Les 18 psychiatres anti-charte des valeurs

2013/11/04 | Par Claude G. Charron


Il a de cela déjà plus de vingt ans, je m’étais rendu au CLSC de mon quartier afin de m’enquérir de quels soins j’avais droit afin de pouvoir me sortir d’une sévère dépression. On m’a alors invité à prendre contact avec le département de psychiatrie de l’hôpital Saint-Mary. Ayant accepté cette offre, j’ai vite compris que celle-ci me serait d’aucun secours suite à ma première rencontre avec le psychiatre qui m’était affecté. Deux mondes nous séparaient, si bilingue qu’il fût. J’ai donc décidé de ne point confier mes vagues à l’âme à ce praticien pourtant plein de bonne volonté. 
     
Depuis que Québec avait sectorisé territorialement les services psychiatriques, je n’avais plus la possibilité de choisir l’hôpital où je pourrais bénéficier de services en santé mentale.  J’ai donc refusé d’être traité par un médecin étranger à ma culture, et décidé à me payer un psychologue référé par un ami.  Suite à la lecture de la lettre ouverte des dix-neuf psychiatres publiée le 15 octobre dernier dans The Gazette, je prends plaisir à trouver que j’avais eu bougrement raison de ne pas avoir confié mes p’tits états d’âme à des psys dont on leur a peut-être tous enseigné un tel  mépris du Québec, de son histoire, de sa culture, de ses institutions.     


Nos Psys anglos et les Néo 

Je me pose la question : comment de tels psys peuvent-ils apporter une quelconque aide, non seulement aux « Québécois de souche », mais également à tous les Néo-Québécois, d’arrivée récente ou de plus longues dates? On aurait pu penser que, parmi les cosignataires, ceux et celles ayant été formés au Québec auraient pu en nuancer les propos, il semble que non puisque les 19 ont tous accepté de signer cette lettre remplie des pires préjugés envers la nation que constitue le Québec. Preuve encore que pour eux, il n’existe pas de peuple québécois. 
 Avant même que le ministre Drainville dévoile les détails de sa charte des valeurs, son collègue Lisée avait déclaré qu’elle allait susciter des débats comparables à ceux  qu’avait connus le Québec en 1977. Il avait raison.  


Le docteur Laurin dans l’arène politique 

On se rappellera qu’en 1977, tout comme aujourd’hui, un net clivage s’est développé entre Francos et Anglos sur l’opportunité du projet de loi 101. Dans The Gazette aussi bien que sur les lignes ouvertes de la radio anglaise, on ne se gênait pas pour traiter le docteur Laurin de tous les noms. Il reste que, si certains universitaires ont, au nom des droits individuels, dénoncé la loi 101,  aucun groupe de psychiatres, à ma connaissance, ne s'est formé pour publiquement critiquer l’argumentaire clinique de leur collège servant à justifier le chambardement sociolinguistique qu’il proposait pour le Québec.    

C’est pourtant dans sa pratique et à la lecture de son abondant courrier reçu à la suite de ses fréquentes apparitions au petit écran que  le docteur Laurin avait décidé de s’impliquer politiquement. Étant convaincu que pour libérer une grande partie de la population de ses complexes d’infériorité, la sécularisation de nos institutions ne suffisait plus. Et qu’à défaut d’une accession rapide à l’indépendance, il faille réaliser une francisation globale de la société. 

C’est surtout dans le domaine scolaire que les élites anglo-montréalaises ont  alors fortement réagi. Alors que 80 % des parents néo-québécois choisissaient l’enseignement en anglais pour leur progéniture, Laurin voulait en inverser la courbe. Dorénavant, seuls les enfants, dont un ou les deux parents avaient fréquenté l’école anglaise au Québec, auraient droit à recevoir ses enseignements primaire et secondaire en anglais.  
À notre « minorité historique », Camille Laurin n’avait pourtant aucunement intention de lui servir la médecine que, chacune à son tour, les neuf autres provinces avaient jadis servie à sa minorité française. Bien au contraire : ici au Québec, seuls les parents de cette minorité historique auraient le droit de choisir la langue d’enseignement pour leurs enfants. 


