Projet de terminal de granules de bois

2013/11/08 | Par Nature Québec


Nature Québec et le Conseil régional de l’environnement de la région de la Capitale-Nationale (CRE–Capitale nationale) déplorent le feu vert accordé par l’Administration portuaire de Québec (APQ) au projet de terminal de granules de bois dans le secteur de l’Anse-au-Foulon.

Ils invitent Rentech, Arrimage Québec et l’APQ à faire preuve de responsabilité sociale et à mettre fin immédiatement aux travaux en cours. Ils interpellent également madame Françoise Mercure, présidente et directrice générale de la Commission de la capitale nationale, monsieur Régis Labeaume, maire de la ville de Québec et madame Agnès Maltais, ministre responsable de la région de la Capitale-Nationale afin qu’ils interviennent rapidement pour empêcher l’aménagement de ce terminal maritime pour le débardage de granules de bois. Selon les deux organismes, il s’agit d’un mauvais projet, au mauvais endroit.


Mauvais projet

D’un point de vue environnemental, le projet de terminal de granules de bois accepté par l’APQ est inacceptable. « Les projets gagnants sont ceux qui visent le remplacement des combustibles fossiles pour le chauffage et dont l’approvisionnement en biomasse résiduelle repose sur des circuits courts. Or, dans ce projet, les granules exportés serviront à d’alimenter des centrales thermiques vouées uniquement à la production d’électricité. Qui plus est, ces granules sont produites à partir d’arbres sur pied plutôt que de résidus de transformation », a expliqué Amélie St-Laurent Samuel, chargée de projets Forêt/Biomasse chez Nature Québec.

« On est loin du compte et nous faisons face à un dangereux précédent », a affirmé Christian Simard, directeur général de Nature Québec.

En effet, tant Nature Québec et le CRE–Capitale nationale sont convaincus que l’implantation d’une telle infrastructure conduira à des pressions pour l’exportation de granules produites au Québec.

« Il est tout à fait inconcevable qu’un tel projet voie le jour au moment même où le Québec réfléchit à son avenir énergétique et se positionne sur les conditions d’utilisation de la biomasse », a précisé le directeur général de Nature Québec, en soulignant que la priorité devrait être accordée à la consolidation de la demande locale de biomasse forestière pour le chauffage plutôt qu’à son exportation.

 

Mauvais endroit

Mauvais projet, mais aussi mauvais endroit. La localisation de deux silos de 48 mètres de diamètre et d’une hauteur de 46 mètres dans le secteur l’Anse-au-Foulon apparaît tout aussi condamnable aux yeux du CRE–Capitale nationale et de Nature Québec.

« L’apparition dans le décor de structures plus imposantes que celles existantes ne constitue certainement pas une intégration harmonieuse des activités portuaires dans l’environnement urbain », s’est exclamé Alexandre Turgeon, directeur général du CRE–Capitale nationale.

Certes, la ville de Québec est une ville portuaire, mais l’APQ doit voir à ce que la localisation de ses activités ne nuise pas à un aménagement du territoire que l’on souhaite convivial pour la population.

« Est-il normal qu’en 2013 on sacrifie le paysage du boulevard Champlain afin de permettre à la compagnie américaine Rentech d’exporter, à partir de l’Ontario, des granules en Angleterre ? Il est aberrant que l’on songe à ériger deux immenses silos en bordure du fleuve alors qu’en 1997, on complétait le démantèlement des réservoirs de pétrole de la compagnie Irving situés le long du boulevard Champlain », a rappelé monsieur Turgeon.

Ce dernier a par ailleurs critiqué l’étude des effets environnementaux qu’Arrimage Québec a déposée auprès de l’Administration du port de Québec et qui induit en erreur en minimalisant les impacts visuels.

Le CRE–Capitale nationale et Nature Québec tiennent aussi à souligner que le projet de terminal de granules de bois entre en contradiction avec les projets d’aménagement de la Commission de la capitale nationale (CCN).

En effet, cette dernière, qui s’est donné pour objectif de « redonner l’accès au fleuve aux Québécois », envisage de prolonger la promenade Samuel-De Champlain vers l’est, en direction des installations portuaires. « La présence de deux silos d’un gabarit imposant fera de l’ombre aux investissements de la Commission de la capitale nationale », a relevé monsieur Simard.

 

La CCN, la Ville de Québec et le gouvernement du Québec interpellé

Pour le CRE–Capitale nationale et Nature Québec, l’enjeu est de taille.

« Il faut mettre fin à cette erreur monumentale qui ne présente aucun avantage pour la population, qui compromet toute tentative d’intégration intelligente des activités portuaires à la vision d’aménagement développé pour ce secteur et qui entre en contradiction avec une utilisation responsable de la biomasse », ont affirmé d’une même et unique voix les deux directeurs généraux.

Ceux-ci espèrent que la CCN, la Ville de Québec et le gouvernement du Québec sauront faire entendre raison à Rentech, à Arrimage Québec et l’APQ.

 

Nature Québec est un organisme national à but non lucratif (OBNL) qui regroupe plus de 5000 membres et sympathisants et 130 organismes affiliés œuvrant à la conservation de la nature, au maintien des écosystèmes essentiels à la vie et à l’utilisation durable des ressources. Travaillant depuis 1981 au maintien de la diversité des espèces et des écosystèmes, Nature Québec souscrit aux objectifs de la Stratégie mondiale de conservation de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), dont il est membre. Au fil des années, Nature Québec est intervenu dans les domaines de l’agriculture, des aires protégées, de la biodiversité, de l’eau, de l’énergie et des changements climatiques, et de la forêt.

Le Conseil régional de l’environnement de la région de la Capitale nationale (CRE–Capitale nationale) est un organisme à but non lucratif qui œuvre depuis 1989. Il regroupe des associations, des institutions et des individus ayant à cœur la défense des droits collectifs pour un environnement de qualité, particulièrement dans la région de la Capitale nationale. Sa mission première consiste à promouvoir l’insertion des valeurs environnementales dans le développement régional en préconisant l’application du développement durable et la gestion intégrée des ressources. Sa stratégie privilégie la concertation régionale, les actions de sensibilisation, les projets concrets avec les intervenants du milieu et la conception d’instruments de diffusion.