Gaz de schiste : report du moratoire

2013/11/13 | Par L’aut’journal 


Pour des raisons bassement politiques et des considérations purement électoralistes, les membres de l’Assemblée nationale du Québec, tous partis confondus, n’ont pu s’entendre pour adopter, le 5 novembre dernier, le principe du projet de Loi interdisant certaines activités destinées à rechercher ou à exploiter du gaz naturel dans le schiste (projet de loi 37) présenté en mai dernier par le ministre de l’Environnement, Yves-François Blanchet.

Le moratoire sur l’exploration et l’exploitation du gaz de schiste réclamé depuis trois ans par un grand nombre de Québécois, dont les 62 000 signataires de la campagne Vous n’entrerez pas chez nous lancée par le Regroupement interrégional gaz de schiste de la vallée du Saint-Laurent, pourrait ainsi ne jamais être adopté!

Ce moratoire n’était pourtant qu’un pas bien timide sur la voie de la protection de notre territoire et de nos ressources en eau. Mais encore une fois, c’est la vision à court terme des politiciens qui prime sur la vision à long terme qu’exigent la sauvegarde de notre environnement et la survie de notre planète. Encore une fois, nos élus remettent à plus tard le moment d’amorcer le virage qui pourrait peut-être nous éviter d’atteindre le point de non-retour après quoi plus aucun argument, économique ou autre, ne tiendra.

Le RIGSVSL fédère plus de cent comités locaux citoyens s’opposant à l’extraction du gaz et pétrole de schiste en territoire québécois. Depuis 2010, ces comités réclament un moratoire sur le gaz de schiste au Québec et s’opposent à la fracturation de leur sous-sol et de leurs communautés.

S’il est favorable au moratoire, aujourd’hui en péril, sur la recherche et l’exploitation du gaz de schiste, le RIGSVSL, après consultation de ses membres, dénonce toutefois l’incohérence du gouvernement qui, d’un côté, promet un moratoire sur la fracturation pour l’exploitation du gaz de schiste et, de l’autre, semble prêt à autoriser le recours à la même technique pour l’exploration et l’exploitation pétrolières.

Le RIGSVSL demande des amendements à l’inacceptable projet de Règlement sur le prélèvement des eaux et leur protection qu’a présenté ce même gouvernement. Ce règlement prescrit des limites de protection des sources d’eau potable plus de six fois inférieures à celles qu’avaient déjà fixées une soixantaine de municipalités, ce qui, de l’avis de la majorité des scientifiques, est tout à fait insuffisant.

Par ailleurs, quelques centaines de mémoires ont été présentés à la récente Commission sur les enjeux énergétiques du Québec mise sur pied par la ministre des Richesses naturelles, madame Martine Ouellet. Le gouvernement entend-t-il en tenir compte? Il n’a en tout cas pas attendu la fin des audiences de la commission pour préconiser d’emblée le développement de la filière pétrole dans sa nouvelle politique économique Priorité emploi.

On pourrait croire que nos élus vivent encore dans les années 1970! N’entendent-ils pas les cris d’alarme lancés par la communauté scientifique internationale et par les populations de plus en plus inquiètes du sort de la planète? Plusieurs autres États (la France, l’Allemagne, la Roumanie, le Vermont, Terre-Neuve-et-Labrador) ont pourtant jugé raisonnable d’interdire la fracturation sur leur territoire.

Est-ce trop leur demander que d’avoir une vision un peu plus large et de mettre de côté leurs intérêts partisans? De prendre acte de la volonté populaire de plus en plus affirmée en faveur de l’environnement et d’avoir le courage de prendre les décisions difficiles qui s’imposent pour assurer l’avenir de leurs enfants?

Longtemps les « gens sérieux », les « lucides » et autres « réalistes » ont traité les écologistes d’idéalistes et de doux rêveurs. Mais le monde a changé et le réchauffement climatique est devenu une réalité implacable. Aujourd’hui, les rêveurs sont ceux qui croient toujours aveuglément que notre économie pourra continuer à reposer sur l’exploitation effrénée des hydrocarbures.

Le RIGSVSL exhorte les élus à se mettre à l’écoute de leurs commettants et à faire honneur à leur noble mandat de représentants du peuple.

Le Regroupement interrégional gaz de schiste de la Vallée du St-Laurent compte plus de cent comités locaux citoyens s’opposant à l’extraction du gaz et pétrole de schiste en territoire québécois. Depuis 2010, ces comités réclament un moratoire sur le gaz de schiste au Québec et s’opposent à la fracturation de leur sous-sol et de leurs communautés.