1977 : annus horribilis 

Malgré cette générosité, l’année 1977 fut considérée comme annus horribillis pour nos Anglos.  Elle s’est dès lors très vite tournée vers le grand frère à Ottawa pour qu’il remette le Québec à sa place. Trudeau était leur homme. Mais sachant qu’il était devenu politiquement impossible pour Ottawa d’utiliser le désaveu contre toute loi provinciale, celui-ci a joué sur un autre registre, celui d’inscrire le multiculturalisme dans une charte des droits et libertés, charte annexée en 1982 à la nouvelle constitution qu’aucun gouvernement du Québec, même libéral, n’a par la suite voulu signer tellement son contenu  allait à l’encontre des intérêts de la société québécoise.     

Avant même d`être une importante clause de la Charte des droits et libertés de 82, le multiculturalisme avait déjà force de loi depuis 1971. Trudeau avait alors carrément tourné le dos au Canada à deux, principe énoncé très clairement dans les deux premiers rapports de la Commission BB. Le multiculturalisme avait essentiellement comme objectif de dorénavant considéré le peuple québécois comme n’étant rien d’autre que la plus grande des minorités au Canada. Sans plus! Ainsi constitué, le multiculturalisme s’est avéré un énorme atout pour les Anglo-Montréalais. Étant donné que c’est à Montréal que  le communautarisme s’est alors  le plus développé, cela leur a  fourni  un important bassin d’alliés parmi les allophones.  


La crainte d’une autre annus horribilis 

La charte des valeurs fait actuellement peur à nos élites anglo-québécoises. Elles ne se rappellent  que trop du 15 novembre 1976 où nombre d’Anglos se sont permis de voter Union nationale. Question de punir le Parti libéral d’avoir fait voter la loi 22. Les pauvres! Ils ont ainsi permis au  PQ de se glisser à la tête de l’État. Énorme traumatisme : on dit que près de 100 000 Quebecers ont préféré prendre la 401 plutôt que de subir la 101. 
Depuis quelque temps, les Anglo-Montréalais sont à nouveau angoissés.    Voilà que des régions entières du Québec semblent gagnées au projet de charte des valeurs. Le 4 septembre 2012, ces mêmes régions avaient pourtant empêché le Parti québécois de former un gouvernement majoritaire.  Hors Montréal, il semble bien que l’on ne sentait pas la menace d’une lente  louisianisation du Québec par l’indéniable fait que sa capitale économique s’anglicisait à grands gallots. On ne voyait donc pas la nécessité d’acheter le programme du PQ promettant d’élargir la loi 101 aux cégeps. Mais, avec cette charte des valeurs qui semble si populaire, s’il fallait que Pauline Marois lance des élections, qu’elle les gagne, qu’elle forme un gouvernement majoritaire. Oh là!  

La question est pour eux d’autant inquiétante que, chaque jour qui passe quand il est question de  la charte à La Presse, les Foglia et Marie-Claude Lortie se permettent de contredire les bonzes de la page éditoriale. Or, à  la  Gazette, on a beau bourrer sa page d’opinions d’anti-chartistes, cela ne dérange aucunement  le  Québec français.  Nous ne sommes plus au temps de Fleury  Mesplet. Ce  journal étant devenu rien de moins que la feuille de combat d’une minorité archi-choyée, pourquoi  les  Pure laine le liraient-ils?     

Certains grands noms du CUSM et de Douglas ont alors pensé avoir une idée géniale. Si, en 1977, un psychiatre a pu faire une petite révolution chez les francophones en leur donnant tout un électrochoc, pourquoi ne pas utiliser nos propres psys pour tenter de freiner quelque peu chez eux ce véritable courant de sympathie. Comme leur vieux fond catholique les pousse encore à une culpabilité facile, pourquoi ne pas  leur faire croire que, si elle devient force de loi, la charte entrainera de sévères troubles mentaux chez les non-Pure-laine.  


