touristiques déserts.

Je ne vote pas pour un maire qui se crisse du passé architectural de la ville et développe des quartiers de maisons drabes en périphérie, dans une ville où le transport en commun est le plus anémique du Québec.


  1. Places du citoyen

L’idée saugrenue et pharaonique de doter les arrondissements des Places du citoyen pour qu’on se rappelle que c’est lui qui les a érigées avec nos fonds publics m’exaspère. Ce maire se prend pour un grand bâtisseur alors qu’il n’est qu’on petit notaire de région périphérique qui a mal tourné.

Se prenant pour un grand développeur, lui et son entourage de démolisseurs et de poseurs d’asphalte. Je ne vote pas pour le penseur des places du citoyen.


  1. Absence de consultation

Ce maire refuse toute forme de consultation. Il décide tout ce qui lui passe par la tête, ne consulte jamais personne sur ses projets et nous laisse croire que ses 19 conseillers sont au courant de tout, alors qu’on sait pertinemment que c’est faux.

Non seulement, il refuse de consulter les citoyens sur ses projets farfelus et dispendieux mais, en campagne électorale, il ne propose rien, si ce ne sont ses dizaines de chantiers en marche.

Je ne vote pas pour un maire qui se balance de l’avis de ses citoyens en tout temps.


  1. Absence de transparence

Le maire de Saguenay s’est doté d’une salle de presse, d’une équipe de relationnistes pour éviter de répondre aux demandes des journalistes et les contourner. Quand ils le talonnent de trop près, il les menace de poursuites, comme il le fait avec ses adversaires naturels.

Il pratique une politique éhontée du secret bien gardé. Se permet de changer d’avis au besoin, selon l’humeur et les conseils de ses conseillers politiques et de ses avocats. Il ne dit jamais la vérité.

C’est un politicien à la langue fourchue de naissance. Ses réponses sont toujours évasives. Seuls ses complices des médias populistes le croient. Je ne vote pas pour un maire à la langue fourchue.


  1. Inculte

Je crois que c’est le pire défaut de ce politicien. Il méprise les artistes pour la simple raison que cet univers-là, de l’imaginaire, de l’intellect n’existe pas chez lui. Il n’est pas à sa portée. Il ne l’a jamais fréquenté, il fuit les artistes de peur de s’embraser en leur présence.

C’est un pragmatique à l’excès. Son sens de l’humour est nul. Il préfère faire passer sa ville pour un relais de skidoos, un festival de bûcherons, un rendez-vous de jeux du Québec plutôt qu’un repère d’artistes multidisciplinaires, d’écrivains et de cinéastes hors du commun. Politiquement, c’est plus payant pour lui selon ses conseillers.

Je ne vote pas pour un maire inculte, qui a avoué ne lire que des livres en anglais sur son ebook. Quelqu’un qui se croit indispensable et qui est devenu au fil des ans dangereux pour la survie de notre démocratie municipale et de notre morale (politique).