Enbridge n'est pas dans l'intérêt du Québec

2013/12/04 | Par Nature Québec


« La réalisation du projet d’Enbridge n’est pas dans l’intérêt du Québec et des Québécois, et doit être rejetée », a déclaré Christian Simard, directeur général de Nature Québec devant la commission parlementaire chargée d’analyser ce projet. Selon l’organisme, le projet ouvre la porte des marchés de l’Est au pétrole des sables bitumineux, le pétrole le plus dommageable en termes d’émissions de gaz à effet de serre et de pollution. Il nuira aux efforts du Québec d’établir une économie indépendante du carbone orientée vers les énergies renouvelables et l’électrification des transports. Nature Québec invite les parlementaires à s’élever au-dessus du chantage économique classique et des intérêts à courte vue des actionnaires de Valero et de Suncor qui verront baisser, temporairement, les coûts d’approvisionnement à leur raffinerie.

L’organisme recommande notamment à Québec de procéder à une évaluation complète et indépendante des projets de pipelines sur son territoire et d’aviser Ottawa que ces projets ne sauraient se réaliser sans son autorisation.

 

Beaucoup de risques, peu de retombées…

L’inversion et l’augmentation du débit à l’intérieur d’un pipeline vieux de 40 ans ne se feront pas sans risques pour les milieux naturels du Québec. La ligne 9B d’Enbridge, d’un diamètre de 76,2 cm, est identique à la ligne 6B impliquée dans le déversement de Kalamazoo en 2010. La ligne 9 traverse plusieurs milieux sensibles qui abritent des espèces rares et protégées. Le pipeline rencontre plusieurs milieux humides et aquatiques d’importance, dont la rivière des Outaouais. La rivière Mascouche est située à 450 mètres au nord du poste de Terrebonne, où d’importants travaux sont prévus. Le traitement des sols contaminés qui seront découverts et déplacés pendant les travaux est loin de respecter les règles de l’art en la matière.

Selon Charles-Antoine Drolet, biologiste et vice-président de Nature Québec, « l’étude d’impacts déposée par Enbridge à l’Office national de l’énergie est largement incomplète et sous-estime systématiquement les impacts de ces travaux et de la contamination de même que les risques associés à des déversements accidentels. »

 

Le Québec et l’Alberta n’ont pas les mêmes intérêts

Nature Québec demande aux principaux partis politiques de s’élever au-dessus des intérêts des raffineries et de relativiser leur classique chantage à l’emploi. Une étude du Conference Board du Canada en 2011 ne relève même pas les difficultés d’approvisionnement comme facteur dans les difficultés qu’a connues le secteur au Canada ces dernières années. Le Québec doit plutôt se projeter vers l’avenir et prendre le virage des économies d’énergie et de la réduction de sa consommation de pétrole, notamment par l’électrification des transports. Ce n’est qu’ainsi qu’il pourra espérer atteindre l’objectif de réduction de 25 % de GES qu’il s’est fixé d’ici 2020.