Les Psys de McGill et de Douglas à la rescousse 

À la lecture de cette lettre ouverte, l’accumulation des préjugés envers le Québec est tellement énorme que l’on est en droit de s’interroger. Qui parmi les 19 en a pris l’initiative? Un parmi eux très obsédé par la question de l’unité canadienne? Où est-ce que la nécessité d’en découdre est venue d’une haute instance politique capable de faire miroiter des retours d’ascenseurs avantageux en subventions de recherche?  

Le geste semble d’ailleurs être plus politique que thérapeutique quand nos 19 psys certifient qu’en étant religieux, on a plus de chance de bénéficier  d’une meilleure santé mentale.  Allez donc dire ça aux petites adolescentes qui, dans leur famille, vivent les mêmes tourments que les trois sœurs Shafia ont vécus avant qu’on récupère leur cadavre au fond d’une écluse. Allez donc dire ça à Rivkah Katz, cette Janette venue témoigner,  en ce même 15 octobre à l’émission 24/60, comment il est malaisé de vivre dans une famille hassidique pour une jeune femme éprise de modernité. 


Coup fourré de la part de nos 19 psys

 Ils ont écrit que le dialogue entre personnes de culture et de religion différentes sera plus malaisé au Québec si on interdisait les signes ostentatoires pour les fonctionnaires. Dommage pour eux. Le jour même où nos 19 psys se manifestaient dans The Gazette, vingt Janette cosignèrent  une lettre dans tous autres journaux du Québec. Sorte de dialogue entre personnes de cultures différentes puisqu’en plus de Rivkah, trois autres cosignataires avaient noms et prénoms à  couleur exotique. 

Le dialogue n’est-il pas très malaisé dans le cas d’un parent venant  chercher son enfant à la garderie, se sent obligé de communiquer avec une éducatrice portant le hidjab? Pourquoi donc, arrivant à son lieu de travail, cette éducatrice ne mettrait-elle pas son voile au vestiaire, pour le reprendre la journée de travail terminée? Pourquoi une telle exigence peut avoir droit de citer en  France, et dans certains länders allemands, mais pas au Québec?  
Faire fi d’un islamisme rampant 

Dans leur lettre, les 19 ne mentionnent jamais le fait que chacune de nos démocraties soit  maintenant confrontée à de l’intégrisme religieux. Et que le plus virulent reste encore l’islamisme politique. Comment croire qu’ils    ne savent point que, dans certaines mosquées de Montréal, il est usuel, que l’iman y prêche qu’un jour, partout sur la planète, la oumma aura force de loi? Et qu’est-ce que la oumma? C’est la possibilité que naisse à travers le monde une grande nation musulmane qui transcendera les frontières étatiques, les nationalités, les pouvoirs politiques, une nation avec la femme toujours considérée comme inférieure à l’homme. 


Un multiculturalisme ghettoïsant

Dans son livre, Le marché des illusions,  c’est par ce qu’il a vécu en tant qu’immigrant que Neil Bissoondath dénonce un multiculturalisme canadien ayant comme conséquence d’isoler les nouveaux arrivants. De les isoler chacun dans son ghetto. 

Dans leur lettre, nos 19 psys ironisent. Le PQ veut discriminer les nouveaux arrivants alors qu’il veut garder le crucifix à l’Assemblée nationale, la croix sur le fleur-de-lysé et le Mont-Royal. 

Un tel discours ne peut que renforcer le nationalisme les Québécois maintenant en droit de se dire : « Faut-il complètement s’effacer? Effacer les manifestations et les signes d’une histoire qui nous distingue des autres peuples tant elle a été marquée par un catholicisme ayant pris le relais d’un État que l’on nous avait chipé? Va pour le crucifix à l’Assemblée nationale. Mais quoi  encore? » 


Avons-nous tant persécuté les autochtones? 

Nos 19 psys nous servent l’argument qu’étant donné les graves préjudices que nous aurions commis à l’égard des autochtones, nous formerions un peuple susceptible de discriminer ses minorités. Mais coudons, ces gens sont nuls en histoire! S’il y a un domaine où les Canadiens d’avant 1763 et les Québécois d’aujourd’hui peuvent être fiers, c’est justement le fait de leurs rapports avec les premiers habitants de l’Amérique ont été fraternels dès les premiers temps de la colonie. Et toujours  ensuite. Pas de massacres ni de viols comme en ont vécus les autochtones de la Nouvelle-Angleterre. Ou ceux entre les mains des conquistadors espagnols. Faits largement  démontrés  par le très Américain David Hackett Fischer dans sa brique de quelque 900 pages intitulée Le rêve de Champlain, publié chez Boréal en 2011.  

Comment d’ailleurs, les premiers Canadiens, étant si peu nombreux, auraient-ils pu  tenir à bout de bras pendant 150 ans, plus des trois quarts de l’immense Amérique du Nord s’ils n’avaient pas été en grande fraternité avec les nations autochtones?  Une fraternité  si grande qu’elle  a permis la formation  du peuple métis.  Des métis dont, en 1885, le Canada anglais a injustement exigé la pendaison de leur chef malgré les vives protestations du Canada français. 

Qui ensuite, sinon le gouvernement canadien, a créé le régime des  couvents pour enfants autochtones question de leur faire perdre leur langue et leur culture? Devenu ministre en 1960, René Lévesque a été le premier à préconiser que les petits Inuits soient instruits dans leur langue.  Quel contraste avec la façon de penser du Canada anglais!


 
Les Québécois seraient-ils antisémites ?

Les 19 psys nous disent que, si on accepte « la discrimination envers les non-chrétiens », on risque de se retrouver avec une situation semblable à celle  que les juifs ont connue dans les années trente quand ils se sont sentis obligés de fonder le Jewish General Hospital. Nos psys oublient de signaler que c’est  McGill qui a mené une politique de contingentement à l’inscription, afin d’en  limiter l’accès aux  juifs. 

Quant à l’Université de Montréal, la défaite des Patriotes, cent ans plus tôt,  a fait que toutes nos institutions, au grand plaisir des Anglos de l’époque, se devaient d’être catholiques.  Ce qui ne poussait aucunement les jeunes étudiants juifs à s’y inscrire. Et qu’on se rappelle qu’en 1832, le  parti de Louis-Joseph Papineau  a fait voter la loi garantissant les pleins droits aux personnes pratiquant la religion juive?  Vingt-cinq ans avant que Londres et les autres colonies en décident autant.    

Le mouvement laïque québécois, décrié par nos 18 psys comme étant la nouvelle religion québécoise, a été le premier à combattre la priest ridden society.  Et puisque vous nous parlez de l’hôpital juif, mes chers  psys, vous ne trouvez pas qu’Israël glisse  un peu trop vers une forme État… théocratique ?   Pas tellement inclusif? 


Quebecers versus Québécois

Dans la Gazette du 15 octobre, la photo, tout au-dessus de  la lettre des 19 psys, nous montre une cinquantaine de personnes assistant  à un concert en plein air de l’OSM.  

Légende accompagnant le cliché:  « Quebecers “have chosen Quebec because they see it as a society that is committed to the values of equality and mutual respect”, the authors  say. “Honoring these values requires not just tolerance of others, but active recognition and engagement with diversity.” 
On semble ainsi ici laisser supposer qu’une grande partie de ces « Quebecers » sont nés hors Québec puisqu’on nous signale qu’ils ont choisi de vivre ici. D’ailleurs, nombre de personnes que la photo nous montre ont le visage assez basané.  Il semble bien que le mot « Quebecers » inclue donc anglophones et allophones, cette coutumière façon de procéder de  la Gazette, un journal tout heureux de faire dire à nos 19 psys que ces «Quebecers  sont déçus de voir les Québécois si peu inclusifs puisque si  nombreux à appuyer la charte.
Montréal versus régions 

Jamais dans leur lettre, les 19 psys ne mentionnent Montréal. C’est plutôt le monteur de cette page A23 qui signale aux lecteurs que la photo nous montre des Montrealers assistant à un concert. 

Or, ces lecteurs sachant très bien que près de 85% des Néo-Québécois de première et deuxième génération habitent Montréal, cela les pousse  très vite à penser, à partir de ce que décrivent les 19, que la cohabitation interculturelle existant dans la métropole québécoise permet un sain dialogue entre les groupes. À  la compréhension  mutuelle.  Et que, de la sorte, les  Pure laine de Montréal seraient plus portés à imiter les Anglos  dans leur opposition à la charte. Et se différencieraient de ce que pensent les gens des régions.  Les derniers sondages démontrent que cette impression est fausse, et ceci même si Québec solidaire est anti-charte. 

Au référendum de  1980,  les Pure laine de Montréal ont été,  au prorata,  les plus nombreux à voter Oui.  Idem en 1995. Et, comme il est prévisible qu’au scrutin du printemps, la charte soit dans le programme du PQ,  les Franco-Montréalais seront tous aussi  nombreux à voter pour ce parti que le reste du Québec. Malheureusement, cela se traduira par un  nombre restreint de circonscriptions montréalaises tournant au bleu lors de la soirée des élections. Le problème vient du fait que notre poids politique est de  plus en plus inexistant à Montréal.  Et, qu’à cause de cela, feu le docteur Laurin est en train de perdre son pari. 


Le drame des Pure laine à Montréal   

Chaque année, les preuves s’accumulent de la déchéance politique des Pure laine à Montréal. 

Il y a un an, nos élus à l’hôtel de ville  ont unanimement voté une résolution afin que, advenant l’adoption du déjà timide projet de Loi 14, l’arrondissement Pierrefonds-Roxoboro ne perde pas son statut bilingue,  même si moins de 50% d’Anglos y résident. 

Dès qu’il traverse la Main pour faire campagne à l’ouest de Montréal,  Marcel Côté se sent obligé de cacher Louise Harel sous son jupon. 

Pour ne pas perdre la mise, quatre candidats en tête des sondages à la mairie se sentent obligés, s’ils ne veulent point y dégringoler, de déclarer qu’ils s’opposent à la charte. Seuls Michel Brûlé et Patricia Tulasme  se sont manifesté  pro-charte.   

Comment en sommes-nous arrivés là ? Qu’est-ce qui fait qu’ à Montréal,  l’agenda politique des Pure laine, qui est tout-à-fait semblable à celui du reste de la population du Québec, est totalement occulté par celui de nos Anglos, lesquels ne représentent que 8% de la population du Québec?  


Bilinguisme versus biculturalisme 
 
La raison d’une telle situation, il faut le rappeler encore ici, vient du fait que c’est Trudeau qui, en 1968, a gagné sur André Laurendeau. Le biculturalisme prôné par celui-ci a été détrôné par le multiculturalisme de celui-là. Un multiculturalisme que le même Trudeau a figé dans la constitution de 1982. 

Dès 1963, les élites anglo-montréalaises ont eu peur de ce qu’ils attendaient lors des audiences publiques de la Commission BB. Leur crainte s’est vite évanouie avec l’arrivée de Trudeau au pouvoir.  Ils n’ont eu, depuis qu’à applaudir des cailloux, que de plus en plus Ottawa allait jeter sur le chemin balisé par l’État québécois afin que les Néo-Québécois, non seulement apprennent la langue de la majorité, mais qu’ils intègrent la culture majoritaire tout en y apportant leur propre apport culturel. 


Marie Mai versus Arcade Fire
 
 Le 3 avril 2012, Don Macphserson s’en prenait à Jean-François Lisée pour avoir signé un texte dans L’Actualité où il se disait ami des Anglos, tout en leur reprochant de ne pas s’intéresser à la culture franco-québécoise, ce qui, écrivait Lisée, faisait « qu’ils ne savent même pas qui est Marie Mai ».  
Le chroniqueur de la Gazette réplique que, nous Anglos, pour nous conformer à la loi 101, nous  avons appris le français pour qu’il devienne la langue commune. On nous reproche maintenant de n’avoir aucun intérêt pour les artistes québécois. Mais, ajoute-t-il, est-ce que les  Québécois s’intéressent à nos propres artistes?  Est-ce de notre faute si les francophones s’établissent  hors ile de Montréal? 
   
Le problème n’est pas où Macpherson le situe. Peu importe que les Franco-Québécois ne s’intéressent point aux artistes canadiens-anglais – ils s’intéressent en tout cas aux groupes  musicaux, qui percent internationalement -, peu importe que les Francos s’établissent hors Montréal. Ce qui dérangeait  Lisée en  2012, c’est qu’un grand nombre de Néo connaissent bien Arcade Fire, mais pas du tout Marie Mai. Un récent sondage montre bien que le problème est bien réel. Si, grâce à Macpherson, il n’y a maintenant  que 76 % des Anglos et 44% des allophones qui ne connaissent pas Marie Mai. En revanche, les taux passent respectivement à 98 et 77% quand il s’agit d’Infoman.  Résultats semblables pour Guy A. Lapage. 

Ne jamais regarder Tout le monde en parle et Infoman, c’est se couper des conversations ayant cour au lendemain de ces émissions autour de la machine à café au bureau. Ou à l’usine.  Une telle absence d’intérêt  pousse  un très fort pourcentage d’allophones à nécessairement voter comme les Anglos. Devenant ainsi, on le voit présentement à Montréal, des arbitres de ce qui va advenir de l’avancement de la langue française en Amérique. Rien de moins. Ils ont donc un poids énorme dans la future existence, ou de la non-existence du peuple québécois. Et si le projet de charte des valeurs venait tout basculer.  


Les allophones, devenus arbitres de notre destin ? 

Ce qui présentement divise le plus les souverainistes, c’est le fait que certains d’entre-nous craignent que le projet de charte des valeurs fasse que s’évanouissent la possibilité de faire un référendum sur l’indépendance et de la gagner, la raison étant que nombre de musulmans et de musulmanes,  qui s’apprêtaient à voter pour le PQ, s’y refuseront maintenant. C’est en tout cas la thèse qu’entre autres défendent Maria Mourani, Jean Dorion et Robin Philpot. 

Je ne partage pas le point de vue  de ces personnes pour lesquelles  j’ai par ailleurs beaucoup d’estime. Plus les jours  passent, plus le nombre des pro-chartes augmente, et ce n’est pas les manifs antis organisées par certains imans plus ou moins radicaux qui vont  changer la donne. D’ailleurs, plus les imans vont aller se geler le bout du nez, plus les Janette, tant féminines que masculines, vont en faire autant. Mais avec cent fois plus de monde.   

On n’a plus maintenant le droit de reculer. On aura bientôt à choisir entre le gouvernement des juges, ou la voix d’un peuple qui se tient debout. Il est grand temps de faire un pied de nez à tous les Trudeau, Couillard, Mulcaire, et Coderre de la terre!   


Et nos 19 psys là-dedans ?

De ses 19, 13 enseignent au département de psychiatrie de McGill.  Croyez-vous vraiment que ces profs préparent les futurs psys à bien connaître la société québécoise afin qu’Ils sachent comment traiter les Néo qui solliciteront leur aide afin de  les sortir de leurs difficultés d’adaptation à une des sociétés les plus inclusives?   

Quant à moi, je doute  que les Choudhury, Measham, et autres Tranudis préparent bien leurs étudiants  à œuvrer au bien-être de la société québécoise. La raison étant qu’ils ont choisi McGill pour poursuivre leurs  recherches sur l’âme  québécoise.   Quel gâchis!   Et c’est tout ce beau monde qui nous donne des leçons! 

Mais au fait, si ces personnes ont tellement à cœur  le  bien-être des Québécois, comment se fait-il qu’elles n’aient publié leur lettre que dans la Gazette ? À des convaincus. Peut-être qu’aucun d’entre eux ne maitrisait assez bien le français pour pouvoir transmettre leur missive à  La Presse,  au Devoir?  Ou même au très « populiste » Journal de Montréal?  

En tout cas, je ne suis pas certain que la prof Mimi Israël a dit la vérité quand,  en ce 15 octobre, elle a répondu non à la question d’Anne-Marie Dussault cherchant à savoir si son manifeste était politique. 

J’angoisse. S’il fallait un jour qu’un  de nos intellos, tout aussi politiquement engagé, mais également tout aussi dérangé à un moment donné de sa vie  que l’était Hubert Aquin, aille confier son vague à l’âme à ce genre de psys!  J’en tremble.